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EAN : 9782878580440
377 pages
Viviane Hamy (08/03/1999)
4.26/5   21 notes
Résumé :

En 1914, Werth a 36 ans. Libertaire, antimilitariste, jauressien, il croit à l’internationalisme. Pourtant, comme nombre de ses camarades, il part volontaire pour le front afin de défendre son idéal d’homme libre qui va faire « la guerre à la guerre », à cette guerre, la dernière. Il y restera 15 mois. Aussi biographique soit-il, Clavel soldat (rédigé entre 1916 et 1917) est avant tout un magnifi... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Pacifiste de la première heure, antimilitariste, fréquentant les milieux anarchistes, Leon Werth s'est engagé volontaire en 1914, avec l'espoir et l'illusion de participer à la rébellion des masses contre la boucherie programmée. Ce livre, à la fois autobiographique et romancé, raconte ses progressives désillusions vis-à-vis de ses compagnons d'infortune, dont il constate impuissant la soumission à l'autorité militaire.
« Oui… Décidément, ils sont trop bêtes » : voilà une phrase récurrente déclinée tout au long du livre, montrant le peu d'indulgence de Leon Werth face à l'attitude moutonnière des soldats partis au front. Contrairement à d'autres témoignages sur 14-18 qui mettent souvent en avant à la fois les horreurs de la guerre et la compassion vis-à-vis des soldats du front, ici rien ne se passe, l'ennui est permanent, et l'impatience d'aller en découdre est grande. Comme le dit Stéphane Audoin-Rouzeau à la fin de sa préface « Que Léon Werth soit parvenu à transcrire cet aspect presque indicible de l'expérience de 1914-1918 – la temporalité si particulière de la vie des tranchées pour ceux qui l'ont vécue – contribue à faire de Clavel soldat un des témoignages les plus incisifs jamais écrit sur la Grande Guerre ».
Un livre poignant et résolument militant d'un auteur qui écrira de nombreux autres ouvrages sur l'armée, les deux guerres mondiales, mais aussi le colonialisme. Esprit indépendant et polémique de l'entre-deux guerres, il a cependant forcé le respect de ses contemporains, à tel point qu'Antoine de St Exupéry lui dédiera le Petit Prince.
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Il faut du temps, un certain temps pour s'habituer au style de l'auteur, à sa façon de raconter ce qu'il a vécu.
La mobilisation avec les actualités de l'époque et les noms de personnalité dont l'histoire a certes retenu les noms mais pas pour le simple citoyen ... je n'avais jamais entendu parler de
Gustave Hervé, (1871-1944), homme politique socialiste puis fasciste français (1),
Ou de
Karl Liebknecht,(1871-1919, homme politique socialiste et communiste allemand (2).

Ce Clavel, cet homme qui aime les parades foraines et qui n'aime pas les parades militaires, cet homme qui ne peut tolérer d'esclave heureux.
Après un certain temps, on se rend compte que cette façon d'écrire, jamais de je, toujours un ton impersonnel, nous rend la description de l'action ou de la non action encore plus prenante et prégnante... on souffre, on bloque sa respiration, on y est, on n'ose bouger, respirer, on se pisse dessus car tout mouvement est impossible ... cette narration impersonnelle est certainement ce qui est le plus difficile à supporter car on est rendu à notre état contemplatif de ce qui fut la grande boucherie.
Tout y est,
Les moments d'héroïsme, ceux où des hommes partent pour se faire tuer et ils le savent déjà,
Les moments où il ne se passe rien, ceux où il n'y a rien à faire sinon attendre que la balle ou l'obus fasse son job,
Les moments où on assiste impuissant à l'élimination de ceux qui ont osé dire non, tué par ceux qui n'ont pas oser dire non,


Si à un moment vous vous demandez à quoi correspond l'appellation marsouin, mejesaistout nous rappelle :
marsouin est le nom donné à un soldat ou gradé de l'ancienne infanterie de marine
(de l'Infanterie coloniale depuis 1900) dixit Le Robert.
Hier, je suis passée dans le cimetière familial, juste pour arroser les fleurs ... je me suis arrêtée devant le quartier militaire ... et émue ... j'ai pensé à ces morts, morts pour la France ... 1915 ... 1916 ... peut être ont ils connus Clavel, Vernay ou Mourèze !


(1)
Gustave Hervé est un dirigeant socialiste, son antimilitarisme lui fait prendre des positions, très en pointe pour l'époque, sur la colonisation, qu'il dénonce avec véhémence, jusqu'en 1912.
En août 1914, Gustave Hervé retourne « sa veste rouge pour en montrer la doublure tricolore ». Il ne fut pas le seul socialiste à substituer au mot d'ordre « Non à la guerre » celui de « Défense nationale d'abord ». Il passe d'un ultra-pacifisme à un ultra-patriotisme.
En 1938, il est une exception : il est l'un des rares sympathisants du national-socialisme à avoir renoncé à ses préférences idéologiques au vu des persécutions anti-juives et des menaces pesant sur la France.
Peu de temps avant sa mort, il se décrivait comme le premier bolcheviste, le premier fasciste, le premier pétainiste, le premier membre de la Résistance et le premier gaulliste


(2)
Karl Liebknecht est un homme politique socialiste et communiste allemand. Membre du parti social démocrate d'Allemagne (SPD), il se bat pour le droit des jeunes à faire parti d'organisations politiques et surtout contre le militarisme. Son livre Militarisme et anti-militarisme lui vaut un procès et une peine de prison de 18 mois, durant laquelle il est élu député au Reichstag.
En raison de son opposition à la première guerre mondiale, il est emprisonné et exclu du SPD. Il cofonde avec Rosa Luxembourg la Ligue Spartakiste , puis le (KPD) le Parti communiste d'Allemagne.
Deux semaines après la formation de ce parti, il est assassiné avec Rosa Luxembourg lors de la répression de l'insurrection de Berlin.
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Je ne saurais dire ce que vaut ce livre d'un point de vue littéraire.
En un certain sens, la question ne se pose pas.
C'est un témoignage fondamental sur la première guerre mondiale.
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Werth, auteur trop méconnu hélas, livre dans un style sobre un témoignage essentiel, pour nous et pour les générations futures, de ce que fut la guerre 14-18, et de ce qu'est l'instinct grégaire chez l'homme.
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Un auteur qui sort de l'ombre pour nôtre plus grand bonheur.
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critiques presse (1)
Actualitte
18 décembre 2017
Clavel soldat sera apprécié des connaisseurs et par les témoins, mais cette peinture sans concession éloignera, semble-t-il, le grand public.
Lire la critique sur le site : Actualitte
Citations et extraits (8) Voir plus Ajouter une citation
Le vin... Il n'y a que le vin, la boue et les cadavres, les uns vivants, les autres morts. Et l'ennui, un ennui auparavant inconnu, l'ennui jusque dans les mains, jusque dans les pieds, un ennui qui fourmille, tout cela pour rien... rien... rien. Clavel en est sûr, maintenant : Pour rien. C'est cela l'horrible et cela seulement. Et la plupart ont perdu la force même de s'ennuyer. L'ennui devient le signe de ceux qui ne sont pas morts à tout. À connaître leur ennui, combien sont-ils? dix, cent, mille peut-être et ceux-là sont prêts à se joindre des deux côtés des lignes. Et moi-même, quel est mon souci? se demande Clavel... Je n'ai plus en moi que la sensation du temps qui coule, le désir qu'il coule plus vite, et un dégoût toujours croissant, non pas de la mort, mais de cette mort-là.
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Il y a un mois, dit le sous lieutenant, le colonel a réuni les officiers. Il trouvait qu'il n'y avait pas dans le régiment assez d'animosité contre l'ennemi... que les hommes s'endormaient dans la torpeur de la tranchée... il nous a donné l'ordre d'envoyer des patrouilles, même inutiles... Quitte à perdre quelques hommes... ainsi l'animosité s'augmentera... une patrouille inutile... une patrouille pédagogique... une patrouille pour avoir plus de cadavres à la haine...
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L'Allemagne, dites-vous, a besoin de territoire pour son peuple toujours multiplié, pour son commerce toujours croissant... Imaginez-vous un Allemand mobilisable désirant la guerre pour étendre les affaires, ou, par mystique commerciale, pour étendre les affaires de l'Empire ? L'idée est si sotte que nous consentons à la prêter aux Allemands, mais que nous ne pouvons une minute l'attribuer à un Français.
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Si la religion fut la morale en images, la patrie est l'administration en images et la patrie, semblable à la religion, destinée comme elle à préserver et perpétuer les usages et les privilèges, acquiert une force mystique en prenant la vie des hommes... comme la religion tua, elle tue pour se défendre. Elle est plus que la vie.
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Clavel pense à la mort. Il n'en a aucune épouvante hébétée de cauchemar. Il ne redoute pas l'au-delà. Mort, il rentrera dans la nécessité universelle. Seul disparaîtra le petit hasard de personnage qu'il est et son lien à d'autres personnes. C'est cela simplement qu'il voudrait préserver et les imprévus possibles de la vie qu'il pourrait vivre encore si nul accident de guerre ne la supprime. Il n'a pas peur de la mort. Il veut bien mourir, mais pas à la guerre. (p. 210)
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Godelieve de Koninck, lectrice et fondatrice de Liratoutâge Patrice de la Brosse, lecteur-bénévole de Liratoutâge Charles-David Duchesne, lecteur et conseiller de Liratoutâge Caroline Malo, bibliothécaire responsable du développement des services aux aînés à l'animation
Intro : (00:00) Présentation de l'activité : (00:20) 1er interlude musical : (01:04) Lecture du premier texte : (01:34) 2e interlude musical : (08:41) Présentation de la lecture intergénérationnelle : (09:29) Lecture de la dédicace de St-Exupéry à Léon Werth : (12:38) Lecture à deux voix d'un extrait du Petit Prince de St-Exupéry : (13:22)
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