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Citations sur La fille des marais (41)

Nous nous sommes allongés sur un tas de feuilles dans l'ombre mouchetée, très proches l'un de l'autre, nous touchant sans parler, le lac comme une feuille d'étain qu'on apercevait ici et là par des trouées entre les arbres, le temps arrêté, immobile dans le centre mort de midi. Sa tête reposait sur mon bras, son visage levé vers le mien, les yeux fermés, et j'avançai une main que je passai, les doigts écartés, à travers le désordre de ses cheveux.
Nous n'avions pas beaucoup parlé, parler était inutile. Il restait toujours mille détails que je voulais connaître à son sujet ; mais ça semblait très loin, des questions que je pourrais lui poser plus tard, une fois que nous serions sortis de ces eaux mortes et languides, une fois regagné le fil du temps. Ainsi étendu, je réfléchissais et j'essayais de me souvenir si c'était réel, ou seulement un rêve, cette image incroyable, fantastique : deux personnes supposées saines d'esprit ou, du moins, se conduisant généralement comme telles, qui s'avancent sans un mot, sans un signe, impavides, sans même se tenir la main ni murmurer, qui sortent tout droit de la maison et traversent la clairière en silence, en plein soleil, sans prières ni cajoleries de la part de l'une ou des deux, sans, de la part de l'autre, rien de cette fausse réticence vieille comme le monde, sans nécessité de communiquer, comme si toute l'affaire avait été prévue et discutée depuis des mois, et répétée, comme un grand mariage. Et quand nous étions arrivés à cet endroit, elle s'était arrêtée et s'était retournée. Rien de plus.
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Tu t'es regardé dans une glace?

On pourrait te mettre au milieu de cent personnes, n'importe lesquelles, tu te distinguerais comme une blonde platine dotée de deux yeux noirs et affublée d'un caniche français.

Tu mesures un mètre quatre-vingt-quinze, ou pas loin, tu pèses plus de cent kilos, tu as le visage aussi lisse qu'un indien, et beaucoup plus sombre, et tu as des cheveux d'un noir corbeau tellement ondulés que même une lotion défrisante pour négros ne pourrait rien y faire.

Ta cavale ne durerait pas une semaine.


Le portrait de Jack par son supérieur...
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"Je sortais nager dans le lac, la nuit. Il y avait juste la surface noire de l'eau, et le reflet des étoiles, et je me demandai pourquoi je ne pouvais pas nager vers le bas jusqu'à me noyer, rester au fond, comme si l'eau était une couverture noir au-dessus de moi. On ne peut pas. Quand on sait nager, on ne peut pas se noyer soi-même. Quand ça commençait à faire mal, je remontais toujours"


Toute la détresse de Doris, la fille des marais, qui voulait en finir mais qui ne pouvait pas...
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"Demain, j'en prendrais peut-être une que le vieux avait eu dans son filet avant de la relacher pour d'autres combats. Mais je me rendis compte que c'est peu probable. Il était mort six ans auparavant, pendant que j'étais outre-mer. Pour avoir lutté avec le juge, la perche devait être vraiment très vieille."


Jack Marshall se souvient avec tendresse et nostalgie des séances de pêche avec son père, juge de profession, qui lui apprenait à relacher les poissons sans les blesser, notamment les perches. Son père est décédé lorsque Jack était en mission de guerre pour l'Armée américaine.
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Je me faisais parfois l'effet d'un insecte essayant de se frayer un chemin à travers une éponge imbibée, poussant pour avancer, puis impitoyablement renvoyé en arrière. Le marais s'ouvrait devant moi, m'avalait, puis se refermait derrière, et tout ça était toujours tellement pareil que je ne pouvais pas savoir si j'avançais ou si je me contentais de lever et de baisser mes jambes épuisées en une sorte de stupide danse au ralenti, dans un rêve qui ne finissait pas.
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Au centre exact d’un volant qui tourne, il n’y a pas de mouvement. C’est maintenant l’hiver, ou la fin de l’automne, et chaque jour ressemble aux autres. Les feuilles des arbres que je vois par la fenêtre ont été un moment pleines des couleurs de l’automne, mais maintenant elles sont presque tombées, et à l’aube je peux regarder la rue à travers les branches dénudées et voir le givre sur les pelouses. Ça ressemble beaucoup à ce que c’était quand on allait à l’école l’année où elle habitait là, et où dans toutes les vitrines des boutiques autour de la place il y avait des photos d’aigles bleus.
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"Tu as des habitudes coûteuses, Jack ?"
J'ai commencé à avoir une intuition bizarre et inexplicable, le sentiment que nous tournions tous les deux autour de la même idée. J'ai allumé une autre des cigarettes de Dinah. "Non. Aucune, sauf ne pas aller en prison. Et pour le moment, c'est peut-être une habitude coûteuse."
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- Bon, qu'est-ce qu'on fait ?" Je savais ce que je voulais faire. Je voulais me tirer de ce bordel puant, et me trouver un boulot de laveur de voitures ou de cantonnier, mais ce qu'il y a de gênant dans ce genre de boulot, c'est qu'il n'est pas facile de s'en dégager, surtout quand ça commence à chauffer.
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Je ne pouvais leur échapper. J'avais envie de me retourner et de m'enfuir, mais il n'y avait nulle part ailleurs où aller, et j'avais assez de bon sens pour savoir que le vide était en moi, et que je l'emporterais avec moi où que j'aille.
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J’arrêtai la voiture et regardai Dinah dans la lumière voilée du tableau de bord. Elle restait lovée dans le coin du siège, me fixant d’un air maussade avec entre ses doigts sa longue cigarette, comme un enfant précoce et hautement décoratif.

- C’est bon, je ne vais pas te sauter dessus, dit-elle. Et de toute façon tu pourrais sans doute te défendre. Je pèse cinquante-cinq kilos.
- Maintenant, écoute, Dinah… commençai-je.
- Laisse tomber cette attitude paternaliste. Tu as vingt-sept ans, et j’en ai vingt-quatre.
- Je ne comprends pas, dis-je en secouant la tête. Tu agis comme une lycéenne à tête de linotte, et ce n’est pas le moment.
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