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Critique de marina53


Années 60, Tallahassee, capitale de l'État de Floride. Si le jeune Elwood Curtis écoute en boucle le seul disque qu'il possède, "Martin Luther King at Zion Hill", c'est qu'il croit en ce combat national pour les droits civiques. D'autant qu'avec l'arrêt Brown vs Board of Education, les écoles allaient dorénavant devoir ouvrir leurs portes aux Noirs. Bien que l'adolescent travaille pour Mr Marconi, le propriétaire du bureau de tabac qui voit en lui un employé méritant, ses notes à l'école sont excellentes. Lorsque l'une des facultés au sud de Tallahassee propose un enseignement gratuit pour attirer du monde, l'un de ses professeurs lui conseille fortement de s'inscrire. Mais, malheureusement, alors qu'il était promu à de brillantes études, une malencontreuse erreur judiciaire, Elwood se trouvant au mauvais endroit au mauvais moment, il est envoyé dans une école disciplinaire, la Nickel Academy, une institution qui promet de remettre dans le droit chemin tous ces jeunes incapables de vivre avec des gens respectables...

Les discours de Martin Luther King en fond sonore, les noms de Claudette Colvin et Rosa Parks que l'on murmure, c'est dans ce contexte, au coeur d'une Amérique ségrégationniste, que grandit le jeune Elwood Curtis. Élève brillant, fasciné par la lutte des droits civils et croyant en un avenir meilleur pour les Noirs, Elwood va, malheureusement, être confronté à une bien plus sombre réalité entre les murs de la Nickel Academy. Dans cette soi-disant école qui n'en porte que le nom, ce n'est qu'à travers la violence et la maltraitance que ces professeurs et surveillants dirigent tous ces jeunes "en perdition". Grâce à l'amitié de Turner et l'amour inconditionnel de sa grand-mère, Elwood va tenter de survivre, tant bien que mal. Inspiré par l'histoire de la Dozier School for Boys, à Marianna, en Floride, fermée en 2011, officiellement pour des raisons économiques, et au coeur de laquelle des traitements inhumains ont été infligés aux enfants et dont les fouilles ont exhumé des dizaines de corps, Colson Whitehead tisse un roman saisissant, âpre et, ô combien, utile. Il rend ainsi hommage à tous ceux, suppliciés, qui ont ont combattu contre l'oppression. Et si la violence est lointaine, les sentiments parfois étouffés, l'écriture sobre et l'épilogue douloureux, c'est le coeur serré que l'on suit le destin d'Elwood et Turner.
Un roman remarquable qui, dans le contexte actuel, a encore une plus grande résonance...
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