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EAN : 9782743622954
384 pages
Payot et Rivages (11/01/2012)
3.48/5   54 notes
Résumé :
Le chef-d’œuvre posthume de Westlake !

Paul Edwin Cole vient de se réveiller après des jours dans le coma. Il ne se souvient que d’une chose : un homme se jette sur lui pour lui fracasser le crâne avec une chaise.

Acteur en tournée dans une ville de l’Amérique profonde, Cole a commis l’erreur fatale de s’intéresser à une femme mariée. Bilan, le mari jaloux l’a envoyé à l’hôpital dont il lui faut maintenant régler la facture, ce qui le l... >Voir plus
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Voilà que Rivages exhume de nouveau un inédit de Donald Westlake. Si cela ne peut que réjouir l'amateur de polar et le fan de Westlake que je suis, cela éveille aussi parfois un léger sentiment de méfiance. Parce que, souvent, ce n'est pas pour rien qu'un livre n'a jamais été publié et est resté au fond d'un tiroir. Et quand il semblerait que ce livre y soit resté depuis quelque chose comme 1963, il y a de quoi se montrer un tantinet circonspect.
Et pourtant… disons-le tout de go, l'édition de cette Mémoire morte par Rivages – et son achat par moi-même – valait assurément le coup.

Commençons par l'histoire. Paul Edwin Cole se réveille un beau jour dans un hôpital. Séduisant acteur new-yorkais en tournée dans le Midwest, il a été surpris en mauvaise posture par un mari jaloux qui lui a flanqué une belle raclée. le problème, c'est que Paul en a perdu la mémoire. Non seulement son passé lui apparaît extrêmement flou mais, en plus, il tend aussi à oublier ce qui lui arrive dorénavant d'une semaine à l'autre, d'un jour à l'autre, voire d'un instant à l'autre. Sans famille, perdu à 1500 kilomètres de New York et sans un sou, Paul va devoir trouver un moyen de rejoindre sa ville pour essayer de retrouver son ancienne vie dont il sait de moins en moins en quoi elle a pu consister.

Le thème de l'amnésie est un classique de la littérature comme du cinéma. le mystère des mécanismes de la mémoire, de l'absence de souvenirs à leur trop plein, a hanté l'imaginaire des auteurs, de Cervantès à Philip K. Dick en passant, pour le roman noir, par George Chesbro, Sébastien Japrisot ou William G. Tapply. Westlake n'y a donc pas échappé non plus. Et il attaque cette thématique d'une manière à la fois simple et efficace : un homme ne se souvient plus qui il est et il veut rentrer chez lui. de ce simplissime postulat de départ, Westlake tire un roman noir d'une terrible cruauté en même temps qu'une réflexion sur les rapports humains et ce qui fait notre essence.
Paul Cole, incapable de garder un souvenir précis de ce qu'il a fait ou de ce qu'il doit faire, s'étiole. Il a perdu la conscience de ses expériences qui ont fait de lui ce qu'il était, et il ne peut dorénavant se reconstruire que par le biais de la routine qui est la seule chose qui, par son aspect répétitif, peut encore s'imprimer dans sa mémoire. Dès lors, il n'est plus le même homme et tend même à se rapprocher d'un animal, dépourvu qu'il est de la conscience de soi. Seul quelques liens ténus le rattachent à son ancienne vie : de la paperasse, quelques rencontres avec ses anciens amis qui ne le reconnaissent pas comme le Paul qu'ils ont connu et qui, effrayés par ce qu'il lui arrive, mal à l'aise face à son propre malaise, le laissent peu à peu choir. Les masques tombent et la réalité de rapports humains fondés sur une certaine superficialité et le rapport de force prend cruellement le dessus. Est-ce Paul qui se déshumanise en l'absence de souvenirs dont il pourrait tirer des leçons, où est-ce la société dans laquelle il vit dont il perçoit maintenant à quel point elle s'est déshumanisée ?

On peut légitimement se demander pourquoi ce manuscrit est si longtemps resté enfoui avant d'être réédité en 2010 par les ayants-droits de Donald Westlake. L'auteur estimait-il qu'il n'était pas assez bon ? Les éditeurs, au moment où Westlake commençait à connaître un certain succès avec ses polars humoristiques et la série des Parker, sous le pseudonyme de Stark, pensaient-ils qu'il s'éloignait trop de son domaine ? Peut-être le saura-t-on un jour.
Cela reste en tout cas pour le moment un mystère, tant l'errance kafkaïenne de cet homme à la recherche de sa vie semble être réellement un des grands romans de Westlake. Livre troublant, inquiétant, cynique et cruel, Mémoire morte n'est pas un fond de tiroir, c'est un petit joyau sur lequel on a finalement mis la main.

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Incroyable roman, basé sur un homme qui après un violent coup sur le crane voit sa mémoire s'effacer et sa personnalité varier ; il devient un autre ; oublie l'essentiel, a une vision de plus en plus étroite de son passé et de son futur.
Très prenant et étonnant. Intéressant également pour le côté historique et sociologique des USA dans les années 50.
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Et bien, je mentirai en disant que j'ai adoré ce livre sorti des tiroirs par une maison d'édition après des années...
Donald Westlake est un grand auteur certes, mais ce livre n'est pas un grand roman... comme il est annoncé sur la quatrième de couverture…

Paul Cole se réveille amnésique après quelques jours de coma , à la suite d'un coup de chaise que lui a balancé un mari jaloux (lequel l'a pris sur le fait , avec sa femme) .
Il est curieux qu'après quelques jours d'hôpital , il soit relâché dans la nature sans un sou, et sans prendre contact avec des proches (amis, agent ) afin qu'ils s'occupent de lui... je sais bien qu'on est aux USA et que la Sécu n 'existe pas mais ça me parait inconcevable et inhumain...(Bon passons! ) Il y a aussi un flic, qui lui conseille de quitter la ville, car ici, ils n'aiment pas les hommes qui "volent " la femme des autres.
Beaucoup de romans (policiers ou autres)ont magnifiquement joué avec l'amnésie, ça fait des histoires épatantes.
Dans cette histoire le héros est acteur , mais sa troupe de théâtre ne l'a pas attendu et n'a laissé aucune consigne au personnel de l'hôpital pour qu'il les rejoigne . Paul Cole sait juste qu'il doit aller à New-York , la ville où il habite et que là , il retrouvera peut-être sa mémoire. mais il n'a pas assez d'argent pour y aller et s'arrête dans un bled où il doit trouver du travail.

Le rythme est très lent et très tortueux , tout comme la mémoire que le personnage de Paul entraperçoit puis disparaît . L'esprit est comme une pelote de laine qui se dévide parfois , puis fait un noeud , puis redevient pelote . L'esprit de Paul tourne un peu en rond , avec quelques fulgurances.
Et le lecteur aussi... , j'ai trouvé ce roman assez ennuyeux .
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Parmi ses plus grandes influences, Donald E. Westlake citait Dashiell Hammett et Vladimir Nabokov. Deux références majeures et inépuisables pour un nombre croissant d'écrivains ou de lecteurs bien entendu. Par contre, au niveau du style un monde les sépare. L'un assumait une écriture behavioriste qu'il a aiguisé sur un genre regardé de haut, le polar. L'autre se retrouvait dans une prose luxuriante, travaillée voire précieuse, et s'intéressait à des choses plus intimistes, romanesques. À regarder l'imposante bibliographie de Westlake (plus de cent ouvrages écrits) et la récurrence de certains motifs, on le placerait naturellement du côté Hammett. Pourtant, c'est à la périphérie d'une carrière admirable et cohérente qu'on trouve une "figure libre" qui aurait pu mener l'auteur sur une voie alternative, plus proche de Nabokov : Mémoire morte.
Avant d'être publiée à titre posthume, la nouvelle fut d'abord refusée en 1963 par la maison d'édition américaine. D'un point de vue commercial la décision s'entendait et les triomphes des séries Parker/Dortmunder l'ont pour ainsi dire corroborée. Cette expérimentation intimiste et psychologique aurait été difficile à vendre au public. Ce sont pourtant les mêmes raisons qui vont pousser les nombreux fans à se ruer dessus. Les atypiques ont tendance à dire long sur leurs géniteurs, peut-être encore plus que les oeuvres pour lesquelles ils furent portés aux nues. le voyage du malheureux Paul Cole à la recherche de son passé est d'abord une hypnotisante méditation. Ne pas faire fausse route : il se passe beaucoup de choses dans la vie et dans la tête de Paul. Il y a plusieurs mystères, quelques embranchements décisifs et beaucoup d'émotions.
Le ton abandonne la sècheresse ou le sarcasme auxquels on associe fréquemment l'écrivain. L'humeur est morose, brumeuse. Si les éclaircies affleurent elles cèderont régulièrement du terrain à la dépression. Notre héros doit lutter pour retrouver un passé qui lui échappe. Pas seulement son ancienne vie, mais aussi son ancien lui dont il semble étranger. Pour ne rien arranger, cette amnésie est également antérograde, autrement dit Paul perd le fil en cours de route. Sa mémoire est une passoire qui filtre la majorité des informations survenues dans les dernières heures ou derniers jours. Comment se définir soi-même quand chaque lever de soleil est un nouveau brouillard sur son existence ? de cette condition troublée, hybridation de drame et de thriller, naît une sorte de lyrisme existentiel noir.
Les 200 premières pages sont terriblement belles, d'une désarmante simplicité avec moult indices, fausses pistes puis cette irrépressible humanité qui se dégage de chaque feuillet. La narration omnisciente pénètre le cerveau de Paul pour mieux en extraire les sentiments, incertitudes, réflexions ou interrogations. Par rapport à son état, ce qu'il doit faire, ne pas faire, les stratagèmes mis en place afin de créer une bulle protectrice (?) dans l'espoir de retrouver la mémoire, son lui d'avant qui sait. S'il échoue, que devra-t-il faire ? D'un autre côté, s'il réussit sera-t-il plus avancé ? La lecture avance, le premier gros rebondissement arrive, et le trouble dissociatif entre deux Paul devient prégnant. Difficile d'en raconter plus sans gâcher la découverte, mais la deuxième partie assume une direction peu évidente, voire trompeuse qui augmente la force émotionnelle de la première. Westlake termine sur un retournement imprévu et bouleversant.
Lawrence Block, ami du célèbre écrivain, aurait déclaré que Mémoire morte aurait pu être le point de départ d'une autre carrière pour ce dernier. Il est clair que le ton et le sujet dénotent pas mal avec l'homme qui s'est taillé une indestructible réputation dans la comédie policière ou le pur roman noir. Mais je n'irais peut-être pas jusque-là, d'autres oeuvres originales ont ponctué sa vie et certaines ont un goût de réminiscences par rapport à ce grand oublié : Monstre Sacré avec un autre acteur paumé, le très sensible Ordo qui traitait aussi du désordre identitaire ou même l'iconoclaste Adios Shéhérazade permirent d'appréhender une troisième facette à feu Donald E. Westlake. La leçon à tirer se situe dans l'ouvrage lui-même, déclamée par l'un des personnages finalement les plus importants. "Le paysage est peut-être un peu différent selon le chemin que tu prends, mais ils finissent tous par se rejoindre". Quoiqu'on en pense, Westlake aurait laissé infuser de l'humour dans certains travaux puisque cela faisait partie de lui. Tout comme son affection pour Hammett l'aurait irrémédiablement conduit à tenter l'aventure hard-boiled. Avec parcimonie, un dernier aspect de sa personnalité devait se frayer un passage. S'il a officieusement commencé dès 1963, la suite de sa bibliographie ne laissait place à aucun doute à ce sujet. Cette publication posthume d'un de ses premiers écrits vint le confirmer avec quatre décennies de retard.
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Parfois on comprend mal.Donald Westlake a publié des dizaines de romans de son vivant,sous de très nombreux pseudos. Et fourni la matière de bien des films,parfois français d'ailleurs.Pléthorique,son oeuvre compte au moins une centaine de titres.Et pourtant je ne l'avais jamais lu.Mais ce roman,Memory,est sorti cinquante après son écriture,Westlake le souhaitait-il posthume?C'est le cas car l'auteur est mort en 2008.Les livres habituels de Donald Westlake ont plutôt un registre assez humoristique d'après ce que j'ai vu,étant néophyte de cet écrivain.Mémoire morte est absolument passionnant,parcours douloureux de Paul Cole,acteur de profession, amnésique suite à bagarre avec un mari jaloux.Hospitalisé dans une petite ville de l'Amérique dite profonde,il sort,physiquement rétabli mais sans repère aucun de sa vie antérieure ni moyen financier de faire plus de 100 km pour regagner New York.

Dans cette Amérique de 1960 le seul point positif pour Cole est qu'il trouve facilement un job dans une tannerie et en quelques semaines parvient à rejoindre la grande ville.Mais la déception sera de taille pour cet homme qui n'est plus personne et qui ne parvient pas à se reconstruire suffisamment pour en devenir un autre.C'est tout à fait pertinent par l'écriture précise et qui ne s'égare pas,de Donald Westlake.Il essaie pourtant,à,l'aide des classiques pense-bête,d'honorer ses rendez-vous médicaux ou professionnels,mais rien ne s'ébauchera vraiment. le quotidien de Paul Cole tourne au cauchemar,amis inconnus,incapacité à renouer avec son métier d'acteur,quoi de pire que l'amnésie pour un comédien?Tout est terriblement compliqué,hors du moindre élément sûr pour ce qui est du passé récent.

Et puis Westlake sait très bien décrire cette vie simple au détour d'une petite gare,une vieille dame qui travaille encore au guichet,ou ce gardien d'immeuble plus très jeune lui non plus,à croire que cette Amérique ne draine pas que des destins clinquants. Mais ça,on le savait déjà.Quoiqu'il en soit je ne peux qu'engager les nombreux amateurs de la littérature américaine à lire ce roman.Rien d'un thriller,rien d'un nature writing,tout d'un grand livre.Le grand Edward Hopper,qu'on semble découvrir en France presque jusqu'à l'overdose,illustrerait parfaitement ce voyage étrange d'un étranger en son propre monde.

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Citations et extraits (3) Ajouter une citation
_ ...Pour vous , c'est l'occasion ou jamais d'arrêter de fumer . le processus de sevrage de la nicotine est terminé , le reste est purement psychologique .

_ Je n'ai aucune envie d'arrêter .

_ Ah ? Moi si . Je voudrais bien y arriver . (Le médecin prit sa cigarette entre le pouce et l'index et la regarda .) C'est très mauvais pour la santé.
Il tira une longue bouffée et exhala un gros nuage de fumée.

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A New York , vous trouvez peut-être que l'adultère c'est dans le vent , mais par ici on trouve ça dégoûtant .
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« C’était presque comme si rien n’existait avant qu’il pose son regard dessus, comme si le monde n’avait pas de réalité avant qu’il le voie. »
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