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Bernard Willerval (Traducteur)
EAN : 9782221105986
266 pages
Robert Laffont (02/12/2005)
3.72/5   30 notes
Résumé :

Le dos de Marion Brando et la chemise de Baby Doll ont nourri les fantasmes de tant de cinéphiles qu'on en vient à oublier que Tennessee Williams est avant tout un grand écrivain américain trop négligé en France : ses nouvelles sont des chefs-d'œuvre de baroque, de tendresse et d'ambiguïté ; des personnages qu'aurait pu dessiner Norman Rockwell y trouvent une fin délicieuse dans les cinémas mal fam&#x... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (5) Ajouter une critique
Sitôt reçu, sitôt dévoré ! Il faut dire que les dernières pièces que j'ai lu de cet auteur m'ont enchantée. Ce livre m'a bouleversé tout autant, si ce n'est plus, grâce aux remarquables talents de conteur de Tennessee Williams, que je ne connaissais qu'à travers ses pièces.

Sucre d'Orge est un recueil de 9 nouvelles datant de 1954, et qui toutes évoquent le mal être, l'indolence, la culpabilité ou l'isolement. de New York à la Louisiane en passant par le Mexique ou la Californie, la plume de Tennessee Williams est tour à tour poétique, lumineuse ou pleine d'humour, même lorsqu'elle puise dans la perversité et lève le voile sur les troubles qui agitent ses personnages.

Certaines histoires sont proprement scandaleuses (ou du moins devaient paraître comme telles à l'époque) mais sous leur souffle décadent on en retire toujours une musicalité que révèlent la beauté de son style et la virtuosité de l'auteur. Il met les âmes à nu, il confronte les personnages à leurs peurs, leur dégoût des autres et d'eux-même, leur culpabilité et leurs vices les plus profonds. Au fil des pages, ce sont des paumés, des lésés de la vie, des caractères souvent faibles et vulnérables dont la solitude est le point commun, que nous croisons et regardons s'enfoncer sans possibilité de rédemption.

Il évoque souvent l'homosexualité comme une sorte de honte subie dans l'ombre, et la solitude qui en résulte comme une punition. L'amour que partagent certains des couples dont il nous dépeint l'existence instable tient plus de l'appropriation que du partage, et la notion de tendresse est souvent exclue de ses récits pour ne nous livrer qu'une version violente ou dérangeante de la vie de ces amants.

Le Matelas reste l'une des nouvelles les plus optimistes de ce recueil, avec le personnage d'Olga qui, malgré le poids des années, reste une femme apparemment magnifique dont l'indolence sous le soleil de Californie et la soif d'amour fascinent l'auteur. Bill et Cora est un bijou d'humour dont la mélancolie n'est pas exclue et l'enfance est elle aussi représentée avec Les Jeux de l'Eté ou encore La Ressemblance entre une Boîte à Violon et un Cercueil...

Vous l'aurez compris, je suis décidément sous le charme de ce très grand auteur, et je ne compte pas en rester là !
Lien : http://tranchesdelivres.blog..
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"On a tous quelque chose en nous de Tennessee" et je dois avouer que moi jusqu'ici j'avais surtout du Johnny...
J'ai découvert dans ce recueil de nouvelles qui se passent dans le sud-est des États-Unis une écriture pleine de comparaisons et d'images, à la fois un peu floue et très détaillée ("l'été [est] concave et insatiable"), avec une belle justesse des sentiments, et des histoires qui sont un flirt entre réalisme et songe nonchalant né au creux d'un après-midi chaud où rien ne bouge.
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Je continue la découverte des écrits de Tennessee Williams. Après avoir lu "La chatte sur un toit brûlant" ainsi que "La ménagerie de verre", deux oeuvres célèbres du dramaturge américain. Cette dernière pièce de théâtre fut celle qui fit découvrir l'auteur au grand public. "Sucre d'orge" est un recueil de neuf nouvelles, un brin plus sarcastique, que mes précédentes lectures.

"Les jeux de l'été" est la première nouvelle, qui raconte la vie dans un quartier de banlieue américaine. Brick Pollitt se prend d'amitié pour la jeune veuve de son médecin, décédé il y a peu d'un cancer du cerveau. Cet homme grand et de belle prestance est pourtant un sombre alcoolique, qui finit souvent ses soirées chez la jeune femme, à jouer au crocket avec cette petite fille potelée. le lecteur retrouve ici le personnage de Brick, héros désabusé et toujours alcoolique de "La chatte sur un toit brûlant", marié à Margaret. Cet épisode semble se passer plus tard, car Margaret gère d'une main de maître la plantation de la famille à la place de son mari. le lecteur ressent toujours al solitude et la peine que dégage brick, même s'il semble trouver un peu de réconfort auprès de la jeune veuve et de sa fille.

"Billy et Cora" sont deux paumés de la vie, qui éclusent les bars dans l'espoir de faire une rencontre qui leur redonnera de l'espoir en la vie. Ils traînent chacun leur solitude de leur côté, jusqu'à ce qu'ils fassent connaisse et décident d'unir leur mal de vivre dans leurs quêtes amoureuses. Ils forment un beau duo. Encore une fois, de manière très détournée, Tennessee Williams aborde avec délicatesse ses thèmes de prédilection: la solitude et l'homosexualité.

"La ressemblance entre une boîte à violon et un cercueil" est une nouvelle qui sort un peu du lot dans ce recueil, peut-être parce qu'elle met en scène des enfants, plutôt des jeunes adultes. Ce récit peut faire penser, par son ambiance, à "Ragtime". Tennessee dédie cette nouvelle à sa soeur rose, dont il a déjà parlé dans "La ménagerie de verre". le narrateur raconte la transformation de sa soeur, du statut d'enfant complice avec son jeune frère, à jeune fille posée et étranglée par les convenances. le malaise et le mal-être de cette adolescente.

"Sucre d'orge" et "Les mystères de Joy Rio" sont deux variations d'une même histoire. Ces deux histoires, surtout la seconde a du choqué plus d'un lecteur, lorsqu'elle est paru en 1954. La première est un récit décadent d'un vieux monsieur, qui se fait passer pour un gentil grand-père un brin pesant pour sa famille. Mais il cache un secret libidineux, dont il profite chaque après-midi dans un vieux cinéma, accompagné de sucre d'orge. La métaphore même si elle est bien trouvée, est un peu douteuse. La seconde est dans la même idée et met également en scène le vieux cinéma et les rencontres dans le noir.

"Rubio et Morena" est une nouvelle qui esquisse l'histoire d'un couple dominant/soumise, à travers un auteur en mal d'écriture qui rencontre par hasard une mexicaine silencieuse et effacée qu'il met dans son lit. En parallèle, il poursuit sa vie de fête et de richesses aux bras de belles femmes. Mais il retourne toujours au près de sa petite mexicaine, qu'il ne traite pas avec tout le respect attendu, mais le lecteur sent la solidité de la relation. Jusqu'au jour où la jeune femme disparaît.

"Le matelas près du parc à tomates" est une nouvelle contemplative qui se situe dans un hôtel qui loue des chambres. Ou plutôt des lits. Olga, la gérante est observée par un de ses locataires, qui raconte un après-midi d'été. le jour particulier où la femme a décidé de recycler le vieux matelas d'une chambre en matelas pour ses bains de soleil. Ce doit être l'histoire la plus optimiste du recueil.

"Un événement dans la vie de la veuve Holly" de même que "La vigne" ne sont pas les deux nouvelles qui marqueront le lecteur. Celle mettant en scène la veuve Holly est un peu étrange, tandis que l'autre donne l'impression que le narrateur vit un rêve éveillé, à la recherche de sa femme qui semble avoir quitté l'appartement où ils vivent. Il erre comme une âme en peine dans tous les lieux où elle pourrait se trouver.
Lien : http://lillyterrature.canalb..
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Je découvre Tennessee Williams. Avoir vu les films inspirés de ses pièces m'a jusque-là éloigné de son oeuvre écrite (connaitre l'histoire avant de lire un bouquin n'est pas forcément très engageant !). Et je suis tombé par hasard sur ce recueil de nouvelles vierges de toute adaptation cinématographique. Heureuse surprise que ces tranches de vie, écrites dans un style fluide et très vivant. Des personnages ordinaires comme vous et moi (ou presque !), cueillis à un tournant de leur vie. A chaque fois, une atmosphère intimiste et un cadre particulier. Et toujours beaucoup d'empathie et de tendresse de l'auteur pour ses héros. Deux des récits sont particulièrement émouvants. Billy et Cora, road movie de deux marginaux, et La Vigne, histoire d'un couple inséparable, face aux ravages du temps. Great job Mister Williams.
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9 nouvelles agréables à lire et toujours le génie de Tennessee Williams pour sonder l'âme humaine.
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Citations et extraits (5) Ajouter une citation
Ce climat a bercé bien des réussites et des échecs; il a tout recouvert, il a absorbé les blessures et les plaisirs sans se donner la peine de faire un choix. Car il n'est rien de plus cavalier que ce grand cheval bleu qu'est le climat de la Californie du Sud qui se balance dans le ciel, tout son harnachement dehors. Son plumet, ce sont d'immenses traînes bleues que le ciel est incapable de retenir et qu'il laisse aller à la dérive, impuissant et fasciné...
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Donald n'arrivait jamais à imaginer la vie des gens seuls. Cela lui semblait presque moins concevable que la vie sur la lune. Comment ces gens-là se levaient-ils le matin ? Comment savaient-ils qu'il était l'heure de manger, comment et pourquoi prenaient-ils des décisions sur les menus problèmes de l'existence ? Lorsqu'ils rentraient chez eux, seuls, après avoir marché, seuls, sur les trottoirs, comment pouvaient-ils supporter de n'avoir personne à qui confier leurs pensées? [...] Il n'y avait pas à s'étonner que ces gens qui menaient une vie de solitude aussi obscène fissent, à jeun, des choses que les autres ne feraient qu'ivres morts.

in La vigne.
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L'ECRIVAIN Kamrovski connaissait beaucoup de gens, surtout maintenant, depuis que son nom avait acquis quelque réputation, et il avait aussi quelques amis qu'il avait conservés depuis longtemps, un peu comme on garde chez soi des livres qu'on a lu plusieurs fois, mai qu'on ne veut pas jeter.
p.135
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Les cousins n'étaient pas des gens très imaginatifs, et ils n'avaient même pas la ressource de se plaindre en eux-mêmes de la régularité fade et tiède de leur vie, ni de l'inutilité déchirante de leur volonté farouche de tenir bon, de réussir et de continuer.
p.118
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[...] il ne put jamais acquérir la certitude que l'oiseau si précieux qui avait atterri dans son nid n'était pas de la race des migrateurs, mais plutôt de l'espèce des oiseaux fidèles qui s'en tiennent à un seul nid et qui, chose infiniment rare, rendent avec une générosité immense l'amour qu'on leur témoigne.

in Les mystères du Joy Rio
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