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EAN : 9782070425464
367 pages
Gallimard (13/11/2002)
3.68/5   56 notes
Résumé :
Des hommes, des femmes et des enfants, demeuraient serrés les uns contre les autres sur les ponts. Beaucoup pleuraient en silence. Beaucoup s'étreignaient. D'autres restaient à l'écart, prostrés dans une douleur muette. Tous éprouvaient le même chagrin, la même détresse devant l'inconnu qui s'ouvrait devant eux et qui ressemblait à cette nuit si noire et si hostile. Chacun, à ce moment, se retrouvait seul dans sa souffrance. Et chacun s'accrochait à une certaine idé... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Dans cette suite à Une Poignée de gens, on retrouve le style limpide et empathique de Wiazemsky. Les personnages sont toujours aussi bien dessinés, clairs et sensibles.

Le titre est trompeur, nous nous trouvons tout au long du roman dans "l'avant", déjà l'exil mais en Crimée, avant le complet déracinement, douloureux et sans retour.

Contrairement au livre précédent qui naviguait entre élégie et inconscience, ce récit est le constat par la famille Belgorodsky de son monde déjà effondré, et sa trajectoire vers la résignation. Les violences de la Revolution Russe leur apparaissent d'abord assourdies par les murs du havre de paix de Baïtovo et les nouvelles lointaines de Petrograd ou de Moscou. Mais bien vite, l'Hisoire en marche deviendra écrasante et les touchera de plein fouet.

Anne Wiazemsky réussit à la fois à nous faire croire qu'elle est le témoin direct de cette époque particulière et à toucher à quelque chose de plus universel. C'est encore elle qui l'explique le mieux.
"C'est ma façon de parler d'aujourd'hui en me référant au passé. Chaque fois que je regarde, à la télévision, ces colonnes de gens qui fuient le Rwanda, le Kosovo, quelque endroit du monde, je songe que c'est toujours le même effondrement. Ces êtres chassés qui n'ont plus d'identité et se dirigent vers nulle part me hantent."

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De tous les livres d'Anne Wiazemsky, ceux que je préfère est ceux qui sont le moins autobiographiques. J'ai toujours eu du mal à me figurer le succès dont elle bénéficiait à une certaine époque et je l'ai donc boudée... jusqu'à ce que je lui donne récemment une deuxième chance. Après avoir lu Une poignée de gens qui me réconcilia avec l'auteure, je me devais de lire la suite soit Aux quatre coins du monde. Je m'attendais à vivre — à cause du titre, sans doute — le tourments de la vie des Russes blancs en exil mais, en fait, c'est la période, non moins tourmentée et souffrante, qui précède l'exil qui est relatée dans ce roman. J'y ai trouvé beaucoup de finesse dans la description de cette période si particulière telle que vécue par une famille pricière où le passé n'est plus mais ou l'on vit encore de l'espoir de retrouver le paradis perdu... jusqu'à ce que l'évidence de l'Histoire s'impose, implacable et meurtrière.
Il m'en reste l'impression d'une belle découverte et la leçon qu'un(e) auteur(e) ne peut être apprécié(e) sur quelques unes de ses oeuvres... À tous ceux qui s'intéressent de près ou de loin à la Russie, à la révolution de 1917, je recommande la lecture des deux romans ci-dessus cités qui permettent de toucher du doigt cette réalité, sans préjugé.
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Second volet de "une poignée de gens". Récit de la famille de l'auteur de la Révolution russe d'Octobre 1917 à leur exil définitif en 1919. La famille sera dispersée aux quatre coins du monde mais le roman s'en tient à la période précédant l'exil. La famille a quitté son domaine de Baigora et vit en Crimée, près de Yalta, région qui n'est pas encore gagnée par les Bolcheviks.
La guerre civile est proche et lointaine, la menace précise et lointaine, les temps incertains. Qui va l'emporter des Rouges ou des Blancs ?
Les enfants, loin des cruelles réalités, jouent, heureux de vacances qui se prolongent, les adultes alternent entre espoir, angoisse, peur, désespoir. Les deuils sont nombreux dans la famille. Un premier exil intérieur, un havre de paix illusoire et provisoire en Crimée avant l'exil définitif des Russes blancs. Agaçants par leur égoisme et touchants par leurs illusions, leur nostalgie, leur désespoir face à l'effondrement de leur monde.
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Ce livre est la suite du livre « Une poignée de gens », relatant l'histoire d'une famille aristocrate russe avant la révolution. L'angoisse de vivre dans un pays en pleine perte où les règles changent, est très bien rendue. le principe narratif est identique à l'ouvrage précédent sous forme de journal tour à tour tenu par les femmes de la famille. Ce qui m'a beaucoup plu est la description de l'ambiance de l'époque : ne pas savoir où on va, à qui se fier, où on sera demain, la fragilité de la situation.
Lien : http://objectif-livre.over-b..
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toujours l'âme slave & l'exil!!
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Citations et extraits (19) Voir plus Ajouter une citation
Adichka et Nicolas se connaissaient depuis l'enfance et leur domaine, dont ils avaient depuis la mort de leur père l'un et l'autre la charge, étaient très proches. Des relations de voisinage, fréquentes et agréables, s'établirent entre les deux jeunes couples. En 1916, la vie à la campagne, dans cette partie de la Russie centrale, semblait encore protégée des troubles et des émeutes qui déjà désorganisaient les grandes villes. Il en fut tout autrement dès le printemps 1917, jusqu'à l'assassinat d'Adichka, le 15 août. Le 13, une foule immense avait envahi le domaine des Belgorodsky. Conduite par des agitateurs étrangers à la région, cette foule jusque-là pacifique avait exigé l'arrestation et le jugement immédiat des maîtres. Malmenés puis emprisonnés, Nathalie et Adichka assistèrent impuissants au déferlement de haine et de violence. Des paysans qui leur étaient demeurés fidèles voulurent les faire évader. Il leur fallait pour cela des armes et des chevaux et ils allèrent demander l'aide de Nicolas Lovsky. Mais celui-ci jugea l'entreprise trop risquée. « Nous serons tous pris et massacrés », dit-il comme ce fut noté dans un rapport de police dont Nathalie eut connaissance un mois après. En refusant d'agir, Nicolas avait sincèrement cru protéger sa femme, ses amis et leurs alliés paysans. Qui pouvait alors prévoir que quelques heures plus tard Adichka serait assassiné par des soldats mutins venus on ne savait d'où ? Le pillage des autres grands domaines de la région ? Le lynchage des propriétaires terriens qui ne surent s'enfuir à temps ? Adichka Belgorodsky avait péri le premier, victime innocente s'il en fut de ce que la veille encore, incrédule, il appelait la « folie des hommes ».
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Lettre d'Olga Voronsky
à Léonid Voronsky

10 avril 1919

Mon cher époux, mon Léonid,

Si quelques-unes de mes lettres sont bien arrivées et si certaines des tiennes ont su me trouver à Yalta, j'ose espérer que celle-ci te parviendra. Je la confie au cousin de nos voisins qui compte par d'aventureux moyens gagner la Lituanie où tu te trouves. Eh bien voilà, ce que nous redoutions tous depuis quelques jours est arrivé, nous partons demain sous la protection de la flotte anglaise pour Constantinople car, comme nous le pressentions depuis le début du mois, les Rouges sont à notre porte C'est le commandant de la flotte anglaise qui a prévenu l'impératrice douairière de l'imminence de leur arrivée, mettant à sa disposition et à celle de sa famille un croiseur. Mais avec la grandeur d'âme et le courage qui la caractérisent, elle a exigé que la protection britannique s'étende sur tous les Russes candidats à l'exil, plus d'un millier de personnes, dit-on. Nous avons eu quarante-huit heures pour rassembler nos bagages : pas plus de deux malles par famille ainsi que l'exige le règlement draconien de la flotte anglaise. Nous serons très nombreux, demain, à partir. Si le gros de l'embarquement aura lieu à Yalta, nous nous embarquerons du petit port que l'arrière-grand-père de Xénia a fait construire à deux kilomètres du palais de Baïtovo. J'espère que nous y serons plus en sécurité qu'à Yalta ou sur les routes. La situation politique s'est inversée en un rien de temps ! Jamais je n'aurais cru ça possible il y a seulement un mois, et même encore, à quelques heures du départ, je n'arrive pas à y croire !
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A croire qu'hommes et bêtes s'étaient couchés sans attendre la nouvelle année. Comme si chacun, tacitement, n'en espérait plus rien. Bichette, la première, rompit le silence.
- Bonne et heureuse année, dit-elle sur un ton qui se voulait léger.
-Bonne et heureuse année, répondirent mécaniquement Xénia, Olga et Nathalie.
Elles s'embrassèrent à tout de rôle dans la nuit sombre et froide. Soudain une fusée éclata dans le ciel, aussitôt suivie de quelques autres. De la plage de Yalta, on tirait un feu d'artifice. Mais le ciel un bref instant illuminé redevint noir et le silence, à nouveau, recouvrit tout.
1919 venait de commencer.
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JOURNAL DE TATIANA
10 avril 1919

Demain nous quittons la Russie sur un navire anglais. Ce grand départ me serre le cœur. Qu'adviendra-t-il de nous tous ? Les adultes font bonne figure malgré leur tristesse. Sauf tante Xénia qui ne cache pas son soulagement (mais cela fait presque deux ans qu'elle veut quitter la Russie avec ses enfants. À l'époque, je me souviens que personne ne la prenait au sérieux). Tante Olga, comme d'habitude, supervise tout y compris le contenu de mon bagage. Ce ne serait pas la mère de ma Daphné chérie je dirais volontiers qu'elle m'agace. Ma sœur Nathalie est je ne sais où avec Bichette qui elle s'enfuit vers le Caucase. Ces derniers jours, Nathalie semblait plus lointaine qu'à l'ordinaire. Elle avait retrouvé ce que nous appelons entre nous « son visage de pierre ». Je voudrais tant que ma sœur soit de nouveau heureuse ! Que lui réserve sa nouvelle vie ? Et la mienne ?
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Les deux jeunes femmes étaient ensemble pour la dernière fois. Le lendemain, l'une quitterait peut-être pour toujours la Russie et l'autre s'enfuirait vers le Caucase. Pareillement émues, elles tentaient de rester calmes, de dissimuler leur trouble, leur chagrin. Cela les rendait raides et maladroites et quand l'une, en se reculant, heurta un livre, ce fut comme un soulagement. Presque au même moment retentirent des cris et des rires, les bruits d'une course, dehors, sur le gravier. Une porte claqua à trois reprises, quelque part au rez-de-chaussée, et des voix aiguës d'enfants se mêlèrent aux remontrances d'une autre voix, anglaise et féminine : « Children don't run, don't scream. »
– Miss Lucy va avoir du mal à les envoyer se coucher...
– Pourtant, elle leur a fait faire une longue promenade pour les fatiguer...
– Mais la perspective du départ les surexcite...
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