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EAN : 9782897126582
Mémoire Encrier (25/09/2019)
3.88/5   30 notes
Résumé :
Travailleur du cybersexe, Jonny doit rentrer à la réserve dans une semaine pour assister aux funérailles de son beau-père. Pendant ces sept jours, Jonny se raconte: enfance, amitié, amour, sexe, alcool, maquillage, musique, fantômes, espoirs. Le fil des liens familiaux se retisse avec sa mère, sa kokum, ses tantes et oncles. Surgit tout un monde de tendresse.
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Exilé volontaire à Winnipeg depuis deux ans, Jonny a fui sa terre natale : celle de la Première Nation de Peguis dans le Manitoba où il a grandi dans la réserve auprès de sa mère, de son beau-père et de sa kokum adorée. Mais les funérailles du beau-père subitement décédé vont l'amener à y retourner. Non sans appréhension.

Car si Jonny est NDN (prononcez « Indian ») issu de la tribu Oji-Cri, il est aussi queer et assume son homosexualité en tirant ses revenus du cybersexe, bordel virtuel où tous les fantasmes s'expriment à distance. Et parfois sans distance par la suite. Une identité et une sexualité à part qui ne lui ont pas facilité la jeunesse, autrefois dans la réserve.

Les quelques heures avant le retour aux sources vont ainsi être l'occasion d'une introspection angoissée sur ce passé complexe, porté par l'âme de ses racines indiennes, la quête d'un équilibre de vie introuvable, le soutien indéfectible de Tias son ami-amant ou l'amour indéfectible de sa kokum au coeur aussi large que l'esprit.

Jonny Appleseed de Joshua Whitehead, traduit par Arianne des Rochers, est un livre dur et cru, complexe par son style qui a conservé tous ses mots et tournures locales - ce qui lui donne en authenticité ce qu'il y perd parfois en compréhension -, mais aussi incroyablement torturé ce qui place le lecteur dans une situation de quasi-mal être, qui m'a gênée dans cette découverte. Heureusement, beaucoup d'amour et de tendresse infusent ce récit, comme une deuxième couche apaisante sous une première trop violente.
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"Bon sang, j'ai joué les hétéros sur la réserve pour pouvoir être NDN, et ici je joue les Blancs pour pouvoir être queer."

Allons droit au but. Jonny Appleseed est un livre extraordinaire. Au début de ma lecture, pourtant, j'ai été décontenancée par la langue. Mais ce fut finalement pour mieux me retrouver happée par la mélodie et les mots de Joshua Whitehead, traduits par Arianne Des Rochers.

Jonny est NDN (pour indien, indian), Oji-Cri, bispirituel et queer. Il a quitté la réserve de Péguis depuis deux ans pour Winnipeg, où il est travailleur du cybersexe. Roger, son beau-père, vient de mourir d'une cirrhose du foie et il décide de rentrer sur la réserve pour assister à ses funérailles - mais surtout pour soutenir sa mère.

Ce livre, c'est Jonny qui se raconte, depuis l'enfance jusqu'à aujourd'hui. Sa première Nation de Péguis. Les siens. Sa kokum (grand-mère), une femme minuscule qui contenait en elle la puissance d'un béhémoth, sa mère, alcoolique, pas vraiment stable mais très aimante, son meilleur ami Tias qui est aussi son amant, la petite amie de Tias, Jordan.

Jonny Appleseed est un livre cru, baigné d'alcool, de sang et de larmes et très cash sexuellement, mais ce qui est vraiment marquant c'est la lumière que dégage cette histoire. L'amour sous toutes ses formes. Tous les personnages sont racontés avec une puissante empathie,  leurs failles, leurs traumatismes, leurs errances, mais aussi, et surtout, leurs espoirs et leur attachement.

Jonny est honnête, courageux, princesse pailletée autoproclamée - et tellement touchant. J'ai terminé le livre bouleversée. Jonny Appleseed est une lecture marquante, qu'il faut oser.

"C'est drôle comment, dans la bouche d'un NDN, "je t'aime" sonne plutôt comme "je souffre avec toi".
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Ce premier roman est sans doute nourri de la propre expérience de son auteur : il nous met dans la peau du narrateur, Jonny Appleseed, qui est parti assez vite de sa réserve pour oser s'épanouir et devenir l'homme bispirituel qu'il est intimement. (Un être bispirituel, c'est, au Canada, quelqu'un qui possède un esprit masculin et un esprit féminin, et aussi quelqu'un qui considère que son genre ne correspond pas à son sexe.) En effet, depuis l'âge de huit ans, Jonny sait qu'il est gay, c'est la première phrase du roman. Son récit commence alors que son beau-père vient de mourir et qu'il doit en quelques jours gagner l'argent nécessaire au voyage vers la réserve de Péguis (Manitoba) pour rejoindre sa mère et la soutenir. Jonny gagne sa vie dans le cybersexe et assume parfaitement ses pratiques sexuelles qu'il nous raconte dans un langage sensuel, fleuri, parfois cru.

Tout en narrant ces quelques jours avant le retour, Jonny se souvient et évoque son enfance à la réserve, l'amour inconditionnel de sa kokum (sa grand-mère), le lien fort et chaotique avec sa mère et la relation tout aussi forte avec son ami d'enfance Tias, qui a lui aussi quitté la réserve pour aller vivre à Winnipeg. Comme dans d'autres romans d'auteurs autochtones, Joshua Whitehead raconte les conditions de vie dans la réserve, le désoeuvrement, l'alcoolisme, les bagarres, mais ce qui fait l'originalité de ce premier roman, c'est son narrateur, ce personnage de Jonny Appleseed qui ose vivre sa sexualité sans complexe et qui déborde d'amour pour les femmes et pour l'ami qui lui ont permis d'être ce qu'il est au plus profond de lui-même. Son parcours est baigné d'émotions contradictoires et d'autodérision, ce qui le rend très attachant. Je suis contente d'avoir découvert ce livre !
Lien : https://desmotsetdesnotes.wo..
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* Premier roman / Whitehead est membre oji–cri/nehiyaw de la Première Nation Peguis au Manitoba.

Depuis l'âge de huit ans, Jonny sait qu'il est homosexuel. Il vit sur une réserve au Manitoba. Il doit toujours faire attention de ne pas révéler ce qu'il est. Il quitte un jour pour s'installer dans la grande ville de Winnipeg ou, pour survivre, devient travailleur du cybersexe. À la mort de son beau-père, il doit retourner chez lui sur la réserve pour les funérailles. Écrit au “Je”, c'est l'occasion pour lui de nous raconter sa vie : sa jeunesse, sa bispiritualité, ses amitiés, ses amours, …

Acheté à l'occasion de la Journée nationale des peuples autochtones 2022, ce roman m'a ouvert à une réalité peu connue : quelle est la vie pour un jeune 2SQ (bispirituel, queer des Premières Nations) lorsqu'il découvre sa différence avec les autres ? Tout doit-être doublement difficile ? Ce roman se lit très facilement, n'est pas ennuyant du tout, c'est une vision de la réalité des Premières Nations … Si proche et si différente de la nôtre.
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Même si je suis parti pour donner une belle note à cette lecture, je sais reconnaître que j'ai su m'ennuyer à certains moments. Bien sûr, je saurais prendre le temps pour discuter de ce point à travers mes deux listes fétiches. Sur l'ensemble, j'estime que cette lecture m'aura beaucoup apporté et c'est son but, comme a su si bien le dire son auteur à la fin de cette oeuvre. Bizarrement, je perçois ce livre comme un signe qui me vient de l'autre côté. En effet, ce mois de janvier 2023 résonne beaucoup, au sujet de ma vie personnelle, puisque cela fera dix ans que ma grand-mère maternelle nous a fait ses adieux. Et dans ce roman, l'auteur veille à beaucoup parler de la sienne, sa kokum, comme il aime la surnommer. Certaines coïncidences sont troublantes, n'est-ce pas ? En attendant, comme je sais que j'ai beaucoup de choses à raconter au sujet de ce bouquin, je ne perds pas plus de temps et je passe à la rédaction de mes listes.

Points négatifs :

• Quelques répétitions.
• Comme j'ai su le dire quelques lignes plus haut, quelques chapitres n'apportaient pas grand-chose à l'ensemble du récit mais après, ce n'est que mon avis. Là où j'ai rencontré plusieurs difficultés au sujet de la concentration, c'est sur les derniers chapitres. Là, mon esprit s'est déconnecté et malgré plusieurs tentatives de ma part pour être plus attentif, non, cela ne voulait pas.

Points positifs :

• Déjà, la taille aléatoire des chapitres.
• J'ai su apprécier cette bispiritualité omniprésente au sein des nombreuses pages de ce roman. D'ailleurs, on se la prend en pleine face d'entrée mais j'ai su l'apprécier car ce récit m'a aidé à me construire. En effet, j'arrive à un stade de vie où j'entends, enfin, que je suis libre de mener mon existence comme bon me semble. Et l'auteur ici le fait pleinement. A partir de là, oui, sa volonté et son courage deviennent source d'inspiration et je vais voir ce que je peux faire, dans les jours prochains, pour être aussi libre que lui.
• Sa kokum. Forcément, je n'ai pu m'empêcher de songer à ma grand-mère car mine de rien, nos aïeules sont de sacrées femmes. D'ailleurs, elles partagent toutes les deux de sacrés points communs comme celui de la maladie du sucre, que j'ai désormais. Tout comme la kokum de Joshua Whitehead, la mienne était toujours en train de sourire, d'être une sacrée force que rien ne semblait ébranler sauf la maladie, sur ses derniers mois d'existence.
• J'ai su comprendre aussi ce lien qui existait entre l'auteur et son premier amant, ami de très longue date. le premier restera toujours le plus important aux yeux de certaines personnes et je fais parti de ces êtres. Même si je ne tiens plus à avoir de nouvelles concernant mon tout premier, il gardera toujours une place spéciale dans mon coeur.
• A de nombreuses reprises, j'ai pu prendre connaissance de certaines pratiques amérindiennes puisque l'auteur est issu de l'un de ces peuples. Ayant beaucoup de respect et d'amour envers ces derniers, je me suis senti à ma place à chaque fois que j'avais l'occasion de me risquer sur ces chapitres.
• Enfin, des sourires se sont dessinés sur mes lèvres à de nombreuses occasions. En effet, j'avais oublié que j'avais pompé un tic de langage aux canadiens et j'ai été très amusé de constater que parfois, l'auteur et son entourage parlaient de la même façon que moi.
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
" Comme sangsues, je me sentais moi aussi hermaphrodite: moitié garçon, moitié fille, toujours convoité par les chasseurs et les pêcheurs. Je laissais toujours une marque rouge quelque part sur leurs corps, comme pour indiquer: je suis passé par ici." p.96
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Il y a de ces sons qui me font toujours mal et l’un d’entre eux est le son de ma mère qui pleure. On dirait qu’elle est toujours en train de pleurer au téléphone avec quelqu’un qui est soit mourant soit souffrant, ou qui connaît quelqu’un qui l’est. Il n’y a pas assez de blagues dans le monde pour qu’elle arrête de pleurer et il n’y a pas assez d’histoires dans le monde pour que j’arrête de ressentir. Je crois que c’est pour cette raison qu’elle prend un coup et pour la même raison que je fais pareil des fois.
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Ah, les hommes, c’en est presque trop facile : ils sont tous un peu voyeurs et un peu explorateurs. Ils veulent moins jouer au docteur avec toi qu’être le Jacques Cartier de ta ceinture pelvienne.
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"Je suis peut-être un fantasme sexuel mais je reste toujours aux commandes du fantasme. Une fois que l'image de corps nus et en sueur s'infiltrait dans leur tête, c'était impossible de faire demi-tour. Le sexe fait de drôles de choses aux gens - soit ils perdent la carte complètement, soit ils embarquent en mode autopilote. Ton corps sait exactement ce qu'il veut, et il s'arrange pour l'obtenir." p.8
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Le sexe fait de drôles de choses au gens - soit ils perdent la carte complètement, soit ils embarquent en mode autopilote. Ton corps sait exactement ce qu’il veut, et il s’arrange pour l’obtenir.
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Video de Joshua Whitehead (1) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Joshua Whitehead
Arianne Des Rochers et Joshua Whitehead lisent un extrait en français et en anglais du roman Jonny Appleseed.
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