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Critique de Kirzy


Kirzy
07 février 2023
Direction l'Australie, une Australie presque dystopique en proie à des mégafeux qui poussent à l'exode vers l'Est et le Nord des milliers de réfugiés climatiques. C'est dans ce chaos qui exacerbent les tensions préexistantes entre Aborigènes et Blancs que l'on fait connaissance avec Jimmy Stonefire, le héros du roman est un vrai héros positif : brillant étudiant ingénieur alors que ses origines aborigènes ne le prédestinaient pas à un tel parcours universitaire, il a décidé de participer au Bridgestone World Solar Challenge, course folle traversant l'Australie Nord-Sud, 3300 km de Darwin à Adélaïde, réservée aux véhicules propulsées à l'énergie solaire.

Jimmy Stonefire est incroyablement attachant. On prend immédiatement cause pour lui, on veut à tout prix qu'il réussisse dans sa quête qui dépasse son seul succès personnel : apporter de la lumière sur son peuple longtemps discriminé et toujours en proie à un vif racisme depuis l'accès à la citoyenneté décrétée en 1967, montrer de quoi les Aborigènes sont capables au-delà des stéréotypes, toujours dans une esprit optimiste et pur, jamais avec d'aigres visées revanchardes. Que ce soit lorsqu'il construit son bolide Ngiyari ( mot anangu désignant un petit lézard aussi préhistorique, symbole de résilience et détermination ) ou lorsqu'il conduit une fois la course lancée, on l'aime !

Le destin de Jimmy va en croiser d'autres, tout aussi en marche : celui de Tony, routard français à bord de son Mack Titan, road train surpuissant ; celui de la famille de réfugiés climatiques, les Sweeger. Si l'enchâssement narratif de ces différents parcours est parfois un peu confus, la lecture reste très plaisante, sans doute parce que l'auteur parsème son aventure de nombreuses ouvertures sur la culture aborigène. Idéal pour une initiation au « Temps du rêve », « Tjukurrpa » avec sa mythologie et sa vision d'un monde faisant interagir sans hiérarchie toutes formes de vie, animale, végétale comme humaine. J'ai appris plein de choses.

On sent la sincérité enthousiaste de Laurent Whale à partager son amour pour la culture aborigène tout en alertant de façon très directe sur les conséquences désastreuses liées au réchauffement climatique. Son roman possède une fraicheur presque naïve qui place le lecteur en empathie avec la trajectoire de Jimmy, les pages se tournent toutes seules, surtout dans un dernier tiers pied au plancher vraiment réussi qui nous fait vivre les embuches de la course.

Dommage que cette immédiate bienveillance s'accompagne d'un manichéisme un peu trop appuyé, notamment avec le personnage de l'horrible doyen qui doit - ou pas - accorder une bourse dont dépend le héros pour payer les frais d'inscription à la source. de même, les relations entre lui et le personnage de Nancy sont quelque peu téléphonées, là où un peu plus de complexité aurait pu apporter plus de densité au récit. Reste un roman d'aventures très divertissant avec en fond une réflexion juste sur notre monde actuel.
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