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Paule de Beaumont (Traducteur)Jacques Guicharnaud (Traducteur)Robert Postec (Traducteur)
EAN : 9782264020505
280 pages
10-18 (27/08/2005)
4.02/5   509 notes
Résumé :
Dans un appartement minable de La NouvelleOrléans, Stella Du Bois, descendante d'une vieille famille aristocratique, vit avec son mari Stanley Kowalsky, un Polonais pour les beaux yeux duquel elle a abandonné la plantation familiale.
Survient Blanche, la sœur de Stella : une créature de feu et de chair. Ce ménage à trois diabolique a fait le triomphe que l'on sait dans le monde entier de la plus célèbre des pièces de Tennessee Williams, adaptée à l'écran av... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (48) Voir plus Ajouter une critique
4,02

sur 509 notes
MALAISE
C'est le premier mot qui me vient à l'esprit lorsque je referme Un tramway nommé Désir. Un malaise car on sait que Blanche n'est pas toute blanche, mais…

Mais l'on sait également qu'elle a eu à subir, et à subir beaucoup. Alors, son truc à elle, c'est de se bâtir un monde qui convient mieux à ses attentes. Bien sûr, elle fait quelques entorses à la réalité parfois, même, de très grosses entorses… Bon d'accord, elle est complètement mytho…

Mais à sa façon, elle est sincère. Elle ment sa vie juste pour la rendre vivable. Et, de mensonge en mensonge, de sparadrap en sparadrap pour colmater les plaies de l'existence, celle-ci n'est plus qu'un immense pansement. Elle vit dans son imaginaire.

Oui, mais le problème, c'est que dès lors qu'elle débarque chez sa jeune soeur Stella à la Nouvelle-Orléans, son très pragmatique beau-frère, Stanley aura tôt fait de faire tomber les masques et de dépendre le décor.

Lui est explosif, macho, terre à terre face à elle, romantique, éthérée (éthylique même parfois), pleine de rêves de petite fille. Leur relation tourne vite à la confrontation. Au milieu d'eux, Stella fait le tampon tandis qu'elle est enceinte.

Je n'ai pas à en dire davantage, sans doute en ai-je déjà trop dit. Difficile d'évoquer cette grande pièce de Tennessee Williams sans faire référence au film d'Elia Kazan qui en est issu, lequel réalisateur avait déjà créé la pièce quelque années auparavant.

Difficile, lorsqu'on a vu le film d'imaginer Stanley autrement que sous les traits de Marlon Brando qui, sincèrement, crève l'écran et efface même la pourtant exceptionnelle Vivian Leigh. La légende Brando est née ici, par cette pièce d'abord (rôle qui l'a révélé au théâtre) puis par le film (rôle qui l'a révélé au cinéma). J'imagine combien cela doit être difficile pour les acteurs à présent de reprendre ce rôle mythique après le grand Marlon.

On connaît par ailleurs la polémique que suscita le gain de l'Oscar de la meilleure actrice par Vivian Leigh tellement son appropriation du rôle de Blanche semble une simple mise à l'écran des propres désordres psychiques et non tant une géniale performance d'actrice. Je vous laisse en juger par vous-même.

Bon, bon, bon, mais fi des potins autour d'un film, car c'est le texte de Tennessee Williams et la tension narrative créée qui doit nous intéresser ici. Oui, effectivement, il le revendiquait mais c'est vrai, il y a vraiment un parfum de Tchékhov là-dedans. Tchékhov, le maître incontesté des ambiances de plomb entre personnes qui se détestent enfermées dans une même pièce.

Et ici, comme si l'ambiance de plomb, au sens métaphorique ne suffisait pas, l'auteur y adjoint l'ambiance de plomb au sens littéral, c'est-à-dire physique, la chaleur, la moiteur, la transpiration dans cette Nouvelle-Orléans de fin d'été, dans cette ambiance de délabrement propre à cette ville, jadis florissante.

Tout le sud croulant des États-Unis, admirablement rendu par William Faulkner se retrouve ici, dans la baraque de Stella et Stanley. Mais ce n'est pas tout, il y a ce titre, cette animalité contenue dans le titre et qui transpire, elle aussi de la pièce, le désir, sous toutes ses formes, le désir de Mitch, le désir de Stella, le désir de Stanley ou le désir de Blanche.

Sans oublier votre désir, j'espère, je venir goûter à cette pièce. Une pièce qui met mal à l'aise car elle aborde encore bien d'autres aspects que la faible recension que j'en ai faite, les abus subis par les personnes souffrant de désordres psychiatriques, le rejet des homosexuels et de ceux qui les ont côtoyés, etc., etc. En outre, ceci n'est que mon avis, c'est-à-dire, pas grand-chose.

P. S. : Je soupçonne — sans preuve aucune, juste à l'intuition — que le sulfureux refrain « Voulez-vous coucher avec moi, ce soir » du sulfureux titre de Christina Aguilera pour le film Moulin Rouge soit un clin d'œil à peine déguisé à l'une des répliques de Blanche, où elle prononce en français précisément cette même réplique à Mitch qui, n'étant pas francophone, ne comprend pas, évidemment.
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Nouvelle-Orléans, quartier français. Un soir, Blanche Dubois arrive chez sa soeur, Stella, et son beau-frère, Stanley Kowalsky. La jeune femme ne peut se résoudre à la pauvreté du couple et ne cesse de rappeler la richesse qu'elle a connue. Blanche est une femme très sensible, tout en nerfs. « Il faut que je sois avec quelqu'un, je ne peux pas rester seule… parce que comme tu t'en es aperçue, je ne vais pas très bien. » (p. 30) Immédiatement, Stanley prend sa belle-soeur en grippe : il ne succombe pas à ses manières et ne supporte pas ses prétentions aristocratiques. « de la féérie ! C'est ce que je cherche à donner aux autres ! Je veux enjoliver les choses. Je ne dis pas la vérité, je dis ce que devrait être la vérité ! Que je sois damnée si c'est un péché ! » (p. 180) Et surtout, Stanley ne croit pas à son histoire. Il se renseigne et finit par découvrir le honteux secret de Blanche, qui n'est blanche que de nom.

Stanley est clairement une brute sans raffinement et tout dans sa nature s'oppose à la fragilité nerveuse et inquiète de Blanche. La rencontre entre un esprit malade et un esprit brutal ne peut qu'être âpre et violente. Blanche ne supporte pas les attaques et les contrariétés et Stanley ne supporte pas les méandres tortueux du comportement de sa belle-soeur. Tout les oppose, indéniablement, mais la tension sensuelle est palpable, voire épaisse. Blanche a beau crier son dégoût pour la brute que sa soeur a épousé, Stanley a beau se moquer des chichis de sa belle-soeur, quelque chose ne peut que s'enflammer entre eux, qu'ils le veuillent ou non.

Une fois n'est pas coutume, j'ai découvert le livre grâce au film. Marlon Brando beuglant sa rage et hurlant le nom de sa femme, ça m'a fait un petit quelque chose la première fois que je l'ai entendu ! Et l'acteur sait parfaitement magnifier un t-shirt blanc… La pièce de Tennessee Williams est superbe, mais les didascalies ont fini par m'épuiser. L'auteur a une idée très claire de son texte et de la mise en scène qu'il veut. Mais l'abondance d'indications scéniques m'a lassée puisque les dialogues y sont presque noyés. Ici se pose donc une question récurrente quand on parle de théâtre : un texte théâtral est-il fait pour être lu ou pour être vu ? Je me garde bien d'y répondre et ne peux que vous inviter à lire le texte et à voir le film de 1951.
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Sourd malaise en ressortant de ce huit-clos moite, torride et étouffant, et c'est presque avec soulagement que l'on sent l'atmosphère s'alléger quand les médecins emportent la déglinguissime Blanche vers l'asile.

Ce malaise, Blanche l'avait d'emblée installé dès son arrivée dans le petit appartement miteux que sa soeur partage avec son mari dans le quartier français de la Nouvelle Orléans. Elle vient déranger l'ordonnancement brut et sensuel de ces deux-là : Evanescente, exaltée et capricieuse, elle envahit l'espace de ses malles, de ses crises et de ses mensonges. Des mensonges auxquels Stanley le mari ne croit pas ; il prend en grippe cette femme mythomane enfermée dans ses illusions de grandeur façon Scarlett O'Hara et ses dérisoires tentatives de manipulation. Entre eux, la tension électrique qui monte inexorablement ne peut qu'exploser…

La sexualité animale mâtiné de folie de ce drame sudiste exhale à chaque réplique, exacerbée par l'exiguité des lieux et les nombreuses (presque trop dans la mesure où elles ont un peu gêné ma lecture) indications scéniques de mouvements et de lumières.

Vite, revoir le film !
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Ce qui est vrai pour toutes les pièces, à savoir qu'il vaut bien mieux les voir que les lire, est sans doute particulièrement souhaitable pour "Un tramway nommé désir" tant Tennessee Williams donne en didascalies de longs détails sur les nombreux mouvements des acteurs. C'est bien sûr avec l'œil du metteur en scène que le dramaturge brosse ses scènes ce qui donne sur les planches un rendu énergique mais qui, sur les pages, alourdit le texte et plombe quelque peu le rythme.

Cet aspect pratique mis à part reste une belle oeuvre dont les personnages forts ne peuvent laisser le lecteur/spectateur indifférent. "Mensonges, sexe et trahison" aurait été un titre moins subtil et moins énigmatique mais aurait tout aussi bien transcrit les douloureux thèmes de la pièce.

Blanche, Stella, Stanley et Mitch, pour ne citer que les rôles principaux, évoluent dans plusieurs espaces, du plus privé - la salle de bains - au plus public - la rue. La différence de classe sociale entre les femmes et les hommes, la dissimulation de Blanche, la mesquinerie de Stanley, la naïveté de Stella et la veulerie de Mitch composent un cocktail amer à avaler, et pourtant addictif.

Il me tarde désormais de découvrir l'adaptation cinématographique d'Elia Kazan avec la superbe Vivien Leigh et le beau ténébreux Marlon Brando dans les rôles clefs.


Challenge MULTI-DÉFIS 2018
Challenge ATOUT PRIX 2018
Challenge 1914/1989 - Edition 2018
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Un tramway nommé désir : tout un programme, toute une promesse. Une oeuvre que je m étais promis de découvrir tant ke trouvais le titre sublime.
Je n ai pas été déçue mais je n ai pas non plus eu le coup de coeur. Je pense que les disdascalies à rallonge de l auteur ont gêné ma lecture. J avais hâte de lire les dialogues et j en arrivais à perdre le fil.
L histoire est troublante, bouleversante. Ayant pour cadre un quartier français de la nouvelle Orléans on y découvre Stella et son mari Stanley vivant dans un appart sordide. La soeur de Stella , Blanche, les rejoint. Tout de suite , une tension s installé entre Blanche et Stanley que tout oppose.
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Citations et extraits (39) Voir plus Ajouter une citation
STELLA : Je t'ai dit que je l'aime.
BLANCHE : Alors je tremble pour toi ! Je tremble pour toi, voilà…
STELLA : Je ne peux pas t'empêcher, si ça te fait plaisir !
BLANCHE : Est-ce que je peux… te parler… franchement ?
STELLA : Oui. Aussi franchement que tu voudras.
BLANCHE : Donc — pardon mais — je le trouve commun !
STELLA : Peut-être. Supposons.
BLANCHE : Oui ! Tu ne peux pas avoir oublié l'éducation que nous avons reçue, Stella, comment pourrais-tu concevoir qu'il ait en lui un tant soit peu d'élégance ! Le minimum des minimorum ? Oh, si au moins il était… ordinaire ! Simple… mais gentil et avec de la bonté en lui, mais… même pas. Il a quelque chose de fondamentalement… bestial ! Tu dois me détester de m'entendre parler comme ça.
STELLA : Va jusqu'au bout, dis-moi tout, Blanche.
BLANCHE : Il a un comportement d'animal, il a les mêmes réflexes qu'un animal ! Il mange, bouge et parle comme un animal ! Il atteint même un degré… sub-humain… en deçà de l'humain ! Avec quelque chose de simiesque, comme sur les croquis de mes cours d'anthropologie ! Des milliers d'années plus tard, il est encore là — Stanley Kowalski — survivant de l'Âge de pierre ! Rapportant la viande crue du gibier qu'il est allé tuer dans la jungle ! Et toi… toi ici… qui est là à l'attendre ! Ignorant s'il sera d'humeur à te frapper, ou bien à grogner et à t'embrasser ! En supposant qu'on ait inventé les baisers ! La nuit tombée, les autres singes le rejoignent ! Ici, dans la caverne ! Tous grognant comme lui, prêts à s'empiffrer, à se soûler, en poussant leurs cris de guerre ! Les invitant à une partie de poker ! — c'est le nom que tu donnes à leur petit jeu — entre singes ! Il suffit que l'un se fâche — qu'il ait envie de garder quelque chose pour lui — et la lutte commence ! Dieu ! Nous sommes sans doute encore loin de l'image de Dieu, mais Stella — ma sœur — de grands progrès ont tout de même été accomplis ! Il y a eu l'art — la poésie, la musique — qui ont introduit dans l'univers une lumière toute neuve ! Des sentiments doux et délicats ! Ce qui nous a permis de grandir ! […] Ne reste pas… ne reste pas en arrière avec les brutes !

Scène 4.
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BLANCHE : On dirait que ma malle a explosé.
STANLEY : Stella et moi, on vous a aidé à déballer.
BLANCHE : Vous avez certainement fait vite et bien !
STANLEY : On dirait que vous avez dévalisé toutes les boutiques de mode de Paris.
BLANCHE : Ha-ha ! Oui… les toilettes, c'est ma passion.
STANLEY : Ça peut coûter combien une fourrure comme ça ?
BLANCHE : Oh, ça, c'est le cadeau d'un de mes admirateurs !
STANLEY : Il a dû vous admirer… beaucoup !
BLANCHE : Eh oui, dans ma jeunesse, on m'a pas mal admirée. Quand on voit ce que je suis devenue ! (Elle lui adresse un sourire radieux.) Cela vous paraît-il encore concevable qu'on ait pu me trouver aussi… séduisante ?
STANLEY : Vous êtes encore correcte.
BLANCHE : J'attendais un vrai compliment, Stanley.
STANLEY : Je connais rien à ces trucs-là.
BLANCHE : Quels… trucs ?
STANLEY : Filer des compliments aux dames sur leur dégaine. Les femmes que j'ai rencontrées savaient toutes seules si elles étaient belles ou pas, sans qu'on ait besoin de leur dire, et y en a même qui se trouvent mieux qu'en réalité. Je suis sorti une fois avec une fille qui me disait, « Y a pas plus sexy que moi, tu peux chercher, y a pas ! » Et j'ai répondu, « M'en fous » !
BLANCHE : Et qu'est-ce qu'elle a répondu ?
STANLEY : Rien. Ça lui a cloué le bec.
BLANCHE : Ça a mis fin à votre romance ?
STANLEY : Ça a mis fin à la conversation… c'est tout. Y a des hommes que tout ce truc de séduction hollywoodienne excite, et d'autres pas.
BLANCHE : Je parie que vous appartenez à la deuxième catégorie.
STANLEY : Exact.

Scène 2.
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La vie d'un homme peut être considérablement enrichie par la présence d'une femme intelligente, cultivée, bien élevée. Je peux lui offrir tout ça, le temps n'use pas ces choses: la beauté est passagère, c'est un bien provisoire... mais la beauté de l'esprit, la richesse de l'intelligence... et la tendresse du coeur... j'ai tout ça... ça ne flétrit pas, au contraire; ça s'améliore... avec les années...
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BLANCHE : Je vous ai dit ce que je désire. De la magie ! Oui, oui, de la magie ! C'est ce que j'essaie de donner aux autres. Je présente les choses autrement que ce qu'elles sont. Je ne dis pas la vérité. Je dis ce qui AURAIT DÛ être la vérité. Et si c'est un péché, j'accepte volontiers d'être damnée !

Scène 9.
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Ce dont tu parles, c’est du désir bestial, simplement du désir, comme le nom de ce vieux tramway qui bringuebale à travers tout ce quartier, grimpant une petite rue étroite, dégringolant une autre.
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