Il faut du temps, un certain temps pour s'habituer au style de l'auteur, à sa façon de raconter ce qu'il a vécu.
La mobilisation avec les actualités de l'époque et les noms de personnalité dont l'histoire a certes retenu les noms mais pas pour le simple citoyen ... je n'avais jamais entendu parler de
Gustave Hervé, (1871-1944), homme politique socialiste puis fasciste français (1),
Ou de
Karl Liebknecht,(1871-1919, homme politique socialiste et communiste allemand (2).
Ce Clavel, cet homme qui aime les parades foraines et qui n'aime pas les parades militaires, cet homme qui ne peut tolérer d'esclave heureux.
Après un certain temps, on se rend compte que cette façon d'écrire, jamais de je, toujours un ton impersonnel, nous rend la description de l'action ou de la non action encore plus prenante et prégnante... on souffre, on bloque sa respiration, on y est, on n'ose bouger, respirer, on se pisse dessus car tout mouvement est impossible ... cette narration impersonnelle est certainement ce qui est le plus difficile à supporter car on est rendu à notre état contemplatif de ce qui fut la grande boucherie.
Tout y est,
Les moments d'héroïsme, ceux où des hommes partent pour se faire tuer et ils le savent déjà,
Les moments où il ne se passe rien, ceux où il n'y a rien à faire sinon attendre que la balle ou l'obus fasse son job,
Les moments où on assiste impuissant à l'élimination de ceux qui ont osé dire non, tué par ceux qui n'ont pas oser dire non,
Si à un moment vous vous demandez à quoi correspond l'appellation marsouin, mejesaistout nous rappelle :
marsouin est le nom donné à un soldat ou gradé de l'ancienne infanterie de marine
(de l'Infanterie coloniale depuis 1900) dixit
Le Robert.
Hier, je suis passée dans le cimetière familial, juste pour arroser les fleurs ... je me suis arrêtée devant le quartier militaire ... et émue ... j'ai pensé à ces morts, morts pour la France ... 1915 ... 1916 ... peut être ont ils connus Clavel, Vernay ou Mourèze !
(1)
Gustave Hervé est un dirigeant socialiste, son antimilitarisme lui fait prendre des positions, très en pointe pour l'époque, sur la colonisation, qu'il dénonce avec véhémence, jusqu'en 1912.
En août 1914,
Gustave Hervé retourne « sa veste rouge pour en montrer la doublure tricolore ». Il ne fut pas le seul socialiste à substituer au mot d'ordre « Non à la guerre » celui de « Défense nationale d'abord ». Il passe d'un ultra-pacifisme à un ultra-patriotisme.
En 1938, il est une exception : il est l'un des rares sympathisants du national-socialisme à avoir renoncé à ses préférences idéologiques au vu des persécutions anti-juives et des menaces pesant sur la France.
Peu de temps avant sa mort, il se décrivait comme le premier bolcheviste, le premier fasciste, le premier pétainiste, le premier membre de la Résistance et le premier gaulliste
(2)
Karl Liebknecht est un homme politique socialiste et communiste allemand. Membre du parti social démocrate d'Allemagne (SPD), il se bat pour le droit des jeunes à faire parti d'organisations politiques et surtout contre le militarisme. Son livre Militarisme et anti-militarisme lui vaut un procès et une peine de prison de 18 mois, durant laquelle il est élu député au Reichstag.
En raison de son opposition à la première guerre mondiale, il est emprisonné et exclu du SPD. Il cofonde avec
Rosa Luxembourg la Ligue Spartakiste , puis le (KPD) le Parti communiste d'Allemagne.
Deux semaines après la formation de ce parti, il est assassiné avec
Rosa Luxembourg lors de la répression de l'insurrection de Berlin.