Femmes voluptueuses, indolentes, paysages du Sud des Etats-Unis et du Mexique, crépuscules et grandes maisons avec porche. Dans les trois pièces / nouvelles présentées dans ce recueil, on retrouve les décors de prédilection de
Tennessee Williams. Les ayant lus il y a longtemps déjà, je ne me souviens plus exactement de l'intrigue, mais restent en moi des traces de ces atmosphères lourdes, moites et chargées de désir difficilement réprimé. d'ailleurs, la photo de couverture qui illustre cette édition annonce bien ces thèmes.
La Nuit de l'Iguane est bien sûr la pièce la plus connue du recueil et est encore régulièrement jouée et en France et dans le monde. Je trouve ce titre fascinant, intrigant.
Mais ce sont finalement les deux pièces / nouvelles suivantes qui m'auront le plus marquée.
Dans le Long Séjour Interrompu, on retrouve
Baby Doll, celle du film éponyme que
Tennessee Williams co-écrira plus tard avec
Elia Kazan. Cette nouvelle est donc antérieure au film et l'aura partiellement inspiré.
Baby Doll est plus charnue que dans le film, "c'est une femme indolente, aux formes amples, mais son ampleur n'est pas accueillante", "sa chevelure noire et luisante". Difficile, quand on a vu dans le film cette
Baby Doll blonde et poupine, de s'y faire.
Il y a enfin et surtout -pour moi- Vingt-Sept Remorques Pleines de Coton.
Ah ce titre, rien que ce titre! Je n'ai qu'à fermer les yeux pour retrouver toute cette mythologie du sud, Steinbeck,
McCullers,
Faulkner, Kerouac...
J'ai aimé l'indolence des dialogues, les didascalies descriptives, l'atmosphère, "c'est le début de la soirée, et le ciel est légèrement teinté de rose par le crépuscule " - dans la nouvelle précédente, d'ailleurs, ça donnait ça: " c'est un ciel orageux, où le vent souffle avec un miaulement de chat / Un e musique à la manière de Prokofiev accompagne le lever du rideau, et contribue à créer une atmosphère de lyrisme grotesque".
Il y a aussi cette brusque brutalité de Jake qui disparaît comme elle est venue, cette violence morale et physique que les dialogues parviennent à rendre avec tant de force, de réalisme. Ce passage où Jake tord le poignet à Flora, menaçant, juste avant d'imaginer, amusé, qu'il la mangerait bien si elle était une belle meringue toute blanche.
Ces nouvelles, comme toutes celles de
Tennessee Williams que je connais, frôlent la folie et la violence.
Enfin, petite anecdote, j'ai découvert en reprenant le livre que c'était
Marcel Aymé, l'auteur entre autres des contes du Chat Perché, qui avait traduit
la Nuit de l'Iguane (et les Sorcières de Salem d'
Arthur Miller).