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EAN : 9782841149278
247 pages
Ramsay (21/02/2008)
3.29/5   7 notes
Résumé :
De la fin des années 1940 au début des années 1960, une chape de plomb s'abat sur Hollywood. Pour la droite américaine, qui s'inquiète depuis l’entre-deux-guerres de la place grandissante qu’y occupent les communistes et leurs sympathisants, l’heure de la revanche a sonné. En faisant de l’anticommunisme l’alpha et l’oméga de la politique américaine, la guerre froide légitime une chasse aux sorcières qui touche peu à peu tous les secteurs dits « sensibles », de l’adm... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (2) Ajouter une critique
Quand on aime le cinéma américain des années 40 et 50 on est forcément intéressé par le sujet de la chasse aux sorcières à Hollywood. Ce livre de Thomas Wieder est donc une lecture indispensable à tous les amateurs de films de cette époque.

"Les sorcières d'Hollywood : chasse aux rouges et listes noires" est un ouvrage très didactique, très accessible. Il se lit comme un roman. L'auteur a choisi de traiter son sujet de façon chronologique. du coup, le lecteur n'est jamais perdu.

L'ouvrage met en avant le climat délétère de cette sombre période et se montre très objectif, exposant des faits et ne se posant jamais en juge. le livre a également le mérite de remettre les pendules à l'heure concernant certains éléments.

Je fais bien entendu référence en particulier au cas Elia Kazan, qui encore aujourd'hui est perçu comme l'archétype du traître. Or, comme le rappelle l'ouvrage, le premier à avoir ouvert le bal de la délation n'est autre qu'Edward Dmytryk, un des fameux "10 h'Hollywood" qui craignait de ne plus trouver de travail à sa sortie de prison. de plus, Kazan n'est pas celui qui a donné le plus de noms (il n'en a donné "que" 7 ou 8 alors que certains sont allés jusqu'à citer 150 personnes). Par ailleurs, Thomas wieder décrit très bien l'angoisse qui tenaillait les personnes citées à comparaitre. Etre convoqué devant la commission des activités anti-américaines c'était se retrouver face à un choix cornélien, soit dénoncer des ex-camarades soit renoncer de fait à travailler dans le cinéma.
C'est pour toutes ces raisons, et là je fais une petite digression, que le comportement de certaines personnalités, notamment Tim Robbins et Susan Sarandon (dont par ailleurs je reconnais le talent), lors de la remise d'un oscar d'honneur à Kazan en 1999, m'a toujours agacé. Pour deux raisons :
1- Il s'agissait de récompenser la carrière professionnelle de Kazan et de ce point de vue, c'est indéniable que c'était un très grand réalisateur. Il ne faut pas mélanger, juger l'homme au lieu de l'artiste. C'est comme si on refusait d'honorer la carrière de Polanski sous prétexte que c'est un pervers.
2- Ce genre de comportement insinue qu'eux auraient agi différemment. Or, ils n'en savent rien, ils n'ont pas été confronté à cette terrible pression, à cette menace de ne plus pouvoir travailler.


Je ne résiste pas à la tentation de retranscrire un magnifique discours de Dalton Trumbo (un des "10" qui lui n'a jamais cédé face à la commission) lors d'une remise de prix par le syndicat des auteursdans les années 70 :

"J'imagine que plus de la moitié de nos membres actuels n'ont aucun souvenir de ces listes noires, tout simplement parce qu'ils n'étaient que des enfants à l'époque, voire parce qu'ils n'étaient même pas nés. A eux, il y a une chose que je voudrais dire. La période des listes noires fut sombre, et aucun de ceux qui lui ont survécu, quel que soit son bord, n'en est sorti indemne. En se retrouvant dans une situation qui dépassait les individus, chacun réagit selon sa nature, ses besoins, ses convictions, et les circonstances particulières dans lesquelles il se trouvait. Il y eut de la bonne et de la mauvaise foi, de l'honnêteté et de la malhonnêteté, du courage et de la lâcheté, du désintéressement et de l'opportunisme, de la sagesse et de la bêtise, du bien et du mal, et ce des deux côtés. A de rares exceptions, chacun de ceux qui furent mêlés à cette affaire, d'un côté comme de l'autre, renfermait ces qualités antagonistes dans sa propre personne et dans ses propres actes.
Vous qui avez la quarantaine ou un peu moins, le jour où vous vous intéresserez à cette période sombre - chose que vous devriez faire à l'occasion - ne vous mettez pas en quête de méchants et de héros, de saints et de démons ! Parce qu'il n'y en eut point : il n'y eut que des victimes. Certains souffrirent moins que d'autres, certains tirèrent parti des circonstances, d'autres en pâtirent. Mais au final, nous sommes tous des victimes : tous, sauf quelques uns, nous fûmes obligés de dire des choses que nous ne voulions pas dire, de commettre des actes que nous ne voulions pas commettre, d'échanger des coups et des blessures sans l'avoir voulu. C'est pourquoi aucun d'entre nous - qu'il soit de droite, de gauche ou du centre - n'est sorti indemne de ce long cauchemar."
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Au XXIe siècle, rares sont celles et ceux qui sont encore interpellés par La Chasse aux sorcières de Hollywood, qui a sévi des années 1930 jusqu'à la fin des années 1950. Certains parlent aussi du Maccarthysme, mais j'ai moi-même appris par cette lecture qu'il ne s'agit pas de la même chose. même s'il y a un rapport ténu entre ces deux expressions. L'excellent essai de Thomas Wieder, publié en 2006, explique en 250 pages de manière claire et simple, avec de nombreuses anecdotes à la clé, ce qu'a été la Chasse aux sorcières à Hollywood et comment elle a impacté la vie au sein du soi-disant paradis du cinéma de façon dramatique pendant des années. Il est difficile de résumer le sujet dans un billet, il vaut bien mieux lire ce livre qui, malgré sa concision, relate l'essentiel de cette période et les déboires des nombreux scénaristes, metteurs en scène et acteurs qui en ont été les victimes, bannis de la cité des rêves et pour certains emprisonnés pendant un an, uniquement pour leurs opinions politiques de gauche, qui ne convenaient pas à certains politiciens réactionnaires qui, avant et après la Seconde guerre mondiale, craignaient l'avènement du communisme aux Etats-Unis. Quant au sénateur Joseph McCarthy, dont le nom reste tristement célèbre, il n'a « sévi » qu'entre 1950 et 1954, mais c'est pendant ces quelques années que la Chasse aux sorcières s'est étendue sur toute l'Amérique, et a impacté des millions de citoyens de toutes les catégories sociales et non plus uniquement Hollywood.

Un livre important sur une période sombre du cinéma américain que je vous invite à lire. Après lecture, il sera difficile de ne pas faire un rapport entre cette période lointaine et celle que nous vivons actuellement, que ce soit celle des années Trump ou la recrudescence des idées d'extrême droite et d'extrême gauche, et il n'est pas nécessaire pour cela de forcément porter ses yeux plus loin que l'hexagone.
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