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EAN : 9782916207735
160 pages
Editions Ca et Là (15/06/2012)
3.79/5   7 notes
Résumé :
Le dramaturge passe une grande partie de ses journées à penser à l'amour et au sexe. Ambiance de nicotine et de thé aux algues, son scénario de 1985 récompensé par un prix, était basé sur les réflexions que lui avaient inspirées ses occasions manquées. Le dramaturge ne laisse jamais un bon matériau se perdre.
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
Ce tome comprend une histoire originale parue en 2010 sur un scénario de Daren White avec des illustrations d'Eddie Campbell.

L'histoire met en scène un auteur de pièce de théâtre dénommé uniquement sous l'appellation de "Dramaturge". Elle se décompose en 10 scènes. Dans la première intitulée "Dans le bus", l'écrivain est assis dans un bus et il contemple une jeune femme assise non loin de lui dont le chemisier est légèrement serré. Il la catalogue comme matériau de référence pour l'une de ses futures pièces, ou autre écrit. Il s'invente une fantaisie sexuelle ayant pour thème sa poitrine et il se souvient d'une de ses précédentes conquêtes, de sa tentative d'avoir recours à une professionnelle, Puis il rentre prendre un thé dans la maison dans laquelle il loue une chambre au vieux propriétaire.

Dans le deuxième chapitre "En ligne", il surfe sur internet de page d'accueil en page d'accueil de site à caractère pornographique. Il dîne avec son agent littéraire et s'invente une liaison et une vie avec elle. Puis il repense à son frère attardé mental.

Chacun des chapitres (plus ou moins court) suit l'écrivain dans un des moments de sa vie quotidienne et fait partager au lecteur le ou les souvenirs qui remontent à la surface de sa conscience à ce moment là. Ce récit intimiste est raconté d'une façon très particulière. Il y a d'abord le format de cette bande dessinée : un format paysage, chaque page étant composée de 3 cases comme un strip d'un quotidien, sans phylactères. Chaque page se compose de cases peintes à l'aquarelle avec une phrase au dessus de chaque case. Il ya ensuite la forme narrative : le texte est raconté par un narrateur omniscient qui parle de l'écrivain comme d'une tierce personne en évoquant les faits, mais aussi les sentiments du personnage. Enfin il y a les thèmes abordés : l'acte de création (sujet périphérique, mais activité au centre de la vie de l'écrivain), le vieillissement (l'écrivain semble avoir une bonne quarantaine au début de l'histoire, une petite soixantaine à la fin) et des questionnements existentiels (la relation à l'autre, l'empathie, le sentiment éprouvé pour autrui, les liens familiaux, la sourde peur de l'autre, l'altérité).

À l'énoncé de ces thèmes, on peut craindre la bande dessinée à thèse ou le drame existentialiste lourdaud et pesant. À la lecture, on est étonné par la légèreté de l'histoire, son caractère éthéré, évanescent, passager, dépourvu de toute culpabilité, apaisé et serein. Daren White ne joue pas sur la fibre larmoyante du regret, du pessimisme ou de l'angoisse face à l'existence. Il compose son histoire par petites touches impressionnistes éclairant tel ou tel aspect de la vie de l'écrivain.

Pour mettre en image ce récit singulier, Eddie Campbell a proposé ses talents à Daren White (ils avaient déjà collaboré sur une histoire de Batman). Campbell est un professionnel de la bande dessiné avec un parcours singulier et éclectique : une autobiographie (Alec, l'intégrale), une illustration de la vie de Jack l'Éventreur selon Alan Moore (From Hell), d'autres collaborations avec Alan Moore (A Disease of Language), une variation sur les dieux grecs (Bacchus) et une adaptation de pièce de théâtre (Black Diamond Detective Agency). Il a conserve ici son style esquissé et rêche, mais qui est fortement atténué, voire gommé par la mise en peinture. Campbell a choisi d'être le plus factuel possible sans tomber dans le photoréalisme. Il aborde chaque case comme un instantané dont il ne fait ressortir que l'essentiel. La mise en page des différentes scènes varie d'une juxtaposition d'images qui ne forme une séquence que par le biais du texte, à des séquences plus traditionnelles décomposant un mouvement ou un déplacement, ou un zoom avant. La mise en couleurs sait rester sobre, sans être tristounette ou convenue, imaginative, sans être un kaléidoscope de couleurs improbables.

À l'évidence, cette oeuvre ne s'adresse pas aux plus jeunes, non pas à cause de son caractère sexué, mais plutôt parce qu'il faut déjà une expérience de la vie pour apprécier et reconnaître la justesse des sentiments dépeints. Elle constitue un vrai roman, avec un parti pris parfois déconcertant (l'apparente banalisation de chaque situation), un ton qui décrit les difficultés de la vie sans s'en émouvoir d'une manière faussement naïve et simpliste. Et malgré cette approche distanciée qui rend la lecture très facile, je me suis senti en pleine communion d'esprit avec cet écrivain qui éprouve l'incommunicabilité et l'altérité.
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Le Dramaturge est un homme d'âge mûr. Célibataire, il a pourtant connu plusieurs femmes, certaines l'aimaient mais il a grandi à mauvaise école et l'éducation qu'il a reçue ne l'a pas préparé à gérer ses sentiments. Jeune, il a été placé en Internat. Puis vint le Service Militaire, la Guerre… à force de côtoyer des individus du même sexe que lui, il a pris l'habitude de recourir aux plaisirs solitaires et d'assouvir ses fantasmes par procuration. Lors de son service militaire à l'étranger, il a saisit l'occasion de créer et de faire fructifier un petit service d'import de sodas. Cette manne financière inespérée l'a mis définitivement à l'abri du besoin. Vint ensuite l'écriture, une première publication a remporté un succès rapide. Les remises de prix ont ensuite jalonnés toute sa carrière de dramaturge.

Le Dramaturge est un homme consciencieux, froid. Il ne va jamais aborder les autres et son attitude n'invite pas ces derniers à venir nouer un brin de conversation avec lui. Il reste solitaire, profitant d'une vie très ritualisée, très conventionnelle et dépourvu de tout affect.

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A l'instar de son personnage, le scénario de Daren White est monotone. J'ai comme l'impression que si ce texte-là devait être lu à voix haute, ce serait d'une voix monocorde. La régularité des enchainements emmène le lecteur d'un trait de caractère (du dramaturge) à l'autre… et ainsi de suite jusqu'aux 4/5 de l'album. Ne pensez pas pour autant que la lecture devient lassante. Imaginez-vous plutôt face à une lecture certes très aseptisée où les frustrations (sexuelles) se succèdent, mais qui met en scène un personnage intéressant et intriguant. Cette solitude semble s'imposer à lui sans trop de contraintes, d'autant qu'elle lui permet de disposer d'un environnement calme, sobre et cossu, propice à ses travaux d'écriture. Son mode de vie est vieillot, il se conforme aux valeurs transmises par ses parents. Il serait certainement devenu fou s'il n'avait eu l'écriture comme mode d'expression. Là, il s'échappe, il est libre. Libre de parler du handicap de son frère ou de l'aguichante poitrine de la femme qui partageait la même banquette que lui dans le bus. Certaines femmes lui semblent plus accessibles, le mettent à l'aise, ce qui le surprend systématiquement. Mais il est bourré de complexes, de tabous… et le moindre prétexte lui suffit pour décider de ne pas honorer un rendez-vous galant.

La sobriété de la narration fait pourtant vivre ce personnage apathique et ce qui le rend intriguant, c'est cette lucidité quant à sa situation. le sentiment de détachement est d'autant plus renforcé que les personnages que l'on croise dans l'album sont nommés par leur fonction sociale : la prostituée, le comptable, l'infirmière, l'oncle, la papetière… au final, la récolte de prénom est maigre mais pas inexistante, car dans les derniers chapitres de l'album (qui en compte 10 en tout), sa vie prend un autre tournant… permettant au lecteur de ne pas rester sur l'impression d'un récit linéaire.

(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Là encore, cette oeuvre au format à l'italienne ne m'a pas touché. Il y a 3 cases par page en horizontale. La couleur sera de rigueur. La forme est presque linéaire et homogène. On notera l'absence de bulle et une narration omniprésente. La construction se fait dans une parfaite logique.

Le dramaturge prend des notes mentales toute la journée qu'il restitue le soir de manière mécanique. Cela va s'étirer sur près de 159 pages. C'est ennuyeux à la longue car nous allons avoir droit à dur "le dramaturge dort toujours sur le dos. Enfant, le dramaturge avait une conscience éveillée".

Oui, on peut finir par s'endormir et passer totalement à côté de ce dramaturge solitaire aux journées totalement mornes.
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Une réflexion sur la solitude, le travail de création et le vieillissement.


Le dramaturge vieillit et commence de plus en plus à regarder en arrière. Il a remporté de nombreux prix pour ses écrits -pièces de théâtre, scénarios pour la télévision et le cinéma- inspirés de sa propre vie dont le moteur est l'obsession sexuelle doublée de la peur d'approcher les femmes.

Un jour, il recueille son frère handicapé mental et engage une infirmière pour s'occuper de lui. Peu à peu, des liens vont se tisser avec elle tandis que l'inspiration va se tarir. Cette rencontre sera-t-elle son éveil à la vraie vie et la fin de sa carrière ?

Cet opus se présente sous forme de courts strips de trois pages réalisés à l'aquarelle, composées elles-mêmes de trois vignettes, commentées par une voix off qui livre les pensées, les observations, et les fantasmes du dramaturge. Tour à tour, les illustrations se font tendres, nostalgiques, perverses ou troublantes.

La symbiose entre le texte et l'illustration entraîne le lecteur dans cet univers à la fois nostalgique et ouvert sur l'avenir.
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critiques presse (3)
Lexpress
17 juillet 2012
Le charme de cette bande dessinée tient à son ton, fait - texte et images homologiques - de cette sorte de désespérance douce et sarcastique qui est une des formes les plus troublantes de l'humour.
Lire la critique sur le site : Lexpress
BoDoi
13 juillet 2012
Si le livre laisse filtrer une pointe d’amertume, il est surtout très drôle et superbement écrit, toujours dans le registre délicat de la distance étudiée et de la fausse empathie. Une bande dessinée à part, sans aucun doute.
Lire la critique sur le site : BoDoi
Telerama
27 juin 2012
Images cadrées serré, pas un mot de trop : cette épure de satire pointe les déboires du dramaturge, son inadap­tation un peu ridicule à la réalité et ­l'assèchement accéléré de son inspi­ration.
Lire la critique sur le site : Telerama
Citations et extraits (3) Ajouter une citation
"Le Secret", son scénario de 1978 récompensé par un prix, était en grande partie inspiré par son frère aîné, handicapé mental. Et depuis sa diffusion à la télévision, le dramaturge est persona non grata. Le dramaturge regrette de n’avoir plus de famille. Mais il ne laisse jamais un bon matériau se perdre
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De la même façon, le Dramaturge ressent un soulagement presque pervers chaque fois qu’il apprend qu’un vieil ami a un cancer de la prostate. Car, raisonne-t-il, une telle nouvelle réduit statistiquement le risque qu’il soit lui-même affecté de la sorte
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Dans le cas d'un dramaturge qui est aussi un artiste, il est impossible de ne pas sentir que l'oeuvre d'art, pour être oeuvre d'art, doit être dominée par l'artiste.
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