Encore une bonne pioche parmi les Harlequin vintage. Se pourrait-il que j'aie involontairement enchaîné tous les mauvais dès le départ ? Toujours est-il que «
La porte enchantée » se lit avec plaisir d'un bout à l'autre, malgré une absence totale de surprises.
Premièrement parce que
Mary Wibberley, dans cet ouvrage du moins, a été une grande adepte du foreshadowing. Mais pas le petit clin d'oeil discret que tu ne remarques qu'après coup, non, plutôt les phrases du style « la journée n'avait pas fini de lui réserver des surprises, mais ça, Andrea ne s'en doutait pas encore ». Et il y en a... partout. Au lieu de se laisser porter par le récit et de découvrir en même temps qu'Andrea, on a donc toujours une longueur d'avance qui gâche chacun des rebondissements. C'est dommage, car on ne les devinerait pas forcément autrement... L'autrice a été plus subtile avec LE gros plot twist de l'histoire, mais là, à l'inverse, on a des doutes dès le départ !
Ceci dit, ça ne gâche pas une lecture somme toute agréable, où Andrea, modeste employée de bureau, se retrouve à vivre un conte de fées inattendu, mais bien réel. Peu réaliste me direz-vous ? Et alors ? Ce n'est pas pire que ce qui sort actuellement dans la collection Azur/Presents. D'ailleurs, le récit a très bien vieilli et hormis le phrasé des personnages à l'occasion, rien ne trahit le fait qu'il a été écrit en 1975.
«
La porte enchantée » est un récit posé, lent, où le prétexte de l'oncle malade ne dépasse finalement jamais ce stade du prétexte. Toute la première moitié se déroule à Londres, où Andrea fait la connaissance de Marco et Dominic. Ces deux-là, c'est le jour et la nuit : Marco est aussi agréable et avenant que Dominic froid et bourru. La raison en est d'ailleurs un poil plus complexe que ce que l'on croit deviner. La seconde moitié, c'est la maison de Corfou, où Andrea passe la plupart de son temps en compagnie de Sapphira, la nièce de Marco. La gamine se révèle super attachante et on en oublie presque tout le reste, à commencer par le fait qu'on est censé lire une romance. S'il n'y a pas vraiment de haine entre Andrea et Dominic, et en dépit d'une certaine alchimie entre eux, leur méfiance mutuelle à l'égard de l'autre bloque leurs échanges au stade de la conversation pas-toujours-si-polie et la situation n'évolue guère avant les tout derniers chapitres. Définitivement pas l'aspect le plus réussi du livre !
Pourtant, on ne s'ennuie pas. le rythme du récit est maîtrisé, l'intégration d'Andrea à son nouvel environnement progressive, les personnages secondaires suffisamment développés pour avoir une véritable épaisseur.
Et quid de la fameuse porte, est-elle vraiment enchantée ? A vous de décider ! Croyez-vous aux vieilles légendes, ou non ?