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EAN : 9782268006192
331 pages
Les Editions du Rocher (01/12/1987)
4.14/5   7 notes
Résumé :
Dans cet ouvrage magistral, Ken Wilber se met en quête d’une théorie intégrale de la conscience.
Il y est question de science, de philosophie, de psychologie et de spiritualité. Ken Wilber s’efforce de voir comment toutes ces disciplines peuvent s’agencer de façon harmonieuse.
Dans ce livre absolument nécessaire pour qui s’intéresse à la psychologie et à la non-dualité, Ken Wilber forge quelques-uns de ses concepts fondamentaux.
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
J'attendais ce livre depuis longtemps. Nous ne vivons pas vraiment, pas encore, dans un monde sans dieux ni absolus. La fatigue, c'est d'entendre déblatérer à ce sujet en invoquant les nouvelles divinités des sciences physiques ou humaines. Ken Wilber appelle ça des erreurs catégorielles. D'une manière assez simple, on peut définir l'erreur catégorielle par l'exemple suivant : « La religion essayait d'être scientifique, la philosophie tentait d'être religieuse, et la science s'efforçait d'être philosophique — et toutes faisaient en conséquence fausse route ».


En avançant sur ce terrain, il faudra renier un grand nombre de ces tentatives laborieuses qui ont été faites en vue de définir un nouveau paradigme qui serait total -du genre le paradigme qui permet de rendre compte de Brahman ou de Dieu par la hausse du taux de sérotonine dans le corps. Oui, on se rendra compte que l'homme a toujours eu des ambitions démesurées alors qu'il peut aussi bien se réjouir à construire des maquettes d'avion avec des allumettes en ne commettant qu'une erreur catégorielle de moindre ampleur.


On peut se dire que le positionnement de Ken Wilber face à cette quête d'un nouveau paradigme est ambivalente car, mine de rien, en démontrant pourquoi tous ceux qui ont tenté d'en circonscrire la nature se sont gourés, il sous-entend que c'est lui qui en est peut-être le plus proche, même s'il n'en est proche que d'une manière apophatique. Ouais mais bon, c'est peut-être vrai en même temps. Et puis après tout, Ken ne dit pas qu'il faut arrêter cette quête, il ne dit pas que ça nous pète les couilles le New Age, alors qu'il aurait très bien pu le faire, ça n'aurait déplu à personne. Non, il se contente plutôt d'énoncer quelques règles de logique philosophique qui permettraient à tout chercheur honnête d'arrêter de nous faire croire qu'on ne voit rien à leurs tours de prestidigitation sophistiques. Combien de pauvres vieux fous voit-on errer indéfiniment dans la recherche de ce nouveau paradigme qui incluerait sciences, religion, biologie, psychologie, histoire et économie dans un pack tout-en-un, comme une fuite indéfinie de la vie qui pourtant est bien là, elle, tandis que leur paradigme de l'absolu ils n'arrivent toujours pas à le chier. Moi-même souvent me retrouvé-je sur les chiottes de l'absolu, ne parvenant qu'à émettre des vents contradictoires.


« Que l'État de Conscience Ultime n'est pas différent de l'État de Conscience Actuel, voilà ce que maintes personnes semblent ignorer. En conséquence, elles s'efforcent à tort de se fabriquer un état de conscience « supérieur », radicalement différent de leur état de conscience actuel, dans lequel elles s'imaginent qu'elles pourront réaliser l'Identité Suprême. […] »

[…]

En nous imaginant que l'État de Conscience Ultime est différent de l'état de conscience que nous connaissons maintenant, nous nous efforçons stupidement de trouver des moyens d'accéder à cet état de conscience « supérieur » supposé différent et miraculeux, ignorant totalement le fait que même si nous atteignions cet état de conscience « supérieur » il ne s'agirait pas de l'État Ultime parce qu'il serait le résultat de certaines étapes et aurait en conséquence un commencement dans le temps.

[…]

Nous parlons toujours d'échapper à samsara comme s'il était différent du nirvana; nous essayons de surmonter l'ignorance comme si elle n'était pas l'éveil; nous nous efforçons de dissiper maya comme si ce n'était pas Brahman. Fénelon, l'Archevêque de Cambrai, a émis le seul commentaire acceptable sur cette situation : « Il n'est pas d'illusion plus dangereuse que les fantasmes par lesquels les individus s'emploient à éviter l'illusion. » »


Peut-être a-t-on été un jour dégoûté par les utopies estampillées réalistes alors qu'elles ne faisaient que nous éloigner toujours plus de ce qui est vraiment notre réalité. Une théorie qui ne se moque pas de l'esprit devrait être aussi vivifiante qu'une bouffée d'air frais, nous rappelle Ken Wilber. Par contre, elle ne devrait pas être aussi sucrée qu'un Sunday aux smarties. Drôle d'erreur catégorielle.
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Citations et extraits (80) Voir plus Ajouter une citation
L'État de Conscience Ultime étant Brahman et Brahman englobant absolument tout, l'État de Conscience Ultime englobe également tout. Ce qui revient à dire que l'État de Conscience Ultime n'est pas un état parmi d'autres états mais un état englobant tous les états. Ceci signifie que l'État de Conscience Ultime n'est pas un état de conscience altéré car — étant un sans second — il ne lui existe pas d'alternative. L'État de Conscience Ultime est parfaitement compatible avec tout état de conscience et avec les états de conscience altérés, et il n'est pas d'état de conscience différent de ou en dehors de Lui. […]
Que l'État de Conscience Ultime n'est pas différent de l'État de Conscience Actuel, voilà ce que maintes personnes semblent ignorer. En conséquence, elles s'efforcent à tort de se fabriquer un état de conscience « supérieur », radicalement différent de leur état de conscience actuel, dans lequel elles s'imaginent qu'elles pourront réaliser l'Identité Suprême. […]
Qui plus est, imaginer que diverses étapes peuvent mener à la réalisation de l'Etat de Conscience Ultime et à la libération revient en réalité à faire de l'État Ultime un effet. Autrement dit, croire que des étapes, phases ou pratiques particulières peuvent mener à la libération fait inéluctablement de la libération le résultat de ces étapes, la conséquence de ces phases, l'effet de ces causes. Or il y a longtemps de cela Shankara avait déjà vu l'absurdité d'une telle notion. […]
En nous imaginant que l'État de Conscience Ultime est différent de l'état de conscience que nous connaissons maintenant, nous nous efforçons stupidement de trouver des moyens d'accéder à cet état de conscience « supérieur » supposé différent et miraculeux, ignorant totalement le fait que même si nous atteignions cet état de conscience « supérieur » il ne s'agirait pas de l'État Ultime parce qu'il serait le résultat de certaines étapes et aurait en conséquence un commencement dans le temps. Pourtant, pensons-nous, une certaine connaissance de l'Absolu nous attend dans cet état de conscience supérieur particulier. Mais ainsi qu'Eckhart l'a clairement expliqué, si nous imaginons que Dieu peut être découvert dans un état de conscience particulier, dès que cet état nous échappe, c'est ce dieu lui-même qui nous échappe. […]
Le Védanta pur n'a jamais considéré maya, l'illusion, comme étant différente de Brahman, mais plutôt comme quelque chose que fait Brahman. Or nous parlons toujours d'échapper à samsara comme s'il était différent du nirvana; nous essayons de surmonter l'ignorance comme si elle n'était pas l'éveil; nous nous efforçons de dissiper maya comme si ce n'était pas Brahman. Fénelon, l'Archevêque de Cambrai, a émis le seul commentaire acceptable sur cette situation : « Il n'est pas d'illusion plus dangereuse que les fantasmes par lesquels les individus s'emploient à éviter l'illusion.
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Les archétypes dans le sens où les comprennent Platon, Saint Augustin et les systèmes bouddhistes et hindouistes, se réfèrent aux premières formes de manifestation qui émergent du Vide Esprit au cours de la création de l'univers. C'est-à-dire, au cours de l'involution, ou de l'émergence de l'inférieur à partir du supérieur — les archétypes sont les premières formes créées, en fonction desquelles se structure toute création ultérieure (du grec archetypon, qui signifie : « ce qui fut créé en tant que schème, que modèle original »). Les archétypes se situent donc, ou ont leur localisation formelle, dans la région subtile (niveau 8 dans la figure 7). En conséquence, le terme archétype a deux significations voisines, mais quelque peu différentes. Primo, les archétypes sont des schèmes d'existence exemplaires et transindividuels occupant les limites supérieures du spectre. Mais, secundo, chaque structure occupant un niveau inférieur (de 1 à 7) peut être archétype ou déterminée archétypement pour autant que ce niveau inférieur puisse être considéré comme étant présent collectivement. Les structures inférieures ne sont pas en soi les archétypes, elles sont héritées de manière archétype ou collective. La structure profonde du corps humain est donc archétype, tout comme la structure profonde de la matière, de la magie, du mythe, du mental, de la psyché. Mais appréhender les archétypes signifie appréhender le niveau 8, et non, comme nous l'avons dit, appréhender l'orteil archétype, et encore moins quelque imagerie archaïco-mythique. Je ne nie pas qu'une intuition mythique puisse dans certains cas s'exprimer par images mythiques; je nie en revanche que celles-ci en soient la source. Les images mythiques ne sont donc pas les archétypes; toutes les structures profondes sont de nature archétype, le fait que les images archétypes le soient également n'a donc rien d'exceptionnel — je considère que l'emploi que fait Jung du terme archétype est erroné dans les deux cas. Il a raison de prétendre que le moi et toutes les autres formes psychologiques majeures sont archétypes, il a tort d'ajouter qu'archétype est synonyme de mythique.
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Freud désirait surtout étudier la signification des données psychologiques — leur intentionnalité et leur interprétation (interprétation des rêves, des symptômes, etc.). En d'autres termes, son approche et son territoire étaient presque entièrement mentalo-phénoménologiques, herméneutiques et historiques — l'histoire ne désignant ici que les antécédents et le développement du moi propre de l'individu (fixations, traumas, refoulements, etc., du passé). La conscience psychanalytique est une conscience historique, une reconstruction et une remémoration des antécédents personnels dans l'intention de comprendre l'influence qu'ils exercent à l'heure actuelle. Enfin, la psychanalyse est avant tout un dialogue — elle nécessite un discours intersubjectif : « la cure cathartique ».
En outre, — et ce point est capital — la découverte majeure de Freud ne fut pas une théorie, mais une injonction : l'association libre, qui révéla un domaine objectif (donnée) largement ignoré à ce jour (processus primaires inconscients). […] En utilisant cette formule, Freud parvint à réunir des données relatives à ce nouveau domaine objectif, le processus primaire inconscient. L'exactitude de ces données pouvait être vérifiée par quiconque acceptait de respecter les trois phases : (1) suivre l'injonction et procéder à des associations libres; (2) prendre note des perceptions ou données résultantes; et (3) comparer ces données à celles d'une communauté d'individus ayant les qualifications nécessaires.
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Jung ayant fait une confusion entre image mythique et archétype transpersonnel, il pouvait dire que « les archétypes » sont hérités de l'évolution passée proprement dite — ils existent en nous en tant que reflet de la forme réelle de connaissances passées. Il est vrai que nous avons hérité des structures de développement passées, mais celles-ci se situent du côté singe, de la frontière et non du côté ange. Pour Jung, les archétypes en arrivèrent à désigner l'héritage collectif des premières phases d'évolution, alors que les archétypes se réfèrent en réalité à des structures se situant à l'extrémité opposée du spectre. Bref, Jung a situé les archétypes vers le début de l'évolution, alors qu'ils existent en réalité au commencement de l'involution. S'il avait évité cette confusion, il aurait pu voir que l'ascension de la conscience s'effectuait vers les archétypes sous l'influence des archétypes eux-mêmes. Ceux-ci auraient alors quitté l'extrémité erronée du spectre, où ils étaient contraints de lutter (vainement) contre l'héritage archaïque de Freud. En outre, en agissant de la sorte, Jung se serait situé dans la lignée de Platon, Plotin, etc. Enfin, il aurait évité, lui et ses successeurs, la position inconfortable dans laquelle il se trouvait à force de devoir considérer les archétypes tout à la fois comme très primitifs et très divins. Les thérapeutes jungiens vénèrent les archétypes, mais tremblent en leur présence, pour la simple raison que leurs « archétypes » — étant en fait un mélange cpt d'archétypes réels et de formes mythiques des plus primitives — oscillent entre la gloire transrationnelle et le chaos prérationnel. Je me considère à bien des égards comme un jungien, mais je suis néanmoins convaincu que sur ce plan les théories de Jung nécessitent une révision radicale.
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La simplicité du réductionnisme exerce une étrange fascination. Le problème est dû en partie au fait que les physiciens sont tellement habitués à travailler avec le monde matériel qu'ils ont tendance à l'assimiler « au monde » ou « à l'univers ». Ils en arrivent donc à affirmer que : « La physique a démontré que tous les objets qui constituent le monde ne font qu'un », alors qu'elle n'en a rien fait. Elle n'a pas expliqué, ni même évoqué, l'unité bio-écologique, sans parler de la communauté socio-psychologique, etc. La physique traite de quatre forces majeures : nucléaires forte et faible, électromagnétique, et gravitationnelle. Elle ne peut donc rien vous apprendre quant à la force de la sexualité-affective, qui se manifeste au niveau -2. Elle ne peut pas vous dire ce qu'est de la bonne littérature ni comment fonctionne l'économie ni pourquoi les enfants ont des complexes d'Œdipe ni pourquoi les gens se suicident, pas plus qu'elle ne peut vous fournir l'interprétation d'un rêve. Nous sommes ici en présence d'événements mentaux symboliques qui se manifestent à partir du niveau -3. La physique ne traite pas « du » monde. Toute cette question est des plus confuses, comme je l'ai dit.
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