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Critique de AgatheDumaurier


Encore un noir chef d'oeuvre d'Edith Wharton.
"Vous qui passez, laissez ici toute espérance"...C'est quoi déjà ? Je ne sais plus, mais ça m'y fait penser.
Bon, ce n'est pas très encourageant, mais on ne fait rien de bien puissant avec de l'eau de rose, non ?
Pourtant, on a tous les éléments du récit sentimental : une jeune fille adoptée par un barbon qui tombe amoureux, un jeune homme frais et dispos qui vient pour la séduire...Un village peuplé de commères hypocrites dont l'unique ambition est d'écraser la force et la beauté...Auxquelles elles ont elles-mêmes jadis renoncé, et bien décidées à le faire payer à la nouvelle génération...Le roman est tout cela, mais tellement plus subtile, insidieux, implicite.
Car la jeune fille est marquée d'une tache indélébile, elle vient de "la montagne", un lieu hors des lois, hors des cadres, hors des normes, d'une misère et d'une crasse qui vous souillent à jamais dans ces contrées. Mais de cette origine elle tire aussi la différence, la sauvagerie-un peu à la Cathy Earnshaw - qui attirera vers elle le jeune homme policé de New York. Mais le jeune homme, sous ses dehors ouverts, agréables et charmants, n'est ni Heathcliff ni même Linton - rien qu'une créature sociale qui ne se défera sans doute pas de la norme.
Dans l'été splendide de la Nouvelle-Angleterre, des liens vont se créer, un paradis va naître, mais toujours dans l'ombre menaçante, au loin de "la montagne".
On sent dès le début que la voie est sans issue, mais pourtant que le rêve est beau, et les personnages étonnants ! Impossible de les juger. Une force plus puissante que toute volonté, plus forte que la montagne elle-même, dévore la vie à sa source, et fait de toute existence un tour sur le manège qui revient à son point de départ. Il s'arrête, et presque...presque tout éclat a disparu.
"L 'homme né de la femme vit très peu de temps, et il est rempli de beaucoup de misères. Il naît comme une fleur, qui n'est pas plus tôt éclose qu 'elle est foulée aux pieds ; il fuit comme l'ombre, et il ne demeure jamais dans un même état" assène le pasteur devant une tombe...Ce n'est pas tous les jours que la bible me fait frissonner.
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