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The Fairy Tales Of Oscar Wilde tome 5 sur 1
EAN : 9781561639816
32 pages
NBM Publishing (01/02/2016)
4.1/5   5 notes
Résumé :
The Happy Prince is arguably the most famous and well-loved of Oscar Wilde's nine fairy tales. The Happy Prince has died young and his soul inhabits a beautiful ruby encrusted statue. From his perch high above the city he is witness to all the poverty, misery and hopelessness in which his people have been living. When a small barn swallow in flight to the warm south ahead of the approaching winter stops to rest upon the statue the Happy Prince prevails upon him to d... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
Ce tome fait suite à Fairy Tales of Oscar Wilde 4: The Devoted Friend & The Nightingale and the Rose qu'il n'est pas nécessaire d'avoir lu avant. Il comprend un unique récit publié pour la première fois en 2011, écrit, dessiné, et encré par Philip Craig Russell. La mise en couleurs a été réalisée par Lovern & Jese Kindzierski. Il s'agit de l'adaptation d'un conte écrit en 1888 par Oscar Wilde (1854-1900) et publié dans le recueil le prince heureux et autres contes. Cet album comporte 30 pages de bandes dessinées en couleurs.

Dans une ville de moyenne importance, fin dix-huitième siècle ou début dix-neuvième, une statue de prince surplombe les toits, posée sur une colonne. Elle est couverte de feuilles d'or. Ses yeux sont des saphirs, et il y a un rubis rouge sur le pommeau de son épée. Au sein de la ville, cette statue est un modèle à suivre, un modèle de bonheur, un modèle angélique même. Une nuit, une hirondelle vient à survoler la ville. Elle a pris 6 semaines de retard par rapport aux autres déjà parties pour l'Égypte, car elle était tombée amoureuse d'un roseau. Elle l'avait aperçu en survolant la rivière, attirée par sa courbure élégante. Elle lui avait fait la cour, entre autres en touchant l'eau de l'extrémité de ses ailes pour créer des rides à la surface. Les autres hirondelles avaient fini par trouver cette relation ridicule d'autant qu'il y avait de nombreux autres roseaux sur les rives. Après un peu de temps, l'hirondelle avait fini par se lasser du roseau, trouvant qu'il n'avait pas de conversation et qu'il se montrait un peu trop coquet et un peu trop casanier, alors que l'hirondelle aime voyager. Elle avait donc fini par s'envoler et partir vers d'autres cieux.

Ainsi, l'hirondelle vient à passer au-dessus de la ville. La nuit tombant, elle décide de se poser sur le piédestal de la statue. Alors qu'elle s'apprête à mettre sa tête sous son aile, une goutte s'écrase dessus. L'hirondelle en reste très surprise car il n'y a ni pluie, ni nuage. Une deuxième goutte s'écrase sur sa tête. Elle décide d'aller trouver une cheminée offrant un meilleur abri. Elle lève la tête juste après la troisième, et découvre qu'il s'agit de larmes coulant des yeux de la statue du prince heureux. Elle lui demande qui il est. le prince heureux lui raconte sa jeunesse, comment il vivait dans le palais du sans-souci, où la tristesse n'avait pas le droit de cité. Autour du jardin du palais courait un haut mur, de l'autre côté duquel il ne s'était jamais demandé ce qu'il pouvait y avoir. Il vécut heureux et mourut à un jeune âge. Maintenant il se retrouve là, mort, pouvant voir tout ce qui se passe dans la ville. Il a un service à demander à l'hirondelle, aider une couturière miséreuse.

C'est donc le dernier conte d'Oscar Wilde adapté par Philip Craig Russell, et le plus célèbre de ceux écrits par Wilde. Il a décidé d'y consacrer un tome entier, soit 30 pages. du coup, le lecteur conserve cette impression que les cartouches de texte et les phylactères contiennent les mots et les phrases du conte écrits par Oscar Wilde, mais la narration peut se permettre d'être aérée et d'avoir des suites de cases décrivant des actions. le lecteur peut voir l'hirondelle voler dans les parages du roseau, et faire des ronds dans l'eau. Il peut observer les mimiques de l'hirondelle alors qu'une larme après l'autre lui tombe sur la tête. Il compatit aux conditions de travail de la couturière, à la souffrance de son fils alors qu'elle s'approche de son lit, tout en observant le dénuement de leur appartement. Il peut apprécier le romanisme irradiant d'un couple en train de danser sur un balcon. Il voit les arabesques gracieuses de l'hirondelle se rendant d'un point de la ville à un autre. Craig Russell peut également prendre le temps et la place de donner à voir des éléments secondaires du récits, à commencer par l'exotisme de l'Égypte : les pyramides, les fleurs de lotus sur le Nil, ou encore les crocodiles se réchauffant au soleil.

P. Craig Russell n'a rien changé à sa manière de dessiner : des contours de forme un peu épurés, peu de marques de texture, une forme de naïveté dans les personnages et dans certains décors (l'horizon de toits de la ville, l'urbanisme fantaisiste, les visions de conte (le roi des montagnes de la Lune), les compositions porteuses d'une forme de romantisme sublimé. Cette bande dessinée est d'un format plus grand que celui des comics, pas loin du franco-belge avec une moyenne de 7 cases par page. La simplification des représentations permet à l'artiste d'inclure de nombreux détails sans surcharger les cases ou les rendre illisibles. Il peut donc représenter la richesse des tissus des robes au bal du palais Sans-Souci, la finesse de la broderie de la couturière, tous les pétales des fleurs de lotus, ou encore les différents crayons et plumes dans le pot et sur la table de travail de l'auteur. Sous une apparence tout public et parfois enfantine, les dessins contiennent en fait un bon niveau d'informations visuelles. le lecteur apprécie également le naturel avec lequel les textes et les dessins se marient, sans redondance entre les 2.

Au fil des séquences, le lecteur trouve toutes les situations normales, tellement les dessins les font apparaître naturelles. Il en vient même à trouver la statue particulière expressive, tellement le prince semble parler à l'hirondelle, avec la bonne posture, le bon geste. Il lui faut revenir sur les pages précédentes pour se rendre compte que P. Graig Russell n'a pas modifié la position du Prince heureux, et qu'en fait il joue uniquement avec les cadrages et les angles de vue pour donner cette impression au lecteur, mais que la position reste bien la même du début à la fin, un tour de force de prises de vue. Comme dans les tomes précédents, l'artiste humanise un peu les animaux. À nouveau, en y regardant de plus près, le lecteur se rend compte qu'en fait il se limite à accentuer un peu l'expression de leur gueule pour en faire un visage, mais rien de plus. Au contraire, il a augmenté le naturalisme de ses représentations animalières, et pourtant le lecteur s'attache immédiatement au gracieux volatile. Il réussit un tour de force tout aussi remarquable avec les êtres humains. Ils sont à la fois des stéréotypes (de couturière pauvre, d'écrivain sans le sou, de jeunes riches et oublieux des autres), et à la fois des individus uniques habités par des émotions subtiles et sophistiquées. le lecteur se retrouve transporté par la joie d'un enfant, attristé par le moral en berne d'un citoyen jalousant l'expression de bonheur de la statue du prince, apitoyé devant le délire fiévreux du jeune fils de la couturière, choqué par l'indifférence des riches.

La narration visuelle de P. Craig Russell s'avère donc riche en saveurs délicates, tout en restant légère et aérienne à la lecture, élégante et nuancée. le lecteur prend fait et cause pour l'hirondelle, écoutant avec elle les paroles du prince. Il aimerait bien qu'elle s'envole pour l'Égypte, afin de pouvoir découvrir ce pays merveilleux, rendu encore plus séduisant par les dessins de l'artiste. Éprouvant une forte empathie pour l'hirondelle, pour sa curiosité polie, il écoute comme elle les paroles du prince. Il s'agit bien sûr d'un conte à destination des enfants et les situations sont dépeintes de manière tranchées. le prince éprouve de la tristesse à la vue de la misère dont souffre certains habitants de la ville. La misère et le dénuement de la couturière et de l'écrivain sont entiers, avec la souffrance d'un enfant pour ajouter au drame. Oscar Wilde n'a pas hésité à intégrer également la détresse de la petite marchande d'allumettes d'Hans-Christian Andersen. Malgré le pathos, le conte décrit bien l'injustice de ces inégalités sociales, par opposition de l'insouciance des nobles, parfois un peu agacés de ne pas voir leurs désirs exaucés à l'instant, et des pauvres s'acharnant à la besogne, sans espoir de sortir de leur situation précaire. L'écrivain montre aussi comment juste pour des raisons de tranquillité publique 2 vagabonds sont chassés de l'abri d'un pont et contraint de subir la pluie. La simplicité des dessins de Craig Russell ne neutralise pas ces drames ; elle ne les édulcore pas non plus. En fait elle les dépeint dans toute leur simplicité, montrant l'évidence de l'injustice, la cruauté de l'acharnement même pas réfléchi.

Ce conte fonctionne encore d'autant mieux que l'hirondelle fait preuve d'une certaine forme d'innocence. Elle ne se doute pas de la souffrance qu'endurent certains citoyens, mais dans le même temps elle sait qu'elle doit partir dans les plus brefs délais pour rejoindre les autres hirondelles dans un pays fabuleux, car elle ne survivra pas à l'hiver. Elle est donc tiraillée par le peu d'efforts nécessaires pour apporter un peu de réconfort, et ses habitudes de vie, l'appel de la migration qui est inscrite dans sa nature d'hirondelle. Pour terminer son récit, Oscar Wilde utilise le motif de la religion catholique, en particulier le sacrifice christique. le lecteur peut y voir une obligation pesant sur Wilde de se conformer au dogme de l'Église pour que son conte soit moral. le lecteur peut également y voir une critique cachée sur le fait que le rétablissement des valeurs morales soit réalisé par un oiseau (un représentant de la nature, de l'ordre naturel) et un mort statufié (un individu dont la fin de vie lui permet de voir au-delà de la gratification matérielle et égoïste). En fonction de sa sensibilité le lecteur appréciera la juste reconnaissance des 2 dernières pages, ou au contraire préfèrera les oublier au profit de la fin de la statue et de l'hirondelle.

Avec cette adaptation, Philip Craig Russell réalise une bande dessinée extraordinaire, sachant conserver le propre des phrases d'Oscar Wilde et de son esprit, tout en respectant les conventions narratives de ce média. le lecteur, enfant comme adulte, se laisse emmener par ces images agréables à l'oeil, montrant un monde facile à appréhender et à comprendre, tout en mettant ainsi à nu les horreurs qu'il contient.
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