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EAN : 9782228899628
455 pages
Payot et Rivages (11/03/2005)
4.6/5   5 notes
Résumé :

La violence est le langage du pouvoir des hommes dans la famille. Elle montre, en dehors des explications psychologiques, qui dirige ou veut diriger. L’homme est violent par incapacité de communiquer autrement. Non pas pour que la femme parte, mais pour qu’elle cède. Les Hommes violents est un livre étonnant. Reposant sur une vaste enquête auprès d’hommes de tous âges et de tous milieux sociaux, il est éc... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Nous vivons une époque qui a vu passer le mouvement Me Too, la "libération de la parole", la loi pour "l'égalité réelle entre les hommes et les femmes" (doit-on rire ou pleurer ?), la "grande cause du quinquennat" et donc le "grenelle" (doit-on rire ou pleurer ?), la médiatisation morbide des féminicides, l'augmentation de la bibliographie consacrée aux victimes de violences conjugales...

Alors on pourrait penser que ce livre écrit par le sociologue Daniel Welzer Lang au début des années 90 est dépassé. Il n'en est rien. Daniel Welzer Lang s'intéresse depuis longtemps à la masculinité et à la violence de genre. Il a participé à la création, au début des années 90, d'un des premiers foyers à accueillir des auteurs de violences (si ce n'est le premier). Et je vous le dit tout net : cet homme sait de quoi il parle. Je pense qu'aujourd'hui encore (malheureusement) "Les Hommes Violents" est un incontournable pour qui cherche à comprendre le phénomène des violences conjugales. D'ailleurs si vous recherchez des ouvrages traitant des auteurs de violences, vous n'en trouverez pas beaucoup d'autres (j'exclus volontairement la masse d'ouvrages relativement récents traitant des "pervers narcissiques", un terme beaucoup trop médiatisé si vous voulez mon avis, car c'est UN profil d'auteurs parmi d'autres, absolument pas représentatif de la majorité des hommes violents)

Commençons par évacuer les querelles de chapelles : Daniel est assez critique des approches "psychologisantes" des violences faites aux femmes, en bon sociologue il pense que les violences sont avant tout l'expression de la domination des hommes sur les femmes, qu'elles sont donc socialement construites et porteuses de sens. Les tenants du versant psy objecteront le fait que l'on trouve (au vu des données actuelles) de la violence conjugales en proportion à peu près identique au sein des couples homosexuels, et mettront en avant l'histoire personnelle (l'histoire traumatique j'entends). Mais du coup comment expliquer que tout les enfants victimes des violences conjugales de leurs parents (ou carencés, ou maltraités etc...) ne deviennent pas à leur tour soit auteurs, soit victimes à l'âge adulte (on sait aujourd'hui grâce à la sociodémographe Maryse Jaspard que ça multiplie les risques par 5 quand même) ? Et comment expliquer que la très grande majorité des violences conjugales (mais soyons honnête on manque de données sur les hommes victimes) concernent les femmes ? Bref, vous l'aurez compris, ni l'approche psychologique, ni l'approche sociologique ne sont totalement satisfaisantes pour expliquer les violences conjugales. La "vérité" se trouve sans doute dans la reconnaissance du fait que l'organisation sociale influence l'organisation psychique et réciproquement.

Mais revenons en à Daniel ; que nous dit-il ? Que la violence conjugales est donc l'expression de la domination des hommes sur les femmes et qu'un ensemble de mythe, produisant des énoncés et des "mots image" permettent le maintient et la reproduction de cette violence. Quels sont ces mythes ?

Le mythe de l'amour (les femmes placent leurs désirs et besoins en un seul être...en gros le "prince charmant", alors que les hommes segmentent).

Le mythe de la folie : l'homme violent présente une pathologie psychiatrique ( c'est vrai dans seulement 10 à 15% des cas). C'est une façon de créer un repère auquel l'homme ordinaire va pouvoir se comparer et se dire qu'il n'est pas violent quand il cogne sa compagne parce que les lasagnes sont froides. En gros l'homme violent, c'est l'autre (voir d'ailleurs, dans les affaires judiciaires les plus graves, le recours quasi systématique à un "expert psychiatre")

Le mythe de la victime, produisant le mot image "femmes battue" qui désigne les victimes légitimes et réduit la grande majorité des autres au silence (les violences physiques, en proportion, sont largement inférieures aux violences psychologiques) car elles aussi se comparent à ce référent et ne s'y reconnaissent pas.

Le mythe de l'alcool et de l'origine sociale des auteurs. En gros, l'homme violent c'est un alcoolique issu des classes populaires. C'est vrai que la consommation de psychotropes peut être un amplificateur des violences mais elle n'en est jamais la cause.

Je ne vous mets là que les principaux, et vous renvoie à la lecture de l'ouvrage pour en savoir davantage. Pour conclure, j'aimerais vraiment vous dire que ce bouquin est dépassé mais malheureusement j'entends encore très souvent ces énoncés et leurs effets sur les victimes, quand je les reçois au travail.

Certainement qu'on va dans le bon sens...mais la route est encore longue (en moyenne 200 000 femmes victimes de violences par an, en France, depuis plus de 10 ans, un chiffre très certainement sous-estimé)








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pense-bete:de la part d'un non-violent
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Citations et extraits (25) Voir plus Ajouter une citation
La musculature de l'homme est-elle plus importante que celle de la femme du fait de la nature ? Qui peut répondre concernant la nature dans la mesure où, socialement, hommes et femmes sont depuis plusieurs milliers d'années affecté-e-s à des tâches différentes. Chasse et pêche, travail salarié pour les uns, charge d'enfants, travail domestique pour les autres. Toutefois, nous pouvons empiriquement faire plusieurs constations. En dehors même de l'alimentation différenciée citée par Irène Lezine, tout est fait pour agrandir la différence "naturelle". Dans les sports, la règle est là aussi différente. Ce sont dans les sports où la mixité existe, tel le marathon, que les écarts de performance sont les plus faibles. Alors, dimorphisme culturel, produit de milliers d'années de ségrégation imposée, ou différences naturelles ? Tout se passe comme si la culture voulait à tout prix, sous des critères sociaux, esthétiques ou rationnels, nous imposer cette représentation sociale de la nature.
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Si nous acceptons comme définition de violence physique toute atteinte physique au corps de l'autre [...] qui, en France, en 1990, n'a jamais été victime de violence ? Qui n'a pas été éduqué au moins une fois par un marquage corporel, lui permettant d'intégrer les représentations sociales de la domination, de la force "supérieure" de L'homme sur la femme, de l'adulte sur l'enfant ? Et le pire, c'est que quels que soient les milieux sociaux, les convictions religieuses, politiques...la fessée, la claque restent à notre époque en France le moyen le plus facile, le plus commode et le mieux toléré pour "éduquer" les chères têtes blondes ou brunes.
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Il a peur de parler, d'exprimer ses émotions, de pleurer. Toutes ces attitudes sont associées au féminin et dévalorisées. Le masculin s'est constitué socialement en opposition aux autres catégories : enfant, femme. Seuls les hommes seraient capables de diriger le monde. Le prix à payer est la domination permanente. Tout homme sait qu'il y a peu d'éléments communs entre son discours de vainqueur permanent et sa propre pratique. Au regard de l'évolution des rapports sociaux, nous trouvons de plus en plus d'hommes qui, maintenant, s'autorisent à parler, voire à pleurer devant une femme, mais qui se l'interdisent encore avec d'autres hommes.
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Ajoutons, qu'à l'étude des dossiers d'instruction de cours d'assises, on s'aperçoit que beaucoup de meurtres auraient pu être évités. Sans doute faudra-t-il apprendre aux différentes forces de police à tenir compte de la menace de mort. Dans de nombreux dossiers "il aurait suffit" de croire la femme venue se plaindre, ou d'écouter le futur meurtrier clamer haut et fort sa souffrance et ses désirs de meurtre. Lorsque nous expliquons qu'à l'extrémité de la spirale de la violence, il y a la mort...Il ne s'agit nullement d'une volonté naïve de dramatisation.
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Le discours de l'homme décline souvent l'amour en autant de scènes et de personnes que de désirs ou de besoins : la femme / mère avec qui l'habitude crée de la tendresse, un compagnonnage affectif ; la maîtresse, l'amie, la relation extérieure pour les désirs sexuels ; la prostituée ou la femme aperçue dans la pornographie pour le fantasme, le besoin solitaire ; les copains pour l'amitié virile...Les femmes, notamment chez les femmes violentées, fixent l'ensemble des sentiments, des désirs dans un être unique : l'homme.
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Videos de Daniel Welzer-Lang (2) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Daniel Welzer-Lang
Lundi d'érès du 06/02/2023
"Autobiographie d'un mec sociologue du genre" :
Retour sur 35 ans de recherches critiques
Daniel Welzer-Lang, sociologue engagé, revisite 35 années de militantisme et de recherches sur le genre et les sexualités à travers son regard de « mec ». Critique acerbe de la domination masculine et de la virilité obligatoire homophobe, il plaide pour s'intéresser aussi aux hommes et au masculin, l'autre versant du genre si souvent oublié ou caricaturé.
« J'essaie de comprendre pourquoi je suis, et je reste, un homme, même si je ne suis pas que cela.»
Daniel Welzer-Lang, homme et sociologue, professeur en études genre à Toulouse, décrit son parcours où expériences personnelles et recherches sont intimement liées. Il montre comment l'étude des hommes, de leurs changements comme de leurs résistances, enrichit l'analyse globale de la domination masculine hétéronormative.
Auteur de plus d'une vingtaine de livres sur le genre, le masculin et les sexualités, témoin et souvent acteur des évolutions sur le genre depuis plus d'une trentaine d'années, il ethnographie les coulisses du masculin, y compris dans les lieux de sexualités gais, bisexuels et libertins.
Tout en explicitant ses méthodes empiriques, il présente ses analyses de la révolution actuelle du genre qui traversent époques et thèmes : de l'accueil des hommes violents par des hommes antisexistes dans les années 1980 à l'expression des fluidités de genre au sein des nouvelles générations, en passant par les liens entre homophobie et violences faites aux femmes, les renégociations sur le propre et le rangé dans l'espace domestique ou les questions sur le libertinage comme utopie.
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