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Critique de alouett


Le Dramaturge est un homme d'âge mûr. Célibataire, il a pourtant connu plusieurs femmes, certaines l'aimaient mais il a grandi à mauvaise école et l'éducation qu'il a reçue ne l'a pas préparé à gérer ses sentiments. Jeune, il a été placé en Internat. Puis vint le Service Militaire, la Guerre… à force de côtoyer des individus du même sexe que lui, il a pris l'habitude de recourir aux plaisirs solitaires et d'assouvir ses fantasmes par procuration. Lors de son service militaire à l'étranger, il a saisit l'occasion de créer et de faire fructifier un petit service d'import de sodas. Cette manne financière inespérée l'a mis définitivement à l'abri du besoin. Vint ensuite l'écriture, une première publication a remporté un succès rapide. Les remises de prix ont ensuite jalonnés toute sa carrière de dramaturge.

Le Dramaturge est un homme consciencieux, froid. Il ne va jamais aborder les autres et son attitude n'invite pas ces derniers à venir nouer un brin de conversation avec lui. Il reste solitaire, profitant d'une vie très ritualisée, très conventionnelle et dépourvu de tout affect.

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A l'instar de son personnage, le scénario de Daren White est monotone. J'ai comme l'impression que si ce texte-là devait être lu à voix haute, ce serait d'une voix monocorde. La régularité des enchainements emmène le lecteur d'un trait de caractère (du dramaturge) à l'autre… et ainsi de suite jusqu'aux 4/5 de l'album. Ne pensez pas pour autant que la lecture devient lassante. Imaginez-vous plutôt face à une lecture certes très aseptisée où les frustrations (sexuelles) se succèdent, mais qui met en scène un personnage intéressant et intriguant. Cette solitude semble s'imposer à lui sans trop de contraintes, d'autant qu'elle lui permet de disposer d'un environnement calme, sobre et cossu, propice à ses travaux d'écriture. Son mode de vie est vieillot, il se conforme aux valeurs transmises par ses parents. Il serait certainement devenu fou s'il n'avait eu l'écriture comme mode d'expression. Là, il s'échappe, il est libre. Libre de parler du handicap de son frère ou de l'aguichante poitrine de la femme qui partageait la même banquette que lui dans le bus. Certaines femmes lui semblent plus accessibles, le mettent à l'aise, ce qui le surprend systématiquement. Mais il est bourré de complexes, de tabous… et le moindre prétexte lui suffit pour décider de ne pas honorer un rendez-vous galant.

La sobriété de la narration fait pourtant vivre ce personnage apathique et ce qui le rend intriguant, c'est cette lucidité quant à sa situation. le sentiment de détachement est d'autant plus renforcé que les personnages que l'on croise dans l'album sont nommés par leur fonction sociale : la prostituée, le comptable, l'infirmière, l'oncle, la papetière… au final, la récolte de prénom est maigre mais pas inexistante, car dans les derniers chapitres de l'album (qui en compte 10 en tout), sa vie prend un autre tournant… permettant au lecteur de ne pas rester sur l'impression d'un récit linéaire.

(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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