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sur 2518 notes

Critiques filtrées sur 4 étoiles  
Les premières questions, en refermant ce livre:
Est-ce que tout cela est exact?
Montage romanesque ou roman historique ?

Et quelques recherches sur Internet confirment que l'imagination de l'auteur s'est nourrie d'une solide documentation, et renouvelle de belle façon la thématique, déjà beaucoup racontée, de l'esclavage américain dans les États du Sud.

Ici, il faut oublier les belles maisons de planteurs et les crinolines. Les esclaves en revanche sont toujours là, et le calvaire de vie de la jeune Cora est un voyage dans l'énumération quasi exhaustive des diverses formes de violences envers la communauté noire.

Le mouvement anti esclavagiste prend forme en 1820 dans les États du Nord et l'organisation d'entraide aux fuyards dit "Chemin de fer clandestin" est une terminologie sans rails ni tunnels. Mais l'image proposée par l'auteur est particulièrement forte et lui permet une exploration large de la société du 19e, aux relents nauséabonds de fascisme et d'eugénisme, terreau du racisme contemporain.

Colson Whitehead ressuscite en conte cruel les démons de l'Amérique esclavagiste d'avant la guerre civile. Son récit est prenant, sans perte de rythme, explore la psychologie des individus, et la prise de conscience d'un pays qui cherche déjà les moyens dits progressistes pour sortir de l'impasse.

Un livre qui va beaucoup plus loin que la simple fuite d'une petite esclave de Géorgie.

Rentrée littéraire 2017
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A l'horizon, très loin, où ne portent nos yeux,
La liberté.

Ils ont vendu nos frères, battu nos mères, violé nos soeurs,
Ils ont volé la terre, soumis les peuples, meurtri nos coeurs.

A l'horizon, loin, où s'envolent les corbeaux,
La liberté.

Ils ont foulé nos vies, ravagé nos familles, détruit nos corps,
Ils ont cru que nous n'étions que du bois mort.

A l'horizon, là, où le train s'enfonce dans la terre,
La liberté.

Ils nous ont enchaîné …
Mais, l'espoir était là, sous nos pieds.

A l'horizon, à l'autre bout du marais, tu trouveras,
La liberté.

Ils ont continué à nous chasser, à nous traquer,
Ils ont fini par nous rattraper.

Mais, de toute éternité,
Jamais personne ne pourra se glorifier,
De posséder nos âmes, de posséder nos peines,
De dominer nos coeurs, de dominer nos joies,
de nous priver à tout jamais,
De notre liberté.

A l'horizon, sous une grange,
L'Underground Railroad chemine,
Et emporte avec lui,
Le souffle de la liberté.
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Comme sa mère et sa grand-mère avant elle, Cora travaille dans les champs de coton... en tant qu'esclave. Née ici, la jeune fille, aujourd'hui âgée de 16 ans, n'a connu que ça. Bien seule depuis la fuite de sa mère, Mabel, elle s'occupe du maigre jardin potager pour s'évader, oublier la misère et la violence des propriétaires, les Randall, père et fils. Un simple regard de Caesar et c'est un tout autre avenir qui pourrait se profiler. En effet, celui-ci lui propose de s'évader avec lui. Retrouver leur liberté, oui mais à quel prix ? Car les deux adolescents savent que, en tant que propriétés des Randall, ces derniers feront tout pour les récupérer...

Si allégorique soit-il, l'Underground Railroad, avec ses rails, ses gares et ses chefs de gare, n'en est pas moins une route qui peut mener à la liberté. Et c'est ce chemin, ponctué de fortes et belles personnes qui se battent dans l'ombre mais aussi de déconvenues, de chasseurs d'esclaves, de traîtres, que Cora et Caesar vont emprunter, avides de liberté. Que ce soit dans l'Indiana, le Tennessee, la Caroline du Sud ou encore New-York, les États-Unis, ce pays encore tout neuf, se dévoilent peu à peu, chacun ayant une conception bien différente de la race. Empreint d'une grande force et d'une grave intensité, ce roman, tout à la fois politique et historique, émeut tout autant qu'il éprouve. Colson Whitehead allie avec brio et justesse fiction et réalité pour nous dépeindre une image bien sombre de l'Amérique...
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La jeune esclave, Cora, au caractère bien trempé, vit dans les Etats-Unis du Sud , en Géorgie en pleine période de l'esclavage au 19ème siècle avant les guerres de Sécession.
La culture du coton bat son plein.
Sa grand-mère, sa mère, et Cora appartiennent à la même famille de maîtres.
Sa mère aurait réussi son évasion. le chasseur d'esclaves, Arnold Ridgeway, n'a pas réussi à la retrouver.
Caesar, un jeune esclave, nouveau sur la plantation, propose à Cora un plan d'évasion qu'elle commence par refuser mais après une scène particulièrement violente, elle accepte.
Le chemin est long, parsemé d'embûches.
Colson Whitehead a imaginé un réseau de chemin de fer souterrain à partir des étapes franchies par les anciens esclaves avec l'aide de leurs passeurs, à partir de témoignages recueillis sur les chemins empruntés.
Quand on lit Tracy Chevalier " La dernière fugitive", une habitante met une cabane dans son jardin à disposition des esclaves en fuite. Ces réseaux clandestins existaient bien et laissent des traces dans les témoignages et les romans. L'Underground Railway, lui est pure fiction de la part de l'auteur, il est presque magique.
Un roman cruel, intense, avec une écriture et des scènes percutantes.
On comprend pourquoi le Pulitzer et le National Book Award ont été attribués à l'auteur. L'histoire des Etats-Unis regorge encore de faits d'inégalité raciale malgré ce début de liberté depuis la fuite des esclaves, les années 1960 et l'actualité. le dernier magnifique roman que j'ai lu au sujet des activistes blancs contre les Afro-Américains était celui de Jodi Picoult " Mille petits riens" : un roman inoubliable.
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«  Ce sont des mains noires qui ont construit la Maison- Blanche, le siège de notre gouvernement national. Nous ne sommes pas un peuple mais une multitude de peuples différents . »

«  Comment une seule personne pourrait- elle s'exprimer au nom de cette grande et belle race —- qui n'est pas une seule race—- mais mille races, avec des millions de désirs, de voeux et d'espoirs pour nous- mêmes et pour nos enfants? . »

«  Car nous sommes des Africains en Amérique .
Une chose sans précédent dans l'histoire du monde . »
Voici trois extraits significatifs de ce roman Historique fort , visuel, intelligent et imaginatif , entre réalisme magique et fresque éminemment historique bien documentée, Impressionnante , sans concession : un livre politique .

Un conte cruel recélant avec précision toutes les myriades possibles de l'enfer de l'esclavagisme .....à l'affranchissement ;

La tyrannie implacable de cette Amérique esclavagiste, d'avant la guerre civile :
Le calvaire de la vie de la petite esclave Cora: voyage au coeur de la noirceur, hiérarchie du malheur: subir l'horreur du fouet à lanières , cruauté insigne du marquage au feu, battus , violés, traqués, misérables, bannis , pourchassés comme des bêtes, Des objets exhibés ....
L'auteur conte ces horreurs avec un réalisme qui déchire le coeur du lecteur , cette haine ignoble , ces tortures.
Il ne nous épargne rien.

Aux alentours de 1820, le mouvement anti- esclavagiste prend naissance dans les États du Nord , sous forme d'organisation d'entraide aux fuyards dit: « Chemin de fer Clandestin » caracolant dans des tunnels obscurs, reliant des bouts de gare clandestins à des humains ..
C'est l'occasion pour l'auteur de faire connaître au lecteur l'état d'esprit des différents États, en ce qui concerne l'esclavagisme : Géorgie, Caroline du Nord , Caroline du Sud, Indiana , Tennessee , les uns « abolitionnistes » , les autres , « répressifs » soit s'enfonçant dans la terreur, soit recélant de vrais- faux accents de liberté.
Un livre qui va bien plus loin que l'épopée de L'histoire de Cora, même si elle fait froid dans le dos.
Il déroule la tyrannie, la psychologie des protagonistes , le mal , la gangrène absolue du racisme, la monstruosité des châtiments.
C’est un récit sans pause, très bien construit , pas de perte de rythme , le ton est alerte, sensible, captivant , prenant , précis , riche à l’intrigue passionnante même si les personnages sont nombreux : Conelly, Cora , Caesar , Mabel, Terrance, Michael , Chester, Lovey, les frères Randall, Moses, Ajarry....
«  Il y avait une hiérarchie du malheur , des strates concentriques de malheur , et on était censé en tenir compte pour savoir ou se situer . »

«  Connais ta valeur et tu connaîtras ta place dans l’ordre des choses. Échapper aux limites de la plantation ,c’eût été échapper aux principes fondamentaux de son existence : Impossible. »
Impressionnant ! Éblouissant !
Mais ce n’est que mon humble avis , bien sûr !
Un livre acheté au «  Hall du Livre » , au hasard de mes déambulations pour sa jolie première de couverture, mais pas que ...
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On a beaucoup parlé et entendu parlé de ce livre : Underground Railroad. Il s'inscrit dans une actualité qui a sans doute contribué à son succès : l'Amérique de Trump divise, attise et réveille les anciens démons. Ils n'étaient pourtant pas bien loin, mais ce nouveau président semble leur ouvrir grandes les portes d'une réalité qui fait froid dans le dos.

"Si les nègres étaient censés jouir de leur liberté, ils ne seraient pas enchaînés. Si le Peau-Rouge était censé conserver sa terre, elle serait encore à lui. Et si le Blanc n'avait pas été destiné à s'emparer de ce nouveau monde, il ne le possèderait pas.
Tel est l'authentique Grand Esprit, le fil divin qui reliait toute entreprise humaine : si vous arrivez à garder quelque chose, c'est que cette chose vous appartient. C'est votre bien : votre esclave, votre continent. L'impératif américain."

Ce qui se murmurait tout bas, se revendique haut et fort… La littérature essaie de réveiller les consciences et n'y arrive pas si mal, je trouve : La servante écarlate de Margaret Atwood a généré un élan sans commune mesure et Underground Railroad rappelle les ravages de l'esclavage et ce qu'il fallait de force, de volonté, de courage et autant de chance pour s'en échapper. Et s'en libérait-on vraiment ? Une fois les chaînes à terre, ce sont d'autres entraves qui prenaient le relais. Pour beaucoup, elles sont encore là aujourd'hui…

l'Underground Railroad, c'est ce réseau qui aida les esclaves à recouvrer leur liberté, c'est une réalité, mais aussi un mythe, une de ces belles choses qui aide à survivre quand l'espoir n'a plus sa place. Cora, une jeune esclave de 16 ans, propriété d'un blanc sadique et tortionnaire, va accepter de partir avec Caesar, une nuit, pour atteindre ce chemin de fer souterrain, promesse de vie et de liberté ! On va la suivre de la Georgie en Caroline du Sud et du Nord, passant par bon nombre d'États, fuyant toujours et encore, un chasseur d'esclave lancé à ses trousses.

Peut-être fallait-il être seule au monde comme Cora pour y arriver ? Ne pas regarder en arrière pour ne pas flancher ? Car l'échec, c'était la mort assurée !

Colson Whitehead va nous faire vivre sa fuite, sa traque, mais aussi nous donner à voir la réalité de ce qu'était la vie d'un esclave à cette époque, les dissensions entre esclavagistes et abolitionnistes qui mèneront à la guerre, l'apprentissage de la liberté qui ne passe pas seulement par l'absence de chaînes, mais aussi par l'émancipation, grâce à l'apprentissage de la lecture et de l'écriture, la rémunération du travail, la revendication de l'égalité des droits pour tous les Hommes, peu importe leur couleur, … En lisant Underground Railroal, on s'aperçoit que la lutte sera longue, si tant est qu'elle soit terminée, ce dont je doute !

Ce qui fait la force de ce livre, je pense, c'est son approche « pédagogique ». L'auteur fait vivre ses personnages, moins pour nous faire compatir à leur destin, que pour nous les donner en exemple, pour nous montrer que malgré toute cette horreur, ces femmes et ces hommes de l'Underground Railroad, que l'on croyait sans destinée, sans avenir, et sans aucune chance de réussite, ont résisté, sans jamais baissé les bras et y sont allés…

"Le monde du dessus doit être tellement ordinaire comparé au miracle en dessous, le miracle qu'on a créé avec sa sueur, avec son sang. Le triomphe secret qu'on garde dans son cœur."

Une belle lecture partagée pour cette dernière pioche de l'année !
Lien : https://page39web.wordpress...
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L'Underground Railroad désigne un réseau clandestin organisé par des abolitionnistes et des esclaves affranchis, qui permit au XIXème siècle, avant la guerre de Sécession, la fuite de nombreux esclaves noirs aux États-Unis. Malgré son nom, il n'était pas du tout une véritable voie ferrée souterraine, il en était l'image, même si le chemin de fer a joué un rôle fondamental dans ce réseau d'aide aux esclaves fugitifs.
La particularité du roman de Colson Whitehead est d'introduire dans le récit un véritable réseau ferroviaire souterrain. C'est une manière romanesque voire fantastique d'aborder un sujet éminemment politique qui ne questionne d'ailleurs pas que le passé. C'est donc l'idée d'une métaphore qui prend totalement vision et corps dans le récit.
Ce n'est pas tout à fait un coup de cœur, mais presque... Il a manqué selon moi parfois des émotions chez les personnages ; cependant j'ai envie d'en dire un grand bien parce que ce livre doit être lu, doit vivre, doit vibrer dans les mains de ceux qui le liront. Il est beau.
Avant d'entrer dans ce roman, je vous invite à regarder le magnifique dessin de la jaquette : nous voyons les rails et les traverses d'un chemin de fer quitter le sol, prendre la tangente, s'éparpiller dans le ciel en un nuage d'oiseaux. Se perdre dans la contemplation de cette jaquette est déjà une manière d'entrer dans ce livre...
L'histoire commence en Géorgie, dans une plantation de coton quelques années avant la guerre de Sécession. Cora est une jeune esclave, abandonnée par sa mère, qui s'est enfuie quelques années plus tôt. Quelques pages auparavant, nous avons pu apercevoir d'où venait Cora, du moins d'où venaient les siens, sa grand-mère par exemple. J'ai trouvé particulièrement émouvant ce premier passage où nous découvrons la manière dont celle-ci est arrachée de sa terre africaine, puis son arrivée sur le sol américain, cette violence immédiate...
En général, les esclaves ne peuvent s'enfuir et lorsqu'ils tentent de le faire, ils sont aussitôt pourchassés, une énergie diabolique et de manière savamment organisée, avec la complicité des populations collaboratrices, permet en général de retrouver les fugitifs qui sont aussitôt pendus dans des conditions atroces.
Cora est une jeune fille qui est confrontée quotidiennement à la cruauté et à la brutalité de ses « maîtres ». Elle voudrait fuir, sachant le sort qui risque de lui être réservée. Elle fuit avec Caesar qui la désire, lui a fait des avances quelques jours auparavant ; il s'est proposé de l'aider à accomplir ce rêve presque impossible. C'est dès lors une longue fuite, dans les campagnes, dans les marécages, dans les granges et ils savent qu'ils seront traqués très rapidement comme des gibiers.
Leur errance, leur cavale est éprouvante. À la faveur d'un récit haletant, j'ai été happé dans le sillage de ces amants en fuite.
Et ma crainte était que cela allait bien vite mal tourner à un moment ou un autre.
Alors j'ai décidé de fuir avec eux, je ne sais pas ce que vous auriez fait à ma place.
Nous avons couru dans ces marais, nous étions libres, formidablement libres, je me rappelle que nous avons ri, éclaté de rire parmi les ajoncs et les eaux stagnantes, même si nous savions que notre fuite serait repérée, peut-être seulement dès le lendemain, nous avions encore une bonne longueur d'avance.
Plus tard, tout ne s'est pas passé comme prévu. Nous nous sommes cachés dans le grenier d'une famille d’abolitionnistes blancs. Je pensais que ce fameux train souterrain était un mythe. Il a fallu que je le vois de mes propres yeux. Un train, des rails, des chefs de gare, Incroyable !
Nous pensions qu'il était facile de passer d'un État à l'autre, quitter les États du sud comme un saut de puce, rejoindre la Caroline du Nord. Mais nous étions traqués par Ridgeway, ce chasseur d'esclaves. Un type cruel, vénal, impitoyable, qui ne lâche jamais sa proie, mais vraiment jamais.
Plus tard je me suis réveillé, pas facile de revenir de cette gare souterraine. J'espère que les passagers clandestins sont arrivés à bon port. Je pense que oui, du moins pour certains.
Je suis encore sur le quai de cette gare souterraine, sans doute invisible de tout le monde. Je referme ce livre et j'entends revenir dans le froissement des pages les cris lointains de ces hommes, ces femmes, ces enfants, traqués comme des bêtes dans leur fuite éperdue, tendant leurs mains meurtries à travers la nuit que viennent déchirer d'autres mains là-bas pour les agripper au balastre du jour.
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Une lecture intense ,entre Twelve years a slave et la couleur des sentiments ! A travers l'histoire de Cora et de sa famille, nous voilà immergé dans la vie d'un esclave d'une plantation de coton,entre résignation et violence puis dans la vie de ces états américains qui commencent à intégrer les noirs en temps qu'hommes libres. Enfin jusqu'à un certains points ! Si les conditions de vie d'un esclave avaient peu de secrets pour moi car je l'enseigne, j'ai découvert l'existence de ce fameux chemin de fer clandestin, souterrain . Incroyable réalisation, je suis impressionnée par ce que peuvent faire des Hommes qui croient en un monde plus juste. C'est réconfortant dans un sens.
Si il y a quelques longueurs, l'histoire de Cora est vraiment intéressante,à rebondissement jusqu'aux dernières pages... Mais le destin est cruel et peu de choses lui sont épargnées. Je suis toujours sidérée lorsque je lis ce qui a été l'histoire de ces quelques états américains, dont les répercussions ont encore lieu aujourd'hui.
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Titre : Undergroud Railroad
Auteur : Colson Whitehead
Année : 2017
Editeur : Albin Michel
Résumé : Cora est esclave dans une plantation de coton de Georgie. Au coeur d'une Amérique coupée en deux (au nord les états abolitionnistes, au sud les états esclavagistes) la jeune fille décide de suivre Caesar qui lui propose de s'évader. Au péril de sa vie, traquée par Ridgeway l'impitoyable chasseur d'esclave, Cora va vivre une odyssée sanglante et emprunter le fameux Underground Railroad pour tenter de gagner sa liberté.
Mon humble avis : Critiques dithyrambiques, best-seller international et surtout prix Pulitzer ce roman de Colson Whitehead s'annonçait sous les meilleurs auspices. Il suffit de jeter un coup d'oeil aux romans précédemment récompensés par le jury de l'université de Columbia pour pour se rendre compte à quel point leur goût est sûr et avisé : 2014 le génial Chardonneret de Donna Tartt, 2007 la route chef d'oeuvre de Cormac McCarthy ou encore d'illustres auteurs élus tels que Philip Roth, Toni Morrison ou Richard Russo. Bref du grand, du très grand et j'espérais que Colson Whitehead s'inscrirait dans cette fabuleuse lignée. A mon plus grand regret ce ne fut pas vraiment le cas et je vais essayer de vous expliquer pourquoi à travers cette petite chronique. Si Underground Railroad est à n'en pas douter un excellent roman traitant d'un sujet fort et passionnant, le traitement choisi par l'auteur, la distance qu'il impose à son lecteur par rapport à son personnage principal ne m'aura jamais vraiment permis de rentrer dans ce texte. A vouloir éviter le pathos à tout prix Whitehead impose une lecture distanciée que beaucoup trouveront brillante mais qui m'a personnellement gâché le plaisir de lecture. L'histoire de cet Underground Railroad est édifiante, Cora une héroïne complexe au destin hors du commun et pourtant j'avoue avoir éprouvé un certain soulagement en arrivant au bout de ces 400 pages. La raison ? le peu d'attachement ressenti à l'égard des personnages de ce roman, le manque d'émotion, la distance de l'écriture. Whitehead a du penser que le message historique et politique de l'oeuvre suffirait à faire de cet Underground Railroad un objet littéraire inoubliable et ce fut le cas pour beaucoup mais pas pour votre serviteur. Certes ce prix Pulitzer recèle de véritables pépites d'écriture, de scènes fortes et inspirées. Certes la description de cette société Américaine pré-guerre de sécession est fouillée, précise, provoquant chez le lecteur dégoût et consternation mais cela n'en fait pas un roman inoubliable. Un bon roman c'est certain mais pas un grand roman, à mon humble avis.
J'achète ? : Je vais surement vous surprendre tant l'accueil pour cet Underground Railroad fut unanime, mais je réitère : trop peu d'émotion malgré des passages édifiants, trop peu d'empathie pour Cora malgré son destin funeste; des chapitres qui n'en finissent pas et de l'ennui malgré une écriture onirique pleine de charme ( surtout lorsqu'il s'agit du fameux train clandestin qui est décrit magnifiquement par l'auteur en dépit de toute réalité historique ). Un avis mitigé donc, forcément.

Lien : http://francksbooks.wordpres..
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L'Underground Railroad permettait aux esclaves noirs américains, à travers un réseau de routes clandestines, de s'échapper des états esclavagistes vers des états où ils pouvaient espérer gagner un peu de liberté.
Dans ce livre, l'auteur a choisi de décrire « l'Underground Railroad » comme un véritable chemin de fer souterrain, même si la réalité était autre, puisqu'il s'agissait plutôt d'un réseau de routes secrètes. Cependant, le vocabulaire ferroviaire était employé par les utilisateurs de ce réseau, comme les termes « gares », « chef de train »…, ce qui a conduit à baptiser le réseau « Underground railroad ». Les esclaves allaient de gare en gare, vers le Nord, et étaient aidés dans leur fuite, par des abolitionnistes, qui prenaient de gros risques pour eux et leur famille. Ces sympathisants anti-esclavage pouvaient être Noirs (des Noirs nés libres ou affranchis) ou Blancs.
Cora est une jeune esclave, maltraitée, dans une exploitation de coton en Georgie. Elle sera incitée à fuir par Caesar, un nouvel esclave arrivé de Virginie sur la plantation de coton. Après avoir refusé, Cora changera finalement d'avis et suivra Caesar.
Tout au long du livre, on suit Cora dans sa fuite, d'un état à l'autre, poursuivie sans relâche par un chasseur d'esclaves qui n'a de cesse de la ramener à son « maître ». de nombreux passages sont très difficiles, même si l'on connait quelque peu déjà cette partie de l'histoire des Etats Unis. Les personnes ayant pu aider un esclave à fuir, qu'elles soient noires ou blanches, étaient livrées à la population afin d'être lynchées et exposées ensuite au bout d'une corde. Ces lynchages étaient organisés et les gens se réunissaient pour assister « au spectacle ». Il est également question des campagnes de stérilisation destinées à limiter la natalité au sein des gens de couleur, campagnes ayant pour but de contrôler « la masse noire », afin de rassurer des Blancs terrorisés par un éventuel soulèvement des personnes opprimées. le maintien dans l'ignorance des esclaves avait aussi pour objectif de garder le contrôle.
Même s'il s'agit d'un roman, on est obligé de s'interroger sur les atrocités qu'ont pu subir dans un passé plus ou moins proche certains peuples ou catégories de personnes.
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