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Laure Mistral (Traducteur)
EAN : 9782330166304
336 pages
Actes Sud (07/09/2022)
3.44/5   49 notes
Résumé :
Louisiane, 1924. Née esclave, Josephine a fui à l'âge de dix ans la plantation où elle vivait avec ses parents. Désormais septuagénaire, elle dirige une exploitation agricole florissante mais l'arrivée dans son voisinage d'un couple de Blancs l'inquiète. Le Ku Klux Klan prospère dans la région. Près d'un siècle plus tard, Ava, une descendante métisse de Josephine, emménage chez sa grand-mère paternelle blanche et fortunée. Sans le savoir, son destin va converger ave... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (13) Voir plus Ajouter une critique
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Générations inspirées

À La Nouvelle Orléans, rien n'est simple dans la famille d'Ava, 34 ans. Élevant seule son fils King, elle s'est peu à peu éloignée de sa mère Gladys, ex-avocate et malade, devenue doula pour aider les femmes face à la naissance. Mais leur relation se tend encore un peu plus quand Ava décide d'emménager chez Martha, la grand-mère, le temps d'économiser de quoi financer un futur toit.

C'est l'occasion pour Martha de tenter de rattraper le temps familial perdu, mais son état de santé instable rend vite la vie d'Ava compliquée, la conduisant contre toute attente à se rapprocher davantage de Gladys et à explorer ce don familial particulier qui semble habiter la lignée de femmes depuis des générations, sous l'oeil de Joséphine, l'aïeule dont le portrait n'a jamais quitté Ava.

Dans Miss Joséphine, Margaret Wilkerson Sexton – traduite par Laure Mistral – nous replonge au milieu du XIXe siècle, dans l'enfance de Joséphine puis dans son parcours de femme libre et fière, pour retracer le lien générationnel invisible qu'elle va tisser pour unir sa future descendance.

Née noire et sous la domination des « maîtres » propriétaires terriens, Joséphine va vite découvrir au contact de Miss Sally la fille de l'institutrice, l'autre vie, celle des blancs. Et si ce semblant d'amitié ne suffira pas à casser les barrières de l'époque, il permettra en revanche à Joséphine d'envisager un autre avenir, moins déterminé et affranchi.

Des années plus tard, sur la fin de sa vie qui l'aura vue se libérer, fonder une famille, aider les parturientes et se lier avec une nouvelle voisine blanche, elle découvrira que le passé n'est jamais mort et l'égalité raciale jamais totalement atteinte.

Alternant les époques et les voix, l'auteure fait indirectement dialoguer Joséphine, Gladys et Ava, unie par un lien intergénérationnel imperceptible qui les conduit à délaisser la haine - « La haine, ça sert à rien, Josie. Tout ce que tu cherches à fuir, la haine t'y enchaîne » - au profit de l'épanouissement par le service de l'autre.

Un lien qui deviendra force pour Ava : « Toutes les femmes qui sont venues avant toi sont à tes côtés, elles te soutiennent, elles vont te guider jusqu'au bout » semble lui susurrer Joséphine. « Je suis toi et tu es moi (…) Je t'attendais ».

C'est un joli livre qui voyage entre les époques sans jamais se perdre, ode délicat et intime à la sororité qui unit à travers les âges et les races.
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Margaret Wilkerson Sexton s'attache ici à décrire l'évolution du racisme, des rapports entre Noirs et Blancs aux États-Unis, se focalisant sur trois périodes et sur deux femmes - l'une, ancienne esclave, à deux moments charnières de sa vie, l'autre à notre époque, encore hantée par l'héritage de son aïeule. Cette construction peut paraître déséquilibrée de prime abord mais se justifie par l'intérêt que l'autrice porte à la société bien davantage qu'à ses héroïnes, là simplement pour regarder et transmettre ce qu'elles voient (plus de détails : https://pamolico.wordpress.com/2022/09/23/miss-josephine-margaret-wilkerson-sexton/)
Lien : https://pamolico.wordpress.c..
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2017 : Ava, jeune mère en galère financière, trouve refuge chez sa grand-mère paternelle. Isolée, vieillissante, celle-ci est ravie de l'accueillir et ainsi d'avoir une aide à domicile. Vision idyllique de la solidarité familiale biaisée car rien n'est si simple : Ada, métisse née des amours éphémères de sa mère avec un blanc issu de la bourgeoisie, a toujours vécu loin de son père et de sa famille paternelle, tous blancs, tous fortunés. Elle ressent cette condescendance, ce racisme disons-le tout court, cette distance instaurée insidieusement entre elle et sa mère et eux. Ce n'est pas dit, mis en mots, mais c'est un fait.
1855 : l'ancêtre d'Ava, Joséphine grandit avec ses parents dans une plantation. Esclave, c'est son statut, comme tous les siens. Mais Joséphine est une petite fille particulière qui a des dons divinatoires.
Un siècle et demi sépare ces deux femmes . Ava n'a jamais connu l'esclavagisme et se bat non pas pour ses droits mais tout simplement pour avoir les ressources suffisantes pour élever sereinement son garçon.
Seulement, le poids énorme de la ségrégation, du racisme gangrène les relations. On ne peut se défaire de ce passé si ancré dans les veines, dans les esprits.
Ava et Joséphine sont liées parcette histoire et c'est la seconde qui va aider la première par-delà les années.
Margaret Wilkerson Sexton, qui a grandi à la Nouvelle Orléans, sait de quoi elle parle et elle l'écrit magnifiquement.
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A travers trois époques, Margaret Wilkerson Sexton nous donne un aperçu de l'évolution de la méfiance des Noirs vis à vis des Blancs. Des réactions qui m'ont semblé tristement réalistes.

La première époque est la naissance et l'enfance de Josephine en 1855. Née de parents esclaves, elle travaille dans une plantation pour une famille de Blancs sous l'égide de sa mère dotée de pouvoirs divinatoires.

Nous retrouvons ensuite celle qui donne son nom au roman soixante-dix ans plus tard, en 1924. Malgré un départ difficile, Josephine a réussi. Son fils a pris la suite de l'exploitation qu'elle menait avec son défunt mari. Désormais seule chez elle, elle voit ses nouveaux voisins Blancs envahir sa vie.

La troisième narratrice est Ava, une descendante métisse de Josephine en 2017. Ayant une relation particulière avec sa mère doula mystique, elle part s'installer avec son ado de fils chez sa grand-mère paternelle blanche.

Chaque époque est marquée par une femme forte : la mère de Joséphine en 1855, Joséphine elle-même en 1924 et la mère d'Ava en 2017. Toutes sont symbole de maternité, de part leur statut, mais aussi de part leur activité de sage-femme.

J'ai vraiment pris du plaisir à pénétrer dans ces trois époques. Quelques petits bémols toutefois : il y a beaucoup de personnages, notamment en 1924, c'est difficile de se souvenir de qui est qui. J'ai parfois été perdue.

Je suis également restée du ma faim à l'issue du roman. Chaque histoire se termine sur un tournant de la vie des narratrices. Des événements dont on savait déjà des choses au cours de l'histoire. C'est plus la suite qu'on aurait aimé connaître.

J'ai reçu ce livre dans le cadre de la Masse Critique Mauvais Genre du mois dernier. le résumé était assez mystérieux, je m'attendais donc à davantage de surnaturel, mais c'est en fait surtout du religieux ou des croyances. J'aurais peut être aimé que les liens entre les trois histoires soient un peu plus explicites. J'ai malgré tout passé un bon moment avec Miss Josephine. 3,5/5
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3 époques, fin XIXème, début XXème et XXIème siècle pour une même famille, en Louisiane, qui a subi l'esclavage et qui encore aujourd'hui lutte contre ce racisme ambiant aux Etats-Unis.
Joséphine, toute petite en 1855, vit l'esclavage dans la plantation où ses parents sont soumis au maitre et à la maitresse.
Et Joséphine, au seuil de sa vie, en 1924, est alors pleine maitresse de ses terres, propriétaire d'une ferme où la vie n'est pas simple mais au moins où une certaine liberté règne. Mais le mal n'est jamais très loin et l'installation d'une famille blanche dans le voisinage va faire remonter de très vilaines choses.
En 2017, Ava, maman de King, jeune ado, et descendante de Joséphine, après avoir subit le départ de son mari et la perte de ses emplois, tente l'aventure de se rapprocher de sa Granma Martha en s'installant chez elle le temps de se refaire une santé financière et de donner à son fils un autre avenir dans une école où il risque beaucoup d'avoir des problèmes. Seulement, Martha est malade et perd plus ou moins la tête et les réminiscences du passé ressurgissent violemment.
C'est une très jolie histoire que nous raconte l'auteure, de transmission, car Joséphine n'est jamais bien loin d'Ava et de Gladys, la mère d'Ava et le récit de l'esclavage, des conditions de vie, de ce je ne sais quoi de magique et surtout des relations familiales compliquées mais fortes rend le tout très plaisant à lire malgré une thématique somme toute sombre.
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Citations et extraits (7) Voir plus Ajouter une citation
Je me fatigue pas à lui dire qu’on avait pas trop le choix. J’aurais pu aller chez ma mère, bien sûr, mais ça voulait dire m’exposer à sa grande gueule, et c’était trop cher payé. Et puis à quoi ça mènerait ? D’ici un an, je me retrouverais dans la même situation. D’un autre côté, Grandma Martha m’a proposé l’équivalent de mon ancien salaire rien que pour passer mes journées avec elle. King va commencer demain au meilleur collège privé de La Nouvelle-Orléans. À la fin de l’année, j’aurai de quoi me payer un toit, ne serait-ce qu’un pavillon, et sans doute en cité, mais ça nous permettrait tout de même de nous fixer
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Ma mère a fait deux enfants avant moi. Une fille et un garçon, mais je ne les ai pas connus. Maman disait qu'ils avaient été plus malins que moi, parce qu'il leur avait suffi de renifler le monde pour comprendre qu'y avait rien de bon pour eux. Du coup, à ma naissance, elle était bien contente que je continue à respirer, moi. Elle a tout de même gardé ses distances - des fois que je finisse par piger, moi aussi, et que je tire ma révérence sans crier gare, mais non, je me suis accrochée.
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Roman fort sur l'esclavage dans le sud des Etats Unis à la fin du 19e siècle et sur l'héritage sur les tous derniers descendants .
l'aïeule vit avec ses parents dans une plantation et sa mère a des pouvoirs magiques . Plus tard , n'étant plus esclave , elle dirige un domaine florissant malgré la présence des blancs et leur groupe extrémiste de défense de la race.
Parallèlement et actuellement essaie de vivre une de ses arrière arrière arrière petite fille qui est contrainte de s'occuper de sa grand mère blanche tout en se rapprochant de sa propre mère avec la présence constante de son aïeule qui la guide dans son quotidien.
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Y a des gens qui réagissent mal au pouvoir ; confiez-le à un esprit meurtri, il le ronge ; à un cœur doux et intact, il va s'épanouir et fructifier.
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"...Ce matin, j’ai regardé cet homme et j’ai su que je pouvais le faire plier ; il portait une histoire en lui qui m’a permis de lui faire voir le monde à travers mes yeux. Mais tous les Blancs sont pas comme ça, faut que tu le saches. Si on est surpris à nouveau et que je me mets pas à parler, cours. Ça voudra dire que je peux rien faire."
Il a regardé au loin, en direction du fleuve.
“Ça voudra dire que notre pouvoir il sera plus que dans nos jambes.”
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Vidéo de Margaret Wilkerson Sexton
Garder en mémoire les nombreux massacres d'Indiens autochtones et d'esclaves, tel est aussi certainement le devoir de la littérature. Que ce soit sur le mode de l'incantation ou de l'épouvante, ces trois romans explorent, du Nord au Sud, les blessures laissées par la violence de l'Histoire. Stephen Graham Jones, Tiffany Quay Tyson et Margaret Wilkerson Sexton
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