Le Partage de l'Afrique, 1880-1914

Le tableau que Charles Dickens brossa des orphelinats du XIXe siècle est aussi remarquable que l'enfer dépeint par Dante, et ces deux thèmes présentent effectivement des similitudes surprenantes.

Ce qui choque le plus dans le partage de l'Afrique n'est peut-être pas ce que l'on fit, mais la légèreté avec laquelle on le fit.

L'expansion européenne en Afrique occidentale avait été précédée par une autre expansion : celle de l'islamisme. Au Soudan, le XIXe siècle avait été un siècle de djihads, de guerres saintes menées pour propager l'islam et contribuer à la formation d'Etats islamiques.

Installer le Portugal dans la région du Congo pour empêcher que la France n'y pénètre, cela revenait, sur le plan commercial, à invoquer Belzébuth pour exorciser le diable. Mais la France était un diable redoutable et le Portugal un minuscule Belzébuth et cela faisait toute la différence.

La meilleure façon de définir l'impérialisme de Léopold est de parodier la formule célèbre de Lénine en disant qu'il représentait le "stade suprême de l'opportunisme".

Après l'abolition de la traite des esclaves, l'Afrique occidentale entra elle aussi dans l'ère du legitimate trade. La révolution industrielle avait engendré une nouvelle forme d'esclavage et une nouvelle génération d'esclaves : les esclaves du salaire.

Civiliser au sens moderne du terme signifie apprendre aux gens à travailler pour pouvoir acheter, échanger et dépenser.

(Déclaration du président de la chambre de commerce de Lyon, son nom n'est pas cité)

Le partage de l'Afrique commença en Afrique du Nord. L'établissement du protectorat français sur la Tunisie en 1881 et l'occupation de l'Egypte par l'Angleterre l'année suivante constituèrent les premières étapes d'un long cheminement qui s'achèverait en 1912 par la soumission du Maroc.

(début du chapitre 1 page 25)

Lors de la première guerre des Boers, l'Angleterre adopta una attitude singulière. En effet, il était tout à fait exceptionnel, à une époque où le chauvinisme, le nationalisme, l'impérialisme et le revanchisme étaient les valeurs dominantes, de ne pas venger une défaite et de redonner sa liberté à un peuple assujetti.

Le 12 juillet 1898, Marchand réitéra ce haut fait: le pavillon tricolore était solennellement hissé sur le moudirieh de Fachoda. La cérémonie ne se déroula pas sans accroc car la corde du drapeau se brisa et le pavillon tomba au sol, mais il n'en restait pas moins que Marchand avait pris possession de Fachoda au nom de la France.