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Critique de Folfaerie


Il était une fois une série de livres, La quête du roi Arthur, classiques parmi les classiques en Grande-Bretagne, que les lecteurs français s'évertuent à bouder ou ignorer. Cela expliquerait peut-être que les éditions Joelle Losfeld, qui appartiennent au groupe Gallimard, peinent depuis des années à traduire et publier le cycle de White dans son intégralité. Mon exemplaire de L'épée dans la pierre date de 1997, et le dernier volume le livre de Merlin sera prochainement disponible... j'espère en 2013 !

Heureusement, le livre de poche a édité les trois premiers livres de ce cycle qui en compte cinq.

Ce premier volet a été rendu célèbre en France grâce à l'adaptation qu'en fit Walt Disney avec Merlin l'enchanteur. C'est pourquoi ce billet participe au challenge La face cachée des Disney.

Il faut lire l'excellente préface de Sylvia Townsend warner pour comprendre à quel point Walt Disney a simplifié et affadi le roman de White mais ni plus ni moins que toutes les autres oeuvres littéraires qu'il a adaptées. Cependant, il aura eu le mérite, tout de même, de faire connaître au public français une oeuvre ignorée de la grande majorité des lecteurs.

Terence Hanbury White (1906-1964) était un personnage complexe et intéressant. Grand connaisseur de l'oeuvre de Malory, épris de nature et de liberté, mais gardant des névroses de son enfance (son père était alcoolique, sa mère, une femme très froide qui ne lui témoignait que peu d'affection), une peur panique de la guerre (que -dis-je, la perspective d'une guerre le terrifiait au point de le rendre malade), cherchant à assouvir des pulsions sadiques grâce à la chasse, tout en les combattant, bref, un véritable sujet d'étude à lui tout seul.

On retrouve donc un peu de lui, de ses craintes, de ses opinions, dans cet extraordinaire pastiche du mythe de la Table Ronde. Une histoire qui commence de manière très drôle, car l'humour domine la plupart du temps dans ce récit, entrecoupé de passages fort poétiques et de moments bien plus sombres.

Ainsi donc, le jeune Arthur surnommé La Verrue, est élevé au château de Messire Auctor, avec le fils de celui-ci, Keu. Sa vie est à peu près normale jusqu'à cequ'il rencontre son précepteur, le magicien Merlin, lequel navigue entre présent et futur, ce qui provoque un grand nombre de confusions (dans ses enseignements, il fait référence à des choses aussi anachroniques qu'Eton, Linné ou Sherlock Holmes !) et d'incidents burlesques. Merlin est ce vieil homme à barbe blanche et chapeau pointu capable de transformer un jeune garçon en poisson, de faire la conversation à la chouette Archimède et de jeter des sorts plus ou moins réussis. Au cours de son apprentissage avec l'Enchanteur, le jeune Arthur aura l'occasion de se faire une idée de la société humaine... en observant les animaux (les oies et les fourmis lui fourniront matière à réflexion...), croisera des personnages irrésistibles de drôlerie : le roi Pellinor qui poursuit sans relâche la Bête Questante, mais sans plus trop bien savoir pourquoi, et qui combattra en un long duel Messire Grummore, et puis Petit Jean, Marianne et Robin des Bois qui ont des ennuis avec la Fée Morgane.

"Pas le moindre gramme de graisse dans ce corps musclé. Il n'était pas à demi-nu comme John, mais vêtu discrètement de vert décoloré, un cor en argent à portée de main. Robin, rasé de près, bronzé, plein de vitalité, noueux comme les racines des arbres mais mûri par les intempéries et la poésie plutôt que par l'âge, ne comptait pas encore trente années".

Vient enfin le jour où Keu doit être armé chevalier. Cela coïncide avec la mort du Roi Uter, ça tombe bien, car il est question d'une épée fichée dans une enclume et d'une inscription qui dit : "Qui tirera cette épe de cette pierre et de cette enclume est bien né pour régner sur toute l'Angleterre". La Verrue, pas encore tout à fait Arthur, est un peu dépassé par les événements et n'a pas pleinement saisi la signification de ce couronnement ni songé au terrible fardeau à porter.

Le lecteur, comme Arthur, découvrira peu à peu à quel point l'existence peut être absurde, que les Hommes sont désespérants, qu'il est toujours question d'une guerre quelque part et qu'il n'existe pas de Bon Vieux Temps.

Un énorme coup de coeur pour moi, un classique indémodable et encore trop peu connu, injustice qu'il faut à tout prix réparer. Vous savez ce qui vous reste à faire...

A noter que le cycle de White figure parmi les livres de chevet de l'acteur Christopher Lee, à côté du Seigneur des anneaux, et qu'il a inspiré, entre autres, Michael Moorcock, Neil Gaiman, J.K. Rowling...

Lien : http://lectures-au-coin-du-f..
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