La célèbre chanson d'
Edith Piaf, l'Hymne à l'Amour, vient ponctuer à plusieurs reprises le cours du récit, comme un air à la mode lancé sur les ondes radiophoniques. Il aère la structure, comme une musique le ferait, tout au long d'une journée silencieuse. Il nous rappelle que l'amour c'est toujours le même refrain.
Ce roman autobiographique est constitué de fréquents retours sur le passé, de souvenirs au travers desquels il y a l'idée de se réconcilier avec sa propre histoire par-delà le temps.
François Mauriac, le grand-père de l'auteure, fait plusieurs incursions bienvenues, et les passages habités par sa présence, sont des instants de lecture émouvants et généreux, car on participe aussi à ces moments. Cependant, ce ne sont pas ceux les plus importants.
L'objet est une quête personnelle de l'auteur. A la mort de sa mère, Anne découvre, en compagnie de son frère, un document oublié, qui fut le testament de leur père, décédé plusieurs années auparavant. Dans ses dernières volontés, il avait demandé que l'on remette divers objets à une dame mystérieuse. Sa maîtresse présumée. Qui dit maîtresse dit double vie.
Leur mère a-t-elle pris ses dispositions pour la contacter ? Rien n'est moins sûr. Anne se souvient de quantité de détails, elle redessine les personnages de sa vie, leur psychologie, leur tempérament. Emue par cette relation amoureuse vécue par son père, et guidée par l'honnêteté du geste, elle décide de se rendre chez cette dame à Genève. La relation amoureuse ayant existé entre ses parents, celle d'un couple libre, s'impose également à son souvenir.
L'écriture est élégante, on plonge vite dans cette histoire qui nous fait entrer avec Anne dans une dimension personnelle et dans l'histoire de ses parents, au travers de cette chanson de Piaf. On est sans cesse guidés par la quête d'une idée émotive à préciser. Un beau livre.