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Critique de JeanPierreV


Les deux assassins d'Emmet Till, jeune gamin de quatorze ans sortiront libres du tribunal, libres, la cigarette au bec et hilares. le jury du Mississipi composé exclusivement de blancs, a délibéré pendant une heure...une heure pendant laquelle les membres ont également mangé le repas qu'ils avaient demandé qu'on leur porte. Emmet était un gamin noir venue de Chicago . Il avait eu l'audace insolente de siffler une femme blanche. Alors il l'ont enlevé, tabassé à coups de poings, en lui écrabouillant le visage, tué d'une balle dans la tête, et ont jeté à l'eau, "le corps mutilé avait été jeté dans les eaux de la Tallahatchie lesté d'un cylindre d'égreneuse à coton de trente-cinq kilos arrimé à son cou par du fil barbelé".
Roman ? Non, triste réalité d'un meurtre raciste commis en 1955, vérité des images trouvées sur le Net du visage du gamin, des mines réjouies des deux meurtriers sortant libres, de la salle du tribunal qui les a relaxés.
La maman tentera de les faire rejuger, non plus pour crime, mais pour enlèvement...En vain...Le tribunal refusera de réexaminer le dossier car Louis Till, père d'Emmet, soldat noir engagé dans l'armée américaine combattant en Europe avait été condamné à mort pour viol et meurtre d'une femme blanche en Italie et mourut par "Asphyxie par pendaison juridique" selon le certificat de décès militaire
Affligeantes réalités de cette démocratie américaine qui refuse de juger une affaire du fait du passé du père d'une victime, qui lie deux affaires indépendantes l'une de l'autre.
Les faits sont avérés. Ce n'est pas une élucubration, c'est le cauchemar de la réalité.
John Edgar Wideman, auteur noir décortique ces deux affaires, qui n'en sont qu'une : le racisme de la société américaine et de l'armée américaine
C'est un livre éprouvant et exigeant...un livre qu'on ne peut lire en se laissant passivement emporter par l'auteur, en suivant le fil d'une histoire.
Éprouvant d'une part, car il plonge le lecteur dans le passé vieux de soixante à soixante-dix ans des États Unis racistes. Une armée qui avec ses boys blancs libérait l'Europe, des boys qu'on retrouvera sur toutes les photos d'époque..les soldats noirs quant à eux étaient affectés aux régiments non combattant du train, des transmissions....des soldats qu'elle cachait et que des tribunaux militaires punissaient, pendaient et enterraient à part dans les cimetières militaires de France. le dossier militaire de Louis Till porte la mention "mort hors combat dû au comportement du soldat". Cette société américaine apportait la liberté mais brimait certains de ses soldats et écrivait "Il est conseillé à l'ensemble des hommes de traiter (les soldats de couleur) avec respect mais de ne pas entretenir des liens d'amitié avec eux"
Éprouvant aussi pour le lecteur, du fait de nombreuses redites, de digressions de l'auteur, mêlant son passé personnel, son vécu de gamin noir et celui d'Emmet Till. Ils avaient tous deux le même âge. Ils ont tous deux connu la condition des noirs. L'auteur arrive à consulter le dossier du procès du père du gamin, un dossier fouillis dont il écrira "ce désordre peut se révéler rédhibitoire."...Malheureusement il n'arrive pas à lui donner une plus grande clarté...il y a trop d'aller-retours, de digressions personnelles ou historiques. Une condamnation à mort vraiment pas claire. Cette impression de désordre pourrait également s'appliquer à s'appliquer également à plusieurs passages de ce livre
'ai par contre beaucoup apprécié cette découverte de la société américaine, cet aspect trop méconnu de l'armée américaine, bien éloigné des images du débarquement, des GI blancs offrant des cigarettes, embrassés par les parisiennes..
C'est sans aucun doute pour cela aussi qu'il mérite d'être lu

Lien : https://mesbelleslectures.co..
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