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EAN : 9782070176816
Gallimard (19/03/1965)
4.67/5   6 notes
Résumé :
Le récit part de Miss Hare, un petit bout de femme ratatinée à l’âge indéfini mais avancé qui vit seule dans une immense maison en décrépitude dans la banlieue de Sydney, à Salsaparilla.

Cette propriété autrefois splendide a pour nom ‘Xanadu’ et fut construite par le père de Miss Hare, un héritier fort riche qui n’eut de cesse que de se faire construire un véritable palais et d’y donner des réceptions somptueuses. Xanadu est envahi par les plantes du... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (3) Ajouter une critique
Il y a pas mal de viande sur l'os dans ce roman. le prix Nobel australien Patrick White (1912-1990) présente quatre protagonistes : la fille du millionnaire Mary Mare, le juif errant Mordecai Himmelfarb, l'aborigène Alf Gubbo et la gouvernante Ruth Godbold. Ils vivent dans la banlieue de Sydney, en Australie, et ont chacun leur propre parcours de vie. Ce sont des non conformistes, des personnes socialement inadaptées, et ils sont considérés comme tels par la communauté bourgeoise (ici principalement personnifiée par les malveillantes Mme Jolley et Mme Falck). Mais les apparences sont trompeuses.

White prend un certain temps pour décrire leur parcours et leur histoire de vie et plonge profondément dans leur psychisme, qui est assez meurtri pour chacun d'eux : Mary a toujours été crachée par ses parents comme étant « trop ordinaire », Mordecai a survécu à l'Holocauste, Alf était violée par un pasteur et Ruth a dû faire face à un mari violent. Ils se considèrent comme des pécheurs indignes, souffrant plus ou moins d'un syndrome d'infériorité. Mais White jette sur eux un tout autre éclairage.

À travers des personnages secondaires et des développements en tout genre, le roman prend une allure véritablement dickensienne (parfois tout aussi élaborée), mais White y ajoute ses propres accents : son sarcasme et sa satire jaillissent des pages, et régulièrement le magique, le spirituel et même le mystique semble prendre le dessus sur le récit. Il nous induit presque constamment en erreur, comme dans ce passage où Himmelfarb revient à pied vers sa ville qui vient d'être bombardée, après une expérience traumatisante avec les nazis : « La soirée d'hiver approchait alors qu'il approchait des masses les plus sombres de la ville, qui avait déjà commencé à recevoir sa visite nocturne. Les noeuds et les boucles, les petites et exquises bouffées de blanc pendaient sur les distances de plus en plus profondes du ciel, jusqu'à son bord orange. L'émeute des feux d'artifice était allumée. Les bâtiments noirs et habituellement solides se sont révélés avoir d'autres qualités, plus transcendantales, dans le sens où ils s'ouvriraient, révélant des fontaines de feu cachées. Beaucoup de choses étaient inversées, ce qui jusqu'alors avait été accepté comme sain et immuable. Deux poissons d'argent s'enflammaient vers le bas, hors de leur mer de cobalt, vers la terre. » Ici donc, un bombardement a été transformé par White en une scène poétique et pastorale.

Et le Char ? Eh bien, c'est brièvement abordé dans chaque partie, de telle manière qu'on sent que c'est quelque chose d'important, de crucial pour le narratif. White laisse consciemment au lecteur le soin de découvrir et de remplir l'image et sa signification, mais c'est une autre de ses trouvailles originales, la combinaison d'une image antique (Le Char d'Apollon) et d'une image biblique (Ézéchiel). White semble suggérer, non, indique clairement que ses quatre protagonistes sont les Cavaliers du Chariot, car ils voient plus que les gens ordinaires, ils sont illuminés (les nuances de lumière, et notamment celle du blanc, jouent un rôle prépondérant dans les descriptions de White), des saints à moitié ou entiers eux-mêmes, qui transcendent le banal, et sont clairement du bon côté, représentant le summum de l'humanité. le monde bourgeois, conventionnel et matérialiste est la force adverse, anti-humaine et carrément mauvaise. Donc, finalement, ce roman est une variation sur le thème de la bataille entre le bien et le mal, mais sous une forme très originale.

Pour le lecteur d'aujourd'hui, ce roman peut être très exigeant. Non seulement à cause des passages (mythiques) parfois très étranges, et à cause de la structure de l'histoire qui semble un peu trop construite. Parfois, j'ai trouvé que White expliquait trop à quel point ses 4 cavaliers du char étaient saints (en particulier Mme Godbold). Mais le style extraordinaire, l'humour et l'imagerie spirituelle en font un roman impressionnant.
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Un récit fait d'une spirale de feu qui brûle les destins de quelques hommes, fétus de paille dans la tourmente qui emporte bien souvent les coeurs les plus purs. Une lente et inexorable plongée dans les vies d'êtres broyés, humiliés par la bêtise de leurs congénères, leur méchanceté et leur avidité. Les quatre personnages principaux de ce livre croient en l'humilité avec une innocence qui les plonge directement dans la fournaise. Leur unique planche de salut est la conviction que l'homme peut dépasser toutes les souffrances dans la fusion avec ce qui le révèle à lui-même, que ce soit la nature pour Miss Hare, Dieu pour Ruth Godbold et Alf Dubbo ou l'Alliance divine pour Mordecaï Himmelfarb.
Une force poétique habite ce livre, en même temps qu'il nous dresse une peinture implacable des faiblesses humaines et de la détresse des âmes.
En lisant les Règles de la fiction d'Edith Wharton, un passage m'a semblé particulièrement illustrer le motif puissant du livre de Patrick White. "Un bon sujet, donc, doit contenir en soi un élément qui répande une lumière sur notre expérience morale. S'il est incapable de cette diffusion, de cette radiation morale, il reste, quel que soit l'éclat de sa surface, un simple événement isolé, un morceau de réalité dénué de sens en étant arraché de son contexte." Il me semble que Patrick White atteint de façon magistrale cette radiation morale qui nous élève par son exigence et nous touche par son humanité.
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Mort et rédemption de quatre inconnus qui se découvrent la même vocation mystique.
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Citations et extraits (20) Voir plus Ajouter une citation
Men are the same before they are born. They are the same at birth, perhaps you will agree. It is only the coat they are told to put on that makes them all that different. There are some, of course, who feel they are not suited. They think they will change their coat. But remain the same, in themselves. Only at the end, when everything is taken from them, it seems there was never any need. There are the poor souls, at rest, and all naked again, as they were in the beginning. That is how it strikes me, sir.
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Finalement, la femme solitaire devant la baraque vide se disait qu'elle avait tiré ses six flèches à la face des ténèbres et qu'elle en avait arrêté la marche. Et partout où les flèches avaient frappé, d'autres flèches naissaient, qui, à leur tour, en produiraient d'autres, fines et blanches aussi.
(Mrs Godbold, vieille, regarde ses enfants s'éloigner à la fin d'une journée où ils lui ont rendu visite.)
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On days when he was master of himself, his sense of wonder rewarded him. But in a winter light, if he had not been nourished by his secrets, if he had not enjoyed the actual, physical pleasures of paint, he might have lain down and died, there amongst the varnish and the gratings, instead of resting his head sideways on the table, and falling asleep on the pillow of his hands.
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Here and there, as it lurched, the train threatened to blunder into the private lives of individuals. In the kitchens of many homes, gentlemen in singlets were only now assaulting their plastic sausages, ladies were limply tumbling the spaghetti off the toast on which they had been so careful to put it, daughters daintier than their mums were hurrying to get finished, forever, but forever. Over all, the genie of beef dripping still hovered in his blue robe. But magic was lacking. And in narrow rooms, emptied boys, rising from sticky contemplation of some old coloured pin-up, prepared to investigate the dark.
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But the purest leaf touched the Jew's eyelids; his lids were shaped in gold. His veins were lapis lazuli in a sea of gold, the thongs of the phylacteries were turned to onyx, but the words that fell from his mouth were leaping crystals, each reflecting to infinity the words contained within the words.
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L’ŒIL DU CYCLONE Bande Annonce VOST
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