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Critique de sandrine57


Un homme qui se faufile nuitamment dans son jardin et qui quelques jours plus tard tente de poignarder l'homme d'affaires Alex Rabell, il n'en faut pas plus au narrateur pour se plonger dans les souvenirs d'une vie qu'il a partagée avec Alex et sa soeur Stella, une amitié née au coeur de l'enfance, au bord de la mer de Finlande et qui a perduré des décennies durant. du début des années 70 jusqu'à nos jours, il a donc côtoyé la famille Rabell, une ''dynastie d'entrepreneurs'' dirigée par le grand-père Poa, des gens riches, conscients de leur position, arrogants de fait, soucieux de préserver leur intimité et de garder leurs secrets. Moins privilégié, le narrateur voue une admiration sans faille à Alex et tombe éperdument amoureux de Stella. le temps passant, son regard change sur son ami d'enfance, il s'en éloigne sans pour autant le renier. Stella, quant à elle, reste son grand amour. Malgré les séparations, les trahisons, les rancoeurs, la passion tempétueuse se transforme en amitié tranquille mais les liens restent forts. A presque 60 ans, il peut dérouler ses souvenirs depuis l'époque lointaine où sa renconre avec les enfants Rabell a changé sa vie.

Jouant les Nick Carraway, humble devant les puissants, pauvre devant les riches, le narrateur raconte les Rabell, Poa, le patriarche fier et volontiers méprisant, Clara, la mère altière et un brin guindée, Jacob, le père invisible, le sujet tabou, Alex, enfant autoritaire, adulte prêt à tout pour toujours amasser plus d'argent et Stella, l'apprentie comédienne avec qui il joue à ''je t'aime, moi non plus'' pendant près de cinquante années. Autour d'eux, d'autres garçons, brutes épaisses ou souffre-douleur, d'autres filles, bonnes à baiser ou à épouser selon leur milieu d'origine, d'autres parents, falots, trop prolétaires pour qu'on en fasse grand cas. Et le monde qui continue de tourner : la bande à Baader qui terrorise l'Allemagne, Olav Palme assassiné, le mur de Berlin qui tombe, l'attaque de Charlie Hebdo, etc. Tous ces évènements brièvement évoqués, le narrateur y reste imperméable, tout préoccupé qu'il est des Rabell. Attirance et répulsion, amour et haine, partages et trahisons semblent rythmer son existence dans l'ombre de cette famille en vue. Lui-même tente de faire son chemin. Il publie un roman qui très vite est un succès, mais ne peut renouveler l'exploit et survit en enseignant les lettres au lycée. Eternel looser, il est sans cesse partagé entre le désir irrépressible de s'accrocher à son amour pour Stella et son amitié pour Alex et la volonté de les fuir pour se préserver.
Une très belle saga romanesque, des êtres profondément blessés qui cachent leurs faiblesses sous le masque de la nonchalance ou de l'arrogance. Une histoire d'amitié pas toujours facile, branlante, déséquilibrée mais fondatrice. Et bien sûr une histoire d'amour éternel entre la jeune fille de bonne famille, la rebelle, l'artiste, la part solaire des Rabell et le jeune homme incertain, admiratif, le fils désargenté d'un simple vendeur en électro-ménager porté sur la boisson. Sur près de 600 pages, Kjell Westö nous immerge totalement dans la vie de ses héros dont nous partageons le quotidien, les joies et les peines, et tout cela dans les magnifiques paysages finlandais. Un gros coup de coeur.

Un grand merci à Babelio et aux éditions autrement.
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