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Critique de bdelhausse


[Notes de lecture - en cours] Je me rends compte, à mesure que je découvre l'univers de Tennessee Williams, que je le connaissais sans le savoir. Jusqu'il y a peu, je n'avais lu aucune de ses pièces, mais j'ai vu un nombre incroyable de films tirés de son oeuvre. Principalement, dans le cadre du "cinéma de minuit" sur FR3 le dimanche soir...

OK, théâtre et cinéma... ce n'est pas pareil.

Ici, Baby Doll (dont j'ai adoré le film... mais passons) est le scénario commandé par Elia Kazan à Tennessee Williams, à partir de deux pièces en un acte.

On retrouve l'aisance de l'auteur pour les relations humaines dures et âpres.Il y a la haine, viscérale. Il y a l'image de l'homme... ou des hommes. Archie, Silva et le père de Baby Doll. Même s'il est mort avant le début de l'histoire, ce dernier joue un rôle par l'image qu'il projette.

Les didascalie de l'auteur, très présentes dans les autres pièces, prennent évidemment tout leur sens dans un synopsis de film, savamment découpé en scènes. Encore une fois, Williams nous livre un thriller, où la tension monte peu à peu, en même temps que s'échauffent les esprits et les corps. Que cherche Archie? Que cherche Silva? Et surtout que cherche Baby Doll... ? Femme-enfant au nom prédestiné.

En 2014, on l'appellerait Purity, Chastity... Bien sûr, c'est un peu vieilli. A 20 ans, en 2014, il serait sans doute difficile de faire croire à une telle histoire, mais (et c'est la force de Williams) c'est assez secondaire. Il nous raconte des choses intemporelles. L'envie, la passion, le pouvoir...

Cela m'a donné envie de revoir le film...

Eté et Fumées, la seconde pièce est une des plus tristes que j'ai lues de Tennessee Williams. Dans la plupart des pièces lues, même si on n'a pas de happy end (faut pas rêver), on a une sorte de dénouement selon les aspirations des gens. Ici, ce n'est pas le cas. Alma rate complètement le coche avec John, car elle est prisonnière de son éducation, de la tradition, de ce qui se fait et ne se fait pas. Et quand elle se renie et s'offre à John, c'est trop tard. Ou alors, elle le fait parce qu'inconsciemment, elle sait que c'est trop tard.

Alma repart. On se dit qu'elle mourra vieille fille. Elle sait ce qu'elle rate. John épouse Nellie... et on retrouve en Nellie une part de Baby Doll... Et dans Alma aussi. Ces deux femmes sont les deux faces de Baby Doll, vierge et aguicheuse. Alma la prude et Nellie la réaliste.

C'est à mon sens ce qui regroupe les deux pièces. le triangle. Deux hommes et une femme pour Baby Doll. Deux femmes et un homme pour Eté et Fumées.

Et que dire de John, ou de Silva... ils emportent la femme... mais on devine que ce ne sera pas une libération pour eux. John ne changera pas, Nellie sera malheureuse. Baby Doll se lance, mais elle a trop changé d'avis pour que le lecteur y croie pleinement. Et que fera un Silva éconduit. Car c'est une grande force des pièces de Tennesse Williams... elle ne se terminent pas au rideau... en fait, ce rideau qui tombe marque un commencement.
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