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Critique de ODP31


ODP31
18 novembre 2020
Un auteur Pulitzérisé, des babéliotes énamourés, et moi… qui reste sur le bas-côté, comme un auto-stoppeur levant le pouce au bord d'une autoroute.
Pourtant, cette histoire inspirée de faits aussi réels que révoltants avaient de quoi m'appâter, poisson reconfiné dans son aquarium.
Nous sommes dans les années 60 et un jeune garçon noir, Elwood, galvanisé par les discours du pasteur King, fait plus qu'un rêve. Il en a des «dreams », il veut se forger un destin, dévorer le monde et faire triompher la lutte pour les droits civiques. Une jolie liste de courses.
Elevé par sa grand-mère, le garçon poursuit avec acharnement ses études et il ambitionne de pousser les portes d'une université.
Victime innocente d'une erreur judiciaire, coupable de malchance, ses rêves virent aux cauchemars quand il est envoyé à la Nickel Academy, maison de correction qui ne proposent au programme que des cours d'humiliation et des leçons de ségrégation.
Côté punitions, nous sommes bien loin des heures de colle du mercredi et des coups de règles sur les doigts de nos ainés. Les pions sont des bourreaux qui organisent des séances de tortures dès qu'un garçon se risque à sortir du rang. Sévices et vices racistes.
Elwood va vite assimiler les codes de l'établissement, aidé par Turner, un habitué des lieux qui va lui apprendre à survivre et purger ses peines.
L'auteur utilise une prose sèche, peut-être un hommage à tous ses gamins qui n'avaient plus une seule larme à verser. Hélas, cette écriture presque journalistique qui témoigne plus qu'elle ne vit, m'a empêché de sympathiser avec le personnage. Je ne suis pas parvenu à me projeter dans cette histoire tragique.
Autre écueil selon moi qui ne permet pas une immersion totale du lecteur dans le roman, les nombreux sauts dans le temps qui fragmentent le récit. Trop de raccourcis dans ce trajet pour pouvoir profiter pleinement du voyage. Quand l'ellipse devient éclipse.
Jamais content le pépère. Toujours le premier à désespérer de l'infinie longueur des romans américains et me voilà en train de regretter la concision de celui-ci. Je ne suis pas français pour rien. Une telle histoire aurait néanmoins mérité à mon avis plus de linéarité.
Je retiens quand même un final éblouissant, la force du récit et un bel hymne à la résilience, mot à la mode Covid mais qui prend tout son sens ici.
Colson Whitehead offre un soldat inconnu de papier aux suppliciés bien réels de la Dozier Scholl qui l'inspirèrent pour son roman.
Pas un coup de coeur littéraire mais un texte important.
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