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Critique de Grecie


Bernard Werber initia au début des années 1990 un genre tout-à-fait inédit et qui, depuis, n'a jamais cessé d'être sa marque de visite : un mélange surprenant et original de fantastique, d'aventures, de suspens, de conte philosophique, le tout dosé si étrangement que chacun de ces termes semble mal lui correspondre.

Voici donc le Jour des Fourmis, suite des Fourmis, qui apporta un si grand souffle de renouveau dans la littérature française à l'époque.

Cette oeuvre a-t-elle vieilli ou suis-je en cause ? Pourquoi n'ai-je pu autant m'enchanter de ce second opus que d'autres textes de son auteur ? Certes, on reste toujours admiratif de la maestria avec laquelle l'écrivain met en scène des fourmis et parvient à nous les rendre attachantes, tout comme il fait vivre et brode autour d'un système de société si différent du nôtre. C'est si novateur et si habilement ficelé... Et quel délice que ces passages durant lesquels 103ème observe et commente la société humaine...

Mais, somme toute, à quoi aboutit-on ? A quoi assiste-t-on dans ce récit où nous sommes sans cesse exhortés à voir les choses différemment ? Les sociétés insectes ne paraissent guère différentes dans leur forme que les nôtres. Lors de la croisade fourmi, nous assistons au même déferlement de violence à laquelle notre propre histoire humaine est coutumière, avec juste, par touches, comme pour nous, des expériences utopiques inédites (l'île du cornigera ; durera-t-elle ?). Est-ce ce que Bernard Werber a voulu mettre en lumière ?

Le thème central du livre, "le choc des civilisations" n'est-il pas abordé, en définitive, d'une manière extrêmement simpliste ? le sujet est à la fois le plus ancien, le plus suranné, et le plus actuel de tous. Est-ce que je manque de profondeur de pensée ? N'ai-je pas su saisir la quintessence moelle de cette oeuvre ? Fais-je partie de ces gens trop pris dans leur temps pour n'avoir pas su saisir le mystère de l'univers ? La description de cette communauté souterraine qui transcende son humanité en se mettant à vivre autrement, à vivre collectivement, à virer "fourmi", m'a laissée plus que sceptique. le fameux OM : le salut de l'homme enfin entraperçu ou une vaste fumisterie digne des sectateurs les plus illuminés ? Comment l'auteur lui-même perçoit-il ces personnages ?

Quant au jugement définitif de 103ème qui déclare que l'homme est une créature qui ne sait que détruire, mais tempère en affirmant qu'il est aussi capable d'élans de bonté gratuite et d'inspiration créatrice sublime, s'il est sans doute d'une vérité absolue, il a été très souvent déjà, et dans nombre d'oeuvres plus anciennes, mis en lumière sous des plumes autrement plus talentueuses que celle-ci (car, si l'imagination de Bernard Werber est géniale, son style en lui-même n'a rien de particulier). Victor Hugo dans Notre-Dame-de-Paris le disait déjà...

Il reste que ce roman, une fois refermé, continue de poser question... Je n'ai fait que cela, tout au long de cette critique ! Vous me voyez donc bien embarrassée d'émettre un avis final. Et, en définitive, malgré tout ce que j'ai pu dire au-dessus, la réussite de ce récit est probablement de faire s'interroger le lecteur sur ce que révèle de lui-même la façon dont il aura perçu ce livre.
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