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EAN : 9781021004239
Tallandier (18/09/2014)
3.73/5   31 notes
Résumé :

Envoyées dans les pays occupés par l'Allemagne nazie, des femmes jeunes, endoctrinées et ambitieuses, se sont transformées en meurtrières.

Cette enquête fait voler en éclats bien des idées reçues. Non, les femmes allemandes n'ont pas été les témoins passifs de meurtres de masse accomplis par les Einsatzgruppen, leurs maris, leurs fiancés, leurs amants ou leurs supérieurs.

Elles leur ont prêté main forte.
Que lire après Les furies de Hitler : Comment les femmes allemandes ont participé à la ShoahVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (10) Voir plus Ajouter une critique
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Challenge ABC 2017-2018
13/26

On pourrait se dire que vu ce qui c'est écrit depuis la fin de la guerre sur le régime nazi, en français, anglais, allemand, le tour est fait.
Que nenni.
Qui a été oublié ? Quel angle est longtemps resté aveugle, notamment à cause des stéréotypes qui l'entourent ? Oui, les rôles des femmes dans l'entreprise génocidaire. Pourquoi ? Déjà à cause des stéréotypes : une femme est douce, maternelle, empathique,... donc incapable de violence et plus encore à l'encontre d'enfants. Ces stéréotypes ont été amplifiés par la propagande nazie : la femme doit se marier enfanter et s'occuper du foyer. Ensuite, l'administration. Pour un système aussi bureaucratique, il semble étonnant qu'aussi peu de listes de femmes qui travaillaient pour lui existent. Or, elles furent nombreuses : secrétaires, dactylo, institutrices, infirmières... L'auteure estime qu'environ 500 000 femmes furent envoyées à l'Est, pour y remplir un grand nombre de rôles, y compris dans l'encadrement et pas uniquement dans les camps, notamment Ravensbrück (camp de déportation pour femmes).
Il y a souvent une chose essentielle qui est oubliée lorsqu'on parle du régime nazi : les femmes y étaient autant endoctrinées que les hommes. Certaines suivaient une initiation aux armes dans certains mouvements féminins. Cela ne signifie évidemment pas qu'elles étaient toutes des meurtrières en puissance. L'auteure suit les parcours d'une dizaine de ces femmes et les classe en 3 catégories : les témoins, les complices et les exécutantes. Celles qui ont observé sans participer, celles qui rédigeaient ordres et rapports et celles qui tuaient souvent très proches des dirigeants sur place (secrétaires, épouses, maîtresses). Les infirmières, je n'arrive personnellement pas à les mettre dans l'une des catégories : obéissance aux ordres ou prise d'initiative ? L'auteure les classe plutôt dans les complices, obéissant aux ordres
Les stéréotypes ont la vie dure également après la guerre : peu d'entre elles ont été condamnées après guerre (sauf les gardiennes de camp. C'est que montre Le Liseur de Schlinck). Elles se sont souvent réinsérées dans la vie civile.
C'est un ouvrage vraiment intéressant, qui en plus de replacer les femmes dans l'histoire, peut se lire comme une initiation à la compréhension de ce que fut le régime nazi et comment il a réussi à endoctriner tous (ou presque) ces jeunes adultes peu importe leur sexe. Parce que je me suis alors rendue compte que ces femmes avaient pour la plupart mon âge voire avaient quelques années de moins (un peu comme la plupart des jeunes Français partis en Syrie...) Et en plus, il n'enterre pas le lecteur sous du jargon compliqué. C'est vraiment facile d'accès.
Les notes et la bibliographie conséquentes, les entretiens et ses sources font de cet ouvrage une référence.
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Je me souviens d'une chanson de Renaud – « Miss Maggie » – qui disait entre autres ceci : « Un génocide c'est masculin / Comme un SS, un torero. »

Ce livre lui donne tort, qui raconte le destin de femmes, dont certaines, prises dans l'euphorie de la toute-puissance nazie, ont été jusqu'à attirer des enfants pour leur fracasser la tête contre un mur ; lâcher des chiens qui les ont dévorés, et j'en passe. La plupart de ces femmes n'ont pas été condamnées après-guerre, telle Johanna Altvater, qui attirait des enfants juifs avec des bonbons pour leur tirer ensuite une balle dans la bouche. L'immonde Merah, aurait adoré, lui qui a imité ce geste en 2012 dans une école confessionnelle juive...

Le travail de recherche considérable de Wendy Lower nous confronte ainsi à une réalité que nos préjugés sociétaux ont encore aujourd'hui beaucoup de mal à admettre, à savoir que la femme est potentiellement l'égale de l'homme en matière de cruauté : « Accoutumés que nous sommes à penser le meurtre, la guerre et le génocide comme des activités masculines, nous demeurons ignorants, en l'absence de preuves contraires, de l'ampleur de la participation des femmes à ces mêmes activités pendant la guerre », explique l'auteur.

Ainsi, « on s'attendait à ce que la masse des Allemands portant l'uniforme et le cheveu ras, soldats ou policiers, en vînt à tuer – mais les femmes ? Comment des femmes pouvaient-elles agir ainsi ? Qu'une figure apparemment maternelle et douce pût s'adonner aux tendres consolations et, l'instant d'après, faire du mal ou même tuer représentait et représente toujours l'un des aspects les plus problématiques du comportement des femmes dans cette période de l'histoire ». Parce que certaines pratiquaient le massacre de Juifs alors qu'elles étaient… enceintes.
Ces femmes, jeunes pour la plupart, qui sévirent dans l'Est occupé de l'Europe, étaient infirmières, secrétaires, gardiennes de camps, épouses de SS. Elles avaient été fanatisées par des années de conditionnement idéologique, « convaincues que la violence de leurs actes trouvait sa justification dans le châtiment vengeur des ennemis du Reich ».

Et, confrontées à la Solution finale, chacune d'elles agit selon sa conscience et, si je puis dire, ses prédispositions morales : « L'éventail des comportements allait d'une extrême à l'autre, du secours au meurtre. » Et l'auteur de préciser toutefois : « Mais le nombre de celles qui prirent part, d'une façon ou d'un autre, au meurtre de masse est infiniment plus élevé que le nombre de celles qui tentèrent de s'y opposer » ; ces dernières considérées comme traîtresses et exécutées. Les autres pouvaient aller jusqu'à éprouver un « sentiment d'euphorie qui s'exprimait dans le sexe et la violence ». Pour beaucoup de ces femmes, elles vivaient une aventure exotique exaltante.

Si « de nombreuses Allemandes eurent affaire à la Solution finale, et aux diverses étapes de sa mise en oeuvre », certaines allèrent jusqu'à accomplir des tâches « annexes » sans broncher, comme euthanasier des soldats Allemands gravement blessés au front ; car, selon l'idéologie détraquée nazie, ils devenaient des poids morts.

Wendy Lower dresse un portrait juste, le plus dépassionné possible – ce qui est une gageure ! –, de ces femmes, dont beaucoup moururent paisiblement, certaines même convaincues, longtemps après les massacres auxquels elles participèrent avec entrain, de leur bien-fondé. Ainsi va la nature humaine…








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Sous le nazisme , seules les filles appartenant aux jeunesses hitlériennes avaient une chance de suivre des études supérieures .
Les premières infirmières nazies se virent dans l'obligation d'euthanasier les malades mentaux .
Certaines jeunes filles ( sans doute hypnotisées par l'uniforme ) aimèrent un nazi et en adoptèrent l'absence de valeurs .
Lors de la retraite de Stalingrad , les infirmières militaires reçurent l'ordre d'euthanasier les soldats ayant subi un traumatisme cérébral au prétexte que la nation ne pouvait les prendre en charge .

C'est tout cela et plus encore que nous raconte ce livre .
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Dans tous les appareils d'etat nazis,on trouvait des femmes au cote des hommes de pouvoir,liees a eux par la fonction ou par les liens du mariage.Cette proximite leur conferait un pouvoir considerable qu'elles ne manquaient d'exercer sur les sujets les plus vulnérables du regime.
Ces femmes occupèrent des positions a tous les niveaux de la hierarchie nazie.
Se figurant appartenir a une race souveraine,ces femmes exercèrent dans les territoires conquis a l'Est un pouvoir sans precedent sur une "sous-humanite" designee.On leur reconnaissait le droit de tuer et de maltraiter tous ceux qui etaient percus comme le rebut de la societe.
Comme leurs homologues masculins,les furies d'Hitler etaient issues de milieux divers,mais elles etaient toutes ambitieuses et patriotes;elles avaient en commun,a des degres divers,l'avidite,l'antisemitisme,le racisme et l'arrogance imperialiste;et elles etaient toutes jeunes.
Pour defendre la suprematie revendiquee de l'Allemagne,le regime nazi mobilisa toute une generation de jeunes femmes révolutionnaires conditionnees pour accepter la violence,y inciter ou la commettre.Le genocide est aussi une affaire de femme!Quand on leur en donne l'occasion,elles s'y engagent aussi jusque dans ses aspects les plus sanglants!Minimiser la culpabilite des femmes en la reservant a des gardiennes de camps endoctrinees revient a presenter sous un faux jour les realites de la Shoah.
Cet ouvrage se passe de commentaire
A decouvrir,mais ames sensibles s'abstenir!!!
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Infirmières, enseignantes, secrétaire, épouses... Les Furies de Hitler se sont toutes ces femmes qui ont participé activement au IIIe Reich et à la solution finale de leur propre chef. Parfois, l'endoctrinement a joué un grand rôle dans leurs convictions, parfois, les convictions étaient déjà là.

Que ce soit la haine, l'envie matérielle ou la soif de pouvoir, ces femmes ont toutes, directement ou indirectement, envoyé des personnes à la mort. Et elles étaient bien plus nombreuses que ce qui a était dit après guerre. Parce que le sexisme les a sauvé de la dénazification. Elles n'ont pas été poursuivies, elles se sont même parfois fait passer pour des victimes ou des héroïnes.

Ce livre est essentiel pour comprendre le système nazi. Sans les femmes, il n'aurait pas été possible que tout ça prenne une telle ampleur. La femme au foyer prônée par le régime nazi n'était qu'une façade car, tout les hommes valides étant au combat, il fallait bien qu'il y ait des soignant-e-s, des agents administratifs, des ouvrier-e-s, etc. On parle souvent du régime nazi et du génocide comme d'un système masculin mais ce livre prouve qu'il fonctionnait grâce à la répartition des tâches entre hommes et femmes. C'est à prendre en compte dans notre devoir de mémoire. Ne jamais sous-estimer les femmes, même dans la cruauté.

Ce livre est très complet. Il aurait juste fallu y ajouter un peu plus de documents d'archives.
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critiques presse (2)
Liberation
29 décembre 2014
Si leur criminalité est évidente, comme celle de gardiennes sanguinaires des camps, le livre reste, de fait, traversé par la question du degré de conscience de ces participantes à la Shoah. Cas épineux que celui des enseignantes et de certaines secrétaires, simples courroies de transmission d’ordres dont elles ne furent ni exécutrices ni spectatrices des effets. Ce livre, par ces nombreuses questions en suspens, invite à approfondir ce sujet difficile.
Lire la critique sur le site : Liberation
Lexpress
08 octobre 2014
Un livre glaçant -on regrettera le titre racoleur- qui démontre l'implication des plus fanatisées dans la mise en oeuvre de la Solution finale.
Lire la critique sur le site : Lexpress
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
La formidable expansion de l'Allemagne nazie, avec son administration foisonnante, ses innombrables bureaux du parti, son réarmement militaire et son développement économique, n'aurait pas été possible sans une main-d’œuvre féminine jeune, composée de secrétaires, de sténographes, d'opératrices téléphonique et de réceptionnistes. L'entrée en nombre de toutes ces femmes sur le marché du travail suscita des réactions ambivalentes dans la société de l'époque. D'un côté, les femmes constituaient une main-d’œuvre nécessaire à la bonne marche de l'économie et au fonctionnement de l’État, une main-d’œuvre bon marché qui plus est, puisqu'elle était sous-payée. D'un autre côté, on les voyait comme potentiellement dotées d'un "égoïsme sans limites", volontiers carriéristes. On leur reprochait avec amertume de prendre leur emploi aux hommes, d’affaiblir les traditions et de "manquer à leur devoir de mères de la nation". Toutefois, ces craintes et ces préjugés devaient être mis de côté dès lors que l'on avait besoin des femmes pour accomplir le travail de bureau des hommes appelés sous les drapeaux. Mais même si la contribution des femmes au système nazi fut très importante, leur rôle fut publiquement minimisé ; dans la propagande et l'idéologie nazies, c'était bien la mère de famille qui restait l’héroïne de la race allemande.
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La première des criminelles nazies ne fut pas la gardienne de camp de concentration, mais l'infirmière. De toutes les professions féminines engagées à l'Est, celle d'infirmière fut la plus meurtrière.
Les opérations génocidaires planifiées par le pouvoir central ne commencèrent ni dans les chambres à gaz d'Auschwitz-Birkenau, ni sur les sites d'exécution ukrainiens. Elles commencèrent dans les hôpitaux du Reich.
Les premiers moyens employés furent le somnifère, l'aiguille hypodermique et la faim. Les premières victimes furent des enfants.
Pendant la guerre, des infirmières administrèrent à des milliers de nourrissons mal formés ou à des adolescents infirmes des surdoses de barbituriques, des injections létales de morphine ou les privèrent d'eau et de nourriture.
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A bien des égards, ce livre traite de notre incapacité à tenir compte du passé non pas en temps que reconstitution historique ou fable morale, mais comme manifestation d'un problème récurrent dont nous sommes tous responsables. Quels sont les angles morts et les tabous qui perdurent dans notre manière de raconter les événements, dans nos récits individuels, nos mémoires et nos histoires nationales ? Pourquoi cette histoire continue-t-elle de nous hanter, génération après génération et aussi éloignés que nous soyons des lieux comme Grzenda ?
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Dans les dernières années de la guerre, des dirigeants allemands du ministère de la Justice, des forces armées, de la SS et de la police ordonnèrent l'exécution immédiate de toute personne s'avisant d'entraver l'effort de guerre.
Rien que dans le Reich, 10 000 Allemands furent exécutés. Au moins 15 000 soldats allemands accusés de désertion subirent le même sort.
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A ceux qui s'aviseraient de comparer les criminels nazis à des animaux, on pourra rappeler le propos de l'éminent historien de la Shoah Yehuda Bauer, d'après lequel accuser les nazis de bestialité constitue "une insulte pour le royaume animal [...] car les animaux ne font pas de telles choses" : "Le comportement de ces criminels n'était pas inhumain, mais trop humain."
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