AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
3,95

sur 42 notes
5
8 avis
4
12 avis
3
1 avis
2
0 avis
1
0 avis
C'est bien dans les romans que Edith Wharton donne le meilleur d'elle-même, son écriture nécessitant force détails et subtilités, qui ne se déclinent pleinement que lorsqu'elle prend son temps. Les nouvelles exigent en revanche une concentration qui lui convient moins. J'ai lu quelques dizaines de nouvelles d'elle, et jusqu'à présent aucune ne m'a paru arriver à la cheville de Chez les heureux du monde, du Temps de l'innocence, etc. Certains sortent un peu du lot, et dans le cas de Xingu... on peut dire qu'elle sort carrément du lot.


Ce n'est pas la seule nouvelle où Edith Wharton, qui nous fait rarement rire mais plutôt verser d'amères larmes, révèle une veine humoristique. Mais enfin ce type de nouvelles ne foisonne pas dans son oeuvre, et Xingu est bien plus drôle que celles que j'ai déjà pu lire auparavant.


Sept femmes, toutes appartenant à la meilleure société américaine, dans la ville (imaginaire) de Hilbridge, ont fondé le Lunch Club pour... eh bien pour pas grand-chose, si ce n'est donner l'impression que ses membres représentent l'élite culturelle (Alfaric utiliserait l'expression "élite autoproclamée, j'en suis sûre ^^) de la ville. Elles sont sept, toutes différentes, plus ou moins - plus que moins - imbues d'elles-mêmes, et elles ont l'air stupides. Ce n'est pas tant qu'elle soient réellement stupides (car on les connaît peu) que le fait qu'elles se se complaisent dans un carcan pseudo-intellectuel qui leur donne l'air stupide. L'espèce d'obligation qu'elles se sont imposées les oblige à se contraindre à des tas de règles idiotes, qui ont peu à faire avec l'érudition ou la culture, mais beaucoup avec l'ostentation. Bon, les règles sociales contraignantes, c'est évidemment le grand sujet d'Edith Wharton, sauf que ses personnages ne sont pas d'habitude aussi caricaturaux, et que ses autres oeuvres n'ont pas la portée satirique de Xingu.


Wharton a concocté des passages véritablement savoureux sur ses personnages, leur façon de penser, leurs attitudes en société. Personnages qui, précisons-le, n'ont pas beaucoup de respect les unes pour les autres - chacune trouvant l'autre stupide à cause de telle ou telle répartie -, et six d'entre elles n'en ayant aucun pour Mrs Roby, qui détonne à leur avis dans leur petit cercle, à ne jamais lire les livres qu'il faudrait lire, et à toujours être à côté de la plaque. Mais l'arrivée de Osric Dane, invitée au Lunch Club et célèbre auteure des Ailes de la mort (allusion aux Ailes de la colombe, roman de Henry James qui fut l'ami de Wharton, mais roman dont elle avait détesté l'écriture au point de ne pas en terminer la lecture), va changer la donne. le Lunch Club sera être mis sur la sellette par leur idole, aucune n'étant capable de répondre à des question comme "Qu'est-ce que vous appelez éthique ?" (mince, mais oui, au fait, c'est quoi l'éthique ???) et autres interventions de ce genre. Jusqu'à ce que le mot "Xingu" soit prononcé par Mrs Roby. C'est merveilleux, parlons-donc de Xingu !!!


Là, la nouvelle prend une tournure parfaitement absurde, où la discussion n'a plus aucun sens, et pour cause : il est impossible qu'elle en ait un. C'est le moment le plus drôle du texte, où chacune se perd dans des élucubrations, des divagations, et ainsi de suite. Ce qu'est Xingu, vous le savez peut-être déjà, ou vous le saurez bien assez tôt. Xingu, c'est ici avant tout la manière dont a fait usage Edith Wharton pour se gausser des femmes de la haute société américaine, imbues d'une culture factice, dépourvues d'humour comme de largesse d'esprit.


Un mot sur la nouvelle publication du texte chez la toute jeune maison d'édition L'Apprentie. Pour une raison qui m'échappe complètement, le texte bilingue n'est pas présenté avec le texte original et la traduction en face-à-face. Ça a pu sembler original aux éditrices, mais je me demande comment, à sept, elles ne sont sont pas rendu compte que ça rendait la lecture bilingue extrêmement pénible. En effet, l'ouvrage est réversible, la version originale se trouvant d'un coté, et la traduction de l'autre. Ce qui vous oblige, au cas où, lisant en français, vous voudriez vous reporter au texte en anglais, ou bien au contraire, lisant en anglais, vous voudriez faire un saut du côté de la traduction, à retourner systématiquement le livre. Et comme la pagination en français ne correspond pas à la pagination en anglais, bon courage pour retrouver ne serait-ce qu'une seule phrase ! Je ne sais pas d'où est venue cette idée tout à fait saugrenue, mais voilà qui stoppe toute velléité de lire le texte en comparant les deux versions, ce qui est l'intérêt premier des livres bilingues (sinon, vous vous contentez de la traduction, ou bien vous lisez armé d'un dictionnaire). le seul avantage, c'est le petit format. Mais 7, 50 euros pour une édition bilingue qui se révèle inutile, c'est finalement pas si donné que ça. C'est quand même bête...



Masse critique Littératures
Commenter  J’apprécie          315
Quel étrange choix des éditeurs aujourd'hui que celui de publier une seule et unique nouvelle sous la forme d'un opuscule d'à peine une soixantaine de page. Je ne connaissais l'oeuvre d'Edith Wharton qu'au travers d'un unique essai, le vice de la lecture, qui m'avait laissé un tel arrière-gout de snobisme mal placé, hautain et méprisant pour certaines formes d'expressions artistiques que je m'étais promis d'éviter tout le reste. Pourtant, cette dame a su si bien piquer ma curiosité au travers d'un simple titre - et de quelques critiques vues ici-même - que je me suis laissé tenter par la lecture de ce texte qui éclaire, ou complète, l'idée d'écriture mécanique ou de lecture mécanique développée dans le premier (la notion d'écriture mécanique sonnait bizarrement à mes oreilles tant elle se rapproche - au moins phonétiquement - de l'écriture automatique, élément fondamental du surréalisme).
Évidemment l'analyse des personnages qui constituent le Lunch Club et de l'univers féminin dans lequel il est plongé n'engage que l'auteur. de telles péronnelles n'existent pas. Quelques passages décrivant leurs pensées, intentions et motivations sont écrits avec une plume plongée dans le vitriol, particulièrement corrosifs et décapants. Mais ils sont amenés avec une telle grâce et une telle finesse que, finalement, leur véritable violence passe un peu inaperçue. Au-delà des portraits comiques de ces ridicules petites dames qui n'ont rien de précieux, on découvre, au fil de l'histoire, un thème assez banal, celui de la tête bien faite opposée à la tête bien pleine (quoi qu'ici, on comprend assez rapidement que la tête est bien plutôt farcie que pleine). Enfin, et surtout, ce qui donne une autre dimension à cette nouvelle, c'est l'exercice de style sur la conversation et, quelque part aussi, un peu, sur le jeu de la séduction amicale. On referme l'ouvrage en se disant : ai-je bien tout compris ? On sent alors monter l'envie de relire le passage de cette conversation pour apprécier pleinement les mécanismes de cette mystification à laquelle, nous aussi, nous nous sommes doucement fait prendre.
Commenter  J’apprécie          162
le Lunch Club d'Hillbridge est une association très sérieuse. Conduite par des femmes de la haute société qui ont, à coeur, de montrer leur savoir. 

Lors d'une de leur rencontre, avec une célébrité, l'écrivaine Osric Dane, elles vont se retrouver face à une situation très délicate : la confrontation avec leur pédanterie et surtout leur ignorance. Pour se tirer d'affaire, le bluff va être leur seule solution. Difficile d'en dire plus sur cette nouvelle d'Edith Wharton sans en dire trop. 

Le ton est moins sombre que dans les autres romans de l'autrice américaine. Elle manipule, ici, le cynisme et l'ironie à la perfection en peignant le portrait de femmes imbues d'elles mêmes. 

Ces 50 pages sont un vrai petit régal et je vous invite à découvrir cette nouvelle. 

Impossible de finir cette chronique sans évoquer les éditions de l'Apprentie. Cette maison d'édition à la particularité de renouveler son équipe chaque année car elle est constituée par des étudiants, futurs
éditeurs. Et je dois dire que leur travail est tout simplement brillant. 

Ils ont eu l'excellente idée de publier un texte d'Edith Wharton, ce qui est déjà un très bon point, mais de le faire avec une version bilingue, avec une mise en page soignée et très agréable. 

Voilà une belle porte d'entrée dans l'univers d'Edith Wharton pour ceux qui ne la connaîtraient pas mais aussi une façon de découvrir cette maison d'édition. 

Lien : https://allylit.wordpress.co..
Commenter  J’apprécie          100
Je pensais avoir lu toutes les oeuvres d'Edith Wharton et voilà qu'une bande d'apprentis éditeurs me démontre le contraire en décidant de publier cette savoureuse novella. C'est lors d'une rencontre Vleel (Varions les éditions en live, sur Instagram) que j'ai découvert cette maison d'édition pas comme les autres, L'Apprentie, née de l'initiative d'un enseignant du CFA de l'IUT Bordeaux Montaigne. Tout comme il existe des restaurants d'application dans les cursus hôteliers, l'Apprentie est gérée chaque année par des étudiants qui mènent leur projet de A à Z : choisir un texte, le faire traduire le cas échéant, le publier, l'imprimer, le lancer dans le circuit commercial, se battre avec les contraintes budgétaires... et arriver ainsi dans la vie professionnelle avec une réelle expérience. Xingu ou l'Art subtil de l'ignorance fut le tout premier ouvrage publié par l'Apprentie en 2019, et c'est un excellent choix !

Un excellent choix parce que l'esprit mordant d'Edith Wharton fait merveille dans le format court. Parce que l'écrivaine choisit de porter le fer avec malice et méchanceté sur tous ceux qui s'érigent en chantres de la critique et du bon goût littéraire. Elle choisit pour cela de dépeindre une réunion d'un cercle de lecture de Nouvelle-Angleterre, dont les membres sont exclusivement féminins et issus de la bonne société de la bourgade d'Hillbridge. le "lunch club" se réunit régulièrement autour d'une invitée choisie avec soin afin que la discussion soit de qualité. Mais il suffit parfois d'un grain de sable pour faire trembler la paisible surface des apparences... C'est ce moment délicieusement cruel que l'auteure choisit de mettre en scène avec une gourmandise perverse et sa science de l'observation (pour mieux la dénoncer) de l'hypocrisie d'une société qu'elle connaît bien pour en être issue. Les travers qu'elle pointe non sans humour ne nous sont pas étrangers plus d'un siècle plus tard, ils prennent d'autres formes mais sont faciles à reconnaître, en premier lieu celui de tenir à parler de choses dont on ne connaît absolument rien.

Cerise sur le gâteau, L'Apprentie nous propose une version bilingue, idéale pour celles et ceux qui voudraient en profiter pour travailler un peu leur anglais de façon réjouissante. Pour ma part, je suis doublement ravie, d'avoir découvert ce texte qui va rejoindre mon étagère Wharton et cette initiative éditoriale que je vais continuer à soutenir puisque les étudiants publient 2 à 3 textes chaque année. (on trouve leur site assez facilement pour en savoir plus...).
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
Commenter  J’apprécie          100
Dans les milieux snob des classes moyennes et supérieures, ces dames tiennent salon et parlent (surtout pour ne rien dire) de Culture. Oui, la culture, c'est comme la confiture, moins on en a, plus on l'étale.

Et tandis que ces dames à la poitrine aussi enserrée dans leur corset que leur cerveau dans leur petite tête débitent des discours insipides et creux, nous rions d'elles et de leurs prétentions littéraires et culturelles mal placées.

Mais lorsqu'elles invitent une auteure très connue, Osric Dane, et ne savent pas de quoi lui parler, vu que la sus nommée ne tient pas à évoquer son oeuvre, c'est Mme Rory, membre et honte du Lunch club car elle lit du Trollope et semble penser par elle-même, qui les sauve en parlant de « Xingu ». Panique à bord, ces dames, Osric Dane comprise, ne savent pas de quoi il retourne, quoi qu'où qu'est-ce ce Xingu ? Et les voilà qui s'empêtrent dans des « mais oui bien sur Xingu, tout à fait, hu hu hu, hahaha, que c'est passionnant » car jamais, ô grand jamais elles n'avoueront qu'elles ne savent absolument pas de quoi il retourne !

Mme Rory en fausse naïve qui se paye la tête de ses « amies » et d'Osric Dane est exquise. Même après le départ de ces dernières, les membres du club continuent de débattre sur Xingu. Il ne faudrait surtout pas aller à l'encontre des opinions en vogue dans ce milieu distingué mais continuer à apprécier et imiter servilement ce qui semble à la mode ! Si elles avaient mieux écouté Mme Rory, elles auraient peut être fait le rapprochement avec son dernier voyage en Amazonie…

Satire amusante qui met à mal le snobisme de certains clubs, un sujet toujours d'actualité ! Je ne connaissais que "The custom of the country" d'Édith Wharton, lecture universitaire obligatoire, et je n'avais pas du tout aimé car je m'étais arrêtée à l'ambiance snob de la classe supérieure, des salons et des caprices. Ici, c'est toujours le cas mais avec ce côté très drôle qui m'a bien plu finalement!
Commenter  J’apprécie          100

Une nouvelle rafraîchissante.
Alors que les membres d'un club de lecture reçoivent une autrice à la mode, la vanité de leur prétention à l'érudition est mise à jour.
C'est tout en finesse, humour et cynisme.
Un régal
Commenter  J’apprécie          70
Des dames de la haute société américaine ont invité dans le cadre d'une rencontre de leur club, une romancière de renom. Ces femmes posent alors des questions souvent insignifiantes à leur invité jusqu'à ce que Mrs Roby qui n'a pourtant lu aucun livre de la romancière (la honte!), n'intervienne.

Un pur bonheur que cette courte nouvelle! Edith Wharton dépeint ici avec brio et ironie la haute société new-yorkaise et le snobisme au niveau de la culture. le dénouement est surprenant, tellement ironique que la situation frôle le ridicule, mais pourtant, c'est rempli de sens. C'est un vrai plaisir que de constater la réaction de ces femmes pour qui l'ignorance est si honteuse et qui se feront prendre à leur propre jeu!
Commenter  J’apprécie          60
J'ai tellement aimé cette nouvelle que j'ai souhaité lire la conversation sur le Xingu en version originale, après avoir cherché la définition dans le dictionnaire : c'est très drôle de voir la façon dont le quiproquo fonctionne dans les deux langues ! En français, la traduction donne quelque chose de plus subtil et de tout aussi savoureux.
Commenter  J’apprécie          40
Xingu ou l'art subtil de l'ignorance publié chez l'apprentie est un objet livre très bien pensé et travaillé avec au recto la version anglaise et au verso la traduction française. C'est un tout petit format, tout mignon.
Xingu est une novella où l'on suit un groupe de femmes dans une petite ville américaine. Elles forment le club de la bourgade d'Hillbridge, un salon littéraire ultra sélect, dans tout ce qu'il y a de plus pédant dans l'intitulé. Elles font clairement ça pour paraitre intéressantes et intelligentes. Tout bascule quand on convie une autrice dont elles sont censées avoir lu et compris le livre et c'est là que ça devient excellent.
On se retrouve avec une succession de scènes où les dames tentent de faire illusion, d'arriver à se montrer intelligentes voire plus que l'autrice alors qu'elles ne le sont peut-être pas. C'est rempli de faux semblants, plein de piques. On a tous les mécanismes pour paraitre plus que ce qu'on est en réalité. C'était génial cet aspect satyre de la société mondaine, ce côté je me moque de manière subtile. Et j'en profite pour rebondir sur le soucis lié à la subtilité. Tout l'intérêt de cette version bilingue est liée aux subtilités de langages. le niveau d'anglais est élevé et l'on passe très facilement à côté d'une grande partie des nuances, il est facile de râter ce qui rend la lecture drôle. Cette version bilingue permet de ne rien perdre ni le texte original ni les subtilité de vocabulaire grâce à la traduction.
Commenter  J’apprécie          40
Tout d'abord je voulais remercier les éditions L'Apprentie et Babelio pour cette découverte très rafraîchissante grâce à la dernière Masse critique. Et en plus un grand merci à cette toute jeune maison d'édition composée de 7 jeunes éditrices (d'où je pense le clin d'oeil avec ce livre qui est leur premier paru) pour le petit mot en début de livre.

Le livre est cours et le choix de faire un côté français un côté anglais est assez original.
Edith Wharton? le nom de l'auteure me parlait mais je n'avais jamais lu d'écrit de sa part. Il faut dire que je ne suis pas très littéraire et ce livre m'a ainsi faite sortir de ma zone de confort.

J'ai donc fait connaissance avec plusieurs femmes de la Haute société faisant partie d'un club très privé et très select : le Lunch Club. Kesako me direz vous? Et bien figurez vous que si vous appartenez à ce club, c'est qu'en plus de faire partie de la Haute Société, vous êtes également à un niveau élevé intellectuellement.
Et au milieu de ces dames orgueilleuses et condescendantes se retrouve Mrs Roby. Qu'est ce que j'ai ri!!! Elle est extraordinaire car avec un seul mot "Xingu", elle va les prendre à leur propre piège. Des dialogues qui n'ont ni queue ni tête vont voir le jour.
Je n'en dirai pas plus si ce n'est que des fois, on aimerait bien faire descendre certaines personnes de leur piedestal, certains se croyant au dessus de vous, à vous toiser et qui au final n'ont aucune consistance ou répartie. Alors à ce moment là, pensez "Xingu".
Commenter  J’apprécie          40




Lecteurs (121) Voir plus



Quiz Voir plus

Dead or Alive ?

Harlan Coben

Alive (vivant)
Dead (mort)

20 questions
1821 lecteurs ont répondu
Thèmes : auteur américain , littérature américaine , états-unisCréer un quiz sur ce livre

{* *}