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Jean Gattégno (Traducteur)
EAN : 9782070340699
144 pages
Gallimard (07/05/2009)
3.33/5   84 notes
Résumé :
Qui se cache derrière les initiales W. H. dans la dédicace des célèbres Sonnets de William Shakespeare ? Un généreux mécène, un ami imprimeur, un jeune et séduisant acteur ou Shapespeare lui-même ? Pour Oscar Wilde, c'est sans aucun doute Willie Hugues, un acteur spécialisé dans les rôles féminins, qui fascina le Barde...

Passionné par le mystère de Mr. W. H., Oscar Wilde se lance dans une enquête érudite et troublante sur le monde du théâtre élisabét... >Voir plus
Que lire après Le portrait de Mr. W.H.Voir plus
Critiques, Analyses et Avis (19) Voir plus Ajouter une critique
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"Ainsi tu fus à moi dans l'illusion d'un rêve ;
En dormant on est roi, au réveil tout s'achève."
(W. Shakespeare, Sonnet 87)

C'est un fameux canular littéraire, que nous a concocté Oscar Wilde !
Shakespeare nous a laissé quelques 154 sonnets, dédiés à deux énigmatiques personnes. Les 126 premiers s'adressent à un beau jeune homme, "Mr. W.H.", les autres à une certaine "Dark Lady". Et comme à chaque fois que l'évidence n'est pas servie sur le plateau, les suppositions vont bon train. le candidat le plus probable à l'identité de "W.H." est William Herbert, 3e comte de Pembroke, protecteur et mécène de Shakespeare. Quant aux prétendantes au titre de la Dark Lady, elles sont aussi nombreuses que les prétendants à l'identité de Shakespeare lui-même.
Mais ici c'est le mystérieux W.H. qui intéresse Wilde.
Sa nouvelle s'inscrit bien dans l'époque victorienne, qui a haussé le Grand Will sur le piédestal d'un demi-dieu. Mais les découvertes de documents authentiques concernant Shakespeare n'allaient pas forcément toujours avec l'image du Cygne de l'Avon créée par des bardolâtres, alors d'un côté on commence à douter des capacités littéraires de Will de Stratford, et de l'autre on se met à interpréter ses oeuvres de façon autobiographique, qui fera par la suite plus de mal que de bien à cet héritage littéraire. C'est aussi l'époque de nombreux faux documents censés "prouver" aux sceptiques que l'on peut être à la fois un négociant en malt, prêteur à crédit et l'auteur de quelque chose comme "Hamlet" ou "Jules César". Shylock et Prospero en une seule personne.

L'idée de Wilde est née des débats littéraires avec son ami Robert Ross, et l'histoire a été publiée pour la première fois en 1889 dans le Blackwood Magazine. Ce fut un scandale. La prude Angleterre victorienne s'est soulevée contre l'inacceptable idée que son barde national puisse être amoureux d'un homme, et le texte était ensuite refusé par tous les éditeurs. Pendant l'emprisonnement De Wilde à Reading, le manuscrit a mystérieusement disparu, pour ne réapparaître qu'en 1920 aux Etats-Unis.
Ce livre, où Wilde nous "dévoile" l'identité de W.H., se trouve donc quelque part entre un essai sérieux et un amusant jeu littéraire. Avec beaucoup de légèreté et d'esprit, l'auteur nous propose une admirable réflexion sur les sonnets, tout en montrant comment la frontière entre la recherche sérieuse et la fiction peut être parfois ténue.

Le narrateur (dont on ne saura jamais le nom) discute de falsifications littéraires avec son ami Erskine, et celui-ci en profite pour lui raconter une drôle d'histoire.
L'histoire de son ami Cyril Graham, qui a étudié avec acharnement les sonnets pour y découvrir la véritable identité de W.H. : ce serait un jeune acteur de la troupe de Shakespeare, Willie Hughes. Erskine explique la théorie de Graham sans pourtant la croire, car le maillon essentiel manque : une preuve palpable que ce jeune homme, Willie, eût vraiment existé.
Cyril Graham va payer cher son désir de prouver à tout prix sa vérité à Erskine : une tentative désespérée avec un faux portrait de W.H. va le mener jusqu'au suicide, quand Erskine découvrira la supercherie.
Toute cette histoire n'est qu'une curieuse et triste anecdote, mais notre narrateur succombe au charme de la théorie de Graham, et se penche à son tour sur les sonnets. Dans l'analyse textuelle détaillée (Wilde utilise en tout 36 sonnets, la dédicace et une partie de "A Lover's Complaint" ; un tel appât doit déjà être pris au sérieux !) il va trouver un grand nombre de preuves confirmant la théorie de Graham, l'affinant encore par ses propres découvertes. Il rapporte à Erskine ses conclusions, mais à la fin il commence à s'en méfier lui-même. Trop tard. Maintenant, c'est Erskine qui est à nouveau ensorcelé par la théorie, entreprend de trouver la preuve définitive de l'existence de W.H., et l'histoire glisse doucement vers sa fin surprenante...

Wilde ne travaille pas vraiment ses personnages, son but est de saisir l'interprétation d'une oeuvre de fiction. Comme si la langue de l'interprétation était le véritable héros de sa nouvelle. le procédé est toujours identique : la théorie d'abord, qu'on va ensuite astucieusement imbriquer dans l'ensemble des sonnets, pour que cela "colle". Et cela colle tellement que l'on se laisserait facilement séduire à notre tour ; c'est d'ailleurs le dangereux principe de toute théorie complotiste.
Sur quelques pages, Wilde fait passer tous les "pour" et les "contre" du langage de l'interprétation, en tendant deux irrésistibles pièges au lecteur.
Le premier nous fait réaliser que quoi qu'on puisse dire ou penser de sa nouvelle, on arrive toujours aux mêmes figures rhétoriques dont Wilde se moque. Comme si le "portrait" devenait un miroir au lecteur.
Et le deuxième, moins subtil mais d'autant plus drôle, est la fin. L'histoire insinue clairement que les jours de celui qui connait en détail la théorie de Cyril Graham sont comptés.

Voilà pourquoi je n'ai d'autre choix que de vous déconseiller fermement cette lecture, ce qui est fort dommage, car on apprend un tas de choses bien intéressantes sur les sonnets et les coulisses du théâtre élisabéthain. 4,5/5 pour l'agréable moment en compagnie De Wilde, hélas, si cher payé, et me voilà heureuse de pouvoir finir au moins cette cr
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« Vous ne voulez quand même pas dire que vous croyez en Willie Hughes ? »

J'y crois ! Convaincue que Mr W. H. est Willie Hughes. Que l'hypothèse avancée est la bonne. Tout simplement parce qu'Oscar Wilde écrit « Les paroles ont sur l'âme un pouvoir mystique ». Et c'est tellement bien écrit par Wilde qui peut se permettre de citer du Shakespeare tout en le ponctuant de sa prose, sans donner signe de hiérarchie entre les deux génies mais en entretenant le pouvoir de nous bercer dans le meilleur des songes. Une toute petite nouvelle qui m'a appris beaucoup sur Shakespeare et sur le théâtre élisabéthain.

« (...) grâce aux passions feinte et aux simulations de la scène, révéla le lien intime, vital, qui unit la vie et la littérature. »

J'ai apprécié la construction lente au début pour finir dans un bouquet final qui cloue le lecteur, lui donnant des envies de porter de grandes choses, de croire à ses idées et les porter loin. C'est tellement vrai que l'art nous donne à nous connaître en profondeur.

« Dans quelque minuscule cellule d'ivoire, le cerveau conserve les impressions les plus délicates et les plus fugaces. »
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On se croirait dans un cours magistral! On repasse les sonnets de Shakespeare au peigne fin, des sonnets aux mots forts , aux pensées alléchantes que Shakespeare a martelé pour apposer son éternité...en fait l'éternité de son âme troublée, l'éternité de son amour pour un certain Mr W.H dont l'identité est joliment énigmatique. Qui est monsieur Mr W H? Répondre à cette question, c'est s'imprégner l'univers de Shakespeare, ce qui conduit inévitablement à l'envoutement au trouble du syndrome Shakespearien...parfois on en meurt!!!
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"Heureux donc suis-je, moi qui aime et suis aimé

Où je ne puis changer, non plus qu'être changé."

Le narrateur apprend par son ami Erskine la terrible histoire de Cyril, jeune aristocrate qui est mort, choisissant le suicide.
Cet homme, jeune encore à qui la vie réservait tout, s'était pris de passion depuis toujours pour l'oeuvre de Shakespeare et particulièrement, ses fameux Sonnets.
Dans ses Sonnets, Shakespeare déclare son amour à un homme que l'on croyait être son protecteur, Lord Pembroke.
Pour Cyril, il ne s'agit en aucun cas de cet aristocrate mais d'un acteur méconnu, Willie Hugues. Il cherche alors tout ce qu'il possible de trouver comme élément pour étayer sa thèse, il va même jusqu'à produire un faux pour convaincre son ami Erskine et se donne la mort de désespoir.
Le narrateur est tout de suite fasciné par cette histoire et il se plonge dans la lecture des Sonnets, trouvant au détour de chaque vers des preuves de l'existence de Willie Hugues.
Ce mystérieux homme, susceptible de faire naitre une telle passion et une telle dévotion au si fameux barde, serait un acteur, de basse extraction qui pourvu d'une telle beauté, aurait l'habitude de jouer les personnages féminins dans les pièces de Shakespeare.
Cet essai romancé nous emmène à la découverte du théâtre Elisabéthain, théâtre dans lequel, les hommes devaient prendre la place des femmes, proscrites de ces lieux de perdition.
Surtout il nous permet de comprendre et de partager la passion qu'éprouve Wilde envers Shakespeare et plus généralement envers la beauté et sa présence dans tout art.
Ces Sonnets furent pour moi une découverte, le style précis et recherché De Wilde a permis de me les rendre accessibles.


Lien : http://l-ivresque-des-livres..
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Qui est le mystérieux W. H. à qui Shakespeare dédit ses Sonnets? Voilà la trame de l'enquête dans laquelle se lance Oscar Wilde. Sous couvert de la fiction, il nous emmène dans sa théorie. Et si ce W. H. était en réalité Willie Hugues, un jeune acteur appartenant à la troupe de Shakespeare? L'auteur se lance dans une grande analyse des Sonnets pour étayer son hypothèse.

Etant une vraie novice en ce qui concerne le théâtre et Shakespeare, ce fut une découverte tant au niveau de l'époque élisabéthaine qu'au niveau de la prose de Shakespeare (qui m'a paru à certains moments un peu indigeste).
Wilde nous balade dans cette époque où de jeunes hommes jouaient les rôles de Juliette, Desdémone, Ophélie, ... où le théâtre était vu comme un lieu de perdition et de débauche, où de jeunes garçons étaient parfois enlevés à leur famille sous prétexte de servir la Reine mais pour être en réalité enrolés dans une compagnie théâtrale :O, ...

Puis il y a l'enquête à proprement dite qui bien qu'intéressante pourrait se révéler être complètement fausse. Nulle trace de Willie Hugues nulle part sauf dans l'imagination du narrateur; Ce qui est troublant, c'est que les Sonnets pourraient être adressés à ce fameux Willie car avec l'explication De Wilde, toutes les pièces forment un tout cohérent. Cependant cela reste une hypothèse, certes logique, bien construite et plausible mais sans preuves, elle ne peut être promue au rang de vérité.

Ce court essai vaut la peine d'être lu même si j'ai dû m'accrocher à certains moments entre l'enquête sur W. H., les moeurs du théâtre élisabéthain, les pensées de l'auteur sur la beauté et les Sonnets de Shakespeare.
Mais je suis contente d'avoir fait l'effort :).
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Citations et extraits (29) Voir plus Ajouter une citation
— C'est une charmante chose, m'écriai-je, mais quel est ce merveilleux jeune homme dont l’art nous a si heureusement conservé la beauté ?
— C’est le portrait de monsieur W. H., dit Erskine avec un triste sourire.
Ce peut être un effet de lumière dû au hasard, mais il me sembla que des larmes brillaient dans ses yeux.
— Monsieur W. H. ! m’écriai-je. Qui donc est monsieur W. H. ?
— Ne vous souvenez-vous pas ? répondit-il. Regardez le livre sur lequel reposent ses mains.
— Je vois qu’il y a là quelque chose d’écrit, mais je ne puis le lire, répliquai-je.
— Prenez cette loupe grossissante et essayez, dit Erskine sur les lèvres de qui se jouait toujours le même sourire de tristesse.
Je pris la loupe et approchant la lampe un peu plus près, je commençai à épeler l’âpre écriture du seizième siècle : "À l’unique acquéreur des sonnets ci-après".
— Dieu du ciel ! m’écriai-je. C’est le monsieur W. H., de Shakespeare.
— Cyril Graham prétendait qu’il en était ainsi, murmura Erskine.
— Mais il n’a pas la moindre ressemblance avec lord Pembroke, répondis-je. Je connais très bien les portraits de Penhurst. J’ai demeuré tout près de là il y a quelques semaines.
— Alors vous croyez vraiment que les sonnets sont adressés à lord Pembroke ? demanda-t-il.
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Le problème souligna Erskine, était le suivant : qui était donc ce jeune homme de l'époque de Shakespeare à qui, sans qu'il fût de sang, ni même de nature, noble, Shakespeare s'adressait en des termes marqués d'une adoration si passionnée que l'on ne peut que s'interroger sur cette vénération insolite, et que l'on redoute presque de tourner la clé donnant accès au mystère du cœur du poète ?
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L'âme a une vie propre, et le cerveau un champ qui lui est propre. Il y avait en nous quelque chose qui ignorait tout de la séquence ou de l'extension et qui pourtant, semblable au Philosophe de la Cité idéale, était le spectateur de tout temps et de toute existence. Elle avait des sens qui s'animaient, des passions qui naissaient, des extases de contemplation spirituelle, des ardeurs faites d'amours flamboyantes. C'était nous qui étions irréels, et notre vie consciente était la partie la moins importante de notre développement. L'âme, l'Âme secrète, était la seule réalité.
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Affirmer que seule une femme peut dépeindre les passions d'une femme, et que par conséquent nul garçon ne saurait jouer Rosalinde, c'est priver l'art du comédien de toute prétention à l'objectivité, c'est transférer sur ce simple accident qu'est le sexe ce qui appartient en propre à l'intuition imaginative et à l'énergie créatrice. En vérité, si le sexe devait être un élément de la création artistique, il faudrait plutôt affirmer que ce délicieux mélange d'humour et de romanesque qui caractérise la plupart des héroïnes de Shakespeare était pour le moins favorisé, si ce n'est effectivement causé, par le fait que les interprètes de ces rôles étaient des adolescents et des jeunes hommes, dont la pureté passionnée, la fantaisie vive et mobile, et la saine absence de toute sentimentalité ne pouvaient pas ne pas suggérer un type de féminité nouveau et séduisant.
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Les grands événements de la vie nous laissent souvent indifférents ; ils s'effacent de notre conscience, et, lorsque nous y pensons, ils deviennent irréels. Les fleurs écarlates de la passion elles-mêmes semblent pousser dans la même prairie que les pavots de l'oubli.
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Vidéo de Oscar Wilde
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