Voilà un roman qui est à mes yeux un parfait paradoxe.
D'un côté il y a les fondations, le fond. Une toile tout d'abord vierge sur laquelle
Colson Whitehead vient apposer ses coups de pinceau et ses couleurs. L'auteur s'inspire d'un fait divers réel pour construire son récit, il y met toute l'ardeur de ses origines, guidé par les horreurs commises au nom de la ségrégation.
On est au-delà de l'empathie. Tout lecteur, si tant est qu'il ait un coeur, ne peut que ressentir la compassion la plus totale face à une telle histoire. Sans vouloir débattre sur les injustices de ce monde, ce genre de roman permet de ne pas oublier ce que les Hommes sont capables de faire. Ou de ne pas faire.
Un sujet tout en profondeur donc, qu'on ne peut ignorer. L'auteur le traite presque avec délicatesse sans pour autant épargner certains détails sordides. La réalité se doit d'être racontée sans être édulcorée.
Cette facette de «
Nickel boys » est fédératrice, cependant la seconde devient tout à fait subjective. La forme: ce qui rend un roman inoubliable ou ordinaire, ce qui déclenche des émotions ou laisse de marbre.
En l'occurrence, les avis sont presque unanimes pour ce roman récompensé par le prix Pulitzer, excusez du peu !
Malgré cela, j'ai dû m'accrocher à ce récit qui m'a semblé plein de longueurs inutiles, abusant de pages qui auraient méritées d'être remplies de plus de sentiments et d'émotions. Les personnages souffrent d'un manque de développement et je ne les ai guère aimés si ce n'est pour leur triste destin.
Le style de l'auteur ne m'a pas séduite, sans doute suis-je devenue difficile à charmer. L'espace-temps est parfois compliqué à cerner entre certains chapitres, comme un trou noir sans fondu enchaîné. Déstabilisée, je ne reconnaissais parfois ni le «où», ni le «quand».
Paradoxe donc…d'un roman au sujet profond dont je me souviendrai et puis de ce même roman qui ne m'aura pas enflammée et que j'oublierai.
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