[Notes de lecture en cours] J'ai appris très récemment que
Tennessee Williams avait écrit des nouvelles. Pour moi, il était l'auteur de théâtre génial, qui n'avait pas son pareil pour les angoisses existentielles noyées dans l'alcool, le sexe et les comportements épileptiques.
Le recueil contient 25 nouvelles, des plus anciennes aux plus récentes, précédées d'une préface de
Gore Vidal et d'un texte de l'auteur, que l'on pourrait décrire comme un portrait de famille au vitriol.
Le Vieil Homme dans son Fauteuil. Franchement, s'il n'était précisé que ce texte est une préface, sorte de
confession de l"auteur, on pourrait le prendre pour une nouvelle, et de très belle facture. le personnage du père et ses rapports avec son fils (
Tennesse Williams, en l'occurrence) et sa belle-mère sont tour à tour décalés, empruntés, tendres... C'est sincère. C'est direct.
Introduction de
Gore Vidal. Une fois n'est pas coutume, j'ai lu la préface et elle permet d'appréhender l'auteur et ses démons.
Gore Vidal décode bien le style et les angoisses d'un écrivain majeur.
La Vengeance de Nitocris. Véritable preuve du génie de Williams (s'il n'en fallait qu'une), ce texte a été écrit à 16 ans... Les yeux fermés, on sait qu'il est pour Weird Tales. C'est inratable. Et on perçoit toute la distance qui existe entre le guerrier cimérien de
R.E. Howard et la reine Nitocris de Williams. Un personnage est un héro pour ado, sans que cela soit péjoratif, et l'autre est (déjà) adulte. N'est pas un de mes textes préférés, mais on perçoit toute la capacité de Williams à dépeindre les passions.
Un Sac de Dame en Perles.En quelque sorte, l'arroseur arrosé... un SDF qui rapporte un sac à une riche bourgeoise qui s'en fout. On a toute la hargne, l'écriture acerbe de Williams au service d'un joyau de cynisme et d'humour noir. C'est grinçant et percutant.
"...Dans
Tolstoï, je pense"
Une idylle dans le Mississippi
'J'entends le bruit de ses pas"
Vingt-sept camions pleins de coton
Sable
Dix minutes d'arrêt
"Je te donne une pomme"
En souvenir d'une aristocrate
La chambre noire
L'oriflamme
Parenthèse
Les cochenilles
Il y avait quelque chose en lui... Un bijou d'humour noir. La société bien-pensante est croquée en quelques pages. Une chute digne de ce nom. On retrouve l'atmosphère de ses meilleures pièces.
Un reclus et son hôte. Une nouvelle très dure, désespérée. Un grand cru.
Heureux 10 août. Un tête-à-tête très sombre, morbide et plein d'humanité. Williams soigne la chute.
La période années 70 est à mes yeux plus pauvre, moins novatrice et moins percutante. Les collaborations de Williams à Playboy ou à Esquire, deux magazines de charme, ou à Antaeus ne comptent pas parmi les meilleurs textes, et à mes yeux la raison est évidente. D'ailleurs, quand on regarde sur Wikipedia les entrées Esquire ou Antaeus,
T. Williams n'est pas cité parmi les auteurs importants ayant collaboré à ces magazines. On ne s'étonnera pas de trouver pas mal de sexe (et explicite) dans les textes. Les nouvelles sont : L'inventaire à Fontana Bella, Miss Coynte de Greene, Sabbatha et la solitude, Une vie achevée, Das wasser is kalt, La mère au pian,
le poulet tueur et la folle honteuse. En ce qui me concerne, La mère au pian sort du lot. Plus rugueuse, plus humaine et sociale, mais elle n'atteint pas les oeuvres de jeunesse.