Il y a certaines personnes à qui on peut difficilement donner un âge. Elles sont comme des photos que le temps a figées et dont on ne retrouve plus la date. Seuls leurs yeux parfois les trahissent, et l'on devine que les années de leur jeunesse sont bien loin.
La vie, c’est le vacarme, les gens qui parlent fort et entrechoquent leurs verres à la santé du bonheur.
Je n'ai qu'une crainte en poussant ma porte, c'est que Marcus fasse sa mauvaise tête et refuse que Clara l'approche. Mais à peine est-elle assise sur mon vieux fauteuil que le bougre vient ronronner à ses pieds pour finalement venir s'installer sur ses genoux et réclamer des caresses. Dire qu'il m'a fallu dix ans pour obtenir ce traitement de faveur! Tu vois, mon vieux chat, je ne t'avais pas menti. Tu seras heureux auprès d'elle le jour où je ne serai plus là.
"Les ombres sont toujours là...HURLANTES.
Cette fois, elles viennent me chercher, il est temps, me disent-elles!
Je veux les rejoindre, me fondre avec elles.
Oui, il est temps........
Je souhaite que s'arrête le cauchemar du souvenir, et surtout cette odeur que je traîne avec moi et qui continue à me donner la nausée......"
Le bonheur, cela se décide, Clara!Tu le portes en toi comme le plus beau cadeau que la vie t'a donné. C'est à toi de le semer et de le faire pousser. Lorsque tu as trouvé la graine, tu dois la protéger, lui donner un peu d'eau, elle grandira et prendra de la place, tu n'auras alors rien d'autre à faire que de jouir de sa beauté.
Qu'y a-t-il de plus beau qu'une femme amoureuse ?
Au creux de mon lit, je suis habitée par une paix indéfinissable. Clément m'a, en quelques mots, apporté ce que je cherchais depuis toujours : le repos de l'âme. Je peux enfin abandonner aux ombres du passé la culpabilité d'avoir eu un grand-père qui a fait couler le sang et a sali le mien. Dans son regard où je craignais de lire du mépris, j'ai lu l'amour qu'il me portait. J'ai pour la première fois quelqu'un à qui je peux confier mes cauchemars.
Rire du temps qui passe, rire avec le soleil, rire de la vie… D’ailleurs je ris tellement que Marcus se réveille en sursaut et me regarde avec des yeux de fou. Viens, mon vieux chat, viens rire avec moi !
Hier je la trouvais jolie, ce soir je l’ai vue belle. Le vent quelquefois poussait une mèche de ses cheveux sur ma joue comme une caresse gonflant mon envie d’elle.
Assis entre deux tables très bruyantes, dont les conversations n'avaient aucun intérêt, j'étouffais.
J'ai hésité à ôter ma veste car cela ne se fait pas dans un lieu public ; j'ai gardé mes habitudes d'un autre temps. Mais comme la toile de ma chemise me collait de plus en plus au corps, je m'y suis résolu. Même en plein été, sous un soleil de plomb, je fais toujours attention à ne pas le dévoiler. Non pas que j'ai honte, bien au contraire, mais j'ai vu trop de regards gêné sur mon matricule… Comment oublier le visage de Clara lorsque ses beaux yeux se sont posés sur mon avant-bras ? J'y ai lu tant de choses, et je n'en ai compris aucune. La petite s'est pétrifiée, incapable de détacher ses yeux de la marque douloureuse. Maladroitement, j'ai fait redescendre la manche de ma chemise comme pour anéantir le sortilège. Mais déjà elle partait, murmurant un pardon dans lequel j'ai deviné de la honte…
Qu'avait-il pu se passer en elle pour qu'elle s'échappe ainsi ?