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Danièle Bondil (Traducteur)Pierre Bondil (Traducteur)
EAN : 9782869308091
348 pages
Payot et Rivages (02/09/1994)
3.86/5   21 notes
Résumé :
Un matin, Hoke Moseley décide de ne plus se lever ni parler à personne. Ellita Sanchez, son équipière au service des homicides, le conduit à Singer Island où vit Moseley père. Là, Hoke entreprend de simplifier sa vie en démissionnant de la police pour devenir le gérant d'un immeuble. La tâche se révèle plus difficile que prévu et sa fille, venue veiller sur lui, tombe malade. Enfin un policier lui demande son aide dans une affaire de cambriolage d'appartements grand... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Comme chaque matin, Hoke Moseley parcourt les titres du Miami Herald en dégustant son premier café. Il s'installe sur sa chaise longue, ferme les yeux et perd soudainement toute motivation. Victime d'un burn out, il se sent incapable de rejoindre son bureau au sein de la Police de Miami où l'attendent des piles de dossiers. Il décide de mettre sa carrière de policier entre parenthèses et se rend sur Singer Island où il se contentera de gérer des meublés appartenant à son père. Dans ce troisième volet consacré à ce sergent désabusé, nous retrouvons son entourage : ses deux filles qui l'encombrent, sa coéquipière d'origine cubaine enceinte jusqu'aux yeux et ses collègues de la Criminelle. le récit de son congé croise celui des péripéties de Stanley Sinkiewicz. le vieil homme a travaillé toute sa vie dans une usine Ford. A la retraite, il a quitté Detroit pour couler des jours tranquilles avec son épouse sous le soleil de Floride. Mais sa vie si ordinaire et si ennuyante va sortir des rails lorsqu'il croise la route deTroy, un dangereux sociopathe. le lecteur qui a apprécié les épisodes précédents devine assez vite la nature des dérapages à venir. le roman n'en reste pas moins savoureux avec sa galerie de personnages drolatiques.On y croise par exemple un jeune peintre qui produit de l'art figuratif sans grand talent ou un spécialiste en taons d'Ethiopie en congé sabbatique... Charles Willeford prend le temps de poser son intrigue et ses personnages, aussi l'histoire, bien que déjantée, reste-elle parfaitement construite. L'humour noir est parfaitement dosé et teinté d'une pointe de mélancolie. Pour conclure, je reprendrai l'appréciation de Philippe Jaenada dans sa présentation de Miami blues (dans le cadre de l'opération "lectures sur ordonnance") : "noir, cynique, violent, odieux mais déroutant d'humanité".
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Troisième volet consacré au sergent Hoke Moseley, de la police de Miami, Dérapages reprend à grands traits la structure sur premier roman de la série, Miami Blues. D'un côté Hoke Moseley, flic en surpoids affublé de dentiers vaguement bleutés et de deux filles adolescentes, qui partage une maison avec sa collègue cubaine enceinte. Hoke, sous pression parce qu'il a trop bien travaillé sur ses dossiers précédents et a donc écopé d'encore plus de travail, devient catatonique. Après que sa plus jeune fille l'a découvert dans sa chaise longue refusant d'articuler un mot après s'être pissé dessus, il rejoint Singer Island, où il a grandi, et décide de ne plus mettre un pied en dehors de l'île. D'un autre côté, Troy Louden, psychopathe à l'origine de braquages sanglants dans des supermarchés monte un nouveau coup avec l'aide du vieux Stanley Sinkiewicz dont la femme est partie après qu'il a été accusé à tort d'attouchements sur une enfant.

On se doute bien que les deux histoires finiront par se croiser, mais, en réalité, peu importe. Ce qui compte, c'est la manière dont Willeford nous implique dans la vie de ses personnages. Des vies médiocres ou, au mieux, sans grand intérêt. Hoke tente de se reconvertir dans la gestion d'un immeuble pour le compte de son père, joue au Monopoly, découvre que sa fille est boulimique, s'intéresse au travail scientifique que l'un de ses locataires consacre aux taons d'Éthiopie… Stanley, débarrassé de sa femme, découvre la liberté en se plaçant sous la coupe de Troy et apprend à un complice à faire des lignes droites avec un pinceau sans utiliser de règle.

Personnages à la dérive, avec leurs qualités et leurs défauts, perdus dans une société qui n'est plus vraiment la leur et qui regrettent un passé qui n'était en fait guère mieux, Hoke et Stanley apparaissent comme les deux faces d'une même médaille. La différence étant que Hoke est un peu plus déterminé et a encore quelqu'un à qui se raccrocher et dont il se sent responsable ; ses filles qui le rendent meilleur.

Et de ces histoires banales, Willeford tire un roman nonchalant et accrocheur. Grâce à son humour qui transperce dans quasiment chaque phrase, cette dérision légère mais terriblement bien affutée, et ce sens des dialogues légèrement décalés. Grâce aussi à la tendresse qu'il porte à tous ses personnages sans exception. Il en ressort une atmosphère indolente où pointe toujours un semblant de tension dans laquelle le lecteur se laisse entraîner avec plaisir.

Lien : http://www.encoredunoir.com/..
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Un polar comme on les aime.
Nous sommes loin du flic ou du privé cynique-revenu de tout-alcoolique-coureur de jupons-mais néanmoins décidé à poursuivre le crime comme on nous les sert régulièrement, sur fond d'assassinat archi-sanglant-sans indices.
Hoke Moseley (le héros récurrent de Willeford dans trois de ses livres, si je ne m'abuse) est un quadragénaire bedonnant, affublé d'un dentier, d'un compte en banque anémique et d'une solide dépression nerveuse.
Surtout, l'arrière plan du livre est très original : les méchants sont un jeune truand et un papy sans histoires qui en est tombé amoureux, rien que ça...
Bref, un vrai polar, documenté, iconoclaste, passionnant, écrit par un maître du genre.
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Charles Willeford n'a pas choisi le plus facile pour nous faire aimer Hoke Moseley : radin, mesquin, facilement irritable, il est de plus affublé de dentiers et confronté à un problème de poids. Pour couronner le tout voilà qu'il déprime et se pisse dessus !

J'ai beau chercher, difficile d'en rencontrer deux comme lui dans l'univers du polar. Mais les livres de Charles Willeford sont à l'image de la société : les gens sont rarement parfaits. Plutôt souvent médiocres, butés et passables dans bien des domaines. Les "bons" comme les "méchants".

Concision, précision, rigueur sont les trois mots qui viennent à l'esprit à la lecture des romans de Charles Willeford, auteur plus exigent qu'il n'y parait. Dans cette enquête insolite et banale à la fois, on retrouve avec plaisir Hoke Moseley, ses remarques désabusés, ses problèmes domestiques et la galerie de personnages qui l'entourent - si proches de nous.
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J'ignore si c'est un légende ou non, mais on raconte qu'on demanda à un sculpteur de cathédrale, pourquoi il avait passé autant de temps sur le visage d'une statue, alors qu'elle devait être placée, visage au mur, dos tourné ; et cet homme aurait répondu : " Si les hommes ne voient pas ces détails, Dieu les voit"....

"Charles Willeford" est de cet acabit...

Peu importe l'enquête en cours, tout est en place... Sculpté, ciselé....

Hoke Moseley n'est pas le super héros, irréprochable et sans peur.....

On aurait bien des reproches à faire à ce Hoke, mais en fin de compte, il nous ressemble....

Hoke est fatigué et il lui semble qu'une retraite paisible sur un ilot des Keys fera son bonheur....
Mais parfois, un détail peut entrainer des conséquences.



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Citations et extraits (24) Voir plus Ajouter une citation
-Je t’ai déjà expliqué. Je suis un criminel psychopathe, donc je ne suis pas responsable de mes actes.
-Est-ce que ça veut dire que tu es fou ? Tu n’as pas l’air d’un fou, Troy […]
-Laisse-moi terminer, Pépé. Je n’ai pas le temps d’entrer dans toutes les ramifications de ma personnalité, elle est trop complexe. Ils m’ont fait passer des tas de tests, et les résultats sont toujours les mêmes. Psychopathe. Et comme je suis un criminel, ça fait de moi un criminel psychopathe. Tu me suis ?
-Ouais, je crois bien. Mais si tu n’es pas fou, tu es quoi, alors ?
-C’est ce que je t’ai déjà dit. Je connais la différence entre le bien et le mal, mais pour moi c’est du pareil au même. Si je vois qu’une chose est bien et si j’ai envie de la faire, je la fais, et si je vois qu’une chose est mal et si j’ai envie de la faire, je la fais aussi.
-Tu veux dire que tu peux pas t’en empêcher, alors ?
-Pas du tout. Je vais m’exprimer autrement. Ce n’est pas que je ne peux pas m’en empêcher, c’est seulement que j’en ai rien à foutre.
-Et comme t’en a rien à foutre, tu es un criminel psychopathe, c’est ça ?
-T’as pigé.
-Mais, demanda Stanley en faisant un large geste du bras. Pourquoi est-ce que t’en as rien à foutre ?
-Parce que je suis un criminel psychopathe.
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Ce célèbre écrivain disait que les hommes qui vivent dans les villes sont comme des cailloux dans un sac en cuir. Ils frottent tous les uns contre les autres jusqu’à devenir ronds et lisses comme des billes. S’ils restent dans le sac assez longtemps, il ne restera plus la moindre aspérité, c’est ça son idée. Seulement moi, j’ai réussi à garder mes aspérités, chacune des mes arêtes tranchantes. Mais toi, mon vieux, tu as la rondeur et le lustre d’une agate. Tu vis dans ce sac depuis soixante et onze ans, vieux. On pourrait te montrer à la télé comme le spécimen parfait du mâle américain. Tu es le fils d’un immigrant polonais et tu as travaillé toute ta vie pour une entreprise capitaliste qui s’en fout totalement. Ton fils est un vendeur à la manque, et tu as fait un mariage typique, sans bonheur ni sexe. Et maintenant, une merveilleuse retraite sous le soleil de Floride.
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S'il leur avait fallu renoncer à quelque chose, leur voiture ou leur femme, la plupart des hommes, du moins parmi ceux que Stanley avait connu à Detroit, auraient certainement choisi de se séparer de leur femme.
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Nous ne sommes pas des saints, Pépé. Nous sommes tous humains, alors Dale a commencé à coucher avec le chauffeur de taxi. Si ça avait été juste comme ça, y aurait pas eu de problème. Quand ça commence comme ça, les gens se lassent l’un de l’autre au bout d’un moment et ça se serait terminé là. Elle aurait continué sa route vers le succès et lui, selon toute probabilité, il aurait eu son diplôme d’agent immobilier. Mais il se trouvait également que Dale couchait avec son directeur. Après tout, c’est lui qui l’avait découverte, il l’avait remarquée parmi plusieurs filles lors d’un concours en tee-shirt mouillé à Daytona Beach. C’est lui qui lui a donné sa première chance et qui la poussaitvers le succès. Il avait bien le droit de la baiser pour sa peine, et elle ne gagnait pas encore tellement de fric. Dans le show business, c’est comme ça que ça se passe. Tu as sûrement vu la même chose au cinéma.
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Évidemment il n’y a rien d’extraordinaire dans le fait de tomber amoureuse, poursuivit Troy. Dale est jeune. Elle n’aura pas vingt et un ans avant cinq mois bien qu’elle paraisse plus âgée. Et le type dont elle est tombée amoureuse était un jeune et beau chauffeur de taxi. Il était également étudiant à temps partiel dans un institut universitaire où il suivait un cours sur l’immobilier. C’était un athlète, en plus, d’après ce que Dale m’a dit, et il jouait au softball 1 tous les dimanches dans Tropical Park. C’étaient des amants maudits, Pépé. Dale était déjà une étoile qui commençait à scintiller, avec un seul chemin devant elle : tout droit vers les sommets. Mais lui, ce type-là, tout ce qu’il voulait, c’était avoir son diplôme d’agent immobilier pour pouvoir rester assis dans des maisons vides le dimanche au lieu de jouer au softball. Comparé à Dale, ce garçon n’avait aucun avenir, aucun.
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Videos de Charles Willeford (3) Voir plusAjouter une vidéo
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THE BURNT ORANGE HERESY (2019) : Bande-annonce (version originale). Adaptation du roman "Hérésie" de Charles Willeford.
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