C'est l'amour qui fait que nous nous souvenons, c'est de l'amour que viennent les histoires
L'enfance est parait-t'il une période marquée par l'innocence ; lorsqu'on sort de l'une, on perd l'autre. Mais certains connaissent une enfance peuplée de ténèbres et de sentiments contradictoires, elle n'est pas une période innocente pour tout le monde.
J'étais encore trop petit pour comprendre ce qui rend les histoires si émouvantes: il existe dans chaque histoire des ténèbres abyssales -et ces ténèbres viennent du passé.
-Et donc c’est ici que tu traînes ta solitude?
Mais quelque chose clochait. Comme si nous étions figés dans une langue créée dans le seul but de désosser la relation qui nous avait unis autrefois. Nous conjuguions les verbes à l'imparfait, le futur semblait ne pas avoir d'existence possible. Plus nous enchaînions les phrases, plus la tristesse prenait le pas sur mon état d'esprit.
Car, en fin de compte, quelle importance que certains soient mieux lotis que d'autres, la vie n'était pas une compétition, il y avait des choses plus importantes que le fric ou les objets, on était tous dans le même bateau, on essayait tous de vivre le mieux possible et de faire de notre mieux , il fallait vraiment être rat et mesquin pour s'attacher uniquement aux erreurs et aux manques des autres.
Notre foi était insensée. Ces années avaient un vernis bigarré : la pop music et les voyages dans l'espace, la télévision en couleurs et les tenues psychédéliques , sans parler des coiffures encore plus farfelues. Mais derrière cette parure, le monde ployait sous les guerres, les intrigues et le terrorisme-comme d'habitude.
Mes meilleures années sont peut-être
derrière moi. Quand il y avait une chance
de bonheur. Mais je ne veux pas revenir
en arrière. Pas avec le feu qui brûle
en moi maintenant.
Samuel BECKETT
Combien de gens sur cette terre vivaient ainsi, à épargner, a attendre, à désirer, et puis... trop tard, d'un coup c'était fini.
L'être humain est un paon, une créature vaniteuse avec un panache doré aussi immense qu'imaginaire, logé au même endroit que l'âme et l'amour propre.