Je me sens très, mais alors trèèèèèèèès loin des préoccupations des rosières de bonne famille 60's, des légèrements gourdes aux vélleités émancipatrices-mais-pas-trop, qui concilient tant bien que mal la bienséance et une bohème artise. Bref, Anne Wiazemsky a tout pour m'horripiler. Ce qui était d'ailleurs le cas, à l'origine. Alors pourquoi, toujours, arrive-t-elle à me toucher, dans ses écrits? Sa vraie voix - pas le filet monocorde enregistré par Bresson - sa voix intérieure est légère, volatile, et pourtant teintée d'une gravité mélancolique.
Ici, le fil des souvenirs est ténu, fait d'une accumulation de pas grand-chose mis bout-à-bout, et pourtant au final tout tient, dans ces Hymnes à l'amour minuscules et nuancés - père, mère, baby-sitter – à travers son regard d'enfant. C'est, comme toujours chez Wiazemsky (du moins dans son roman familial et autobiographique morcelé en divers titres) cette faculté à ressentir les émotions du passé avec l'intensité du présent qui emporte le morceau avec moi, alors qu'on pourrait facilement se gausser de cette innocence de l'écriture. Etant plutôt sensible d'ordinaire aux envolées lyriques et excessives, la simplicité extrême de son style m'émeut.
J'ai récemment entendu un critique se demander si Wiazemsky était vraiment de la littérature (sa réponse étant évidemment non). Je ne saurais dire, mais cette écriture fluide, comme une évidence, est d'une sensibilité et d'une pudeur précieuses. Et puis, allez, je ne résiste pas à un petit coup de mauvaise foi : Wiazemsky, elle, et contrairement à Levy ou Musso est à la NRF... (Svp, ne pas me faire une liste des croûtes publiées par la NRF, j'en ai déjà quelques unes en stock)
Bon, Anne Wiazemsky, restant une fille bien élevée, évacue avec une grâce toute bourgeoise (Mauriac en grand-père du côté maternel, princes russes exilés côté paternel, ne l'oublions pas) le potentiel scandaleux, libertin, des amours de ses parents en dehors du joug conjugal. Mais je lui pardonne volontiers de ne pas flatter ma propension voyeuriste et scabreuse (et il faut que j'arrête de lire Closer chez mon dentiste).
Il nous est si familier l'immense succès d'Edith Piaf : « L'Hymne à l'amour ».
C'est lui, écouté et réécouté par Anne Wiazemsky jeune, qui inspirera le titre de ce livre.
A une exception près : le singulier se transforme ici en pluriel : « Hymnes à l'amour ».
L'hymne de sa mère à l'amant, l'hymne de son père à la maîtresse, l'hymne de l'auteure à ses parents disparus sans oublier l'hymne malhabile de Madeleine (la jeune fille qui « garde » l'auteure et son frère au temps de leur enfance), l'hymne en demi-teinte de Maud (la maîtresse retrouvée trente ans après).
L'amour y révèle ses nombreux visages : tendre, adolescent, passionné, dévoué, filial, simple et simpliste, rêvé, décevant, douloureux... très souvent.
On croise les côtés clairs, les côtés sombres de chaque être. On voit se dérouler le cortège des espoirs et des regrets même si l'autre succès de la chanteuse aimée affirme le contraire.
Un beau portrait d'amour pur, celui de François Mauriac, en grand-père présent et tendre.
L'histoire de gens qu'on ne connaît pas et qui s'insinue dans notre tête : une histoire de gens qui s'aiment par quelqu'un qui les aime.
Anne, la narratrice, part à la recherche d'une amante de son père pour respecter les dernières volontés de celui-ci. La démarche n'est pas inintéressante et c'est l'occasion pour l'auteure de nous présenter des moments de son enfance, les liens pas toujours faciles entre son père et sa mère ainsi que les doux instants passés avec Madeleine qui prend soin d'elle et de son frère.
Le récit n'est pas désagréable, mais il manque d'unité à mon sens. Certains passages, ceux de l'enfance, sont tout de même savoureux, mais on sort de la lecture avec le sentiment qu'il manque quelque chose à cette oeuvre. On ne retiendra de ce livre rien de vraiment marquant si ce n'est quelques doux moments. J'ai préféré de beaucoup Mon enfant de Berlin de cette auteure.
Un petit trésor. J'adore l'écriture de Anne Wiazemsky. Elle est belle, simple et entrainante!
Dans ce tout petit livre, Anne Wiazemsky raconte sa jeunesse en Suisse et puis les amours de son père. Tout ça avec son grand-père, François Mauriac, toujours présent.
Dans ce roman, Anne Wiasemsky évoque des épisodes de son enfance, bercée par la célèbre chanson d'Edith Piaf l'hymne à l'amour.
Avec nostalgie, la romancière se souvient de son père, mort trop tôt, alors qu'elle était encore adolescente. Elle se souvient de sa maladie, terrible moment pour tous, mais aussi de sa joie de vivre avant qu'il ne tombe gravement malade. C'est avec beaucoup d'émotion qu'elle parle de cet homme, trop peu connu, mais tant aimé.
Elle se souvient de sa mère écoutant en boucle l'hymne à l'amour après un chagrin d'amour qui l'avait brisée. le couple qu'elle formait avec son père était "libre", chacun vivant ses amours de son côté.
De très belles pages sont également consacrées à Madeleine, la baby-sitter. Elle était jeune, jolie et dévouée. Elle fredonnait souvent l'hymne à l'amour. Anne et son frère l'adoraient. Elle s'occupait d'eux quand leurs parents s'absentaient, trop souvent, pour vivre leur vie d'adulte.
La dernière partie du livre est consacrée à la rencontre avec Maud, la maîtresse de son père. Leur chanson fétiche à tous deux était aussi la chanson de piaf…
C'est un livre très personnel. Avec beaucoup d'émotion, Anne Wiasemsky nous fait partager des souvenirs très intimes. Comme beaucoup d'enfants, elle a connu des joies et peines. Et c'est avec beaucoup de talent qu'elle parvient à trouver les mots justes pour parler de cette période de sa vie qui ne date pas d'hier, mais dont le souvenir paraît être resté intact dans sa mémoire. J'ai particulièrement aimé les pages consacrées à son père. Quel bel hommage ! Il n'était pas parfait, certes, mais ses défauts sont évoqués avec tant de tendresse.
J'aime beaucoup l'écriture mélancolique de la romancière et il me tarde de continuer à explorer son oeuvre.
"Fille de", non, mais petite-fille de :