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EAN : 9782330047733
329 pages
Actes Sud (04/02/2015)
3.71/5   12 notes
Résumé :
Ils étaient treize et ne sont plus que cinq. Cinq migrants clandestins ayant cru leurs passeurs, mais bientôt abandonnés dans un désert pierreux battu par les vents, un territoire qu’ils pensaient libre et heureux puisque situé par-delà la frontière.
Mais ces passeurs leur ont-ils réellement fait franchir une frontière ?
Quelque part à l’est de notre continent, une ville, Michaïlopol, poursuit sa lente décadence sous l’oeil désabusé de son commissaire ... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (4) Ajouter une critique
De ce roman je ne sais quoi penser, tant il a été éprouvant de le lire. On est dans un cauchemar éveillé à suivre des migrants, qui errent seuls dans une région totalement désertique. On ne sait où ils sont, juste qu'ils cherchent à trouver la civilisation. Ils sont différents, par leur argent, identité, façon de vivre... Mais ils sont ensemble pour le pire et le pire. Car du meilleur il n'y en aura pas !!!
Parmi eux un jeune garçon et une femme, qui malgré leur détresse à tous "servira" à 2 hommes certains soirs. Ils ne sont plus que cinq car les huit autres n'ont pas survécus. Rien ne nous sera épargné de leur terrifiant périple. Ni des épreuves qu'ils vont vivre.
Et puis dans cette histoire il y a le commissaire Beg. Les chapitres s'entrecroisent. On se doute que cet homme rencontrera les migrants à un moment.
Beg c'est un homme usé, désenchanté, il est flic mais aussi un peu pourri, tout le monde marche comme ça dans ce pays. La corruption au plus haut niveau. Ce n'est pas le mauvais bougre, il vit seul , couche de temps en temps avec son employée de maison à qui il aurait bien fait un enfant...
Dans ce commissariat ce n'est pas la joie, on se débat avec les moyens du bord. Non rien de folichon dans cette histoire.
Beg a rencontré un rabbin lors d'un décès et peu à peu il se persuade qu'il est juif. Il enquête sur ses origines et se passionne pour cette religion. Il s'est trouvé une raison de vivre..
Pendant ce temps nos migrants survivent... Ils sont persuadés que le passeur leur a bien fait passer une frontière... Et qu'ils vont aboutir dans une ville un jour. Même si la haine, la débrouille, le froid, la solitude et la peur est leur quotidien.
Un jour dans cette étrange ville qu'est Michaïlopol, arrive un groupe de vagabonds, maigre à faire peur, des presque morts... Ils font penser à des déportés, tant ils semblent moribonds.
La population s'affole. Ils sont emprisonnés. Ce sont nos 5 clandestins - eux et une tête emmaillotés qu'ils trimballent depuis...Celle de l'homme noir.
Notre commissaire Pontus Beg va devoir comprendre ce qui s'est passé. Nous aussi on aimerait bien que tout s'éclaircisse. Pas facile lorsque nos clandestins refusent tout dialogue.

Je ne sais si on peut tirer une morale de cette histoire. La quatrième de couverture parle d'une condamnation de l'état du monde du XXI siècle.
Si notre monde est comme ça, alors il y a de quoi s'inquiéter pour l'avenir.
Ce roman est puissant, sans concession et terriblement efficace. J'ai cheminé avec ces clandestins et j'ai eu froid tellement froid...
Un grand roman exigeant et accusateur. Pas visionnaire je l'espère.
Je ne suis pas certaine d'avoir tout compris..
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Souffle cruel, souffle magique,
Voici les noms est une pépite.
Un morceau d'or caché au fond d'une poche, un petit bout d'âme qui colle au coeur et au corps.

Mon frère m'a offert ce roman voilà maintenant presque deux ans. Son libraire lui en avait parlé, il ne fallait pas hésiter.
Depuis, régulièrement lorsque je cherchais un nouveau livre à faire mien, j'ouvrais Voici les noms et entamais la première page. Très vite pourtant, et systématiquement, je le refermais, le réinstallant confortablement sur la fatidique et bien trop haute pile de livres à lire. Ce n'était pas le moment, je sentais qu'il me fallait être autre pour en saisir toute l'ampleur.
Certains livres sont comme les desserts de grands chefs pâtissiers ; inutile de les déguster affamé, on aurait de bien trop grandes chances de ne pas les savourer.

C'est donc le corps repu et l'âme gorgée de la poésie de ma dernière lecture que j'ai commencé, il y a deux jours de cela, Voici les noms, un roman superbement intelligent, servi par une écriture limpide et un scénario d'une originalité rare.

Ils étaient quatorze et ne sont plus que cinq. Cinq migrants clandestins ayant cru leur passeur, mais bientôt abandonnés dans un désert pierreux battu par les vents, un territoire qu'ils pensaient libre et heureux puisque situé au-delà de la frontière.
Quelque part à l'est de notre continent, une ville, Michaïlopol, poursuit sa lente décadence sous l'oeil désabusé de son commissaire de police, Pontus Beg. Univers de violence pas toujours ordinaire, d'arbitraire corruption, d'amours ancillaires vagues et misérables – ce flic usé donne soudain sens à sa vie en se découvrant une appartenance religieuse : la Torah devient pour lui promesse de sens, lecture inédite du monde.
Quand les clandestins, après des mois d'errance, arrivent enfin à Michaïlopol, ces moribonds venus d'ailleurs sont pour tous un objet d'effroi. Vite embarqués au poste, ils sont placés à l'isolement. Lors de leur arrestation, on trouve parmi leurs pauvres effets un colis macabre emmailloté dans une guenille.

Le tout peut sembler bien complexe, un peu fouillis, mais il n'en est rien. Avec les chapitres alternent les histoires de Pointus Beg et des clandestins, histoires qui finiront par s'entrelacer superbement, douloureusement.
Sur le mode de l'apologue, Tommy Wieringa, nous livre une remarquable condamnation de l'état du monde au XXIème siècle.
Parce que l'on ne sait rien, ni d'où cela se passe réellement, ni de quand. On ne sait pas non plus d'où viennent ces clandestins, à la recherche d'une vie meilleure et d'une terre promise. Seuls leurs corps décharnés et leurs âmes moribondes nous prennent à la gorge, seule leur immense solitude nous bouleverse. Leurs grands yeux creusent leur visage et ravagent notre coeur ; le peu qui les rattache encore à ce que l'on pourrait nommer Humanité nous émeut aux larmes. Parallèlement, il y a cette recherche des origines de Pontus Beg, cette nouvelle alliance avec la religion juive qui, comme une torche au creux d'un soupirail, met en lumière le récit avec grâce et intelligence. Tout s'imbrique imperceptiblement. A la douleur et la tristesse se mêlent l'innommable et les passions ; à la grandeur du Texte répond la magie de la croyance, les affres de l'imagination.

Un grand roman qui, comme lors d'un bain de gongs, plonge notre coeur et notre âme dans les méandres de résonances sans fin.
Lien : https://www.mespetiteschroni..
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C'est un roman qui a bien des facettes, et d'abord un style limpide, précis et plein d'une force tranquille. L'histoire (les histoires) m'ont longtemps paru parfaitement anecdotique mais touchant de plus en plus souvent, et sans avoir à se forcer, à l'universel, en particulier à travers le thème du quinquagénaire se retournant vers un passé de plus en plus proche de l'enfance, qui est aussi la vérité, par des bouffées de souvenirs qu'il a la sagesse de laisser remonter et d'accueillir. J'ai été moins sensible à ce qui ressortait de la spiritualité, un peu trop teinté ici de religion, à mon goût. Mais tout de même. L'épopée des migrants enfin, surtout dans sa première séquence, avant que s'opère la jonction avec l'autre histoire du livre, est tout à fait saisissante. En écrivant ça, j'en viens à penser que c'est un livre qui me laissera sans doute une trace plus durable que je n'en ai encore conscience.
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Deux histoires passionnantes qui se rejoignent. Deux histoires aux desseins bien mystérieux.
Pontus beg, flic désabusé donne un sens à sa vie en découvrant sa nouvelle religion et donne un sens plus tard à la vie d'un jeune migrant. Mais l'histoire tourne autour des promesses d'un avenir meilleur pour les migrants survivant d'une longue traversée vers l'inconnu en possession d'une tête coupée dans leurs affaires (?!)
Le prix de ce livre est amplement mérité. L'écriture est facile, les personnages sont énigmatiques, l'histoire est déroutante car peu conventionnelle. Un livre que je relirai une deuxième fois avec plaisir.
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Citations et extraits (9) Voir plus Ajouter une citation
C'était la première fois que l'homme d'Achkhabad constatait qu'un Africain pouvait se réclamer d'une religion établie. Dans le représentation qu'il avait de l'Afrique, les Noirs dansaient pour faire tomber la pluie, Ils adoraient de drôles d'objets. Le Coran, la Bible, le livre des juifs - les Noirs n'y avaient pas part. Et voilà que comme ça, ce nègre embrassait une croix. L'Homme d'Achkhabad avait beau n'être ni chrétien ni musulman, ne pas adorer le feu ni pratiquer le culte des ancêtres, il éprouvait pourtant un profond sentiment de malaise - comme s'il était témoin d'un acte sacrilège. Il lui fallait voir en l’Éthiopien un être humain, alors qu'il l'avait jusqu'ici considéré comme un être inoffensif, qui, à la queue de la caravane, écumait et rongeait les os de lièvre avec encore plus d'acharnement qu'ils ne l'avaient tous faits. p 46
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"Vous voyez la saleté du monde, poursuivit Eder. Chaque jour apporte son lot, je suppose... Des faits d'hiver. Le monde en est plein. Des faits divers. La saleté. Vous vous vautrez dedans, c'est votre métier. Mais que faites-vous pour vous purifier de la saleté du monde? Comment vous régénérez-vous ? "
Beg haussa les épaules. " Ce genre de questions.... Mieux vaut peut-être pas les poser.
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Jadis, pays et continents étaient ouverts à ceux qui cherchaient la fortune. Les frontières étaient souples et perméables – elles étaient maintenant bétonnées et garnies de fils barbelés. Tels des aveugles, les voyageurs par milliers à la fois, tâtaient les murs, à la recherche de points faibles, d’une brèche, d’un petit trou à travers lequel ils pourraient se glisser. Un flot d’êtres humains venait se jeter contre ces murs, il était impossible de tous les arrêter. Ils arrivaient, innombrables, et chacun d’eux vivait dans l’espoir et l’attente de faire partie des bienheureux qui pourraient passer de l’autre côté. C’était le comportement des bêtes qui se déplacent en nuées, en volées ou en hordes, qui comptent avec la perte des individus mais qui survivent en tant qu’espèce.
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Alors qu'ils passaient devant la vieille gare, le rabbin dit tout à coup :
"Vous êtes policier .."
Beg regarda de côté.
" Vous voyez la saleté du monde, poursuivit Eder. Chaque jour apporte son lot, je suppose...Des faits divers. Le monde en est plein. Des faits divers. La saleté. Vous vous vautrez dedans, c'est votre métier. Mais que faites-vous pour vous purifier de la saleté du monde ? Comment vous régénérez-vous ?
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Une blague circulait parmi ses clients. "Prenez de ce pain, car c'est mon corps", avait dit Jésus de Nazareth à ses disciples durant la Cène. "Prenez ce corps, car c'est mon pain", disait Tina Bazooka à ses clients.
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Videos de Tommy Wieringa (4) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Tommy Wieringa
À l'occasion de la parution en France de son roman "Sainte Rita", le romancier néerlandais Tommy Wieringa nous parle de ses habitudes d'écriture. . En ce mois d?août 1975, un événement majeur vient troubler la quiétude du village néerlandais de Fagne-Sainte-Marie : un avion s?est écrasé dans le champ de maïs d?Aloïs Krüzen. À son bord, un Russe grièvement blessé. Aloïs s?empresse de le secourir, bouleversant sans le savoir le cours de sa vie et celle de Paul, son fils de huit ans. Quarante ans plus tard, si le temps semble s?être arrêté dans la vieille ferme des Krüzen, le monde extérieur, lui, ne cesse de changer. Paul partage son quotidien entre son magasin de curiosités militaires, son meilleur ami Hedwiges et Rita, charmante prostituée thaïlandaise. Mais le jour où Hedwiges se fait voler ses économies, l?équilibre est rompu?
Chronique villageoise, roman d?amitié et de filiation, Sainte Rita est une ode à ces hommes ordinaires qui cherchent leur place dans un monde en perpétuel changement. . En savoir plus sur "Sainte Rita" : https://www.hachette.fr/livre/sainte-rita-9782234085930
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