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3,7

sur 1062 notes

Critiques filtrées sur 5 étoiles  
1896 : "The Island of Doctor Moreau" fut un immense choc pour ses lecteurs et la critique anglophone, on le conçoit ! A la fois chef d'oeuvre d'empathie et oeuvre incroyablement dure et "cruelle"...

Grand-petit théâtre de la cruauté (hélas bien humaine et pérenne).

Car les créatures de ce médecin dévoyé "subissent" leur morne existence, tout comme la créature "de bric et de broc" imaginée par la douce Mary W. Shelley, subissant - du fait de sa simple mise au monde - les fantaisies scientifiques de son géniteur, ce fichu Baron Victor Frankenstein ("Frankenstein ou le Prométhée moderne", 1818)...

Ici un récit implacable. Trois êtres humains : le "bon docteur" Moreau, cet ivrogne de Montgomery et leur naufragé accidentellement "recueilli" (Edward Prendick)...

Autour d'eux, en parfaite liberté ou soigneusement isolés dans un enclos (le temps d'un charcutage chirurgical sans nulle anesthésie : ce ne sont "que" des bêtes, n'est-ce pas ?), "cheptel" de créatures hybrides, sinistre descendance - inlassablement générée - du Vivisecteur et de son assistant...

Imaginez des "Hommes-Porcs" mais aussi des "Hommes-Singes" ou cet "Homme-Hyène" ou cet autre "Homme-Léopard" (avant "Leopard Man", film clôturant la trilogie célèbre de Jacques Tourneur qui - dans les années 1940 - rendit "La Féline" ["Cat People"] et "I walked with a Zombie" aussi insurpassables qu'inoubliables)...

Tragédie du trait d'union.
Noir-et-blanc aux contrastes atroces.

"Une île au large de l'espoir...", comme la chantait Jacques Brel, anticipant l'Hiva Oa enchantée de ses chères "Marquises". Sauf que le contexte est ici absolument contraire, hélas, aux rêves de fraternité du grand artiste bruxellois disparu en 1978...

Certes : unité de temps, de temps.

"L'enfer c'est les autres." : ce fameux "Huis clos" de Jean-Paul Sartre. Avec la sinistre "éternité" de tout enfer qui se respecte...

Tout cela est fort bien dit (et subi) mais reste cette pragmatique question pour l'infortuné Prendick : "Comment s'en sortir ? "...
Stratégie du survivant célébrée dans le magnifique film "Seul au monde" de Robert Zemeckis (2000, solidement interprété par Tom Hanks) et qui se révélera ici la seule opérationnelle - soit un "éloge de la fuite" selon Henri Laborit.

Mais il y aura le sang, les crocs, la douleur et la mort avant d'atteindre la supposée "échappée belle"...

- A lui, la maison de souffrance.
- A lui, la main qui crée.
- A lui, la main qui blesse.
- A lui, la main qui guérit.
[...]
- A lui, l'éclair qui tue.
- A lui, la mer profonde [...].

Enoncé de "la Loi" par ses fidèles hommes-animaux, craignant atrocement la main-toute-puissante de leur pauvre "dieu" créateur...

Roman construit en quatorze chapitres denses, jusqu'à "L'homme seul" qui sonne le glas : comme un retour à notre simple condition humaine, sans aucune possibilité d'échapper à notre Destin (fatalement tragique).

Wells fut vraiment un INVENTEUR - et (croyez-moi) il en est peu, capables de hanter si durablement le Monde des Lettres de tous leurs cauchemars fécondants...
Lien : http://www.regardsfeeriques...
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Si la Guerre des Mondes a un peu "vieilli", l'ile du Docteur Moreau ne m'a pas fait le même effet. le sujet de le manipulation génétique et des interventions chirurgicales dans la "maison de douleur" est particulièrement bien mené. La place de l'Homme dans le Monde est à mon sens le coeur du livre. On demande aux créatures créées par le Docteur Moreau de respecter un code précis (ne pas marcher à quatre pattes par exemple), toute transgression étant sévèrement punie...
Une lecture agréable à l'ambiance pesante, aux côtés de créatures qui ne savent plus où est leur place.
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Qu'ont de commun entre eux les Docteurs Frankenstein, Jekyll, Moreau, Lerne, Mabuse… et plus près de nous le Dr Lecter (ex-psychiatre), les savants qui ont mis au point les créatures de Jurassic Park, et dans la vraie vie (hélas !), le Dr Mengele ou le Dr Petiot ? La réponse est facile : ce sont des savants fous : fous de véritable folie, pour certains, fous d'une certaine folie qui leur font faire des choses hors du commun, des découvertes qu'ils jugent « scientifiques » (c'est leur prétexte et en même temps leur alibi). L'autre point commun, c'est que ces « inventions » font froid dans le dos : que ce soit la mise au point de manipulations psychologiques de très haut niveau, ou de la tentation prométhéenne de recréer la vie.
« L'île du Docteur Moreau » paraît en 1896. Il est important de situer ce roman dans son époque. Nous sommes en pleine ère victorienne, la modernité s'annonce dans tous les domaines. Les recherches médicales sont en pleine expansion, le public montre un engouement certain pour les découvertes scientifiques. Wells est déjà un passionné des sciences naturelles. C'est un Darwiniste convaincu. Il en épouse les théories, et aussi dans une certaine mesure, l'athéisme. Ces notions, on les retrouve assez clairement dans ce roman qui se situe à mi-chemin entre Frankenstein (de Mary Shelley) et Jurassic Park (de Michael Crichton) : une évolution dans la re-création de la vie.
Edward Prendick, victime d'un naufrage, est recueilli sur une île par un nommé Montgomery. Cet homme est l'assistant d'un personnage singulier, le Docteur Moreau. Prendick, découvre avec horreur les expérimentations faites par cet apprenti-sorcier doublé d'un démon mégalomane ; il fait greffe sur greffe sur des animaux, multiplie les opérations chirurgicales, afin de recréer un être doué de vie et de pensée, comme l'homme. Les créatures, ainsi générées par sa folie, sont parquées dans un espace où Moreau est le Maître tout puissant. Mais un jour vient où les « hommes-bêtes » se révoltent et tuent leurs bourreaux.
Si Jules Verne est plutôt optimiste (sauf dans les dernières années), Herbert George Wells donne carrément dans le pessimisme noir : la science a plus de côtés négatifs que positifs, et va donc à l'encontre du but qu'elle se propose, amener l'homme vers une vie meilleure. A travers le cas particulier d'un « savant fou », il pose le problème de l'éthique scientifique. Mais ce n'est certes pas le seul thème soulevé par ce roman captivant : la relation homme-animal, la cruauté (excusée par la science), l'identité (que sont véritablement les « hommes-bêtes » ?), la mégalomanie, l'emprise sur des êtres inférieurs, l'autorité arbitraire au moyen d'une « loi » qui sert le Maître et lui seul…… le problème religieux n'est pas posé ici (seul Dieu – s'il existe – a le pouvoir de créer la vie ?), mais le problème philosophique et métaphysique est bien réel : « Je pense, donc je suis » disait Descartes. Mais que « sont » ces êtres doués d'une « sorte de pensée » ? le héros connaît une expérience terrible : il sait déjà, depuis Darwin, que l'homme est un maillon dans la chaîne de l'évolution (un animal, donc) mais il prend conscience que cette évolution peut être déviée, voire dévoyée. L'histoire quelques années plus tard donnera corps à ces craintes : au nom de la science, des expérimentations cruelles sur des animaux et même des humains (cf. Mengele) seront effectuées, en dehors de toute éthique, a fortiori de toute compassion pour l'être vivant qui en fait l'objet.
Roman très fort, donc, qui pose beaucoup de questions, et en même temps un beau roman d'aventures et d'horreur, qui fera des émules (le Docteur Lerne, de Maurice Renard, paru douze ans après) et tous les « savants fous » que fournissent les auteurs du fantastique contemporain.
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C'est avec un certain plaisir que je découvre l'oeuvre de H G Wells, à travers ce roman, que par ailleurs je connaissais, ainsi que d'autres connus de l'auteur. Il était grand temps que je plonge dans les classiques de la science fiction, ou du moins du fantastique en ce qui concerne L'île du Docteur Moreau.
Je découvre ainsi un auteur qui m'en rappelle un autre, H P Lovecraft, mais je ne saurais trop en donner les raisons exactes. Il s'agit plus d'une impression; cette impression qui vous transporte à une autre époque. le style de Wells appartient à une époque passée, son écriture respire une sorte de préciosité, et en même temps évoque une sorte de nostalgie, tout comme Lovecraft. de plus Wells choisit la première personne pour narrer son histoire, mettant ainsi le lecteur dans la peau du personnage principal.
Au delà de l'écriture elle même, que j'ai particulièrement appréciée, ce sont également les thèmes traités qui m'ont interpellé, l'humanité et la monstruosité, qui sont mis en parallèle tout au long du récit. Cette histoire traite d'un humain découvrant un monde ( une île) habitée par d'étranges animaux à l'aspect humain. Cet homme découvrira qu'ils sont le résultat des expérience d'un autre humain. Tout le contexte autour de cette dualité monstre/humain, et très vite on ne sait plus qui est le monstre et qui est l'être humain, on ne distingue plus ce qui relève de la bestialité et de la sauvagerie, de ce qui relève de l'humanité. les rôles sont mêmes inversés de sorte que le monstre devient humain et inversement, pour finalement poser la question de ce qui fait de nous des êtres humains. Comment la race humaine se distingue t'elle des animaux?
L'auteur insiste ainsi sur les catastrophes vers lesquelles l'humanité se dirige par simple égoïsme, que ce soit par le biais du Docteur Moreau, dont les expérimentations ne sont absolument pas altruistes et désintéressées, par le biais de Prendrick, qui bien qu'humain finit par se comporter comme un animal, ou bien par le biais de tous ces animaux humains, qui n'aspirent qu'à se laisser envahir par leur sauvagerie et redevenir des animaux ( les violations constantes des Lois édictées par Moreau montrent qu'ils ne sauront jamais être de véritables humains).
J'ajouterai pour finir que j'apprécie beaucoup l'humour discret qui parsème les lignes de ce roman, et qui semble être une caractéristique de l'auteur.
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« L'ile du docteur Moreau » est un livre fantastique, d'une imagination et d'une audace folle.

Superbement écrit, il plonge le lecteur dans une atmosphère exotique entremêlée de cauchemar scientifique digne du docteur Frankenstein de Shelley.

Porté par le suspens et les découvertes toujours plus étonnantes effectuées dans cette ile coupée du monde, on dévore ce roman qui figure pour moi parmi les plus belles réussites de Wells dans un genre plus horrifique que appartenant à la pure Science fiction.
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Il existe des romans qui recèlent dans leurs lignes une puissance narrative tellurique. L'île du docteur Moreau est de ceux-là ; ce qui tombe bien puisque l'intrigue se déroule quasi exclusivement sur une île volcanique au milieu du Pacifique…

Par ses diverses adaptations à l'écran, nous connaissons à peu près tous l'histoire de ce savant vivisecteur qui, à partir de matière animale vivante, entend créer des hommes, auxquels il apparaît alors comme un créateur sacré, leur imposant d'oublier leur état premier de bête à travers l'observance de règles strictes que ces « monstres » – nommés ainsi par le narrateur Prendick, débarqué sur l'île après avoir été naufragé et sauvé par l'assistant de Moreau, Montgomery – appellent la Loi.

Le « maître » Moreau est tout entier tourné vers ses abominables recherches, insensible aux souffrances qu'il inflige car, dit-il : « Ceci ou cela est-il possible ? Vous ne pouvez vous imaginer ce que cela signifie pour un investigateur, quelle passion intellectuelle s'empare de lui. Vous ne pouvez vous imaginer les étranges délices de ces désirs intellectuels. La chose que vous avez devant vous n'est plus un animal, une créature comme vous, mais un problème. » On sait ce qu'il en est de ces Prométhée depuis au moins le docteur Frankenstein, si l'on se réfère à la fiction. Pour la réalité, hélas, les camps nazis, entre autres, ont abrité de nombreux docteur Moreau…

Le roman de Wells est d'ailleurs bien plus qu'une effroyable dystopie mettant en scène un savant fanatisé par ses recherches. On peut en effet le lire aussi comme un questionnement sur le conditionnement forcé. Car, oublions un instant ces créatures hybrides – nombre d'entre elles étant effectivement issues d'un mélange chirurgical entre espèces – et la question de la toute-puissance de la science – qui peut à l'occasion s'arroger des pouvoirs qui la dépassent en réalité – et nous verrons alors que L'île du docteur Moreau est une allégorie de la tyrannie où une poignée dirigeante impose sa loi à la multitude qui doit se soumettre sous peine de mort : « Auparavant, elles étaient des bêtes, aux instincts adaptés normalement aux conditions extérieures, heureuses comme des êtres vivants peuvent l'être. Maintenant, elles trébuchaient dans les entraves de l'humanité, vivaient dans une crainte perpétuelle, gênées par une loi qu'elles ne comprenaient pas ; leur simulacre d'existence humaine, commencée dans une agonie, était une longue lutte intérieure, une longue terreur de Moreau. »

Cependant, et le roman l'atteste, la Nature, même contrainte, retrouve toujours son chemin. Celles et ceux qui ont vu Jurassic Park, de Steven Spielberg – adapté de l'excellent roman de Michael Crichton – le savent !

Quant au narrateur, il semble pris d'un grande lucidité en ce qui concerne son retour parmi ses congénères, mais c'est là une remarque de misanthrope, je l'admets…
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Souvent cité, ce qui a achevé de me convaincre d'enfin le lire c'est la série Orphan Black. D'abord quelques références, il en devient clé de voute symboliquement comme physiquement. Bien sûr la série à d'autres intrigues en même temps mais je remarque beaucoup de ressemblance après l'avoir lu.

Une île déserte, un savant fou et du matériel pour créer des bêtes mi-hommes mi-animaux (l'équivalent des clones dans Orphan Black). Dominés par leur créateur le Docteur Moreau, découvrant peu à peu leurs conditions de vie, forcément ça fini en révolte.
En plus de ça se pose des questions d'éthique scientifique et philosophiques. Bref derrière ce titre pour enfant se cachent des questions bien plus complexe et j'adore ça. J'aime cette double lecture, que j'ai lu ou non l'oeuvre dans ma jeunesse.

Les personnages ne m'ont pas vraiment marqué, mon attention était prise par l'intrigue plus profonde qu'elle n'y paraît, je ne voulais rien manquer. Condition humaine et animal, jusqu'à quel point sommes-nous humains, l'importance de la liberté entre autres questions que le roman m'a fait me poser.

Une excellente lecture, sans être un coup de coeur, je suis content de l'avoir apprécié. H.G. Wells est un très bon auteur, je ne peux que le recommander.
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Un classique lu il y a longtemps que je relis toujours avec plaisir. Je me souviens avoir été très surprise lorsque j'ai fini par réaliser que ce livre datait de la fin XIXème. Le style coule très agréablement, malgré une traduction fr pas toujours heureuse, et le thème reste très actuel.

De tous les romans de Wells, celui ci est mon préféré tant l'ambiance moite et glauque de cette île est prenante. Bien loin du Paradis, le héro découvre peu à peu avec horreur comment le docteur Moreau joue à Dieu. Et nous interroge sur notre propre animalité et les limites éthiques de la science.
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Ce roman fait parti de mes préférés de l'oeuvre de Wells...
l'histoire est fantastique mais aussi horrible...
Sur cette terrible ile, notre héros va découvrir les expériences que fait le Dr Moreau sur des animaux pour les humaniser.
Évidemment , ces monstres vont se révolter et tout va basculer....
à remettre dans le contexte de l'époque ....1896
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Ça faisait longtemps que ce classique m'intriguait. Plus encore, depuis ma lecture de "la machine à explorer le temps" du même auteur que j'avais beaucoup aimé.

J'ai enfin fait la connaissance de cette mystérieuse île, de son propriétaire le docteur Moreau et de tous les mystères qu'elle abrite.

J'ai beaucoup aimé retrouver le style d'écriture de HG Wells qui m'avait tant convaincue dans "the time machine", aussi les réflexions qu'il intègre à ses récits me passionnent toujours autant.


Ici, on retrouve une critique du genre humain dans ce qu'il a d'animal, on discute de la limite entre bestialité et humanité. On y trouve même une discussion intéressante (quoi qu'un peu légère) sur ce que la douleur a d'utile à l'Homme qui s'oriente vers une amélioration constante de sa condition et qui par extension (selon les dires du fameux docteur) n'aura bientôt plus besoin de cette alarme biologique plus gênante qu'utile et qui "rabaisse" l'Homme à l'état d'animal.

D'autres questionnements, dans le domaine de la génétique et des possibilités scientifiques notamment, ont quant à eux très mal vieilli. Et la limitation de mes connaissances à ce sujet ne me permet pas de dire si cette discussion valait mieux à l'époque de publication du récit. En tout cas certains éléments me paraissent sorties tout droit de l'imagination de Wells.



Pour ce qui concerne l'histoire en elle-même j'ai été surprise à plusieurs reprises par la tournure que prenaient les événements. L'aspect angoissant est très bien retranscrit, j'en avais des frissons. La seconde moitié du récit était haletant et impossible pour moi de lâcher le livre avant de l'avoir terminé !


Finalement, voilà encore un auteur dont j'aimerais lire plus de travaux, ainsi qu'une lecture que je vous recommande si vous aimez le style de Wells.
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