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Critique de topocl


« Aujourd'hui, les dernières traces des dizaines de camps qui occupaient cette vallée s'effacent inexorablement. On n'a pas eu besoin de détruire les camps pour en effacer les traces. Il a suffi de laisser les lieux à l'abandon pour que les traces disparaissent elle-même. Les barbelés, les miradors, les briques des cachots, le bois des baraquements ont disparu, arrachés, démantelés, emportés par les habitants qui se sont tout simplement servis. On a toujours manqué de tout ici… Aujourd'hui, le paysage la Kolyma a éliminé son passé. »

Curieusement, bien qu'il soit le co-auteur de L'histoire du Goulag stalinien, en 7 volumes parus en 2004, Nicolas Werth n'avait jamais mis les pieds à la Kolyma. En 2011, il décide de combler cette lacune, de sentir la terre sous ses pieds, de voir les traces et les paysages de ses yeux, d'entendre les témoignages de ses oreilles.

« Face à ce paysage qui offre sa splendeur et dissimule son passé, je ressens un profond malaise : comment peut- on admirer le cadre d'un tel malheur, d'un tel anéantissement, d'une telle souffrance collective ? »

Accompagné de sa fille Elsa, et de deux responsables de l'association Memorial à la recherche de tous les vestiges du Goulag susceptibles d'alimenter un musée virtuel du Goulag, il a sillonné les routes construites par les anciens zeks, en voiture, en camion, en minibus. Pendant 3 semaines, il a visité les les villes désertées, les usines et mines abandonnées, les camps disparus et leurs charniers secrets . Et il a rencontré des habitants. Ceux qui n'ont jamais rien su ou voulu savoir, ceux qui ont vécu dans les camps, ceux qui y ont travaillé en tant que civils. Ceux aussi, qui, fourmis obstinées, s'attachent à en conserver le souvenir, créant des musées, recherchant des vestiges, plantant des croix ou des monuments, commémorant.

Ce livre est le récit de ces trois semaines, les faits, les échanges, les réflexions, les découvertes, illustré de quelques photos. Nicolas Werth transmettre ainsi de façon tout à fait informelle son savoir, et sa culture passionnée de tout ce qui touche au Goulag, sans oublier la littérature qui s'en est nourrie. A côté de cette description informative des évènements historiques, , il parle de l'évolution des connaissances et des points de vue sur le plus grand système concentrationnaire du XXème siècle. C''est une belle réflexion sur l'historien au travail et la mémoire en train de devenir histoire.
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