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D'un coté, un dictateur qui décide de purger les villes de la petite délinquance ainsi que du petit peuple qui survit comme il peut et de vider les campagnes de paysans dits riches ( ils ont au moins une vache ou un cheval) car ce sont des ennemis de la patrie (?) et de déporter tous ces gens en Sibérie et en Oural.

De l'autre, des autorités absolument pas préparées, ni décidées à accueillir des étrangers , le pays n'ayant aucune infrastructure, ni route, ni voie de chemin de fer et ne pouvant pas subvenir aux besoins d'une population supplémentaire estimée à un million, qui plus est, avec une température dépassant rarement le zéro.

Entre les deux, des milliers de fonctionnaires qui, pour se faire bien voir, vont arrêter mille personnes quand on leur en demandait cinq-cent. C'est ce que l'on appelle la politique du chiffre qui va encore aggraver la situation.

Tous les éléments sont réunis pour une catastrophe que l'on qualifierait maintenant d'humanitaire.

L'auteur, après nous avoir rappelé tous ces faits, s'intéressera à une région
en particulier où les autorités débordées, débarqueront et abandonneront des déportés sur une île sans provisions, s'en suivra des cas de cannibalisme entre autres violences.

L'histoire de cette île est prétexte à raconter l'échec de la politique de Staline à cette époque qui l'amènera à créer le Goulag avec tous ses camps de travail qui avait, en plus, l'avantage de générer des profits énormes.

Dans ce type de récit, on ne peut malheureusement pas éviter de donner beaucoup de chiffres et de statistiques mais je voudrais juste en retenir une : les 4000 morts survenus sur cette île ne représentaient que 4% des victimes de la déportation massive de 1933.



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J'ai essayé plusieurs fois de lire ce livre et plusieurs fois, j'ai renoncé, tant l'effroyable vérité qui s'imposait à moi grâce au travail de Nicolas Werth me rendait littéralement malade. Mais après avoir lu l'essai de Michel Eltchaninoff « Dans la tête de Poutine » , je voulais aller jusqu'au bout du récit de l'horreur. Poutine veut réhabiliter quelques aspects du Stalinisme, déclarant dans une formule célèbre « Celui qui ne regrette pas la destruction de l'Union soviétique n'a pas de coeur. Et celui qui veut sa reconstruction à l'identique n'a pas de tête ». Il nous reste, donc, à lire le travail des historiens pour savoir ce qu'a été exactement cette période de l'histoire de ce malheureux pays.

Nicolas Werth fait un travail très sérieux, il donne toutes ses sources et s'appuie uniquement sur les documents officiels soviétiques . L'île de Nazino ou « l'île aux cannibales » est un des rares événements bien connus des autorités de l'époque. (Mais ne représente que 1% des disparus des colonies de peuplement) Une enquête a été diligentée sur cette effroyable déportation : en 1933, on a envoyé des milliers de déportés dans une île entourée de marécages, ils étaient pour la plupart des citadins en tenu de ville et n'avaient aucun outil pour survivre dans un milieu hostiles. Les plus féroces d'entre eux ont tué les plus faibles pour les manger.

Cela n'est pas arrivé par hasard, Nicolas Werth démonte tous les rouages qui ont permis d'en arriver là. On aurait pu penser que l'échec des colonies de peuplement dont le point culminant est Nazino, allait permettre une prise de conscience des dirigeants communistes et effectivement cela a servi de leçon mais pas dans le sens que des êtres humains auraient pu l'imaginer. 1933 n'est que le début de l'élimination des « parasites » qui ne comprennent pas les bienfaits de la grande cause prolétarienne. … et en 1937 commencera « la grande terreur », Staline aura bien retenu la leçon de Nazino, plus de colonies de peuplement , il a mis en place des exécutions très rapides après des jugements expéditifs, Nicolas Werth avance un chiffre de 800 000 personnes fusillées et les autres finirent au goulag au travail forcé.

Si j'étais Russe je manquerai certainement de coeur MONSIEUR Poutine, mais je ne voudrais pas que l'on me force à regretter L'URSS.
Lien : http://luocine.fr/?p=4207
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Ce livre retrace cette déportation organisée en URSS pour déplacer des populations identifiés comme "nuisibles" vers des zones à coloniser, habiter, défricher.

Ce livre est très documenté, une grosse première partie mentionne beaucoup de chiffres, presque trop par moment pour ma part.

La ou je l'ai trouvé intéressant c'est premièrement dans le descriptif des dysfonctionnements de cette organisation.
- Des rafles et les arrestations totalement au hasard (parfois même de membres du Partie, pas d'inculpation ni d'enquêtes !!!) afin uniquement de "faire du chiffre". On a des descriptif précis de personnes ayant été déporté par erreur ou négligence.
- Des conditions sanitaires, matérielles et logistiques (infrastructures notamment) déplorables et honteuses
- Des différents niveaux de compétence (et d'incompétence) des différents responsables qui envoient des centaines ou milliers de personnes dans des zones inadaptés et sans prévenir les personnes sur place pour anticiper.
- de la bassesse de certains "responsables" qui relaient au pouvoir que tout se passe bien, que cela fonctionne bien, que tout est sous contrôle alors que c'est une catastrophe humanitaire et que même en se plaçant dans leur logique d'utilisation du peuple pour occuper un territoire c'est là aussi un échec.

Et deuxièmement, ce livre apporte des informations précises et documentés sur la vie sur place de ces déportés et les conditions de vie horribles qui entrainent des réactions humaine comme le cannibalisme, la violence, le vol, etc....

Un livre de 200 pages dont une 20aine de notes et précisions.
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Un ouvrage plutôt court mais déjà riche en informations sur le tragique épisode des déportations-abandons en Sibérie en URSS au début des années 1930.

Les crimes des régimes communistes ne cesseront jamais de m'horrifier par leur inhumanité absolue, qui n'a rien eu à envier aux nazis. L'île aux Cannibales traite d'un épisode inconnu en Occident, au cours duquel le régime stalinien décida de se débarrasser des "éléments déclassés" en les expédiant mourir en Sibérie, officiellement pour "coloniser et mettre en valeur ce territoire".

Nicolas Werth rapporte les documents officiels qui ont étonnement survécu dans les archives pour expliquer les ressorts de l'opération menée au cours de l'année 1933, après celles des trois années précédentes. Si 1933 est particulière, c'est parce qu'elle prend place dans un contexte lui-même très particulier: le plan quinquennal et la NEP de Staline s'avèrent être des échecs douloureux, et le régime, pour masquer le désastre, presse les deux régions fertiles jusqu'à les affamer et provoquer la mort par famine d'au moins 6 millions de personnes.

Or, dans le même temps, ce même régime entreprend de déporter un million de personnes en Sibérie, en l'espace de quelques mois, en leur fournissant le minimum d'outils et de nourriture. Ces "éléments déclassés" n'ont rien à voir avec les paysans déportés les années précédentes: il s'agit pour l'essentiel de citadins, de "familles" (mères isolées et leurs enfants), de vieillards, d'enfants, de vagabonds, de malades mentaux, et de détenus de droit commun "non qualifiés pour le Goulag", et de toute personne prise sans passeport en règle sur les marchés et dans les gares.

La catastrophe pressentie est évidemment arrivée, plus d'un tiers des déplacés mourant en l'espace de quelques semaines, non sans que des scènes abominables ne se produisent, à l'image de ces cas d'anthropophagie évoqués. Si l'ouvrage de Nicolas Werth met en avant le cas de l'île de Nazino, pour lequel des témoignages concordants ont été recueillis par l'ONG Memorial dans les années 1980, il ne se concentre pas uniquement sur ce cas et aborde plus généralement cet "autre goulag".

Riche et précis, cet ouvrage très accessible intéressera sans aucun doute tous ceux qui sont curieux de l'URSS et de son système inhumain.
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Mon plus grand regret est de ne pas avoir lu ce livre avant. Il s'agit d'un livre coup de poing sur le régime russe, les déportations et le train train quotidien du peuple qui à subi ces énormités. Bien sûr le livre en est un de fait, de chiffres, de noms, de lieux mais pour ceux qui s'intérressent à ce moment de l'histoire il s'agit d'un livre à lire à tout prix.
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Même si Nazino ne constitue qu'1% des "disparus" de 1933 en URSS, le déroulé de son histoire est marquant dans son exemplarité. La culture du chiffre, l'appétence soviétique pour la planification de masse, le manque de moyens accordés à des projets grandioses, le dédain pour la vie d'autrui, les injustices constantes et la fatalité avec laquelle tout est accepté dans une bureaucratie tellement grande qu'elle se cannibalise, tout cela Werth l'explique très bien (et le vulgarise suffisamment pour qu'une personne sans réelle connaissance du sujet soit capable de saisir les données, sans réellement être capable d'assimiler les chiffres).
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L'île aux cannibales, 1933 une déportation-abandon en Sibérie est un essai historique sur la déportation de milliers de personnes jugés déclassés et socialement nuisibles en provenance de Moscou et de Leningrad, principalement, et abandonnés à leur sort sur une petite île proche de Nazino. Cet événement dramatique a été passé sous silence durant soixante ans.

Le gouvernement de Staline souhaitait coloniser les terres inhospitalières de Sibérie, entre autre, par des colons et se débarrasser d'une population dite nuisible de grandes villes et de villes de villégiatures. Cet essai précise dans une première partie cette ambition politique, son déroulement et pour finir par les faits puisque ce qui était écrit sur le papier ne s'est pas réalisé. Loin de là ! Des déportations arbitraires sans emporter des vêtements, des outils et de la nourriture pour le voyage. Une population arrivée sur site affaiblie après des semaines de voyage en train peu nourrie et occupant des sites où il n'y avait rien, où la nourriture manque entraînant des dérives. Ainsi sur 10 289 déclassés arrivés depuis mai 1933, seuls 2 025 sont encore en vie en octobre 1933.

Ce livre décrit historiquement l'enchaînement des faits qui a amené à ce désastre.
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Ce livre m'a été prêté, un sujet glaçant quand on sait que ceci a été la réalité et non une fiction. Je ne ferais pas de retour sur le livre en lui-même, le résumé et les extraits de ce témoignage parle de lui-même.



"Depuis le début des années 1990, l'ouverture des archives régionales de Novossibirsk et de Tomsk ainsi que la publication d'un certain nombre de documents relatifs à la tragédie de Nazino ont permis de mieux comprendre ce qui s'était passé sur "L'Ile-Mort" (Ostrov-Smert'), également surnommée par la population locale "l'île aux Cannibales" (Ostrov lioudoedov)."

"En réalité, un très grand nombre de personnes appréhendées au cours de rafles policières ne passaient même pas par ces procédures sommaires et étaient directement déportées après un bref passage en prison de transit. Tel fut le cas d'un grand nombre d'individus déportés de Leningrad et de Moscou, dans le cadre du "nettoyage" des deux plus grandes villes de l'URSS à l'occasion de la fête du Travail, le 1er mai 1933, vers Tomsk, puis de là, après un court séjour dans le plus grand camp de transit pour "déplacés spéciaux" de Sibérie, vers l'île de Nazino."

"Que nous apprend l'épisode, exceptionnellement bien documenté - par rapport à d'autres déportation de masse -, de l'île aux Cannibales? Cet événement éclaire, tout d'abord, la mise en oeuvre meurtrière d'une utopie : celle d'une vaste entreprise d'ingénierie sociale, d'une planification bureaucratique et policière visant à "nettoyer" et à "purifier" certains espaces soviétiques - et notamment les villes - de leurs "éléments déclassés et socialement nuisibles", en les déportant vers des "zones-poubelles" de la Sibérie."
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