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Pour leur toute première publication, les éditions de l'Apprentie ont choisi rien de moins que la grande romancière américaine Edith Wharton et sa nouvelle Xingu. Enrichie d'un titre plus complet, d'une préface et présentée dans une édition bilingue tête-bêche, ce premier ouvrage permet de découvrir une écrivaine de haut vol et de partir à la découverte des vaniteux clubs de lecture bourgeois de la Nouvelle-Angleterre.


Dans leur très fermé Lunch Club, sept femmes se réunissent en théorie pour parler de lecture, et de manière générale de la culture qu'il faut avoir. Dans la réalité, leurs réunions vaniteuses sont bien souvent emplies d'un vide comblé par les faux-semblants et les pieux mensonges au service du paraître. Mais la venue de la célèbre romancière Osric Dane, celle qu'il faut absolument avoir lu, va bouleverser la petite vie et les certitudes du Lunch Club, faire émerger la seule des sept femmes du club étant toujours vue comme le mouton noir du groupe, et mettre au milieu des discussions l'énigmatique Xingu. Mais qui est Xingu ? Ou plutôt qu'est-ce qu'est Xingu ?

C'est donc dans cette nouvelle brillante et jubilatoire que l'on découvre ce milieu si particulier de la bourgeoisie de la Nouvelle-Angleterre au XIXe siècle, de ses moeurs et de sa vanité. La préface, écrite par Yves Davo, professeur à l'Université de Bordeaux et spécialiste de la littérature étatsunienne, replace l'oeuvre dans son contexte et pose les jalons nécessaires pour pleinement apprécier le texte.

Et le moins qu'on puisse dire, c'est que c'est un vrai plaisir de lecture. Avec un style impeccable, Edith Wharton use d'un ton ironique, ponctué d'une moquerie presque satirique, pour dépeindre une société où le paraître était fondamental. Porté par une écriture ciselée, Xingu provoque le sourire moqueur et le rire presque sarcastique. C'est un plaisir jouissif car on se prend au jeu des mensonges et des faux-semblants, observant ce petit manège avec une distance comique. Mais par le rire et un propos pensé avec minutie, Edith Wharton offre aussi une vraie réflexion intemporelle sur l'hypocrisie et le paraître des sociétés, qui n'a rien perdu de sa pertinence encore aujourd'hui.

Prétendre que l'on connaît un événement, qu'on a lu un livre ou encore que l'on sait qui est un auteur, qu'elle est son oeuvre et dans quel contexte s'inscrivait son parcours, c'est encore diablement d'actualité. On repense tous à l'ignorance de certains hommes politiques mettant en lumière le manque de culture et leur méconnaissance de la littérature. On a parfois aussi été dans ce cas de figure, prétendant avoir vu un grand classique du cinéma, ou lu un livre réputé incontournable. Une situation de laquelle on se sort au mieux par un acquiescement gêné et silencieux, au pire par un gros mensonge, mais rarement en admettant son ignorance. Et après tout, c'est aussi cela l'art subtil de l'ignorance.

C'est donc un premier livre réussi pour les éditions de l'Apprentie, avec un format original, une édition bilingue tête-bêche ludique et appréciable et un texte savoureux. Un ouvrage de qualité pour un texte brillant, une première parution qui on l'espère ouvrira la voie à beaucoup d'autres. Longue vie aux éditions de l'Apprentie !
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A Hillbridge, au début du XXe siècle, les dames de la bonne société ont monté un Lunch Club afin d'échanger des idées sur la littérature et les questions d'actualité de leur temps. Elles comptent parmi leurs rangs une jeune écervelée (selon elles) du nom de Mrs Roby.

Le jour où elles invitent une écrivaine à succès, rien ne se passe comme prévu. L'autrice se révèle méprisante, hautaine et antipathique, balayant la conversation que ces dames avaient prévue. Mrs Roby va alors renverser la situation en évoquant Xingu...

Une géniale nouvelle tant elle dépeint avec brio la société américaine des années 1900, engoncée dans ses certitudes et sa bienséance. Chaque femme étant la caricature d'elle-même, elle met en exergue les jeux de pouvoir pour déterminer qui est la plus riche, la plus cultivée, la plus convenable.

Le thème reste actuel avec ces personnages qui s'érigent en gardiennes du savoir, de la culture et du bon goût, refusant d'admettre leur ignorance et préférant jouer la comédie que de poser simplement la question : "Qu'est ce que Xingu ?"
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Xingu, parfois sous-titré en français l'art subtil de l'ignorance… Qui aurait pu penser qu'Edith Wharton était aussi drôle, certainement pas moi qui l'imagine toujours avec son corset bien ajusté et ses froufrous bien amidonnés ! Et pourtant, j'ai ri franchement (comme cela m'arrive rarement, je laisse en général peu apparaître mes émotions quand je suis plongée dans un livre) pendant la lecture de cette nouvelle.
Le sujet est facile : se moquer des femmes de la haute bourgeoisie provinciale qui se piquent de culture quand elles ne font que suivre les modes éditoriales, dans le respect des bonnes moeurs et de la vacuité de leurs conversations culturelles bien sûr. Mais Edith Wharton s'empare du sujet avec une maîtrise consommée de l'art de la satire. On se moque avec elle, on savoure les méchancetés gratuites, puis…
Sans trop en dire car ce serait dommage, ce livre interroge aussi le lecteur, qui bien sûr se pense du bon côté, pas du tout comme ces femmes engoncées dans leur ignorance et leur paraître, sur son propre rapport à la culture et à l'ignorance. Et à la fin, on se demande un peu si ce n'est pas l'arroseur qui est arrosé.
Une lecture à deux niveaux, donc. Très rapide, mais délicieuse. Une lecture pas du tout prévue : je regardais ce que le projet Gutenberg avait comme oeuvres de cette autrice et je suis tombée sur ce court titre (en anglais pour le coup) par hasard. Intriguée par le titre, j'ai essayé et je ne suis pas déçue du voyage ! du Wharton comme celui-là, j'en redemande !
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J'ai tellement aimé cette nouvelle que j'ai souhaité lire la conversation sur le Xingu en version originale, après avoir cherché la définition dans le dictionnaire : c'est très drôle de voir la façon dont le quiproquo fonctionne dans les deux langues ! En français, la traduction donne quelque chose de plus subtil et de tout aussi savoureux.
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le Lunch Club d'Hillbridge est une association très sérieuse. Conduite par des femmes de la haute société qui ont, à coeur, de montrer leur savoir. 

Lors d'une de leur rencontre, avec une célébrité, l'écrivaine Osric Dane, elles vont se retrouver face à une situation très délicate : la confrontation avec leur pédanterie et surtout leur ignorance. Pour se tirer d'affaire, le bluff va être leur seule solution. Difficile d'en dire plus sur cette nouvelle d'Edith Wharton sans en dire trop. 

Le ton est moins sombre que dans les autres romans de l'autrice américaine. Elle manipule, ici, le cynisme et l'ironie à la perfection en peignant le portrait de femmes imbues d'elles mêmes. 

Ces 50 pages sont un vrai petit régal et je vous invite à découvrir cette nouvelle. 

Impossible de finir cette chronique sans évoquer les éditions de l'Apprentie. Cette maison d'édition à la particularité de renouveler son équipe chaque année car elle est constituée par des étudiants, futurs
éditeurs. Et je dois dire que leur travail est tout simplement brillant. 

Ils ont eu l'excellente idée de publier un texte d'Edith Wharton, ce qui est déjà un très bon point, mais de le faire avec une version bilingue, avec une mise en page soignée et très agréable. 

Voilà une belle porte d'entrée dans l'univers d'Edith Wharton pour ceux qui ne la connaîtraient pas mais aussi une façon de découvrir cette maison d'édition. 

Lien : https://allylit.wordpress.co..
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Je pensais avoir lu toutes les oeuvres d'Edith Wharton et voilà qu'une bande d'apprentis éditeurs me démontre le contraire en décidant de publier cette savoureuse novella. C'est lors d'une rencontre Vleel (Varions les éditions en live, sur Instagram) que j'ai découvert cette maison d'édition pas comme les autres, L'Apprentie, née de l'initiative d'un enseignant du CFA de l'IUT Bordeaux Montaigne. Tout comme il existe des restaurants d'application dans les cursus hôteliers, l'Apprentie est gérée chaque année par des étudiants qui mènent leur projet de A à Z : choisir un texte, le faire traduire le cas échéant, le publier, l'imprimer, le lancer dans le circuit commercial, se battre avec les contraintes budgétaires... et arriver ainsi dans la vie professionnelle avec une réelle expérience. Xingu ou l'Art subtil de l'ignorance fut le tout premier ouvrage publié par l'Apprentie en 2019, et c'est un excellent choix !

Un excellent choix parce que l'esprit mordant d'Edith Wharton fait merveille dans le format court. Parce que l'écrivaine choisit de porter le fer avec malice et méchanceté sur tous ceux qui s'érigent en chantres de la critique et du bon goût littéraire. Elle choisit pour cela de dépeindre une réunion d'un cercle de lecture de Nouvelle-Angleterre, dont les membres sont exclusivement féminins et issus de la bonne société de la bourgade d'Hillbridge. le "lunch club" se réunit régulièrement autour d'une invitée choisie avec soin afin que la discussion soit de qualité. Mais il suffit parfois d'un grain de sable pour faire trembler la paisible surface des apparences... C'est ce moment délicieusement cruel que l'auteure choisit de mettre en scène avec une gourmandise perverse et sa science de l'observation (pour mieux la dénoncer) de l'hypocrisie d'une société qu'elle connaît bien pour en être issue. Les travers qu'elle pointe non sans humour ne nous sont pas étrangers plus d'un siècle plus tard, ils prennent d'autres formes mais sont faciles à reconnaître, en premier lieu celui de tenir à parler de choses dont on ne connaît absolument rien.

Cerise sur le gâteau, L'Apprentie nous propose une version bilingue, idéale pour celles et ceux qui voudraient en profiter pour travailler un peu leur anglais de façon réjouissante. Pour ma part, je suis doublement ravie, d'avoir découvert ce texte qui va rejoindre mon étagère Wharton et cette initiative éditoriale que je vais continuer à soutenir puisque les étudiants publient 2 à 3 textes chaque année. (on trouve leur site assez facilement pour en savoir plus...).
Lien : http://www.motspourmots.fr/2..
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Une nouvelle rafraîchissante.
Alors que les membres d'un club de lecture reçoivent une autrice à la mode, la vanité de leur prétention à l'érudition est mise à jour.
C'est tout en finesse, humour et cynisme.
Un régal
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Premier livre d'un projet éditorial en devenir, malgré quelques faux pas les idées étaient bonnes et nous permettent de lire cette nouvelle fun, moqueuse et intéressante !
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Xingu ou l'art subtil de l'ignorance publié chez l'apprentie est un objet livre très bien pensé et travaillé avec au recto la version anglaise et au verso la traduction française. C'est un tout petit format, tout mignon.
Xingu est une novella où l'on suit un groupe de femmes dans une petite ville américaine. Elles forment le club de la bourgade d'Hillbridge, un salon littéraire ultra sélect, dans tout ce qu'il y a de plus pédant dans l'intitulé. Elles font clairement ça pour paraitre intéressantes et intelligentes. Tout bascule quand on convie une autrice dont elles sont censées avoir lu et compris le livre et c'est là que ça devient excellent.
On se retrouve avec une succession de scènes où les dames tentent de faire illusion, d'arriver à se montrer intelligentes voire plus que l'autrice alors qu'elles ne le sont peut-être pas. C'est rempli de faux semblants, plein de piques. On a tous les mécanismes pour paraitre plus que ce qu'on est en réalité. C'était génial cet aspect satyre de la société mondaine, ce côté je me moque de manière subtile. Et j'en profite pour rebondir sur le soucis lié à la subtilité. Tout l'intérêt de cette version bilingue est liée aux subtilités de langages. le niveau d'anglais est élevé et l'on passe très facilement à côté d'une grande partie des nuances, il est facile de râter ce qui rend la lecture drôle. Cette version bilingue permet de ne rien perdre ni le texte original ni les subtilité de vocabulaire grâce à la traduction.
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C'est bien dans les romans que Edith Wharton donne le meilleur d'elle-même, son écriture nécessitant force détails et subtilités, qui ne se déclinent pleinement que lorsqu'elle prend son temps. Les nouvelles exigent en revanche une concentration qui lui convient moins. J'ai lu quelques dizaines de nouvelles d'elle, et jusqu'à présent aucune ne m'a paru arriver à la cheville de Chez les heureux du monde, du Temps de l'innocence, etc. Certains sortent un peu du lot, et dans le cas de Xingu... on peut dire qu'elle sort carrément du lot.


Ce n'est pas la seule nouvelle où Edith Wharton, qui nous fait rarement rire mais plutôt verser d'amères larmes, révèle une veine humoristique. Mais enfin ce type de nouvelles ne foisonne pas dans son oeuvre, et Xingu est bien plus drôle que celles que j'ai déjà pu lire auparavant.


Sept femmes, toutes appartenant à la meilleure société américaine, dans la ville (imaginaire) de Hilbridge, ont fondé le Lunch Club pour... eh bien pour pas grand-chose, si ce n'est donner l'impression que ses membres représentent l'élite culturelle (Alfaric utiliserait l'expression "élite autoproclamée, j'en suis sûre ^^) de la ville. Elles sont sept, toutes différentes, plus ou moins - plus que moins - imbues d'elles-mêmes, et elles ont l'air stupides. Ce n'est pas tant qu'elle soient réellement stupides (car on les connaît peu) que le fait qu'elles se se complaisent dans un carcan pseudo-intellectuel qui leur donne l'air stupide. L'espèce d'obligation qu'elles se sont imposées les oblige à se contraindre à des tas de règles idiotes, qui ont peu à faire avec l'érudition ou la culture, mais beaucoup avec l'ostentation. Bon, les règles sociales contraignantes, c'est évidemment le grand sujet d'Edith Wharton, sauf que ses personnages ne sont pas d'habitude aussi caricaturaux, et que ses autres oeuvres n'ont pas la portée satirique de Xingu.


Wharton a concocté des passages véritablement savoureux sur ses personnages, leur façon de penser, leurs attitudes en société. Personnages qui, précisons-le, n'ont pas beaucoup de respect les unes pour les autres - chacune trouvant l'autre stupide à cause de telle ou telle répartie -, et six d'entre elles n'en ayant aucun pour Mrs Roby, qui détonne à leur avis dans leur petit cercle, à ne jamais lire les livres qu'il faudrait lire, et à toujours être à côté de la plaque. Mais l'arrivée de Osric Dane, invitée au Lunch Club et célèbre auteure des Ailes de la mort (allusion aux Ailes de la colombe, roman de Henry James qui fut l'ami de Wharton, mais roman dont elle avait détesté l'écriture au point de ne pas en terminer la lecture), va changer la donne. le Lunch Club sera être mis sur la sellette par leur idole, aucune n'étant capable de répondre à des question comme "Qu'est-ce que vous appelez éthique ?" (mince, mais oui, au fait, c'est quoi l'éthique ???) et autres interventions de ce genre. Jusqu'à ce que le mot "Xingu" soit prononcé par Mrs Roby. C'est merveilleux, parlons-donc de Xingu !!!


Là, la nouvelle prend une tournure parfaitement absurde, où la discussion n'a plus aucun sens, et pour cause : il est impossible qu'elle en ait un. C'est le moment le plus drôle du texte, où chacune se perd dans des élucubrations, des divagations, et ainsi de suite. Ce qu'est Xingu, vous le savez peut-être déjà, ou vous le saurez bien assez tôt. Xingu, c'est ici avant tout la manière dont a fait usage Edith Wharton pour se gausser des femmes de la haute société américaine, imbues d'une culture factice, dépourvues d'humour comme de largesse d'esprit.


Un mot sur la nouvelle publication du texte chez la toute jeune maison d'édition L'Apprentie. Pour une raison qui m'échappe complètement, le texte bilingue n'est pas présenté avec le texte original et la traduction en face-à-face. Ça a pu sembler original aux éditrices, mais je me demande comment, à sept, elles ne sont sont pas rendu compte que ça rendait la lecture bilingue extrêmement pénible. En effet, l'ouvrage est réversible, la version originale se trouvant d'un coté, et la traduction de l'autre. Ce qui vous oblige, au cas où, lisant en français, vous voudriez vous reporter au texte en anglais, ou bien au contraire, lisant en anglais, vous voudriez faire un saut du côté de la traduction, à retourner systématiquement le livre. Et comme la pagination en français ne correspond pas à la pagination en anglais, bon courage pour retrouver ne serait-ce qu'une seule phrase ! Je ne sais pas d'où est venue cette idée tout à fait saugrenue, mais voilà qui stoppe toute velléité de lire le texte en comparant les deux versions, ce qui est l'intérêt premier des livres bilingues (sinon, vous vous contentez de la traduction, ou bien vous lisez armé d'un dictionnaire). le seul avantage, c'est le petit format. Mais 7, 50 euros pour une édition bilingue qui se révèle inutile, c'est finalement pas si donné que ça. C'est quand même bête...



Masse critique Littératures
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