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Henry D. Davray (Autre)Bronislaw Kozakiewicz (Autre)
EAN : 9782070375493
384 pages
Gallimard (04/05/1984)
3.71/5   26 notes
Résumé :
Bert Smallways n'est pas un héros. Ce serait plutôt Candide propulsé dans la guerre mondiale, une guerre conçue à l'échelle planétaire, en 1908, par un stratège de génie, H.G. Wells, qui invente l'arme absolue : les dirigeables géants, véritables porte-avions, d'où prennent leur vol les "Drachenflieger" de bombardement. Ainsi, l'Allemagne attaque directement les Etats-Unis et, sur la route de New York, coule la flotte U.S. ; Pearl Harbor, une trentaine d'années aprè... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Écrit en 1907 et publié en 1908, La guerre dans les airs fait partie de ces textes de Wells oubliés, éclipsés par La machine à explorer le temps, L'homme invisible ou encore La guerre des mondes. Il mérite pourtant le coup d'oeil. Même s'il n'est pas exempt de défauts, il a aussi pour lui des qualités notables, la première étant de condenser en un seul conflit les trois guerres mondiales.


On va commencer par ce qui ne va pas : la structure. On ne sait pas trop ce que Wells avait en tête avec pour ainsi dire deux romans en un. D'un côté, le récit de guerre qui est bien fichu. de l'autre, la vie et l'oeuvre de Bert Smallways, héros malgré lui de cette histoire, fil narratif pas des plus palpitants.
Wells nous en raconte beaucoup au sujet du bonhomme dans les premiers chapitres, interminable exposition sans grand intérêt. Ensuite, Bert se retrouve pris dans la guerre, plus témoin qu'acteur des événements. Cette passivité est mal exploitée, qui le voit surtout posé là sans trop questionner la place des civils dans les conflits modernes qui les impactent pourtant de plus en plus (pour en arriver aux chiffres actuels où les gens qui ne se battent pas meurent plus que les militaires qui s'affrontent). La trajectoire de Bert n'est pas qu'erratique à cause du contexte – la guerre, le chaos, tout ça, tout ça – mais surtout parce que Wells ne semble pas trop savoir quoi faire du gazier. Suffit de voir comment il boucle l'histoire de Bert sur un happy-end de conte de fées dans un hors-sujet total : il rentre chez lui comme ça, affronte un rival amoureux et remporte la main de sa dulcinée avec laquelle il vivra heureux et aura beaucoup d'enfants pendant que le reste du monde est en train de cramer dans une guerre dont le narrateur n'a, à ce stade, plus rien à foutre alors que c'est un tout petit peu le sujet du roman (cf. le titre).
On en ressort avec l'impression que Wells n'a pas trop su se décider entre deux histoires et deux romans, qu'il a tout mixé au petit bonheur et que la mayonnaise ne prend pas faute d'avoir réussi à incorporer le picaresque au tragique, les deux tonalités se contentant de rester juxtaposées.


À l'inverse, côté anticipation, Wells frappe un grand coup. Quand il écrit son bouquin, l'aviation n'est encore qu'un doux rêve avec des appareils qui ne volent que sur des distances courtes de quelques dizaines de mètres et au ras du sol. Mais les progrès sont rapides et il ne fait aucun doute que tôt ou tard, ça va marcher. À partir de là, il ne fait pas davantage de doute qu'une fois fonctionnelle, l'aviation servira à la guerre. Sur ce point, Wells n'a rien d'un prophète. Il a sous les yeux un bon exemple : les bateaux. Il vit à une époque où la marine de guerre évolue très vite, assez pour que certains navires à la pointe du progrès au moment de leur conception soient obsolètes sitôt sortis des chantiers navals quelques mois plus tard. Tous les progrès de l'époque sont intégrés au fur et à mesure sur les navires de guerre, à commencer par les moteurs à vapeur et à essence mais pas que (télémétrie, communication, tout y passe). Parmi les autres emplois militaires d'inventions à la base civiles, on citera par exemple le télégraphe et le train, très utilisés par les Prussiens pour le communication et le transport des troupes pendant leur guerre contre l'Autriche de 1866. Pas besoin d'être un as de la SF pour imaginer que le plus lourd que l'air, comme le reste, suivra le même chemin pavé de mauvaises intentions guerrières. D'autant que l'“aviation” a déjà été utilisée par les militaires par le biais des montgolfières pour l'observation du champ de bataille. L'emploi reste marginal et épisodique (les Français à Fleurus en 1794, quelques vols nordistes et sudistes pendant la guerre de Sécession). En dépit d'un usage rarissime, les aérostats donneront tout de même lieu au premier bombardement aérien de l'histoire en 1849 lors du siège de Venise par les Autrichiens, ainsi qu'à la première tentative de porte-avions par l'Union Army Balloon Corps (1861-1863). C'est dire si les avions balbutiants des premières années du XXe siècle sont promis à un riche avenir de marave !
En attendant les beaux jours des massacres aériens, Wells doit inventer cet avenir. Avec plus ou moins de bonheur. Niveau géopolitique, rien ne rime à grand-chose, il faut bien le dire. L'Allemagne décide d'attaquer les États-Unis pour un motif qui ne tient pas debout. Une alliance sino-japonaise en fait autant de son côté pour une raison encore moins crédible. Les Asiatiques se retrouvent à se friter avec les Teutons parce que. Bon. La vieille Europe se réveille et une improbable coalition anglo-franco-italo-espagnole vole au secours de l'Amérique en attaquant l'Allemagne, avant de se coltiner à son tour le rouleau-compresseur oriental. Rien n'a de sens au niveau des relations internationales ou des motivations des belligérants.
Cela dit, Wells a bien perçu les changements de la guerre au cours de son siècle et, sur le temps long, depuis la période moderne. L'effet domino du jeu des alliances, capable de faire déraper un affrontement local en conflit plus ample, est perceptible dès les guerres d'Italie menées par la France au XVIe siècle, qui débordent et impliquent les trois quarts de l'Europe quand l'Espagne ou le Saint-Empire se mettent de la partie. À partir du XVIe aussi et surtout aux XVIIe et XVIIIe siècles, les guerres entre puissances européennes prennent une dimension mondiale en termes d'échelle géographique par le biais de leurs colonies étalées sur toute la planète. Enfin, les alliances improbables dictées par les circonstances ne relèvent pas que de la fiction, on l'a vu par exemple avec les coalitions qu'affronte la France sous la Révolution et l'Empire. Au vu des tensions nationales, économiques, coloniales, etc. et des crises à répétition dont plusieurs sont à deux doigts de déboucher sur une guerre pendant la Belle Époque, imaginer qu'un conflit éclate et prenne des dimensions délirantes n'a rien d'extravagant. La preuve, c'est ce qui arrive quelques années après la sortie du roman.


Bon analyste des évolutions des modalités de conflit sur la base de ce qui est connu, Wells se montre encore plus fin renard concernant l'avenir de l'aviation. Alors c'est sûr, ce roman reste une fiction, avec la mise en scène de tout un tas de machines fantasmées qui seraient inopérantes dans le monde réel. La plupart ont existé au moins au stade de prototypes, pour être abandonnées après quelques tests pas concluants. À côté des dirigeables et avions classiques, on trouvera des gyroptères (ancêtre de l'hélico), des forteresses volantes porte-aéronefs (genre de croiseur de Star Wars lâchant des nuées de TIE-Fighters avant l'heure), des ornithoptères… En tout cas, Wells a bien compris que, comme dans l'infanterie ou la cavalerie, les engins volants à venir se spécialiseraient en fonction de tel ou tel rôle. Il invente le porte-avions, volant au lieu de flottant, mais quand même, l'idée est là. Certains des appareils qu'il décrit sont destinés à la chasse tandis que d'autres remplissent des missions de bombardement, ces derniers étant eux-mêmes subdivisés en engins d'appui tactique et en bombardiers stratégiques à plus long rayon d'action. L'emploi de l'aviation pour enfoncer l'adversaire et ouvrir le passage à l'infanterie préfigure la Blitzkrieg (qui certes emploie une combinaison chars-avions et pas juste des avions, mais le concept est là et le roman s'appelle La guerre dans les airs, pas La guerre dans les airs et avec des chenilles). Soit tout l'inventaire de ce qui existera pendant la Seconde Guerre mondiale.
Qui dit temps d'avance pour les uns dit temps de retard pour les autres. Wells capte bien la révolution que représentera l'aviation militaire. La première bataille qu'il décrit voit l'anéantissement de la flotte américaine par la Luftwaffe. Les navires ne sont pas prêts face aux avions. Et ils ne le seront toujours pas un demi-siècle plus tard, on le voit sur le théâtre Pacifique au début des années 40 : les pertes navales doivent moins aux canonnades à l'ancienne entre navires qu'aux ravages de l'aviation embarquée. Les villes non plus ne sont pas prêtes. Pas de DCA et quand bien même, va arrêter des flottes entières d'avions qui déversent des tonnes de bombes. On assiste dans ce roman à la bataille d'Angleterre avant l'heure et, de façon globale, à la naissance de la stratégie de bombardement massif qui consiste à frapper en priorité des objectifs civils plutôt que militaires pour faire plier l'ennemi. Des villes entières cramées juste parce qu'on en a les moyens.


J'ai gardé pour la fin le cas de l'Asie. Sans être les grands méchants de l'Histoire – les Allemands leur font concurrence –, les Sino-Japonais n'en sont pas moins les ennemis de tout le monde, conquérant un à un chaque pays sur leur passage jusqu'à arriver aux portes de l'Europe, tandis que, sur l'autre front, ils débarquent sur les côtes américaines pour une invasion en bonne et due forme.
L'idée pue le “péril jaune”, cette crainte de voir débarquer des hordes de Chinois (qui sont très, très nombreux) appuyés par les Japonais (qui sont très, très modernisés). le fantasme d'une submersion asiatique, démographique par l'immigration ou militaire par la conquête, naît au XIXe siècle sur des racines anciennes (Attila et ses Huns aux portes de Paris, l'empire mongol qui s'offre des incursions jusqu'en Pologne). L'arrivée de migrants chinois aux États-Unis fait peur (à des gens qui sont eux-mêmes des immigrés, envahisseurs et génocideurs de populations indigènes, les gars connaissent le sujet, à leur façon) et l'idée gonfle au cours du siècle. le concept reste assez marginal en Europe où il se limite surtout à quelques penseurs (sic), des bouffées occasionnelles dans la presse quand il s'agit de vendre du papier (couverture médiatique de la guerre russo-japonaise en tête), des mentions épisodiques (i.e. Guillaume II, qui s'en est fait une spécialité) pour justifier les ambitions coloniales en Asie qui est pour le coup confrontée à la réalité du péril blanc. La première décennie du XXe siècle, pile dans la période de maturation et d'écriture du roman, apporte à la peur du péril jaune en prime un boost notable quand les Japonais battent les Russes lors de la guerre de 1904-1905. le monde blanc et raciste découvre que des non-Blancs sont capables de coller une rouste à une grande puissance impériale dans une guerre conventionnelle. La bataille de Tsushima (27-28 mai 1905) marque les esprits, non seulement parce que les Japonais gagnent mais aussi parce qu'ils alignent une des flottes de guerre les plus modernes et les plus puissantes du monde. Il est loin le temps où le commodore Perry menaçait le shogun en lui agitant ses guns sous le pif : un demi-siècle plus tard, l'Empire contre-attaque.
Quant à savoir si Wells case du péril jaune dans son bouquin par conviction ou par opportunisme pour surfer sur le buzz récent de la guerre russo-japonaise, c'est une autre paire de manches. J'avoue ne pas être assez fin connaisseur du bonhomme et de son oeuvre pour apporter une réponse.


Si le roman préfigure les deux conflits mondiaux par son échelle planétaire et sa dimension de guerre totale, La guerre dans les airs sent un peu plus 39-45 que 14-18. Ce qui ne doit qu'à des raisons pratiques, parce qu'on peut être sûr que si les états-majors et gouvernements de la Grande Guerre avaient disposé du matos de leurs successeurs, ils se seraient lâchés sur l'emploi à outrance de l'aviation dans une guerre d'annihilation.
Wells a deux guerres d'avance, et même trois : il envisage ici une guerre qui n'a d'autre but qu'elle-même et se contente de durer faute d'objectif à atteindre, ce qui entraîne un effondrement économique et financier global et, par contrecoup, toute forme de civilisation part en sucette sur fond d'emploi d'armes de destruction massive. Pour arriver à une fin post-apo de troisième guerre mondiale dans un monde agraire tout droit sorti du haut Moyen Âge, époque sombre et barbare par excellence selon l'historiographie de l'époque de Wells.
Trois guerres mondiales dans un seul bouquin, faut reconnaître le tour de force.
Lien : https://unkapart.fr/la-guerr..
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Après La guerre des mondes et les nouvelles publiées dans la revue hebdomadaire La Science Illustrée, je continue mon exploration de l'oeuvre de Herbert George Wells avec La guerre dans les airs. Pourquoi ce titre et pas une des oeuvres plus connues tellement L'homme invisible ou La machine à explorer le temps ? Tout simplement parce que ce roman est moins connu. Mais aussi, parce que son titre m'a fait penser aux oeuvres de Albert Robida, telles que La guerre au XXe siècle ou Un chalet dans les airs.

En fait, on peut difficilement les comparer tellement ces oeuvres abordent le voyage aérien et la guerre moderne de façon très différente.

Qu'ai-je pensé de la guerre dans les airs ? Ce roman m'a à la fois plus et déçu. Plus parce que le héros est attachant, que les descriptions de lieux et de situations sont réussis. Déçu, parce que l'histoire est étrangement construite. Après une première partie burlesque qui n'a rien à voir avec la guerre, nous passons à un style beaucoup plus descriptif, le héros est témoin d'événements, très bien décrits au demeurant, auxquels il ne prend part que de loin. Ces scènes sont d'ailleurs entrecoupées de considérations sur l'état du monde qui cassent le rythme. L'ensemble se termine sur ce que j'appellerai un « happy end », puisqu'il rentre chez lui après un an de pérégrinations et retrouve sa famille, sa fiancée et ses amis. Mais Wells remet le couvert avec un épilogue dans lequel il dresse un tableau du monde quelques années après cette guerre dévastatrice.

En bref :

Est-ce que ce roman me donne envie de continuer mon exploration ? Pas vraiment, mais comme j'ai dans un coin de ma bibliothèque un gros volume contenant encore quelques textes que je n'ai pas lus, je vais certainement m'y mettre un jour prochain.
La traduction est d'une qualité très moyenne, avec des phrases qui n'ont quasiment aucun sens et des mots qui ne plus, s'ils l'ont été un jour, dans le dictionnaire. Indiscontinûment par exemple. Je suis donc surpris que les éditions récentes la reprennent. J'espère que ces erreurs ont été corrigées. Ce serait la moindre des choses.
Lien : http://livres.gloubik.info/s..
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HG Wells dans ce livre, un peu oublié, fait preuve une fois de plus de son génie d'anticipation. Il imagine une guerre mondiale, déclarée entre les Etats-Unis et l'Allemagne qui coule la flotte américaine 30 ans avant Pearl-Harbor. Cette fresque, injustement méconnu, est une mine d'inventions et de prévisions de l'avenir, écrite comme Wells sait le faire dans un style efficace, brillant et talentueux.
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Ce livre de HG Wells est malheureusement trop peu connu. Malheureusement parce qu'incroyablement visionnaire.
L'auteur imagine une guerre mondiale aérienne très vite dominée par l'Allemagne dont la flotte est largement supérieure en force et en nombre. le jeune héros, un anglais un peu aventurier se retrouve malgré lui embarqué dans ce voyage mondial au coeur d'un conflit qu'il subit bien plus qu'il ne le comprend.
Les bornes de cet ouvrage sont celles de l'imagination de Wells qui, semble-t-il, n'en a pas. Nous voyons, lecteurs d'aujourd'hui, les dirigeables et les premiers avions de la première guerre mondial prendre vie sous nos yeux avant même que celle-ci ait existé. Cet ouvrage est vraiment in roman fantastique d'anticipation remarquable
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Citations et extraits (11) Voir plus Ajouter une citation
Bert se hâta de les suivre, mais il lui fut impossible d’avancer assez vite et assez subrepticement pour surprendre en quel endroit ils avaient caché les vivres.
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M. Tom Smallways était fruitier de son état et jardinier par vocation, et Jessica, sa modeste épouse, vaquait aux soins de la boutique.
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Le fait essentiel de la politique, à l'époque où vivait Bert Smallways, — l'époque qui déchaîna si étourdiment l'épouvantable catastrophe de la guerre dans les airs, — eût été fort simple, si les gens avaient eu l'intelligence de l'envisager simplement. f Le développement de la science avait modifié toutes proportions dans les affaires humaines. Par la traction mécanique rapide, il avait rapproché les hommes, il les avait, aux points de vue physique, économique et social, amenés si près les uns des autres que les anciennes distributions en nations et royaumes n'étaient plus possibles et qu'une synthèse plus neuve, plus spacieuse, était non seulement nécessaire, mais impérieusement réclamée. De même que les duchés de France, jadis indépendants, durent se fusionner en une nation, de même à présent les nations auraient dû s'adapter à une fusion plus vaste, garder ce qui demeurait précieux et pratique et concéder ce qui était suranné et dangereux. Un monde plus sain d'esprit aurait reconnu ce besoin patent d'une synthèse raisonnable et se serait mis en mesure d'organiser la grande manifestation réalisable pour l'humanité. Le monde de Bert Smallways ne fit rien de pareil. Ses guvernements nationaux, ses intérêts nationaux ne voulurent rien entendre d'aussi évident; ils nourrissaient trop de suspicions les uns à l'égard des autres, et ils manquaient trop d'imagination généreuse. Ils commencèrent à se conduire comme des gens mal élevés dans un wagon complet, se pressant les uns contre les autres, se donnant des coups de coude, se poussant, se disputant et se querellant. Inutile de leur expliquer qu'ils n'avaient qu'à se bien caler à leur place pour se sentir à l'aise. Partout, dans l'univers entier, l'histoire du XXe siècles retrace le même phénomène : le tourbillon des affaires humaines inextricablement embrouillées par les antiques divisions territoriales, les antiques préjugés et une sorte de stupidité irascible. Partout des nations, étouffant dans les espaces insuffisants, déversaient leur population et leurs produits les unes dans les autres, se tarabustaient à coups de tarifs douaniers, avec toutes les vexations commerciales imaginables, et se menaçaient avec des armées et des flottes chaque jour plus monstrueuses.
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Formidable et étonnamment variée, l’œuvre de HG Wells offre cette caractéristique rare de ne pas vieillir. Elle garde une actualité vivace, et aujourd'hui encore, après plus de trente ans, ses premiers romans restent curieusement prophétiques.
Rien ne le démontre mieux que ces quelques scènes de "La guerre des airs".
Ce palpitant récit parut en 1908 : il est stupéfiant de le relire aujourd'hui, après la grande guerre.
Quand Wells échafauda cette prodigieuse anticipation, il y avait à peine dix ans que Clément Ader avait, pour la première fois au monde, "décollé du sol" avec un plus lourd que l'air ; c'était l'année même où Santos-Dumont, sur sa "demoiselle" réussissait ses premiers vols.
C'en fut assez pour que Wells entrevît l'avenir qu'annonçaient ces exploits.
Se faisant par avance l'historien de la guerre future, il met aux prises les grandes puissances du monde, et c'est dans les airs que les engins volants construits par l'Allemagne, les États-Unis, le Japon, la Chine, se heurtent, déversent sur les mers et les continents les projectiles destructeurs et provoquent l'irrémédiable ruine de la civilisation.
Six ans plus tard, à peine, l'Europe est, en effet, à feu et à sang.
Les machines prévues par Wells apparaissent dans le ciel, circulent sans répit au dessus des tranchées et poussent des raids à d'énormes distances derrière les lignes....
(extrait de la préface de "Pages choisies de H.G. Wells" publié chez "Albin Michel" en 1931)
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Il se cramponna au rebord du vasistas, pendant que l'aéronat roulait et tanguait, et, à travers la pluie fine que chassait le vent, il épia les rues obscures, observa les gens qui se précipitaient dehors, les édifices qui s'écroulaient et les brasiers qui flamboyaient. Les dirigeables en ligne dévastaient la cité, comme un enfant démolit ses châteaux de bois ou de cartes. Ils semaient la désolation et l'incendie et entassaient les cadavres d'hommes, de femmes et d'enfants, comme si ce n'eût été que des Maures, des Zoulous ou des Chinois. La partie basse de New-York ne fut bientôt plus qu'une fournaise d'où nul n'avait chance d'échapper. Les tramways, les chemins de fer, les bacs à vapeur avaient cessé de circuler, et seule la lumière des flammes éclairait la route des fugitifs affolés dans cette ténébreuse confusion.

Bert put se faire une idée de ce que devaient souffrir ceux qui se trouvaient au milieu du cataclysme, en bas...

Et ce fut pour lui tout à coup une découverte incroyable ; il comprit qu'un pareil désastre était possible non seulement dans cette étrange et gigantesque New-York, mais aussi à Londres... à Bun Hill !... que l'immunité de l'île britannique enserrée dans ses flots d'argent avait pris fin, et que nulle part au monde il ne restait d'endroit où un Smallways pourrait orgueilleusement lever la tête, voter pour la guerre ou pour une politique étrangère énergique et intransigeante, et demeurer en sécurité, loin de ces atroces conséquences de son vote.
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