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Critique de Colchik


Dernier roman publié par Ernst Wiechert, en 1950, l'année même de sa mort, Missa sine nomine tient une place particulière dans l'oeuvre de cet écrivain. Cette singularité tient à son caractère testamentaire et à son message de réconciliation avec le genre humain, avec la nature, avec Dieu. le livre évoque les difficultés d'un aristocrate allemand, survivant des camps, à reprendre pied dans le monde des hommes. Après l'anéantissement des consciences opérée par l'idéologie nazie, l'effroyable barbarie de l'univers concentrationnaire et les destructions nées de la guerre, le baron Amédée von Liljecrona a perdu foi en l'humanité.
Il retrouve le domaine familial après ses quatre ans de détention. le château ancestral est occupé par les Américains et il se réfugie dans une bergerie isolée au bord des marais où il peut fuir tout contact avec ses semblables : « J'ai été dans la fosse aux bêtes, il ne faut plus me parler » explique-t-il à ses deux frères qui comprennent la nécessité de l'abandonner à la solitude. Pour Amédée, il n'y a plus d'espérance après le déferlement de cruauté vécu dans les camps, Dieu a déserté le monde, l'oubli et le pardon sont impossibles. Au fil de ses promenades en forêt, dans les tourbières, il trouve peu à peu un apaisement, mais il lui faudra à nouveau être confronté au Mal pour retrouver pied parmi les hommes.
La nature, les saisons sont au coeur du roman ; elles annoncent les signes du renouveau : « L'herbe allait repousser, les racines, dans la terre, allaient de nouveau être abreuvées, dans cette terre purifiée dont la colère était maintenant apaisée. » le message divin ne peut être entendu que dans une communion profonde de l'homme avec son environnement. La foi, celle du charbonnier, comme celle de l'homme d'Église ou de l'aristocrate, n'irrigue les âmes qu'à la condition de renoncer à l'orgueil et de faire preuve de pitié envers ceux qui se sont égarés sur le mauvais chemin. La plume élégiaque du romancier célèbre la Thuringe, mais aussi le paradis perdu des déplacés, la Prusse orientale et les rives de la Haff.
Il y a des livres remplis de colère et d'autres qui appellent à la réconciliation et à la paix. Missa sine nomine fait partie de ceux-là et Ernst Wiechert, si peu lu aujourd'hui, a inlassablement défendu l'idée de « réchauffer les coeurs » afin de les sauver des « sombres marais du monde et de la mort ».
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