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Jean Pavans (Traducteur)
EAN : 9782878582239
144 pages
Viviane Hamy (14/03/2006)
4.33/5   6 notes
Résumé :

Wharton publie The Writing of Fiction en 1925 afin d'établir ce qui constitue selon elle les principes rationnels, naturels et permanents d'une fiction bien construite.
Elle suscite notre désir violent de plonger dans les œuvres qu'elle analyse (celles de Balzac, Flaubert et Stendhal qu'elle met au premier rang, celles de Thackeray, Eliot, Hawthorne, Dostoïevski, etc.). Son projet s'affine au fur et à mesure, les " personnages " étant les éléments... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'ai été positivement impressionnée par cet essai d'Edith Wharton, une écrivaine que je ne connaissais au préalable que de nom et que j'ai découvert par le biais de ce livre. Soudain, beaucoup de choses que j'avais vaguement entrevues ou remarquées à propos de l'art des romanciers me sont apparues plus nettement, ou avec plus de force et de conviction.

L'auteure réfléchit sur sa pratique, l'art du roman, donne ses convictions, sans jamais se citer en exemple. Elle tâche de prendre un maximum de recul et de nous faire toucher du doigt ce qui fait l'essence de cet art. Elle illustre abondamment son propos à partir d'oeuvres qui sont, pour la plupart, des classiques.

Elle distingue l'écriture de nouvelles de celle de romans. Selon elle, les mécaniques sous-jacentes ne sont pas exactement les mêmes : la nouvelle s'attachant davantage à une situation et le roman davantage sur des personnages, même si, bien évidemment, l'une comme l'autre font intervenir les deux ingrédients.

D'après Edith Wharton, la caractérisation précise du sujet est la tâche première, pour ne pas dire principale de l'écrivain, car ce sont précisément les caractéristiques mêmes du sujet qui orienteront l'auteur vers le roman ou la nouvelle et pas une volonté préétablie de vouloir officier préférentiellement dans tel ou tel domaine.

Ensuite, elle distingue trois type principaux de romans : les romans de personnages, les romans de moeurs et les romans de situation. Elle classe dans la catégorie des romans de situation des genres tels que les récits d'aventure, les fictions historiques de type " Trois mousquetaires " et, sans qu'elle l'évoque elle-même mais cela me paraît logique, tout un pan de ce que l'on appelle la littérature policière.

Les romans de personnages ont plus ou moins pour archétype " La Princesse de Clèves " tandis que les romans de moeurs sont pour elle les plus intéressants et les plus complexes car faisant intervenir des personnages en relations les uns avec les autres mais tous en relation avec un certain milieu.

Elle évoque ce qui pour elle constitue " l'art " du romancier, c'est-à-dire, celui de faire des choix esthétiques (ordre des situations, choix des situations, choix des personnages, etc.). Elle clôture cet essai par une analyse de l'oeuvre de Marcel Proust qu'elle tient en très haute estime.

En somme, un essai captivant tant pour l'apprenti-critique que pour l'apprenti-écrivain, car elle aborde encore bien d'autres pistes, toutes étayées de solides réflexions sur la question. Je recommande vivement cet ouvrage au public qui peut se sentir intéressé par les thématiques évoquées. En outre, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.
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Citations et extraits (6) Voir plus Ajouter une citation
La principale différence entre l'imagination créative et la simple sympathie est que la première a deux aspects, et qu'elle combine le pouvoir de pénétrer les esprits avec celui de s'élever suffisamment au-dessus d'eux pour voir au-delà et les relier à tout un ensemble vivant dont ils n'émergent qu'en partie. Cette sorte de vision globale ne peut être obtenue qu'à partir d'une certaine hauteur ; et cette hauteur, en art, est proportionnelle à la part d'imagination que l'artiste est capable de détacher du problème particulier dans lequel l'autre part reste immergée.
Une des causes de confusion en ce domaine est sans aucun doute la périlleuse affinité entre l'art de la fiction et le matériau qu'il traite. On a si souvent dit que tout art est représentation — la restitution sous une forme consciente du matériau brut et informe de l'expérience —, qu'on éviterait bien volontiers de répéter ce truisme. Mais il se trouve que c'est dans le domaine de la fiction que cette formule est à la fois la plus vraie et risque le plus d'être mal interprétée. La peinture, la sculpture, la musique exigent naturellement une transposition, une " stylisation ", dans tout effort de restituer un aspect de la vie. Mais une représentation par les mots est bien plus délicate, à cause de la grande proximité entre les outils de l'artiste et les moyens de ses modèles. Le romancier travaille le matériau même dont est fait l'objet qu'il essaie de rendre. Pour exprimer l'âme, il doit employer les termes que l'âme elle-même emploie pour s'exprimer. Il est relativement facile, devant une toile, un marbre, un bronze, de concevoir une vision artistique à partir de la réalité complexe et embrouillée de l'objet qui l'inspire ; il est infiniment difficile de modeler un esprit humain à partie de l'argile de mots dont sont formées ses pensées.
Et pourtant, la transposition a lieu d'une manière aussi sûre, sinon aussi manifeste, dans un roman que dans une statue. SI ce n'était pas le cas, la fiction ne pourrait en rien être classée parmi les œuvres d'art, résultats d'ordonnances et de sélections conscientes, et il n'y aurait par conséquent rien à dire de ses règles, puisqu'il paraît n'y avoir aucun moyen de porter un jugement esthétique là où ne s'applique aucun critère de choix.

I. Généralités, 3.
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On produit un effet bien plus profond en se livrant à l'étude pénétrante de quelques personnages, au lieu de multiplier les silhouettes vaguement dessinées. Ni le romancier ni le dramaturge ne devrait s'aventurer à créer un personnage sans le suivre jusqu'au bout de l'action, et sans être sûr que cette dernière serait appauvrie par son absence. Les personnages dont la fonction n'a pas été précisément définie à l'avance risquent de devenir aussi déplacés que des intrus.

III. Construire un roman, 4.
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L'impression produite par un paysage, une rue, une maison, devrait toujours être présenté par le romancier comme un événement dans l'histoire d'une âme ; le contenu et le style d'un " passage descriptif " devraient toujours être strictement déterminé par la nature de l'être qui s'y trouve impliqué, dans des termes relevant du registre de son intelligence.

III. Construire un roman, 4.
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La magie de la transposition a opéré ; en lisant cette œuvre, on ne se sent pas plongé dans une reproduction du monde réel (comme dans une sorte de musée de cire, avec costumes authentiques), mais dans cet autre monde qui est l'image de la vie reflétée dans le cerveau de l'artiste, monde dans lequel le souffle créateur transfigure toute chose.

III. Construire un roman, 3.
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Un bon sujet, donc, doit contenir en soi un élément qui répande une lumière sur notre expérience morale. S'il est incapable de cette diffusion, de cette radiation morale, il reste, quel que soit l'éclat de sa surface, un simple événement isolé, un morceau de réalité dénué de sens en étant arraché de son contexte
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Videos de Edith Wharton (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Edith Wharton
https://www.laprocure.com/product/1525906/chevaillier-louis-les-jeux-olympiques-de-litterature-paris-1924
Les Jeux olympiques de littérature Louis Chevaillier Éditions Grasset
« Certains d'entre vous apprendrez que dans les années 1912 à 1948, il y avait aux Jeux olympiques des épreuves d'art et de littérature. C'était Pierre de Coubertin qui tenait beaucoup à ces épreuves et on y avait comme jury, à l'époque, des gens comme Paul Claudel, Jean Giraudoux, Paul Valéry et Edith Wharton. Il y avait aussi des prix Nobel, Selma Lagerlof, Maeterlinck (...). C'était ça à l'époque. C'était ça les années 20. Et c'est raconté dans ce livre qui est vraiment érudit, brillant et un vrai plaisir de lecture que je vous recommande. » Marie-Joseph, libraire à La Procure de Paris
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