Après avoir lu deux dizaines de livres d'auteurs sud-africains, ça faisait du bien de me lancer dans quelque chose d'autre que l'habituelle ségrégation raciale et l'apartheid. Je comprends que cet épisode constitue une partie importante de l'histoire moderne de l'Afrique du Sud et qu'il soit tout aussi important d'en parler, mais j'ose espérer qu'il y a autre chose en Afrique du Sud qui vaille la peine qu'on écrive dessus. Et c'est ce qu'a fait
Zoë Wicomb avec son recueil de nouvelles
Une clairière dans le bush. Bon, on ne peut pas complètement échapper à l'apartheid mais, dans ce cas-ci, c'est très subtil, presque en filigrane, et pas toutes les nouvelles en traitent, certaines pas du tout.
À travers dix nouvelles, l'on suit le parcours de Frieda Shenton. Père Blanc plutôt riche, mère Noire qui meurt rapidement, la jeune Frieda fait l'apprentissage de la vie. Ça inclut décrire son univers rassurant dans le bush, le Namaqualand, les lieux, les gens, tout ce qu'elle pourra garder comme souvenir dans ses voyages. En effet, dans la troisième nouvelle, elle apprend qu'elle doit quitter sa région natale pour le Cap où elle intègre une école privée. En route, elle fait quelques constatations sur le sort réservé aux Noirs et elle comprend sa chance, en tant que métis. Éventuellement, il y a un autre départ, pour l'Angleterre cette fois-ci. Dans les dernières nouvelles, dix ans plus tard, à son retour dans son pays, Frieda jette un regard nouveau sur son pays qui, lui, n'a pas changé. Mais, dans tous les cas, c'est toujours agréable de revenir sans son « Home sweet home ».
Et c'est justement ce que je retiens d'
Une clairière dans le bush. Les nouvelles en soi sont plutôt ordinaires dans le sens où il ne s'y passe pas grand chose de mémorable. C'est agréable sur le coup mais on oublie vite. Après tout, ce sont les tranches de vie d'une adolescente à qui il arrive peu mais qui est très observatrice. Néanmoins, j'ai beaucoup apprécié à cause du dépaysement qu'elles procurent. J'ai vu, j'ai senti et j'ai entendu l'Afrique du Sud. Je l'ai presque touchée. le bush, la poussière, les gens, dont quelques uns excentriques, leurs plats (manger des lamelles de viande d'autruche séchée, entre autres, pas du tout dans mon quotidien), leurs façons de s'adresser la parole, tous ces mots du quotidien dans une autre langue, pour parler de réalités que je connais ou pas. Puis ces lieux uniques, la végétation, les villes, etc. Je me suis senti transporté, comme dans un autre univers.