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Critique de jemelire


J'avais choisi, dans la Masse Critique Recul et réflexion ce livre « Lulu, fille de marin » sur cette accroche : « Papa partait à Terre-Neuve au mois de mars ». J'espérais en apprendre un peu plus sur la dure vie des marins terre-neuvas, ayant moi-même un ancêtre issu de ce terroir.

La surprise, et bonne surprise, a été pour moi de découvrir une oeuvre de mémoire, au croisement du personnel et de l'ethnographique. En effet, les ateliers Henry Dougier souhaitent donner la parole à des témoins souvent invisibles et inaudibles. Ici, c'est Alissa Wenz qui recueille et nous restitue les souvenirs de sa grand-mère Lucienne, un témoignage plein de fraîcheur, de douceur et de tendresse.

Lucienne, dite Lulu est née en 1928 à Plouër-sur-Rance, dans le pays de Dinan. On découvre à travers les yeux d'une petite-fille pétulante, joyeuse et hardie, la vie d'une modeste famille de paysans et de marins dans un petit village de Bretagne, dans les années 30. L'irruption de la seconde guerre mondiale, occupation du village, collaboration, dénonciations et résistance. Lulu n'est pas la dernière à résister car dans sa famille, « on n'a jamais exécuté les ordres »…
Puis le mariage, sans se connaître du tout. Et la vie qui s'enchaîne.

A 90 ans, quels sont les souvenirs qui restent ? Les plus marquants. L'attente du père, parti en mer durant de longs mois. le décès dû à la diphtérie de la grande soeur Simone. La mère qui ne s'en remet pas et se referme, très dure. Les obsèques à Saint-Malo des marins du navire du commandant Charcot, le « Pourquoi pas ». le souvenir du jeune homme résistant qui ne rentre pas des camps. Mais aussi l'organisation du premier vote des femmes ou les restrictions d'après-guerre.

« C'est faux de dire que le temps passe. Il ne passe pas, il reste, gravé, intact. Tout est encore là. Permanences. Les jours se succèdent sur la petite éphéméride, mais le temps reste. »

Quel plaisir pour moi de retrouver des expressions perdues employées par ma mère comme « se casser la margoulette » ou ma grand-mère, « maudit p'tit machin! »

Alors merci à Alissa Wenz pour ce beau moment de partage, qui nous a fait voyager tout au long du vingtième siècle.

Merci pour la rencontre avec Lulu, une belle personne dont la vie fut « ordinaire et extraordinaire à la fois ».

Et enfin, merci pour ce concentré de vie et d'amour qui fait chaud au coeur.

La quatrième de couverture annonce "Ces récits sont réels. Ces histoires sont la nôtre". C'est exactement ça!

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