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Bernard Pautrat (Traducteur)
EAN : 9791030418422
64 pages
Allia (01/03/2024)
4.03/5   272 notes
Résumé :
Une longue lettre d’un homme attristé par l’attitude lamentable de son ex-compagnon. Un créateur de génie victime de sa passion pour ce jeune homme de la noblesse anglaise, hautaine et prétentieuse.
(disponible uniquement sur le site de Denis éditions)

EXTRAIT

“Cher Bosie,

Après une longue et vaine attente, j’ai décidé de vous écrire, autant dans votre intérêt que dans le mien, car il me serait pénible de penser qu... >Voir plus
Que lire après De profundis - La Ballade de la geôle de ReadingVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (29) Voir plus Ajouter une critique
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J'avoue que je ne reconnais pas mon Oscar dans son De Profundis. Dans la première moitié de sa lettre à Bosie, il est vindicatif et se répand dans un sordide règlement de comptes - par ailleurs fréquemment chiffré, ce qui manque notoirement d'élégance venant d'un homme de sa classe. Et s'il apparaît nettement que Douglas n'était qu'un petit coq infatué et cupide, il n'en ressort pas moins que Wilde a perdu beaucoup de son panache dans cette lettre réquisitoire.
On peut, en effet, s'interroger sur ce qui a pu conduire cet homme d'esprit, dont l'intelligence et la finesse ne sont plus à démontrer, à s'amouracher de ce philistin de Bosie au point d'y sacrifier sa vie, sa famille, ses biens, son art, son honneur, sa liberté. Et cela alors même que ses propres amis n'ont cessé de le mettre en garde.
Et, quand bien même semble t-il avoir recouvré la vue et son bon sens dans cette longue lettre à son amant ingrat, sa faiblesse et son aveuglement durant ces trois ans d'une liaison dévastatrice restent, de mon point de vue, inexplicables émanant d'un homme tel que lui.
Alors, bien sûr, on peut aussi convenir que seule la part du poète esthète, idéaliste et tourmenté s'est exprimée durant cette relation. Mais que diable n'a-t-il pas pas voulu donner plus de crédit aux quelques étincelles de lucidité dont il admet avoir eu parfois la fulgurance.

Dans la seconde moitié de sa lettre, le ton change : de vindicatif, il passe à désespéré et s'emploie à une sorte d'auto-flagellation - "c'est ma faute, ma responsabilité, j'aurais dû, j'ai essayé en vain...". Mais, là aussi, il en fait trop. Et surtout trop tard.
Il se lance alors dans des tirades dithyrambiques sur la douleur car, dit-il "le secret de la vie est dans la souffrance". Puis, touché par la grâce, il enchaîne sur une éloge à Jésus durant une vingtaine de pages dont la lecture m'est apparue pesante par trop de lyrisme et de nébulosité.
Et, enfin, il termine son de Profundis en se recentrant sur Bosie mais de façon plus apaisée, cette fois. Il semble avoir épuisé sa rancoeur et ne lui reste qu'une sorte de fatalisme où, perle toujours cependant la force de cet amour insensé qui a ruiné sa vie.

Tout au long de ma lecture, j'avoue avoir réagi à la manière de Bosie en ne supportant pas que l'extraordinaire Wilde chute du piédestal où je l'avais toujours placé. Et ce n'est qu'en refermant le livre que j'ai admis qu'il n'en était pas descendu mais que ce n'était là que le superbe chant du cygne d'un artiste remarquable.
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- de Profundis, longue lettre, cri d'angoisse, de douleur, de regret mais aussi d'amour-passion d'Oscar Wilde adressée en 1897 à son amant, Lord Alfred Douglas, depuis la prison de Reading, où il fait le bilan de leur relation et, où il lui clame l'amertume qui blesse son coeur .
- La Ballade de la geôle de Reading , long poème lyrique sur la douleur de l'enfermement , de la privation de liberté , écrit par Wilde lors de son exil en France,
Deux textes bouleversants découverts en étudiant, une fois de plus, une préface d'Albert Camus « l'Artiste en prison » (pour une exposition estivale à Lourmarin "Camus, l'engagement critique "). Pour Camus, Wilde, incarcéré , paria, affligé , mis au ban de la société aurait découvert dans le pénitencier de Readinge dans le comté de Berkshire, la solidarité , et même « un bonheur dont il n'aurait jamais eu l'idée auparavant ».
J'ai apprécié les nombreux renvois et annotations en bas de page enrichissant cette lecture et permettant de mieux saisir et d'approfondir ces deux textes fort émouvants.
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Deux magnifiques textes De Wilde, particulièrement poignants.
La ballade de la geôle de Reading, le lieu même où Wilde fut incarcéré, raconte l'histoire vraie, et dramatique, d'un soldat condamné pour avoir égorgé son épouse.
De profundis est une longue lettre adressée à Lord Douglas par Wilde qui lui reproche de l'avoir abandonné à son sort.
Oscar Wilde, qui nous avait jusque là habitués à de très belles réflexions sur la vie et sur son esthétique nous livre ici une sorte de dernier témoignage très émouvant qui sera, d'ailleurs, publié après sa mort survenue en 1900.
A lire après tous les autres écrits De Wilde, à l'exception des aphorismes, que l'on lit et relit sans cesse.
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Le 25 mai 1895, au terme des procès l'opposant au marquis de Queensberry, Oscar Wilde est condamné à deux ans de travaux forcés en vertu d'une loi interdisant l'homosexualité. Ruiné par son amant Alfred Douglas, alias Bosie, le fils du marquis, Wilde est déclaré en faillite et ses biens sont confisqués.
Après quatorze mois de travaux forcés, le directeur de la prison de Reading lui accorde le privilège de posséder du matériel d'écriture, à la condition de le remettre chaque soir, accompagné des écrits, aux gardiens. C'est ainsi que Wilde rédigea cette longue lettre à son amant de seize ans plus jeune. A sa sortie de prison, il remettra le texte à son ami Robert Ross, lui demandant de le faire copier et d'en envoyer un exemplaire à Bosie, qui affirmera par ailleurs ne jamais l'avoir reçu. C'est Ross qui donnera le titre de profundis à l'ouvrage.

Dans cette longue lettre, Wilde dresse un portrait sans concession de Bosie, libérant ainsi ce qu'il a sur le coeur : le jeune homme apparait égoïste, dépensier (il serait à l'origine de la faillite de l'écrivain), immature, ne comprenant rien à l'Art. Il jette un regard amer sur leur relation qui aurait gâché une partie de son talent, tout en reconnaissant que c'est lui qui n'aurait pas dû se laisser entrainer dans ces habitudes luxueuses et stériles.
Malgré tout, Wilde déclare avoir pardonné tous les caprices de son amant, ne pouvant se permettre, au fond de sa prison, de se laisser submerger par la haine. C'est l'une des parties de l'oeuvre qui m'a semblé la plus intéressante. L'écrivain évoque avec une grande sensibilité l'amour, la haine, le pardon, le chagrin.
Le tout est truffé de références à ses autres oeuvres, à celles des grands écrivains de son siècle, à la Bible, laissant entrevoir une grande culture. Cela me pousse à lire d'autres oeuvres De Wilde, que j'ai découvert ici.
Je ne m'étendrai pas davantage sur ce livre, sinon pour dire que c'est un coup de coeur. Que ceux qui souhaitent le lire en anglais ne s'en privent pas : l'écriture est facilement compréhensible.

Challenge ABC 2014/2015
Challenge Petits plaisirs 2014/2015
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Des profondeurs de sa geôle, un prince des lettres et de l'hédonisme magnifie dans ses vers le désespoir du prisonnier tombé dans l'enfer de Reading.
Dans une scénographie quasi cinématographique est dépeinte la déambulation d'un homme vers la potence de la prison, puis de son cadavre souillé le regard se retourne vers le prisonnier narrateur qui à travers un "nous" déshumanisé psalmodie et pleure sans larmes la mort de l'âme de l'homme enfermé.
Un texte d'autant plus poignant dans cette courte édition Folio que, précédé de poèmes de jeunesse, il reflète d'autant plus la déchéance d'un homme qui a payé au plus fort ses transgressions, et sonne comme le sombre chant du cygne d'un poète qui ne se remettra jamais de cette expérience sinistre.
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Citations et extraits (100) Voir plus Ajouter une citation
Un lieu où règne la douleur est terre sainte. On comprendra un jour ce que cela veut dire. Jusque-là, on ne saura rien de la vie. Quand, de ma prison, on m'amena entre deux policiers, devant le tribunal des faillites, Robbie attendait dans le sinistre et long couloir afin de pouvoir, devant toute la foule, qu'un geste si simple et si charmant réduisit au silence, soulever gravement son chapeau tandis que, menottes aux mains et tête basse, je passais devant lui. Des hommes sont allés au ciel pour de moindres actes que celui-ci.
(...) Je ne lui ai jamais soufflé mot de ce qu'il avait fait. Jusqu'à présent, j'ignore s'il sait que j'ai eu conscience de son geste. Ce n'est pas là une chose pour laquelle on puisse exprimer des remerciements conventionnels avec des mots conventionnels. Je la conserve dans le sanctuaire de mon cœur. Je la garde là comme un dette secrète que, je suis heureux de le penser, je ne pourrai jamais payer.
Alors que la sagesse ne m'était d'aucun secours, que la philosophie demeurait stérile, que les sentences et les phrases de ceux qui cherchaient à me consoler me laissaient dans la bouche un gout de cendre, le souvenir de ce petit geste d'amour, silencieux et charmant, a descellé pour moi le puits de la pitié, a fait fleurir le désert comme un rose , m'a arraché à l'amertume de la solitude et de l'exil pour me mettre en harmonie avec le grand cœur blessé du monde.
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Dans la geôle de Reading, près la ville,
Est une fosse d'infamie :
C'est là que gît un misérable
Dévoré par des dents de flamme ;
Dans un suaire brûlant il repose,
Et sa tombe n'a pas de nom.

Jusqu'à ce que Christ appelle les morts,
Qu'il repose ici en silence !
Nul besoin de gâcher de sottes larmes,
Ou de pousser de creux soupirs :
L'homme avait tué l'être qu'il aimait,
Et pour cela devait mourir.

Pourtant chaque homme tue l'être qu'il aime,
- Que tous entendent ces paroles !
Certains le font avec un regard dur,
D'autres avec un mot flatteur ;
Le lâche, lui, tue avec un baiser,*
Et le brave avec une épée !

*Allusion au baiser de Judas
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Suffering is one long moment. We cannot divide it by seasons. We can only record its mood, and chronicle their return. With us time itself does not progress. It revolves. It seems to circle round one centre of pain. The paralysing immobility of a life, every circumstance of which is regulated after an unchangeable pattern, so that we eat and drink and walk and lie down and pray, or kneel at least for prayer, according to the inflexible laws of an iron formula - this immobile quality, that makes each dreadful day in the very minutest detail like its brother, seems to communicate itself to those external forces the very essence of whose existence is ceaseless change.
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Remember that the fool in the eyes of the gods and the fool in the eyes of the man are very different. One who is entirely ignorant of the modes of Art in its revolution or the moods of thoughts in its progress, of the pomp of the Latin line or the richer music of the vowelled Greek, of Tuscan sculpture or Elizabethan song may yet be full of the sweetest wisdom. The real fool, such as the gods mock or mar, is he who does not know himself.
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Il repose enfin, sous les voiles bleus de Dieu,
Délivré de sa douleur et de l'injustice du monde, enlevé
A la vie, quand la vie et l'amour étaient en leur fraîcheur,
Le plus jeune des martyrs est ici allongé,

Beau comme Sébastien et, comme lui, sacrifié si jeune.
Nul cyprès n'orne sa tombe, nul if funéraire.
Seules des violettes pleurent dans la rosée
Et tissent sur ses os un lac toujours fleuri.

Ô le plus fier des cœurs, brisé par le malheur !
Ô, depuis Mytilène, les lèvres les plus douces !
Ô poète et peintre de la chère Angleterre !
Ton nom fut écrit sur l'eau* - il demeurera :
Et mes larmes entretiendront ton souvenir
Comme celles d'Isabelle le pot de basilic**.

La Tombe de Keats.

* Allusion à l'épitaphe sur la tombe de Keats qu'il avait lui-même prévue : "Here lies One Whose Name was writ on Water" ("Ci-gît quelqu'un dont le nom fut écrit sur l'eau").

**Le pot de basilic est une référence à la tombe de Caius Cestius qui se trouve à l'entrée du cimetière.
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