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EAN : 9782020257282
328 pages
Seuil (02/04/1998)
4.02/5   68 notes
Résumé :
De la Russie à l'Allemagne, l'Espagne et la Palestine, à travers un siècle marqué par la violence — pogroms, nazisme, guerres — voici le destin d'un jeune poète juif qui voulait tout ensemble vivre sa foi et son idéal communiste. Rêve fou qui s'effondrerait dans le silence et la mort s'il n'y avait ce rire qui soudain s'élève, libérateur et chargé d'espoir, même si nul n'en comprend vraiment le sens.
Prix Nobel de la Paix 1986.

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Critiques, Analyses et Avis (7) Voir plus Ajouter une critique
Ceci est un cri lancé par devant les ténèbres qui s'abattent de nouveau sur le monde. Hélas, poète mort-né ni lu, ni écouté, comment espères-tu encore arrêter la folie et la fureur qui embrasent le coeur des hommes ? Alors toi, lis-moi en entier et tâche de comprendre ma dureté qui n'a pour seul but que prévenir de nouvelles et lamentables lamentations. Ce roman aussi est un cri mais, au contraire du mien solitaire et poussé vers le futur, le sien fait partie de mille jérémiades maintes fois ressassées et prisonnières volontaires de leur passé.

Pénible impression d'ouvrir un livre casher rempli de simagrées et vidé de son sang. Histoire triste à mourir loin d'être une BD, néanmoins asphyxiée par un trop plein de phylactères. On est bien loin de Spinosa. Quel enfermement ! Pendant un tiers du livre, je me cognai la tête au mur en me lamentant, à hurler en boucle : il est mort-né le poète !!! Ne reste que le juif et un livre d'histoire romancée dont bien des morceaux par ici rassemblés m'étaient déjà connus, autrement racontés.

J'ai horreur de tous les sectarismes, de tous le totalitarismes et plus encore de tous les prosélytismes. Je suis allergique, viscéralement, à tous ceux et celles qui se gaussent d'une supériorité quelconque de leur commune ostentation affichée et risible si ce n'était leur volonté farouche de vous imposer leur enfermement. Par tous les moyens, avec une prédilection pour les plus pervers. Au cours des nonantes premières pages, une question lancinante n'a cessé de me tarauder : à quoi bon continuer ?

Il y a bien quelques choses à sauver. Oui, dans les deux derniers tiers, après la fuite vers Berlin, quand les phylactères sont remisés au fond de la valise. Enfin quelques éclairs dans cette nuit, de brefs passages sur un coeur qui bat : "Moi, j'aimais ses cheveux foncés, ses grands yeux sombres, ses lèvres sensuelles ; la regarder, c'était la suivre dans la forêt primitive où tout est permis." p.92 Une vérité universelle sur la guerre : "Mais de part et d'autre la cruauté fut identique. [...] Je me souviens : la statue de la Vierge par terre ; à côte, une jeune femme morte, jupe relevée, cuisses écartées. Près d'elle, une autre statue. Et une autre femme violée. Et ainsi, du porche jusqu'à l'autel." p.184-5

Une longue plainte, il faut dire que le narrateur principal se sait condamné à mort et écrit son testament en cellule d'isolement. Purge stalinienne, normal donc que cela me fasse chi.. . Détresse sans cesse ressassée, et quand le narrateur change c'est pour passer à son fils qui a perdu sa langue ou à un veilleur de nuit qui n'a jamais ri. La mortification est totale. Je suis d'accord avec Raïssa : un poète est fait pour illuminer le présent et chanter la vie, l'amour, la mort ; pas pour s'engluer dans le passé. Ou alors éclairer l'avenir, pour les hommes ... qui sont aveugles.

Ainsi, après la der des der, la deuxième commença vraiment en Espagne. Et la folie s'empara des hommes pour devenir guerre mondiale. Un peintre de génie l'avait senti venir et inséra de mystiques Arlequins pour vaincre les forces de la mort présentes dans son tableau. Alors j'écris dans la nuit tombée : "Y A-T-IL SEULEMENT UN PEINTRE EN SYRIE ?" Pablo, mon ami, entends-tu l'écho de ma voix ?

Me voilà donc au terme d'une lecture difficile, à contre-courant de mes rêves de justice et de liberté, à vouloir jusqu'au bout décrypter un point de vue opposé au mien. Me voici, sans pudeur, marchant sur les morts passés, ne m'intéressant qu'à prévenir les morts vivants. "Et il n'y eut plus d'aubes ni de crépuscules, il n'y eut plus que la guerre." p.230

A toutes les femmes et tous les hommes, quelques soient leurs races, leurs religions, croyances ou philosophies, sans exclusive, sans exclusion, je leur relaie un slogan lu quelque part : "Terrien, t'es pas rien !" et ce qui est pour moi le passage qui sauve ce livre : "Deux êtres s'embrassent, et le gouffre de leur vie s'illumine. Un homme et une femme s'enlacent, et la misère humaine est vaincue. C'est donc si simple, si simple." p.96
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Dans ce roman, Elie Wiesel nous fait partager l'histoire de Paltiel Kossover, torturé et assassiné dans les prisons staliniennes.
Nous lisons ce testament en même temps que son fils Grisha qui y découvre un père qu'il n'a pas vraiment connu. Avec les quelques souvenirs qui lui restent et l'aide d'un vieux monsieur qui lui a transmis le testament, il reconstitue non seulement la vie de son père, mais aussi son état d'esprit, ses états d'âme, sa conscience politique et sa sensibilité.

Ce roman est un voyage à travers l'Europe et ses soubresauts durant la première moitié du vingtième siècle: les pogroms contre les juifs en Russie, le début de la Révolution bolchévique en Roumanie, la montée du nazisme à Berlin, la fuite vers la France, la Guerre d'Espagne, la IIè Guerre Mondiale du côté soviétique, et pour finir les purges staliniennes auxquelles Paltiel ne survivra pas.
Ce livre est remarquable par l'intensité et la fluidité de son recit et l'on partage le destin d'un révolutionnaire communiste qui (comme tant d'autres) voit son idéal trahi.

Ce livre est beau à pleurer.
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"Le testament d'un poète juif assassiné" est un roman à plusieurs voix :

- Paltiel Kossover, poète juif né en Russie au début du XXème siècle, depuis la cellule d'une prison soviétique, couche sur papier le récit de sa vie, des événements et des choix qui l'ont mené en ce lieu.

- Grisha, son fils, découvre ce témoignage posthume d'un père qu'il n'a pas connu, puisqu'il n'était encore qu'un bébé lorsqu'il fût arrêté. Il a grandi en union soviétique près de sa mère, envers laquelle il semble éprouver des sentiments ambivalents, car entachés de rancune ; au commencement du récit, il arrive, seul, en Israël, où il a décidé d'émigrer. Grisha est muet, pour une raison que le lecteur ne découvrira qu'en dernière partie du roman.

- Viktor Zupanev, veilleur de nuit de l'immeuble où logeaient la veuve et le fils de Paltiel Kossover à Krasnograd, est celui qui a remis à Grisha le testament de son père. le garçon, avec qui il s'était lié d'amitié, se remémore à intervalles réguliers ce que lui racontait Viktor à propos du poète, qu'il a connu dans de mystérieuses circonstances.

Ce témoignage est un formidable voyage à travers la 1ère moitié du XXème siècle, dans une Europe en proie aux bouleversements historiques : Paltiel vit les pogroms et les prémices de la révolution bolchevique en Roumanie, la montée du nazisme en Allemagne, la guerre civile en Espagne, les dérives du stalinisme en URSS. Il relate sa participation à ces événements, et le dilemme auquel il est régulièrement confronté : continuer à exercer sa foi juive, ainsi qu'il l'a promis à ses parents, ou la renier pour s'engager totalement dans l'idéologie communiste, ainsi que l'ont fait nombre de ses amis. Faut-il prier pour hâter la venue d'un improbable messie, ou tout mettre en oeuvre pour tenter d'améliorer le sort des plus pauvres ici et maintenant ? En effet, en ces temps de velléités révolutionnaires, la foi religieuse et l'idéal socialiste sont jugés incompatibles.

Et puis, peu à peu, viennent les désillusions. D'abord en Espagne, où les partisans des deux camps s'avèrent capables d'une barbarie similaire, ensuite lors de la "disparition" mystérieuse de membres du parti jugés subversifs sur des motifs dérisoires, et enfin vient le comble du désarroi, lorsque les populations russes laissent l'occupant allemand massacrer les juifs malgré "40 ans d'éducation communiste". En découle une douloureuse prise de conscience : dans tous les pays, quel qu'en soit le régime, les juifs, considérés en fonction de leur appartenance religieuse et non en tant qu'individus, sont en butte au mépris et à l'intolérance. Face à ce constat, Paltiel décide d'assumer définitivement ses racines et sa culture judaïques, et de faire preuve d'empathie envers ceux issus de cette même culture, seul recours face à l'omniprésence de l'antisémitisme. Et si cela fait de lui un coupable aux yeux du régime stalinien, il est prêt à en subir les conséquences.

Pour Grisha, le fils du poète, l'enjeu est plus personnel. En dehors des considérations religieuses ou politiques, il s'agit de se construire l'image d'un père. Et, au milieu de la folie et des dérives des hommes, par ce témoignage à la fois digne et poignant, c'est un individu intelligent et sensible qu'il découvre (et nous avec), simplement avide de justice et de paix.
Lien : https://bookin-ingannmic.blo..
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Paltier Kossover est un poète. Juif russe, il est partagé entre le communisme et sa fidélité au judaïsme. Des années 1920 à 1975, il traverse l'Europe et les grands conflits de ce siècle rouge. C'est son testament que son fils découvre, et avec cet écrit, c'est toute une philosophie qui le rattrape. le jeune homme, héritier d'un univers mental exceptionnel, partage cette richesse poétique avec un veilleur de nuit, attendant vainement que sa mère le rejoigne en Israël.

Ce texte ne se lit pas sans une certaine concentration. Il est réellement superbe. L'alternance entre le récit du père et la narration du fils est habile, et cela ménage des passerelles entre passé et présent.
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Différentes histoires et points de vue se succèdent dans ce roman : celui de Paltiel, le poète, mais également celui de Zupanev qui est en fait le trait d'union entre Paltiel et le véritable destinataire du testament, Grisha. C'est une particularité du roman qui peut parfois déstabiliser. Pour ma part, ce roman m'a tellement touchée, happée que je n'y ai rapidement plus prêté attention. Ce récit fourmille d'informations historiques : pogroms, première guerre mondiale, brève passage dans la révolution bolchévique, la guerre d'Espagne, montée du nazisme, seconde guerre mondiale et surtout communisme. Peu à peu confronté aux horreurs perpétrées par des hommes avides de puissance ou pétris de préjugés meurtriers, Paltiel, l'homme incapable d'être un soldat actif, s'accroche à ses espoirs d'égalité et de paix et pour cela utilise la seule arme qu'il possède : les mots et sa résistance renforcée par l'amour offert par ses parents.
Ce roman est bouleversant à plus d'un titre. Bouleversant par les faits qui y sont relatés, par les scènes parfois tendres ou cruelles. Bouleversant par l'amour qui unit ces différents hommes et le besoin de continuer à transmettre une mémoire, des valeurs. Bouleversant enfin car il appelle en nous ce que nous avons de plus profondément humain et sans jamais être une leçon moralisatrice, il nous hurle de ne pas détruire l'autre sous prétexte qu'il est différent. Au-delà de l'injustice : Paltiel sera condamné à mort pour avoir trahi le parti communiste simplement parce qu'il était juif et cela sans être parvenu à soutirer de lui un motif plus "valable" ; ce roman est un hymne à la vie, à la paix et à l'amour.
Lien : http://apprendreavecbonheur...
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Citations et extraits (10) Voir plus Ajouter une citation
Les affres de la faim, les délires de la soif, les blessures de la mémoire : j'ai tout noté; Ce qu'il y avait de pire ? Le silence [...]
L'épreuve du silence, le supplice du silence, je me demande qui les a inventés. Un fou ? Un poète de la folie, du châtiment ? [...]
Aucun maître ne m'avait prévenu que le silence pouvait devenir une prison.
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A l'époque, j'ignorais encore, citoyen magistrat, que le silence peut aussi ce muer en torture. [...]
Le silence comme source et potentiel d'hostilité et de péril. L'épaisseur du silence, la pression du silence, sa violence - elles me semblèrent familières.
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Le vrai danger, mon fils, se nomme indifférence.
Mon père ne m'avait jamais enseigné tant de choses en si peu de mots.
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Il faut s'armer de patience, petit frère, me dit-il. Songe aux Anciens. La nuit vient ? Le jour viendra. L'obscurité porte la promesse de la lumière.
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Vous m'avez accusé de lâcheté, citoyen magistrat. Les Juifs sont lâches, m'avez-vous dit: ils se débrouillent pour que les autres se battent à leur place. Eh bien, c'est vrai et c'est faux. C'est faux en ce qui concerne les Juifs en général; c'est vrai en ce qui me concerne, moi en particulier.
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