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EAN : 9782264036681
256 pages
10-18 (20/02/2003)
3.65/5   78 notes
Résumé :
"Combien de temps onze punaises d'un collège baptiste peuvent-elles tenir dans un car arrêté en plein soleil par 40° à l'ombre ? "
Telle est la question que se pose Shannon, lorsque le rideau s'ouvre sur le décor d'un hôtel miteux, le Costa Verde, frappé par la canicule mexicaine. Révérend défroqué, Larry Shannon s'est reconverti dans l'animation de voyages touristiques. Mais il se trouve que son groupe n'est pas prêt à accepter ses pratiques plus que douteus... >Voir plus
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Femmes voluptueuses, indolentes, paysages du Sud des Etats-Unis et du Mexique, crépuscules et grandes maisons avec porche. Dans les trois pièces / nouvelles présentées dans ce recueil, on retrouve les décors de prédilection de Tennessee Williams. Les ayant lus il y a longtemps déjà, je ne me souviens plus exactement de l'intrigue, mais restent en moi des traces de ces atmosphères lourdes, moites et chargées de désir difficilement réprimé. d'ailleurs, la photo de couverture qui illustre cette édition annonce bien ces thèmes.

La Nuit de l'Iguane est bien sûr la pièce la plus connue du recueil et est encore régulièrement jouée et en France et dans le monde. Je trouve ce titre fascinant, intrigant.
Mais ce sont finalement les deux pièces / nouvelles suivantes qui m'auront le plus marquée.
Dans le Long Séjour Interrompu, on retrouve Baby Doll, celle du film éponyme que Tennessee Williams co-écrira plus tard avec Elia Kazan. Cette nouvelle est donc antérieure au film et l'aura partiellement inspiré. Baby Doll est plus charnue que dans le film, "c'est une femme indolente, aux formes amples, mais son ampleur n'est pas accueillante", "sa chevelure noire et luisante". Difficile, quand on a vu dans le film cette Baby Doll blonde et poupine, de s'y faire.

Il y a enfin et surtout -pour moi- Vingt-Sept Remorques Pleines de Coton.
Ah ce titre, rien que ce titre! Je n'ai qu'à fermer les yeux pour retrouver toute cette mythologie du sud, Steinbeck, McCullers, Faulkner, Kerouac...
J'ai aimé l'indolence des dialogues, les didascalies descriptives, l'atmosphère, "c'est le début de la soirée, et le ciel est légèrement teinté de rose par le crépuscule " - dans la nouvelle précédente, d'ailleurs, ça donnait ça: " c'est un ciel orageux, où le vent souffle avec un miaulement de chat / Un e musique à la manière de Prokofiev accompagne le lever du rideau, et contribue à créer une atmosphère de lyrisme grotesque".

Il y a aussi cette brusque brutalité de Jake qui disparaît comme elle est venue, cette violence morale et physique que les dialogues parviennent à rendre avec tant de force, de réalisme. Ce passage où Jake tord le poignet à Flora, menaçant, juste avant d'imaginer, amusé, qu'il la mangerait bien si elle était une belle meringue toute blanche.
Ces nouvelles, comme toutes celles de Tennessee Williams que je connais, frôlent la folie et la violence.

Enfin, petite anecdote, j'ai découvert en reprenant le livre que c'était Marcel Aymé, l'auteur entre autres des contes du Chat Perché, qui avait traduit la Nuit de l'Iguane (et les Sorcières de Salem d'Arthur Miller).

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Je ne sais pas exactement pourquoi j'ai été si peu emballée par La nuit de l'iguane, sans toutefois m'être franchement ennuyée. Quoique, par moments... Je crois qu'il m'a manqué ce que j'avais auparavant trouvé dans le théâtre de Tennessee Williams, à savoir cette brutalité qui prend si souvent aux tripes, chez les personnages comme dans les situations dramatiques qu'ils vivent.

Maxine, récemment veuve de Fred Faulk, tient au Mexique un hôtel de seconde zone tant bien que mal. Shannon, ami du couple, mais surtout du défunt, pasteur suspendu de ses fonctions par les autorités religieuses et reconverti comme guide touristique pour une agence de voyage bas de gamme, débarque avec un groupe de touristes féminines et puritaines, bien décidé à les forcer à passer la nuit dans l'hôtel de Maxine, ce qui est tout sauf convenu dans le programme - c'est qu'elles ont payé pour un voyage, sinon luxueux, du moins confortable, et que Shannon s'évertue à les contrarier constamment et à faire de leurs vacances un enfer. Jusqu'à coucher avec avec la plus jeune de ses clientes, mineure, avec ça. Ce que ni va évidemment pas sans drames, la jeune fille le harcelant avec force larmes et cris, Shannon essayant de lui échapper, ainsi qu'au reste du groupe, forcément fort mécontent de lui. En même temps que Shannon, se présentent à l'hôtel deux personnages qui contrastent assez fort avec ce petit monde : Hannah, qui essaie de vivre en vendant ses peintures aux touristes, et qui voyage avec son grand-père Nonno, nonagénaire tout proche de la mort et qui cherche à terminer depuis très longtemps son tout dernier poème. Maxine, pragmatique, préfère encore supporter ses clients allemands chantant gaiement des chants nazis - c'est la seconde guerre mondiale - plutôt que Hannah et Nonno qui sont sans le sou. D'autant qu'elle se verrait bien tenir la pension avec Shannon (dont l'avenir dans le tourisme professionnel est d'évidence complètement fichu, bien qu'il le nie avec une ridicule véhémence), et qu'elle détecte vite une affinité évidente entre Shannon et Hannah. Hannah et Nonno s'installeront tout de même chez Maxine. Provisoirement ?

Il faut reconnaître que Tennessee Williams sait jouer avec les situations à la fois dramatiques et grotesques que Shannon ne cesse d'engendrer - et qui ne sont visiblement que les conséquences d'autres situations et d'autres actes tout aussi grandiloquents. Et pourtant, ce jeu de la déchéance dans lequel s'est enfermé Shannon, ses atermoiements et ses déchirements - en partie religieux - ne m'ont pas particulièrement intéressée, de même que le sort de Hannah m'a laissée plus ou moins de marbre, malgré sa souffrance évidente, et même si elle a relégué cette souffrance au passé et qu'elle l'a acceptée, comme elle l'affirme. Je dois dire que le long dialogue entre Shannon et Hannah sur leurs épreuves respectives à l'acte III n'ont pas aidé... Certes, on est toujours à ce moment crucial où les personnages doivent se décider pour un choix définitif. Et pourtant, je me suis un peu désintéressée de ces choix et de ces souffrances.

Et autant le symbolisme de la licorne miniature fonctionnait de manière poétique dans La ménagerie de verre, autant j'ai trouvé le symbolisme de l'iguane attrapé, attaché, incapable de s'échapper en attendant d'être torturé, tué et mangé, un tantinet exagéré comme métaphore des souffrances de Shannon et Hannah. Ce qui a finalement sauvé la pièce pour moi, c'est le personnage de Nonno, qui m'a, lui, réellement touchée, dans son obsession ultime pour sa poésie - encore que j'aime bien Maxine aussi. Et s'il existe un théâtre qui réclame que ses personnages nous touchent profondément, c'est bien celui de Tennessee Williams.


Challenge Théâtre 2017-2018
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J'ai toujours une lecture particulière pour les pièces que je vais jouer... surtout quand je sais déjà le rôle qui m'est destiné. Et quel plus beau cadeau que le rôle de Shannon dans cette pièce de Tennessee Williams. Un homme convoité par toutes les femmes de la pièce (ou presque) mais tellement pris dans ses démons personnels qu'il les repousse toutes (ou presque).

Et même si il est au centre de toute l'histoire, c'est comme souvent à la galerie des femmes que l'auteur offre la plus belle des palettes. Des femmes un peu archétypes: la petite jeune qui n'a pas encore connu l'amour et le recherche éperdument, la femme d'expérience qui sait ce qu'elle veut et le fait savoir mais fragilisée car c'est un seul homme qu'elle aime en fait, la femme très sage mais pleine de bon sens qui semble rêver d'un amour platonique... Dans leur quête éperdue, aucune d'elle n'est ridicule, elles sont toutes pleines de sincérité même si elles s'amourachent d'un macho déguisé d'une soutane.

J'avais souvenir, par l'adaptation cinéma surtout, d'un film assez tragique sur la folie d'un homme. A la lecture collective que nous venons de faire avec la troupe, j'ai surtout découvert une pièce extrêmement drôle, d'affrontements successifs entre Shannon et "ses" femmes dont il ne sort que faussement vainqueur. Une vraie étude des rapports hommes-femmes sous le soleil du Mexique.
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"La nuit de l'iguane" : encore une merveilleuse pièce de Tennessee Williams. Quel talent avait ce type là ! Je n'en reviens pas.

... le talent de planter à chaque fois un décor d'une quotidienneté à vous donner le bourdon (ici une auberge misérable située dans trou de la côte mexicaine) où échouent des personnages au bout du rouleau, enlisés jusqu'au cou dans leurs problèmes matériels et existentiels.

L'aubergiste vient de perdre son mari et tient seule un hôtel bar restaurant, aidée de deux jeunes mexicains qu'elle esclavagise à ses risques et périls (ils sont asservis, mais on craint tout du long qu'ils ne relèvent la tête) ; Surviennent un pasteur défroqué, dépressif et porté sur les mineures, un autobus coincé dans la chaleur, une famille de vacanciers nazis (on est en 1940), une adolescente en pleine crise d'identité sexuelle, une vieille lesbienne peu accommodante, une artiste désargentée conduisant son grand-père poète, malade et centenaire dans un périple insensé...

... la mèche est allumée. Est-ce que ça va flamber ?

Je ne le dirai pas : Tennessee Williams est le vrai magicien de l'exploration de l'âme humaine en temps de crise. Il travaille à l'économie de moyens, ne pratique pas le spectaculaire, mais procède comme l'archéologue, par coups de pinceaux successifs pour dégager "le lait de la tendresse humaine" (façon de parler, parfois c'est du lait, parfois autre chose...)

Et l'on arrive à la fin de la pièce, encore avides de savoir comment tout ça va finir, quand survient l'avertissement habituel " That's all folks !".

Et chaque personnage poursuit sa route poussiéreuse, s'éloignant sans un signe de la main vers un avenir qui ne sera sans doute même pas imprévisible.

Le spectateur, un peu frustré, se demande à quoi il a assisté.

A rien d'autre qu'à la double transmutation de la vie en art et de l'Art en Vie : Vie pas même expliquée, juste exposée, là, présente comme elle ne l'est jamais pour ceux qui la vivent.

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La nuit de l'Iguane, par Tennessee Williams. Il s'agit d'une pièce de théâtre qui se déroule en 1940 sur la côte occidentale du Mexique, alors encore sauvage. le décor est celui de la véranda d'un hôtel un peu délabré, au sommet d'une colline surplombant une plage. L'hôtel est tenu par Maxine, une femme maîtresse en volupté, devenue récemment veuve et qui est une amie du révérend Shannon, un pasteur défroqué reconverti dans le tourisme, un homme nerveux, fragile qui a fauté dans la paroisse qu'il administrait. Maxine, qui troquerait bien ses amants occasionnels pour Shanon, ne se déclare franchement qu'à la fin de la pièce. Imaginons dans les rôles de ces deux personnages, Ava Gardner et Richard Burton qui les ont interprétés dans le film de John Huston tiré de la pièce.
Dans une ambiance caniculaire et conflictuelle, les personnages s'animent. L'excitation est vite à son comble. Shannon, contesté par le groupe de touristes – des jeunes filles d'un collège baptiste – dont il a « séduit » la plus jeune, Charlotte, un canari chantant, un vrai « prodige vocal » – trouve refuge dans l'hôtel où il veut faire une halte. Ce n'est pas au programme, et la responsable du collège, Miss Fellowes, s'oppose vivement à Shannon. Surgissent alors deux saltimbanques, une jeune femme peintre, Hannah, et son grand-père Nonno, centenaire et poète, sourd et en fauteuil roulant. Maxine leur trouve « l'air un peu timbré » et rechigne à les héberger d'autant qu'ils sont complètement fauchés. Shannon s'apprête à séduire Hannah, qui est en fait un être équilibré malgré quelques fêlures intimes. Cependant, une famille allemande chante des chants nazis, l'oreille collée à un transistor qui commente la Bataille d'Angleterre.
Comédie ou tragédie ? Les effets comiques de cette pièce n'effacent pas le cheminement inéluctable de chacun – et chacun de son côté, avec une personnalité unique – vers une destinée dominée selon les cas par la culpabilité, la solitude, des petites satisfactions, de grandes justifications. Et malgré tout quelques espérances, comme l'iguane « qui tire sur la corde qui le tient attaché. Il essaie d'aller plus loin que le bout de sa corde. Comme vous. Comme moi. Comme votre grand-père. » dit Shannon à Hannah.
Délires et réflexions, dans cette pièce, existentialiste façon Oncle Sam.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
HANNAH : Monsieur Shannon est pasteur de l'Église épiscopale, Nonno.
NONNO : Un homme de Dieu ?
HANNAH : Un homme de Dieu, en vacances.
NONNO : Hannah, dis-lui que je suis trop vieux pour être baptisé et trop jeune pour recevoir l'extrême-onction, mais que je ne refuserais pas d'épouser une veuve riche, grasse, séduisante, dans la quarantaine.

Acte II.
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Shannon : Ah! oui... demain... (...) Combien de temps onze punaises d'un collège baptiste peuvent-elles tenir dans un car arrêté en plein soleil par quarante à l'ombre?
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Beaucoup de gens voyagent dans l'espoir de fausser compagnie à leurs spectres, mais c'est un mauvais calcul. Voyager sans aucune obligation professionnelle, c'est se rendre justement disponible pour les pires entreprises des spectres.
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Shannon : Maxine, ma belle, celui qui t'as dit que tu étais bien dans un pantalon serré n'était pas un ami sincère.
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